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Pater, qui mifit me, traxerit eum. Et d'un CHAP. VI. autre côté, c'est le Fils qui nous conduit à

fon Pere, & fans lui tout accès auprès de

fon Pere nous eft interdit: Nemo venit ad Joan. 14. 6 Patrem, nifi per me.

6. Ces veritez, qui d'abord paroiffent oppofées, fe communiquent mutuellement leur lumiere & leur force. Car puifque le Pere nous enfeigne d'aller à J. C. & qu'il nous attire & entraîne vers lui, c'est une preuve que le falut eft attaché à la foi de J. C. Et puifque fans J. C. on ne va point au Pere, c'eft une preuve que c'eft par lui feul qu'on eft réconcilié avec Dieu. Mais remarquez la force des expreffions dont J. C. même fe fert: Omnis qui audivit à Patre, & didicit, venit ad me. Nemo poteft venire ad me, nifi Pater, qui mifit me, traxerit eum. La voix du Pere, & la maniere dont il enfeigne, font infailliblement fuivies de la perfuafion & de l'obéiflance. Il n'éclaire pas feulement, il attire, & il entraîne ; & J. C. à qui le Pere envoie fes brebis, les admet avec bonté, & n'en rejette aucune. Omne, Joan. 6. 37. quod dat mihi Pater, ad me veniet: & eum qui venit ad me non ejiciam foràs. Mais jufqu'où va cette bonté du Fils pour ceux que fon Pere lui envoie ? Elle n'a point d'autre terme que le falut? Elle s'étend jusqu'après la mort. Elle leur affure la réfurrection parmi les juftes & les faints. Et pour quoi ? C'est qu'il ne doit perdre aucun de ceux que fon Pere lui donne: parce qu'il eft defcendu lui-même du ciel plir la volonté de fon Pere, & que l'objet

pour accom

de cette volonté eft le falut & la réfurrec- Jean. 6. 38. tion de ceux qu'il lui confie. Quia defcendi & 39.

CHAP. VI, de cœlo, ut faciam voluntatem ejus qui mifit me. Hac eft autem voluntas ejus qui mifit me Patris, ut omne quod dedit mihi, non perdam ex eo, fed refufcitem illud in noviffimo die.

§. 3. Dieu a confirmé par un ferment la promeffe qu'il fit à Abraham, pour rendre notre esperance inébranlable. C'eft JESUSCHRIST même qui eft chargé de l'execution de ces promesses, dont notre foi, notre falut, notre héritage éternel font l'objet.

1. LORSQUE Dieu promit à Abraham de le benir, & de benir tous les peuples de la terre dans le Fils qui naîtroit de lui, c'està-dire dans J. C. il ajouta le ferment à la Gen. 22. 16. promeffe, & n'aiant perfonne au-deffus de lui par qui il pût jurer, il jura par luiHeb. 6. 18. même : Afin, nous dit faint Paul, qu'é2 tant appuiez fur ces deux chofes inébranlables, c'eft-à-dire, la promeffe de Dieu, & fon ferment, » par lefquelles il eft im» poffible que Dieu nous trompe, nous ayons une puiffante confolation, nous qui cher chons notre refuge & notre afyle dans l'es»perance qui nous eft offerte, & que nous » faififfons. Car c'étoit nous, felon le même Apôtre, qui étions l'objet de la promeffe de Dieu & de fon ferment. C'étoit notre foi & notre efperance qu'il promettoit à, Abraham. C'étoit la verité & la certitude de notre falut & de notre héritage éternel qu'il juroit de nous accorder. C'étoit dans le deffein de nous procurer l'immobilité de fes decrets, qu'il emploioit, outre la parole qui eft la vérité même, l'immutabilité d'un fer

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ment irrévocable. Comme les hommes, dit CHAP. VI. » ce grand Apôtre, jurent par celui qui eft » plus grand qu'eux, & que le ferment eft

