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PRÉFACE

Une œuvre de cette importance ne peut se passer d'une introduction ou d'une préface. On en peut voir le projet, qui sera sûrement modifié, dans la Revue de gascogne [t. xxxш, 1892, pp. 29, 53, 116]. La partie principale est une revue des auteurs qui ont traité le sujet que M. Bladé entreprend d'étudier à son tour: Mongaillard, Oihenart, Marca, Autesserre, le chanoine Monlezun et d'autres de moindre importance; l'auteur rend hommage à l'Histoire Générale de Languedoc et dit un mot des historiens espagnols qu'il a mis à profit; parmi ceuxci il distingue Florez et surtout le P. Risco.

Mais la véritable préface de son histoire de la Gascogne, M. Bladė l'a faite il y a plus de trente ans. C'est son Introduction aux Coutumes municipales du Gers insérée dans cette Revue [t. v, pp. 5 et 49]. C'est un programme jeune et plein d'entrain, capable d'enthousiasmer les plus réfractaires. Une bonne partie en a été réalisée par la publication des monuments de notre littérature populaire, œuvre de première importance qui lui assure un grand renom bien au-delà du cercle des folkloristes.

Aujourd'hui M. Bladé peut nous donner une introduction nouvelle avec un programme plus net et plus précis. Nous voudrions surtout qu'il nous parle de tous ses projets vieux et nouveaux sur l'histoire et la géographie de notre Sud-Ouest.

Actuellement M. Bladé ne se préoccupe que de la première partie de son Histoire de la Gascogne. Elle s'étend des origines à la mort de Bérenger, dernier duc de Gascogne (1039).

Trois grandes divisions partagent naturellement cette vaste période: Antiquité, Haut Moyen-Age, Epoque Ducale.

ANTIQUITÉ

Cette époque peut être étudiée en deux livres : le premier finit à la conquête de César; le second comprend l'Aquitaine sous les Romains et finit avec l'invasion des barbares.

LIVRE I

L'AQUITAINE PRIMITIVE JUSQU'APRÈS LA CONQUÊTE DE CÉSAR M. Bladé a renoncé à traiter les origines géologiques et préhistoriques de notre pays. Ces questions l'ont préoccupé jadis, ainsi que le prouvent des articles insérés dans le Courrier du Gers (1866) et le

Journal du Gers (1867) sous ces titres de l'Ancienneté de l'homme dans le Sud-Ouest de la France et Ethnologie de la Gascogne. Cependant il a cru devoir abandonner ces travaux, qui seraient à jamais perdus si les Archives départementales ne conservaient les vieux journaux. L'Histoire de la Gascogne commence avec les documents écrits.

CHAPITRE I

LES IBÈRES. S. 1. n. d. (Agen, impr. veuve Lamy, 1892), in-8°, [Ext. de la Revue de l'Agenais.]

40 p.

Les Ibères habitaient l'Espagne et le sud de la Gaule, du Rhône aux Pyrénées.

Presque toute l'Espagne et la Gaule méridionale du Rhône à la Garonne, conquises et romanisées de bonne heure, ont à peine conservẻ quelques vestiges ibériens.

Dans les provinces de Biscaye, de Guipuscoa, de Navarre espagnole, de Labourd, de Navarre française et de Soule, subsiste encore, comme dans un îlot que n'a pu envahir la romanisation, la lanque ibérienne : c'est le basque.

A gauche de la Garonne, les Aquitains offrent des caractères dignes de remarque. Ils ressemblaient aux Ibères selon Strabon. Pendant la conquête romaine ils se désintéressent des Gaulois et ceux-ci ne vinrent pas les secourir. Romanisée après l'Espagne, après la province romaine, ce pays a gardé plus longemps la langue nationale à côté du latin qui a fini par triompher. Mais les inscriptions nous ont conservé quantité de noms d'hommes et de divinités d'un caractère tout à fait original. M. Allmer, dans la Revue épigraphique (t. 1, p. 193, no 595), a observé qu'ils diffèrent complètement des noms latins et des noms celtiques, et que pour ce motif ils ne peuvent être que ibériens. On connaît plus de cent trente noms de cette espèce, restes précieux pour les études philologiques et ethnographiques, dont la science n'a pas tiré tout le parti qu'on est en droit d'attendre.

C'est encore à l'épigraphie qu'il faut demander des renseignements sur la religion des ibères aquitains. Le très regretté Julien Sacaze a publié là-dessus un excellent mémoire sur les Anciens dieux des Pyrénées.

L'AQUITAINE AVANT AUGUSTE.

CHAPITRE II

Ayen, imp. veuve Lamy, 1886, in-8°,
Il en a été rendu compte dans

22 p. [Extr. de la Revue de l'Agenais. la Recue de Gascogne, xxvII, p. 479.]

Dans une première section, après avoir parlé des origines fabuleuses de l'Aquitaine et des prétendus rapports des Aquitains avec les Cartha

ginois, l'auteur insiste sur leurs rapports avec les Romains après la guerre de Sertorius.

La deuxième section contient l'histoire de la conquête par le lieutenant de César Publius Crassus.

On trouvera dans la troisième tout ce qu'on sait sur l'Aquitaine jusqu'à l'établissement de l'empire.

CHAPITRE III

GÉOGRAPHIE HISTORIQUE DE L'AQUITAINE AUTONOME.

Paris, E. Leroux, s. d. (1893), in-8°, 36 p. [Extr. des Annales de la Faculté des Lettres de Bordeaux.]

