AVERTISSEMENT. L 'Evénement que je vais décrire peut être regardé comme un des plus confidérables de l'Hiftoire moderne. On y verra un Empire, le plus vafte ' fans contredit qu'il y ait au monde, conquis par une nation à peine connue, & qui ne faifoit que de naître ; pacifié & rendu plus floriffant que jamais dans l'efpace de quelques années. Que peut-on trouver de plus fingulier dans les Hif toriens les plus recherchés ? La conquête de la Chine par les Tartares Mancheoux ne fut pasignorée, il eft vrai, en Europe dans le temps même qu'elle fut faite au milieu du fiécle paffé. Le P. Martin Martini en ébaucha dès-lors une relation, (a) qui fut bientôt après fuivie de quelques autres. D'ailleurs ce qu'on en a publié enfuite dans divers recueils de voyages, dans l'excellent ouvrage des Lettres édifiantes, & fur-tout dans la ma (a) L'ouvrage du P. Martini parut à Anvers chez Plantin', en 1654 fous ce titre, de Bello Tartarico bif chez Jean Henault. donna toria &c. La mê-, en Efpagnol, qu'on me année il fut imprima à Paris en traduit en françois, 1670. & imprimé à Paris gnifique description de la Chine du feu P. du Halde, n'a pas peu contribué à nous donner là-deffus bien des connoiffances. Cependant j'ofe le dire, ce ne fontlà tout au plus, que des Mémoires affez imparfaits, (b) touchant cette Conquête en particulier; (b) On peut af fur des bruits pofurer en général pulaires & incerque dans la plû- tains. Tout occupart de ces ouvra- pés d'ailleurs de ges, les événemens leurs propres afmilitaires les plus faires, plufieurs de intéreffans y font ces Ecrivains interomis, ou notable- rompent fans façon ment altérés: les la fuite des faits, Auteurs ne s'étant pour nous entretepas donné le tems nir d'eux-mêmes, de difcuter com- de leurs aventume il faut ce qu'ils res, de leurs peines. vouloient écrire, ou &c. & elle n'en mérite pas moins une hiftoire en forme. Celle qu'on donne ici fait partie de la grande Histoire Chinoise, compofée par le P. de Mailla, Jéfuite françois, qui a vécu à la Chine quarante cinq ans, dont il en a passé la meilleure partie à Pekin. L'Ouvrage de ce Miffionnaire, qui formeroit quatre à cinq volumes in-folio, n'eft à proprement parler, qu'une traduction de l'Histoire Canonique des Chinois: excepté ce qui regarde les deux dernières, Dynasties des Ming & des Thing, dont les Annales n'ont point encore été publiées authentiquement. |