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traire, combien il y a eu de fageffe & de puiffance, auffi-bien que de charité, dans tout ce que J. C. a choifi pour confoler, pour exhorter, & pour animer fes ferviteurs. Hac omnis hortatio, dit faint Auguftin, qua S. Aug. lib. jam ubique pradicatur, ubique veneratur, de Agone chriftiano, num qua omnem obedientem animam fanat, non effet in rebus humanis, fi non effent facta illa omnia, qua ftultiffimis difplicent.

12.

CHAPITRE IV.

JESUS CHRIST crucifié eft notre force, & le remede de tout ce qui peut nous affoiblir.

A

1

PRES avoir confideré J. C. crucifié

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toutes les veritez falutaires, comme le modele que nous devons imiter, & comme le confolateur de ceux qui fouffrent avec piété : nous allons le confiderer comme notre force, & comme le remede de tout ce qui peut nous affoiblir. Ces deux chofes font étroitement. unies mais j'éviterai de les confondre pour les traiter avec plus de clarté.

CHAP. IV.

§. 1. Dieu n'exerce son pouvoir à notre égard, pour nous conduire au falut, que par JESUS-CHRIST crucifié. Saint Paul dit en plufieurs endroits qu'il n'est que foibleffe, & qu'il tire toute fa force de JESUS-CHRIST.

1. EN propofant J. C. crucifié comme légiflateur & comme maître, comme modele, comme confolateur, je n'ai pas prétendu le comparer à Moyfe miniftre & médiateur de l'ancienne loi; ni réduire fon exemple à un fimple fpectacle digne d'admiration, ni borner fa confolation & fon exhortation à la feule vûe de fes fouffrances. Je fçai que dans J. C. tout eft efficace & puiffant, que c'eft par fon onction qu'il enfeigne; que c'est par l'impreffion de fa grace qu'il devient notre modele, & que c'eft par la préfence de fon efprit qu'il nous exhorte à fouffrir pour lui, & qu'il nous confòle dans nos fouffrances. Une foi vive en J. C. n'eft jamais fans fruit, & n'eft jamais réduite à un fimple fouve ir de fa croix. Et comme tout eft vie en !" > & que tout y eft falutaire, parce qu'il n'y a point d'autre nom que le fien qui puiffe. nous fauver, en quelque fens qu'on le confidere, & fous quelque idée qu'on l'invoque, on éprouve toujours qu'il eft à notre égard une fource de grace & de force. Mais il eft utile de le confiderer fous differentes faces, quoique ces differens rapports fe terminent à l'unité d'un feul objet : parce que ces vûes diftinctes foutiennent & nourriffent la foi, en éclairant l'efprit; & qu'elles contribuent à découvrir & à faire rechercher les tréfors in

finis cachez dans les douleurs & dans les hu- CHAP. IV. miliations de J. C.

2. Les Juifs, dit faint Paul, deman- 1. Cor. 1. 22. »dent des miracles, & les Gentils cherchent 25. » la fageffe; mais pour nous nous prêchons

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J. C. crucifié, qui est un scandale aux Juifs, » & une folie aux Gentils : parce que ce qui 3 paroît en Dieu une folie, eft plus fage que » toute la fageffe de tous les hommes ; & que » ce qui paroît en Dieu une foibleffe, eft plus fort la force de tous les hommes. ›› Et le même Apôtre avoit dit peu auparavant :

כל

que

» La parole de la croix eft une folie pour Ibid. v. 184 ceux qui fe perdent, mais pour ceux qui

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fe fauvent, c'est-à dire pour nous, elle est >> la vertu de Dieu. » Voila en peu de mots tout le fond & tout le myftere de la Religion chrétienne découvert. J. C, crucifié eft la force de Dieu. La parole de la croix eft la vertu & la puiffance de Dieu. C'està-dire, que Dieu n'exerce fon pouvoir à notre égard pour nous conduire au falut que par J. C. crucifié. Il eft tout-puiffant, il est le maître de tout, il eft plein de miféricorde & de bonté : mais il a établi la croix de J. C. pour l'unique moien & l'unique canal de fa puiffance & de fa grace. Ce moien paroît y être un obstacle: mais c'eft pour cela même qu'il l'a choifi. Il eft regardé comme foible > comme une folie

:

par

ceux qui le perdent : Verbum crucis pereuntibus ftultitia eft, iis autem qui falvi fiunt, Dei virtus eft.... Nos pradicamus Chriftum crucifixum Judais quidem fcandalum, gentibus autem ftultitiam ipfis autem vocatis Judais atque Gracis, Chriftum Dei virtutem, Dei fapientiam,

CHAP. IV.