M. Bladé commence par établir que la délimitation de l'Aquitaine par César est loin d'être d'une rigoureuse précision; il étudie ensuite les nombreux peuples de l'Aquitaine dont César et Pline nous ont conservé les noms. L'identification en est très difficile et féconde en controverses. Mon rôle de bibliographe devrait me condamner à la plus stricte réserve; cependant je crois utile de faire une observation. M. Bladé (et il n'est pas le seul de cette opinion) enlève à l'Aquitaine autonome les Convenae et les Consoranni. Je ne partage pas cette manière de voir.

L'établissement d'une colonie à Lugdunum Convenarum par Pompée peut prouver tout au plus l'annexion des Convenae à la Province Romaine. Mais ce n'est qu'un fait accidentel. Il est hors de doute que dans le Couserans et le Comminges se sont conservées les plus nombreuses de ces inscriptions à noms ibériens qu'on retrouve seulement dans la Bigorre, à Auch, à Eauze et à Aire, que par conséquent les Convenae et les Consoranni avaient la même langue ibérienne que les habitants du reste de l'Aquitaine et qu'ils étaient de la même race. D'ailleurs la langue gasconne, transformation du latin d'après les lois phonétiques propres à la race ibérienne, se parle en Couseraus et en Comminges comme dans la Bigorre, le Béarn, les Landes, le Bazadais et l'Armagnac.

CHAPITRE IV

LES INSTITUTIONS DE L'AQUITAINE AVANT LA CONQUÊTE DES ROMAINS. Revue de Gascoyne, xxvш (1886), p. 148. [Il en a été fait un tirage à part.] Il faut avouer que les textes antiques nous donnent fort peu de renseignements sur les institutions de l'Aquitaine dans ces temps reculés. Ceux qu'a pu recueillir M. Bladé sont classés en deux sections. La première est consacrée aux Ibères espagnols, la deuxième et la principale aux Aquitains. Il est traité dans celle-ci de la division du territoire, du gouvernement, de la clientèle, de l'armée et enfin du droit privé. (A suivre.) A. LAVERGNE.

UN DIEU INJUSTEMENT EXCLU DU PANTHEON PYRÉNÉEN

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Dans tout ce que nous savons de notre Gaule pendant l'antiquité, il n'y a guère rien de plus intéressant que ce que nous a révélé l'épigraphie au sujet des dieux qui étaient adorés dans ce pays, avec leurs noms étranges si nombreux et si variés, et dont la suite, déjà considérable, s'accroît et s'accroîtra sans doute encore par des découvertes épigraphiques nouvelles. Les écrivains de l'antiquité ne nous avaient fait connaître que trois ou quatre de ces noms.

Narbonnaise,

Dans la partie celtique de la Gaule Aquitaine entre Garonne et Loire, Lyonnaise et Belgique les noms de plusieurs de ces dieux sont certainement des plus curieux et des plus bizarres; mais sous ce rapport il faut qu'ils le cèdent presque tous à ceux de la Gaule aquitanique ou, d'une manière plus précise, sauf une ou deux exceptions, à ceux du centre de la chaîne des Pyrénées ou voisins rapprochés, du côté qui regarde notre pays Comminges, Couserans et Bigorre, c'est-àdire l'ancienne cité des Convenae, vraisemblablement, telle que l'avait constituée Auguste et qui dura probablement au moins un siècle à partir des années 16-13 avant J.-C.1

C'est une raison pour expurger, comme on l'a fait, et y aurait peut-être lieu de le faire encore, cette région de quelques faux dieux engendrés de nos jours, principa

il

(1) Il ne faudrait pourtant pas en conclure que cela vient de ce qu'il n'y avait pas là de noms celtiques; nous ne pouvons étre au contraire sur ce point qu'à peu près de l'avis de M. Luchaire, qui, dans ses Etudes sur les idiomes pyrénéens de la région française, dit (p. 96): « Il est incontestable que les noms indigènes des marbres pyrénéens appartiennent en très grande majorité à l'ancien gaulois, >>

lement par l'insuffisance ou l'imagination dévoyée de ceux qui ont prétendu nous les faire connaître; mais c'en est une aussi, et plus forte, pour conserver et mettre en bonne lumière, quand cela se peut, tous ceux qui ont eu une existence aussi légitime que les autres. C'est ce que nous allons essayer de faire pour un de ces dieux des plus méconnus et niés récemment par suite d'un mouvement irréfléchi de réaction contre des constatations antérieurement faites par divers.

Il est vrai que le monument qui consernait ce dieu est perdu; mais, à la différence de quelques autres qui ne sont connus que par une seule copie moderne d'origine suspecte et qui ont été repoussés ou même admis en partie, il en existe deux descriptions ou copies anciennes qui ne peuvent faire naître aucune juste méfiance et qui prouvent, quoi qu'on en ait dit, par leurs concordances et par leurs différences même, et l'authenticité du monument et la bonne lecture ou le bon déchiffrement, en somme, de l'inscription qu'il portait, par l'un et l'autre des deux transcripteurs.

Ce monument un autel votif comme à l'ordinaire -se trouvait dans la cour du palais du Parlement de Toulouse, «contre un arbre. » Il fut publié pour la première fois dans le Corpus de Gruter (1602-1616; p. 1074, n° 11) d'après Scaliger; depuis par divers et d'abord par Dumège, dans ses Monuments religieux des VolcesTectosages (1814; p. 205) et dans son Archéologie pyrénéenne (1860; t. I, p. 169) d'après Gruter. Ed. Barry s'en occupa aussi indirectement dans les Mémoires de l'Académie des sciences de Toulouse (5 série, t. m; p. 434), tout en avançant bien mieux que Dumège dans l'intelligence du texte.

Mais tout cela ne put trouver grâce devant Sacaze qui, dans Les anciens dieux des Pyrénées (1892; p. 28),

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