Pour fuppléer à ce défaut, notre Hiftorien a recueilli d'un grand nombre de Livres Chinois & Tartares tout ce qui lui a paru de moins fufpect pour les régnes de ces deux races. J'épargne au Lecteur un ennuyeux détail des différentes fources, où cet Auteur affure avoir puifé ce qu'il écrit, auffibien que des foins qu'il s'eft donné en divers temps, pour découvrir la vérité des faits qu'il raconte. Le Manufcrit du P. de Mailla, autographe & unique, fe conserve dans la Bibliothèque du grand College de Lyon, où les Curieux peuvent aisément le confulter. Le style en eft fort négligé, & il régne dans tout le corps de l'Ouvrage, je ne fçai quel ton de morale, qui, joint à peu d'éclairciffement fur bien des points, rébute d'abord ceux qui le lifent. A cela près tout y refpire un grand air de vérité: la narration en eft fimple & fans art; rien ne reffent la partialité, l'invective ou la flaterie dans les portraits qu'on fait des Princes. y Il ya douze à quinze ans qu'un illuftre Académicien de Paris, (c) (c) Feu Mr. Fre- près de huit ans, ret, mort il y a, Secrétaire perpétuel à qui la Littérature françoise a des obligations infinies, parut vouloir préfider à l'édition de cette grande Histoire; mais des raisons qu'il n'est pas néceffaire de détailler ici, arrêtèrent ce projet. En attendant que quelque autre entreprenne de l'exécuter, on a cru devoir publier au moins cette partie de l'Hiftoire Chinoise, qui eft inconteftablement une des plus inté de l'Académie Ro- toire du P. de Mailyale des Infcrip- la, & pour la faire tions. Ses lettres que que annoncer quand j'ai entre les mains il en feroit temps, font foi des foins dans divers Jour qu'il promettoit de donner pour procurer l'impreffion du Louvre à l'Hif naux littéraires de France & des Pays étrangers. reffantes de tout l'Ouvrage. L'Editeur n'a rien ajouté d'ef fentiel au récit de l'Hiftorien. Son travail s'eft borné à extraire les faits qui ont rapport à la Conquête des Mancheoux, à les arranger, & à les éclaircir notes, toutes les même par des notes, fois qu'il l'a cru nécessaire. Perfuadé au refte qu'un éloge de l'Auteur, fur lequel il a travaillé, feroit mieux placé à la tête de la grande Hiftoire de la Chine, que dans cette courte Préface, il fe contentera de dire au fujet de ce Miffionnaire, qu'il fe nommoit Jofeph-Anne - Marie de Moyriac de Mailla; qu'il étoit d'une famille de qualité, trèsancienne, & des meilleures du Bugei; qu'il nâquit en Dauphiné, au Bourg de Moirans, près de Grenoble, l'an 1669; qu'il entra dans la Société en 1.686; qu'il arriva à Koancheou ou Quanton en 1703; & qu'il eft mort à Pekin en 1748. Le P. Gaubil, alors Supérieur des Jéfuites françois de la Chine, affure dans une lettre que j'ai vue, que le P. de Mailla avoit une grande érudition chinoife; que c'étoit un Miffionnaire infatigable; & que les Ouvrages de fa façon, fur-tout ceux qu'il avoit traduits de françois en chi |