3. » Je puis tout, dit faint Paul, en ce» lui qui me fortifie»: Omnia poffum in eo Philip. 4. 13. qui me confortat. Il eft clair qu'il veut parler de J. C. & le texte grec ne permet pas d'en douter: in corroborante me Chrifto. Avec lui je fuis à l'épreuve de tout,je fuis fuperieur à tout. Il n'y a rien qui foit capable de m'affoiblir, ni de me vaincre, parce qu'il eft ma force, & qu'il eft lui même invincible. Si j'étois fort par moi-même, je ferois bien-tôt affoibli : car ma force feroit bornée. Mais je fuis foible par mon propre fonds. Je ne fuis la fourcourage, ni de la patience : & parce que je ne puis me les donner, je m'attache par une foi vive à J. C. qui devient ma force, & qui m'éleve au deffus de toutes les tentations, de tous les dangers, & de toutes les efpeces d'afflictions & de douleurs, parce qu'il n'y a ni tentation, ni danger, ni douleur, dont fa grace ne puiffe triompher, & dont elle ne triomphe en effet, quand on s'y fie pleinement & qu'on la demande avec

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ce ni du

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4. C'eft le Seigneur lui-même, dit ailleurs le même Apôtre, qui m'a appris cette » grande vérité, que fa puiffance fe fait plus paroître, & qu'elle a un plus grand effet dans la foibleffe»: Dixit mihi : fufficit tibi gratia mea ; nam virtus in infirmitate perficitur. Je prendrai donc plaifir, con

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tinue faint Paul, à me glorifier dans mes foibleffes; afin que la puiffance & la force » de J. C. habitent dans moi. Et en effet, je fens de la fatisfaction & de la joye dans mes » foibleffes, dans les outrages, dans les né» ceffitez où je me trouve réduit, dans les perfécutions, dans les afflictions preffantes

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que je fouffre pour J. C. Car lorfque je CHAP. IV. fuis foible, c'est alors que je fuis fort. » Cùm enim infirmor, tunc potens fum...

in

; que toutes

5. Saint Paul fe fert du terme general de foibleffe, pour marquer tout ce qui met fa foi & fa patience à l'épreuve. Il comprend fous ce nom les perfécutions, les outrages, les afflictions preffantes qu'il fouffre pour J. C. auffi bien que fes tentations perfonnelles, qu'il défigne par l'ange de fatan, & par l'aiguillon de fa chair. C'eft qu'en effet, par rapport aux tentations exterieures ou tericures, il n'eft par lui-même que foibleffe, que toutes l'en font fouvenir f'humilient, & le rappellent à la connoif fance de fon infirmité; que toutes le preffent de recourir à J. C. comme au principe de fa force, ou pour la continence, ou pour le martyre. Et c'est parce qu'elles l'avertiffent de ne pas mettre fa confiance en lui même, & qu'elles donnent occafion à la puiffance de J. C. de fe manifefter & d'agir efficacement en lui, qu'il fe glorifie dans fes foibleffes. Libenter igitur gloriabor in infirmitatibus meis, ut inhabitet in me virtus Chrifti.... Cùm enim infirmor, tunc potens fum.

§. 2. C'est des foibleffes de JESUS-CHRIST, que faint Paul tiroit fa force. C'est par fon agonie, par fa foumiffion, par fes prieres, par fon filence, par fon profond abbaiffement devant fon Pere, qu'il nous a mérité la grace de fouffrir avec pa・tience, avec courage.

1. MAIS demandez à ce grand Apôtre d'où vient cette force puiflante que J. C, com

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