Page images
PDF
EPUB

3o. Les Faits 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12 nous fournissent dívers exemples de contraction par la seule opposition des températures de deux métaux homogènes formant chaîne, ou des deux mains seulement, ou des muscles et des nerfs se touchant directement. Il y a plus; on voit la température exciter des contractions sans chaîne, et en agissant seulement sur l'une des extrémités de l'arc animal. Un choc produit le même effet lorsqu'il s'exerce sur les nerfs.

Il n'est pas possible, dans toutes ces circonstances, de supposer que l'action musculaire est l'effet d'un courant électrique, qui se dirige des nerfs dans les muscles ou des muscles dans les nerfs. Il est évident que les contractions sont produites ici par une simple pression du côté des nerfs, ou par une forte expansion du côté des muscles; et qu'elles ont lieu plus facilement et plus long-temps, lorsque la pression qui s'exerce du côté des nerfs est en même temps secondée par une expansion du côté des muscles. Tout me porte à croire qu'il en est de même dans le contact de deux métaux hétérogènes. En effet, on remarque qu'ils ne donnent aucun signe d'électricité tant qu'ils sont en contact, et que l'un et l'autre ne deviennent électriques qu'au moment de leur séparation. Tant que ce contact subsiste, il ne peut donc y avoir dans les métaux qu'une disposition prochaine à l'état électrique, c'est-à-dire pression du fluide dans l'un et raréfaction correspondante dans l'autre.

Il est bien singulier qu'une douce chaleur appliquée aux nerfs, ou l'attouchement prompt des pieds à un corps froid, ne mette en jeu que les fléchisseurs, tandis qu'un plus fort degré de chaleur, ou un froid quelconque appliqués aux nerfs, de même que tout autre excitation faite avec chaîne ou sans chaîne, ne produise les contractions que dans les extenseurs. Y auroit - il un degré d'excitation propre à chacune de ces deux substances musculaires?

[ocr errors]

4°. On aura sans doute été frappé de voir, dans le treizième Fait, les deux points métalliques qui opèrent le contact perdre, par la continuité de leur attouchement, la propriété d'exciter par l'autre, et chacun d'eux la reprendre lorsqu'ils touchent un nouveau point métallique de même corps. Ce phénomène ne nous donne-t-il pas l'idée de la manière dont nos sens s'émoussent par la continuité d'une même impression; et ne peuton pas concevoir par là comment une partie du cerveau peut

recevoir un changement, acquérir une disposition, une habitude enfin, sans que le restant de cet organe y participe?

5o. On a dû remarquer, dans le quatorzième Fait, qu'un fil d'argent prend passagèrement la propriété d'exciter rien qu'en faisant toucher une de ses extrémités à un disque d'argent en contact avec du zinc. Cette propriété ne peut être que le résultat d'un état particulier que le disque d'argent acquiert lors qu'il est sur du zinc, et qu'il communique au fil qui le touche. Or, quand le disque d'argent est sur le zinc, son fluide est dans un état de condensation à sa surface inférieure et de raréfaction à la supérieure; cette même disposition du fluide doit donc avoir lieu dans le fil d'argent au moment où il touche le disque par un de ses bouts. Il est vrai que cette propriété subsiste dans le fil quelque temps après le contact, même sans isolement, et qu'il est étonnant que l'équilibre ne se rétablisse pas aussitôt que le contact a cessé; mais c'est un fait, et un fait constant. Cela ne prouveroit-il pas que toutes les molécules du fluide d'un corps sont entre elles en équilibre de tension, et que lorsque cet équilibre vient à être rompu par une cause quelconque, l'attraction en retarde le rétablissement?

Ce fait est analogue à celui qu'avoient déjà fait connoître MM. Gautherot, Erman et Ritter, qui est que si l'on met en contact les deux bouts d'un fil métallique avec les deux pôles d'une pile de Volta, et qu'on l'en retire un instant après, il. possède pendant quelque temps la propriété de donner des saveurs à la langue, de décomposer l'eau, de faire, en un mot, les fonctions d'une pile, quoiqu'il ne soit plus sous l'influence de l'appareil électromoteur. On peut donc dire que le fluide de ce fil est alors polarisé, puisque, comme la pile, il a un pôle positif et un pôle négatif. C'est sans doute en vertu d'un état semblable, que le refroidissement de l'atmosphère procure au fluide de tous les corps, que des disques métalliques non isolés, qu'on approche d'une aiguille électrométrique en communication avec le réservoir, ont la propriété, tantôt de l'attirer, tantôt de la repousser, suivant l'intensité du froid, ainsi que je l'ai observé. Ne seroit-ce pas aussi à cette polarité temporaire que seroit due l'irritabilité qui subsiste dans les fibres musculaires quelque temps> après la mort violente de l'animal?

[ocr errors]

MÉMOIRE

SUR LA SODALITE DU VÉSUVE;

PAR M. LE COMTE STANISLAS DUNIN BORKOWSKI.

PRÉSENTÉ A L'ACADÉMIE LE 28 OCTOBRE.

