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Celles qui n'en renferment que de 0,45 à 0,55 fondent en émail noir. Les bords minces des éclats de ces laves sont vert bouteille foncé. Tels sont les basaltes noirs, ou d'un noir grisâtre.

Celles qui en contiennent de 0,55 à 0,70 fondent en un verre. de couleur vert bouteille; ce sont les basaltes noirâtres, verdâtres et gris cendré.

Les laves lithoïdes qui en renferment 0,90 fondent en verre blanc, telles sont les laves pétrosiliceuses, les phonolites (klingstein), les domites.

Les grains jaunátres ou verdátres, ou d'un vert noirâtre appartiennent ou au pyroxène ou à l'amphibole. L'auteur convient qu'il est quelquefois difficile de les distinguer, et donne, pour les reconnoître, les caractères suivans :

Les grains pyroxéniques sont arrondis et réguliers, ils offrent une cassure vitreuse, raboteuse, néanmoins ils sont assez éclatans, leur couleur est le vert bouteille, le vert jaunâtre et le vert noirâtre. Ils sont moins fusibles que le feld-spath, et donnent un verre de couleur vert jaunâtre ou vert bouteille, et ils deviennent très-fusibles par le contact du feld-spath.

Les grains amphiboliques sont allongés et tendent à la forme prismatique : ils offrent des indices de lames et n'ont d'éclat vif que dans le sens des lames; ils sont bruns ou verts noirâtres. Ils fondent avant le feld-spath, et donnent un émail brun ou vert noirâtre.

Le maximum de proportion des grains pyroxéniques est de 0,45 dans les laves lithoïdes, et ces laves fondent en noir; on ne les trouve que pour o,or dans celles qui fondent en verre

blanc.

Les grains noirs opaques appartiennent, soit au fer titané, qui ne renferme que 0,05 de titane, soit au titane ménakanite qui renferme parties égales de titane et de fer, soit au fer oligiste.

Les grains de fer titané ont un éclat métallique vif, une cassure conchoïde parfaite; ils sont attirables à l'aimant.

Le maximum de proportion dans les laves lithoïdes qui fondent en noir est 0,15.

Les grains de titane ménakanite sont en proportion beaucoup plus foibles; ils sont d'un noir persistant, très-difficiles à fondre, et ne sont pas enlevés par le barreau aimanté.

Enfin les grains de fer oligiste se reconnoissent à la poussière

rouge qu'ils donnent par la trituration; ils sont très-rares dans les laves.

L'examen que M. Cordier a fait d'un grand nombre de laves lithoïdes lui a appris qu'il n'y avoit, dans ces roches, que deux des substances précédentes qui y dominassent; savoir, le feldspath et le pyroxène. Toutes les autres y sont toujours en pro portion très-subordonnée; ainsi l'amphibole qui avoit été admis sans examen dans la plupart des roches volcaniques s'y trouve par les au contraire très-rarement, et sa présence s'y manifeste circonstances suivantes :

On ne le voit guère que dans les laves à pâte feld-spathique, et il y est indiqué par des cristaux amphiboliques disséminés très-apparens.

Ces considérations amènent l'auteur à déterminer la nature des basaltes, et à rectifier l'erreur commise à cet égard par presque tous les naturalistes.

Si les basaltes étoient, comme on l'a cru, une roche d'apparence homogène, composée d'un mélange invisible, de feldspath et d'amphibole, les grains de leur pâte présenteroient les caractères attribués à ceux de l'amphibole, et on y verroit quelquefois des cristaux d'amphibole disséminés. Mais on observe au contraire que ces grains offrent tous les caractères attribués à ceux du pyroxène, et quand il y a des cristaux apparens dans le basalte, ce sont toujours du pyroxène. A ces observations se joignent les résultats des analyses chimiques qui donnent à peu près la somme des principes terreux et métalliques qu'on doit attendre de la composition des espèces minérales qui entrent dans le basalte, et de la proportion de ces espèces entre elles. Enfin le passage qu'on remarque sur le mont Meisner en Hesse, entre le basalte de cette montagne et la roche, composée de cristaux très-distincts de feld-spath et de pyroxène, qui le recouvre dans plusieurs points, confirme le résultat de M. Cordier, en faisant voir, pour ainsi dire, et d'une manière très-distincte, les parties constituantes du basalte.

