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Louis-Napoléon mange avec grande sobriété. Au sortir de déjeûner, il se rend au conseil et vient s'asseoir à la table commune, autour de laquelle sont réunis les ministres. Il écoute attentivement les délibérations et n'y prend part ordinairement que par quelques mots décisifs qui résument les questions et qui indiquent la marche à suivre. Le prince a l'habitude, pendant les séances du conseil, de tracer à la plume sur des chiffons de papier des croquis de paysage ou des figures de fantaisie, dont les employés de l'Elysée s'emparent avec empressement. Après le conseil, il prend congé des ministres et reçoit les autres personnes de sa maison que les besoins du service appellent auprès de lui. Il reçoit également à cette heure, c'est-à-dire de une à deux, les personnes qui ont obtenu des lettres d'audience.

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A deux heures, avant les événements du 2 décembre, il avait coutume de sortir en tilbury ou à cheval, pour faire une promenade au bois de Boulogne. Dans ces promenades, il était toujours accompagné d'un de ses officiers d'ordonnance. Bon et beau cavalier, il a toujours dans ses écuries l'élite des chevaux de race. Ces excursions au bois de Boulogne se prolongeaient jusqu'à quatre heures, quelquefois jusqu'à cinq. Quand il sortait en tilbury, c'est toujours lui qui tenait les rênes.

Au retour, il se faisait rendre compte, par une personne de sa maison chargée de ce soin, des séances de l'Assemblée. Il recevait également quelques visites à cette heure.

Le dîner a lieu à six heures; plusieurs fois par semaine il y a de grands couverts où sont invités les

hommes les plus importants, ministres, généraux, fonctionnaires publics et autres. La liste des personnes invitées est dressée par lui avec le plus grand sointuss

Dans la soirée, les jours où il n'y a pas réception, le prince se rend une ou deux fois par semaine à l'Opéra, aux Français et aux Italiens, et même dans quelques autres théâtres. Les autres soirées sont employées par lui au travail ou à l'étude des grandes questions administratives et politiques.

Quelques jours avant les événements du 2 décembre, et depuis qu'ils sont accomplis, le prince s'est livré à un prodigieux travail de cabinet; bien souvent le jour est venu le surprendre dans ces études laborieuses, qui avaient pour but l'avenir et la prospérité de la France.

Tous les actes du coup d'Etat, proclamations, décrets, appel au peuple, etc., ont été dictés par lui ou écrits par lui. Il en a été de même de la plus grande partie des décrets qui ont paru depuis cette époque.

La Constitution nouvelle qu'il vient de publier! est son œuvre toute particulière. La veille où elle parut, il en corrigea les épreuves lui-même avec le plus grand soin, en présence du garde des sceaux, ministre de la justice, et du directeur de l'imprimerie. Cette séance se prolongea jusqu'à deux heures du matin.

Tel est l'homme auquel la France vient de confier sa destinée. Comme on vient de le voir par cet aperçu, Louis-Napoléon poursuit sérieusement, scrupuleusement la grande mission qu'il s'est imposée, de rendre à la France sa prospérité des beaux jours d'autrefois; et Dieu, ainsi qu'il le dit lui-même et ainsi que nous l'espérons, Dieu bénira son œuvre.

Il ne nous reste plus qu'à tracer rapidement le cadre des actes principaux qui ont eu lieu depuis le 2 décembre.

སྙ་།

Le 4, décret portant modification au plébiscite du 2, relatif au mode de votation.

"Le 7, décret qui prononce le licenciement de la 5e légion de la garde nationale, dont quelques citoyens avaient écrit sur leurs portes armes données.

Le même jour, décret qui rend au culte religieux l'église Sainte-Geneviève.

Le même jour, décret portant que les services rendus par l'armée de l'intérieur seront récompensés comme ceux de l'armée du dehors.

Le 8, décret sur la transportation des repris de justice et des membres des sociétés secrètes.

Le 10, publication de la loi relative au chemin de fer de Lyon à Avignon.

Le 12, décret qui nomme maréchaux de France les généraux Vaillant et Harispe.

Le 13, décret qui constitue définitivement la Commission consultative, faisant fonction de conseil d'Etat ét d'Assemblée législative,

Le 15, décret portant que des secours annuels et viagers seront distribués aux anciens militaires de la république et de l'empire.

Les 20 et 21, vote général pour la confirmation des pouvoirs du Président de la République pendant dix ans,

Le 24, décret portant réorganisation de la gendarmerie.

Le 26, décret portant que le territoire français sera divisé en 21 divisions militaires.

Le 29, décret portant qu'aucun café, cabaret ou débit de boissons sur place ne pourra être ouvert à l'avenir sans l'autorisation préalable de l'autorité administrative.

Le 31, la Commission consultative se rend à l'Elysée pour remettre au Président de la République l'extrait du procès-verbal constatant que le vote des 86 départements, de l'Algérie, de l'armée et de la marine sur le plébiscite du 2 décembre donne pour résultat :

Oui, 7,439,216

Non, 640,737

Le 1er janvier, décret ordonnant le rétablissement de l'aigle sur les drapeaux français et sur les croix de la Légion-d'Honneur.

Installation de Louis-Napoléon aux Tuileries.

Te Deum solennel célébré à Notre-Dame, en action de grâces du vote du 20 décembre.

Nous n'ajouterons plus qu'un mot, et c'est un vœu : Que Dieu protége les jours de Louis-Napoléon! que Dieu sauve la France!

FIN.

Paris. - Imp. de Pommeret et Morean, quai des Augustins, 17.

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