M. EKEBERG a le premier analysé un minéral du Groenland qui contient 25 parties de soude. M. Thomson a répété cette analyse, il y a ajouté la description minéralogique de ce minéral, et il l'a fait connoître, dans un beau Mémoire, comme une nouvelle espèce, sous le nom de la sodalite. On ne connoissoit pas jusqu'à présent d'autres localités de la sodalite. J'ai été assez heureux pour la retrouver sur la pente du Vésuve appelée Fosso Grande, que l'on peut regarder à juste titre comme le grand répertoire des richesses volcaniques du Vésuve. Il paroît que la sodalite doit son origine aux anciennes éruptions qui ont fourni à la Minéralogie la néphéline, la meyonite et l'idocrase; mais elle n'est pas, à beaucoup près, aussi commune que ces espèces; et c'est à cette raison qu'il faut attribuer qu'elle n'a pas été remarquée par les savans observateurs qui ont parcouru cette célèbre contrée. Malgré beaucoup de recherches, je n'ai pu trouver qu'un échantillon sur place. Un autre m'a été donné ensuite par le guide Salvatore: c'est sur ces deux échantillons que les observations suivantes ont été faites.

Caractères extérieurs.

La sodalite du Vésuve est d'un gris blanchâtre; elle se trouve en grains arrondis et cristallisés, sous la forme d'un prisme à six faces, et terminé par un pointement à trois faces placées alternativement sur trois bords latéraux. Les cristaux paroissent être de différente grandeur, et j'en possède un qui a un pouce de longueur. La surface des cristaux est lisse un peu irisée.

A l'extérieur

A l'extérieur elle est éclatante d'un éclat gras.
A l'intérieur d'un éclat vitreux.

La cassure en travers est parfaitement conchoïde, en longueur elle est lamelleuse, mais il est difficile de déterminer le clivage. Elle est demi-diaphane; ses fragmens sont indéterminés à bords aigus.

Elle est demi-dure, cédant facilement à la lime et très-facile à casser; sa pesanteur spécifique est de 2,89.

Caractères chimiques.

Les fragmens de la sodalite du Vésuve, mis dans l'acide nitrique, ne perdent pas leur éclat tant qu'ils y sont plongés; mais retirés de la liqueur, ils se couvrent bientôt d'une légère couche blanche. Mise en poudre dans l'acide muriatique ou hydro. clorique, elle forme une gelée. Au chalumeau elle se fond sans addition, mais difficilement.

Gisement.

La sodalite se trouve dans une gangue calcareo-talqueuse, accompagnée du pyroxène, d'une pierre ponce verte, et d'une substance cristallisée en petites tables à six faces, que M. Werner appelle l'eisspath.

L'ensemble des caractères minéralogiques que je viens d'exposer me présentoit, à la vérité, une substance inconnue; mais ces caractères étoient loin de m'éclairer sur sa véritable nature. La Cristallographie ne pouvoit non plus servir pour la détermination de cette espèce; car la forme des cristaux étant un prisme à six faces terminées par une pyramide à trois faces, dont les angles formoient 120 degrés, elle se réduisoit à la forme primitive du dodécaèdre rhomboidal. Or cette forme primitive, commune à plusieurs espèces différentes, cessoit par cela même d'être distinctive. Il falloit donc avoir recours à la Chimie, et le résultat de mon analyse a complètement répondu à mon attente.

Analyse chimique.

A.

25 décigrammes de sodalite en petits fragmens ont été chauffés dans un creuset de platine au rouge cerise pendant une demiTome LXXXIII. DÉCEMBRE an 1816.

Iii

heure, sans rien perdre de leur poids, seulement ils ont pris un aspect laiteux; les morceaux qui touchoient aux parois du creuset ont éprouvé une légère fusion.

B.

1o. 4 grammes de sodalite réduits en poudre très-fine ont été mis dans 10 grammes d'acide hydro-clorique étendu de 5 parties d'eau distillée. La pierre a été attaquée en grande partie à froid. Par une légère ébullition, la dissolution s'est prise en une gelée jaune trèsforte, que j'ai ramassée avec beaucoup de précaution sur une capsule de porcelaine, et j'ai fait évaporer le tout à siccité. Vers la fin de l'opération, on a eu soin de remuer continuellement la gelée pour que l'évaporation se fît également et doucement. Lorsque la matière a été réduite en poudre, elle a été délayée dans l'eau, et le résidu lavé jusqu'à ce que le lavage ne fit aucun précipité avec le nitrate d'argent. Chauffé au rouge, il pesoit encore chaud 17,25 décigrammes. Le filtre avoit augmenté de poids de 0,25 décigrammes; ce qui fait le poids total du résidu 17,50 décigrammes.

Pour me convaincre que ce résidu blanc étoit de la silice je l'ai chauffé pendant une demi-heure avec 5 grammes de po tasse caustique dans un creuset d'argent. Le mélange a pris une fonte liquide; le creuset ayant été retiré du feu, j'ai versé sur la matière encore chaude de l'eau distillée; lorsque la matière a été entièrement délayée, on a versé l'acide hydro-chlorique, qui en a opéré la dissolution complète. Cette dissolution a été évaporée à siccité. La silice obtenue, lavée et chauffée au rouge, pesoit 17 décigrammes. La perte de 0,50 décigrammes tient à ce qu'on n'a pas pesé le filtre, car la liqueur du lavage n'étoit troublée ni par l'ammoniaque pure, ni par le carbonate d'ammoniaque.

2o. La liqueur acide d'où la silice avoit été séparée, a été précipitée par l'ammoniaque pure; on a obtenu une matière volumineuse très - blanche, qui a été filtrée sur-le-champ. Après l'avoir lavée, on l'a fait bouillir encore humide dans la potasse caustique; toute la matière a été dissoute, il n'est resté qu'un très-petit dépôt brun, qu'on a séparé par le filtre. La liqueur alcaline a été neutralisée par le muriate d'ammoniaque, ce qui a formé un précipité abondant, lequel, lavé et chauffé au

« PreviousContinue »