D'après les observations précédentes, M. Cordier croit pouvoir diviser en deux sortes les roches volcaniques à pâte lithoïde. Il réunit, sous le nom de LEUCOSTINE, les laves lithoïdes qui fondant en verre blanc, quelquefois piqueté de noir ou de vert, appartiennent au feld-spath compacte. Elles renferment une petite quantité de fer titané, de pyroxène, d'amphibole, de

mica d'amphigene (1); et sous celui de BASALTE, les laves lithoïdes qui donnent un émail noir ou un verre de couleur verte foncée. Elles appartiennent au pyroxène compacte, et contiennent des petites quantités de feldspath, de fer titané et quelquefois de péridot, d'amphigène et de fer oligiste (2).

M. Cordier cherche ensuite à faire voir que les considérations minéralogiques précédentes peuvent être très-utilement employées pour distinguer les pétrosilex, les trapps et les cornéennes qui appartiennent aux terrains primitifs, ou de transition, des roches qui leur ressemblent et qui font partie de terrains considérés comme d'origine volcanique par beaucoup de minéralogistes.

1o. Les roches des terrains primitifs et de transition se lient presque toujours par leur mode de stratification, et par les cris taux disséminés qu'elles renferment, avec les roches accompagnantes; tandis que les roches volcaniques lithoïdes n'ont ordinairement aucun rapport de stratification et de composition avec les terrains accompagnant.

2o. Dans les roches volcaniques on trouve des cristaux disséminés de péridot, de pyroxène, d'amphigène, de fer titané, et on n'y voit jamais ni diallage, ni talc, ni chlorite, ni fer oxidulé, ni fer sulfuré, ni quartz; l'inverse s'observe au contraire dans les roches non volcaniques.

3°. Le troisième caractère distinctif, celui qui a été l'objet principal des recherches de M. Cordier, se tire du tissu intime et de la composition mécanique.

Les roches d'origine volcanique, qui par leur apparence li thoïde peuvent se confondre avec les roches primitives ou de transition, ou d'origine aqueuse, examinées au microscope, présentent un tissu grossier composé de petits cristaux ou grains entrelacés, mêlés de vacuoles, et offrent tous les caractères d'une masse résultant de la cristallisation confuse de minéraux de diverses espèces.

Les pétrosilex, les trapps et les cornéennes n'offrent rien de semblable, ils montrent au microscope un tissu uniforme sans

(1) Ce sont les laves pétrosiliceuses de Dolomieu, le feld-spath compacte sonore de M. Hauy, le domite et la lave à base de hornstein de Karsten, le klingstein de M. Werner.

(2) Ce sont les laves ferrugineuses de Dolomieu, les laves basaltiques uniformes de M. Haüy, le basalte trappéen et la lave proprement dite de M. Werner

vacuoles, dont la poussière est composée de grains si fins qu'on ne distingue aucune diversité dans ces élémens, et qu'on ne peut isoler aucun d'entre eux pour les examiner séparément. Cependant on voit assez ordinairement dans les trapps et dans les cornéennes des grains plus noirs qui, recueillis quoiqu'avec peine tant ils sont petits et rares, ont été reconnus par M. Cordier pour appartenir soit au fer oxidulé, soit au fer sulfuré, minéraux métalliques qui se présentent souvent disséminés en grains ou cristaux très-apparens dans ces roches. M. Cordier a cherché en vain le fer titané dans ces mêmes roches.

Il résulte de ce qui vient d'être rapporté, 1° que les laves lithoïdes dont l'origine est contestée, sont extrêmement semblables par leur structure et leur composition mécanique aux laves lithoïdes modernes.

