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rent ne point répondre que de ressusciter une querelle de ce genre. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'ils s'abstinrent de siéger, même par procureurs, au concile de Bourges.

>> Quand le siège d'Albi fut érigé en archevêché, en 1678, aux dépens de Bourges, le nouveau promu reconnut explicitement le titre primatial de son ancien métropolitain. Ce fut, je crois, le dernier acte important de ce trop long débat'. »>

Je ne crois pas me tromper. Il résulte clairement de l'exposé qui précède, que les archevêques de Bourges n'ont produit, à l'appui de leurs prétentions de primats de la province ecclésiastique d'Auch, que deux pièces apocryphes; qu'aucun acte tiré de l'histoire des archevêques d'Auch n'atteste que ces prélats aient jamais reconnu les métropolitains de Bourges comme primats de leur province ecclésiastique.

III. PRÉTENTIONS PRIMATIALES DES ARCHEVÊQUES DE BORDEAUX SUR LA PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE D'AUCH.

Au temps du roi Gontran et du prétendant Gondovald, disent les auteurs dévoués à la cause des prélats Bordelais, Bertrand, métropolitain de Bordeaux, et son suffragant Pallade, évêque de Saintes, Orestes, évêque de Bazas, sacrèrent Faustinien évêque de Dax. Or, les diocèses de Bazas et de Dax étaient dans la province ecclésiastique d'Eauze, dont Auch devint ensuite la métropole. Second argument: cette ville d'Eauze ayant été détruite, vers 732, par les Sarrasins d'Abd el Rahman, les métropolitains de Bordeaux héritèrent des droits de ceux d'Eauze, comme étant les plus voisins de cette province ecclésiastique.

Telles sont les raisons alléguées. Mais elles ne sou

(1) A. LEROUX, La primatie de Bourges, 150-152.

(2) GREG. TURON, Hist. Franc., vii, 31.

tiennent pas l'examen. Il est, en effet, certain que Bertrand, métropolitain de Bordeaux, Pallade, évêque de Saintes, et Orestes, évêque de Bazas, furent punis au second concile de Mâcon (585), pour avoir sacré évêque de Dax Faustinien, qui fut alors déposé. Nous avons d'ailleurs les preuves qu'après cette entreprise, Eauze continua longtemps encore d'être la métropole du pays. Cette ville ne fut pas, comme on l'a dit, ruinée par les Sarrasins, mais par les Normands, vers le milieu du IXe siècle. Ainsi, ces arguments ne comptent pas. Il en est de même de celui qu'on tire de l'érection de l'église de Bordeaux en primatiale par le pape Clément V, en l'année 1306. La décision de ce pape n'a pour but direct, en effet, que de soustraire les archevêques de Bordeaux à la primatie de Bourges, et non de leur conférer des droits sur la province d'Auch.

Pourtant, les prélats bordelais ne l'entendaient pas ainsi. Ils avaient établi, au chef-lieu de leur province, une officialité diocésaine, une officialité métropolitaine, et une officialité primatiale. On allait en appel des sentences rendues par la première devant la seconde, et de ceux de la seconde devant la troisième. Or, il advint, plus d'une fois, que des justiciables de la province d'Auch, jugés en appel devant l'officialité métropolitaine d'Auch, firent encore appel devant l'officialité métropolitaine de Bordeaux. M. le chanoine de Carsalade du Pont m'a signalé, aux archives de l'archevêché de Bordeaux, E, 7, une pièce de 1681 où le métropolitain d'Auch donne l'absolution ad cautelam de l'interdiction prononcée contre le curé de la paroisse landaise Monfort, qui avait reconnu la primatie de l'archevêque de Bordeaux.

D'autre part, M. l'abbé Cazauran m'a communiqué, aux Archives du Grand Séminaire d'Auch, deux mémoires manuscrits, insérés au tome v des Glanages de

l'abbé Daignan du Sendat. Ni l'un ni l'autre de ces mémoires ne sont datés. L'écriture du premier, qui porte le n° 38, est du commencement du xvire siècle. Il y est question d'un appel de l'officialité de Bazas (diocèse compris dans la province d'Auch), porté d'abord devant l'officialité métropolitaine d'Auch, et ensuite devant l'officialité primatiale de Bordeaux, par un plaideur du nom de Sugean. Le rédacteur de cette pièce, qui tient pour les prélats Auscitains, fait observer qu'il y a conflit, les métropolitains d'Auch n'ayant jamais reconnu la primatie des prélats Bordelais. En l'espèce, il y a donc lieu, dit-il, à règlement de juges, entre l'official diocésain de Bazas, l'official métropolitain d'Auch, l'official de la prétendue primatie de Bordeaux, et les Parlements de Toulouse et de Bordeaux. Le second mémoire, qui porte le n° 46, est un peu postérieur au premier. On n'y trouve d'ailleurs que des banalités historiques destinées, dans la pensée de l'auteur, à établir la pleine indépendance de l'archevêque d'Auch, lequel exerce, « sur la Novempopulanie, tous les droits que veut s'attribuer l'archevêque de Bordeaux. >> JEAN-FRANÇOIS BLADÉ.

QUESTIONS ET RÉPONSES

309.-Pierre de Sainte-Gemme, poète gascon

Grâce au très savant libraire A. Claudin, j'ai eu connaissance et je suis aujourd'hui possesseur d'un petit livre français, peu estimable au total, mais qui renferme une vingtaine de pages très curieuses en prose et vers gascons. Ce bouquin (La premiere partie du grand roy amoureux. Lyon, 1603) a pour auteur « Pierre de Saincte Gemme, gentilhomme gascon », qui l'a dédié au comte de Soissons, dans une longue et emphatique épitre datée de Lyon, 15 mars 1603. Cet écrivain, sur lequel je n'ai rencontré absolument aucun témoignage, devait être natif de la Chalosse, d'après la place honorable que Saint-Sever occupe dans ses vers. Mais j'espère bien que tel de mes confrères de la Société de Gascogne, plus versé que moi dans la connaissance des vieilles familles de notre province, pourra m'apprendre quelque chose de l'estoc et de l'état civil de Pierre de Sainte-Gemme.

L. C.

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