2. Que ces roches different par ces mêmes caractères des roches primitives et secondaires auxquelles on a voulu les assimiler par la nature et par l'origine.

M. Cordier a examiné d'après les mêmes principes les scories et les verres volcaniques.

Parmi les scories, les unes fondent en verre blanchâtre, les autres en verre noirâtre ou verdâtre.

M. Cordier distingue trois sortes de scories, les scories grumeleuses, qui ne different pas sensiblement des laves lithoïdes auxquelles elles sont ordinairement adhérentes; elles présentent les mêmes subdivisions qu'elles.

Les scories pesantes. La pâte de celles ci présente un aspect intermédiaire entre la structure lithoïde et l'aspect vitreux, c'est-à-dire qu'on y voit au microscope une substance vitreuse continue dans laquelle sont disséminés des grains blancs, noirs ou verts, semblables à ceux des laves lithoïdes. Dans les scories rouges, la majeure partie des grains noirs appartient au fer

oligiste.

Les scories légères font voir un tissu uniforme analogue à celui des verres volcaniques, leurs éclats minces sont toujours translucides, avec des couleurs différentes suivant la nature de la scorie dont ils proviennent. La pâte vitreuse de ces scories fait voir néanmoins quelques grains de fer titané, de feld-spath, de pyroxène, d'amphigène et de péridot.

Les pátes vitreuses ou verres volcaniques se divisent également en deux genres, suivant qu'elles donnent au chalumeau un verre blanc ou un verre d'un noir verdâtre. Chacun de ces genres présente des verres volcaniques parfaits, c'est-à-dire,

qui ne font voir au microscope que quelques grains rares de fer titané. Les imparfaits, qui ont en général un aspect demi-vitreux, présentent une pâte demi-vitreuse dans laquelle sont disséminés des rudimens de cristaux microscopiques analogues à ceux des laves lithoïdes. Ce sont des grains feld-spathiques dans les obsidiennes qui fondent en verre blanc, et des grains de pyroxene dans celles qui fondent en verre noir. On voit dans certains cas la transition de celte obsidienne au basalte le plus dense.

On retrouve dans les cendre's volcaniques les mêmes élémens que dans tous les produits volcaniques que nous venons de parcourir, c'est-à dire, le pyroxène, le péridot, le feld-spath, le fer titané, etc., et très-rarement l'amphibole. Ces mêmes élémens se retrouvent encore dans les tufs volcaniques, qu'on peut considérer comme des cendres consolidées par diverses infiltrations ou par le tassement. Enfin dans les vakes on retrouve encore les mêmes minéraux microscopiques disséminés dans une pâte due à la décomposition des roches volcaniques solides et réagrégées par des infiltrations calcaires, mais beaucoup plus communément siliceuses. Cest toujours le pyroxène qui se montre en plus grande abondance dans les vakes qui fondent en émail noir, et jamais l'amphibole.

M. Cordier tire des observations nombreuses renfermées dans son Mémoire, et dont nous n'avons présenté qu'une partie, plusieurs conséquences importantes pour la Géologie, et entre autres les suivantes :

1o. Les roches volcaniques qui paroissent le plus homogènes, sont composées en grande partie de cristaux microscopiques appartenans à un petit nombre d'espèces connues, notamment au pyroxène, au fed-spath, au péridot et au fer titané.

2o. Celles qui ont l'aspect lithoïde et celles qui ont l'aspect vitreux, celles qui n'ont encore éprouvé aucune altération, comme celles qui sont déjà entièrement désagrégées et très-altérées, offrent toujours la même composition mécanique,

32. Ces roches sont les mêmes dans les produits volcaniques de tous les âges et de tous les pays.

4o. Les analogies qu'on a cru apercevoir entre quelques-unes de ces roches et les roches primordiales cu secondaires à base de pétrosilex, de trapps ou de cornéenne, ne sont pas fondées.

5o. Les terrains volcaniques considérés sous le point de vue le plus général, offrent une constitution toute particulière qu'on ne retrouve dans aucun terrain.

A. B.

LETTRE

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