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la plus grande affurance qu'ils puiffent don» ner pour mettre fin aux contestations & >> aux défiances: Dieu voulant auffi faire voir >> avec plus de certitude aux héritiers de la promeffe la fermeté immuable de fa réfolution, a ajouté le ferment à fa parole. » C'étoit donc pour les héritiers de la promeffe, c'étoit pour leur faire voir avec plus de cèrtitude la fermeté immuable de fa résolution, que Dieu emploioit outre la parole le ferment. Ils étoient compris dans la promeffe du Médiateur, comme dans le principe & dans la caufe, & leur benediction future par rapport au tems étoit déja réelle dans le decret immuable de les benir.

2. Si ces deux chofes, la promeffe de Dieu & fon ferment, étoient le fondement iné. branlable de la foi & de l'efperance d'Abraham, & fi elles étoient pour lui une puilfante confolation avant l'incarnation &la mort de J. C. combien, après que tout eft acco:npli, & que la vérité a furpaflé l'attente & les penfées de tous les hommes, combien devons-nous mettre notre confiance & notre appui dans une promeffe, & dans un ferment dont tous les myfteres de J. C. attestent la verité, & à qui fa mort & fa réfurrection ont mis le fceau.

3. C'eft à J. C. que toutes les promeffes qui nous regardent ont été confiées. C'est fur lui que repofent nos benedictions. C'est pour nous > & en notre nom, qu'il s'eft chargé d'effectuer le ferment fait à Abraham. Lui ferons-nous l'injure de douter ou de fon pou

Heb.6 16.17.

2. Cor. 1. 19. "

CHAP. VI, voir, ou de fon amour? Regarderons-nous en lui nas biens comme incertains, & comme en péril Aurons-nous de lui la même défiance que d'Adam, qui a fi mal répondu à notre esperance? Nos promeffes, après qu'il s'en eft rendu le garant, font-elles douteufes & fujettes à variation? Demandons le à faint Paul, qui en est fi bien instruit, & propofons-lui nos doutes. Le oui & le non, ne fe trouvent point en J. C. nous répond-il. Tout y eft ferme & ftable : tout y est vrai. JESUS-CHRIST Fils de Dieu qui vous a a été prêché par nous, n'eft point tel que le oui & le non fe trouvent en lui: mais tout ce qui eft en lui eft oui, c'est-à-dire uni» quement certain. Car✶ en lui toutes les promeffes de Dieu font oui, & font amen, » pour fa gloire, c'est-à-dire, qu'elles ont en lui & par lui leur verité & leur accoinpliffement, & que c'eft ainfi que Dieu eft reconnu fidele dans fes promeffes, & que la gloire, eft rendue à fa mifericorde qui a promis, & à fa verité qui a accompli tout ce que fa mifericorde avoit promis.

20.

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S. 4. Pour affurer encore davantage notre efperance, JESUS-CHRIST nous applique le fruit de fa mort dans le Batême & dans l'Euchariftie.

1. Il faut avouer néanmoins qu'il y auFoit encore quelque chofe qui pourroit fervir

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de prétexte à l'hésitation & à la timidité de CHAP. VI. notre efperance en J. C. s'il s'étoit contenté d'accomplir en mourant pour nous les promeffes qui nous ont été faites, & dont il eft en même tems le dépofitaire & la caution à notre égard; & s'il nous avoit laiflez fans aucun témoignage fenfible qu'il nous avoit affociez à fa mort. Car lorfqu'il l'a foufferte, aucun de nous n'étoit préfent, & tous ceux qui ont été les miniftres d'un fi grand facri fice, n'y ont contribué que par leurs crimes. Nous voudrions que le prix d'une mort qui nous a rendu la vie, nous fût appliqué par quelque myftere qui fût en même tems cffcace & vifible. Nous défirerions qu'on nous plongeât réellement dans le fang qui nous a lavez. Nous ferions confolez, & pleinement affermis, fi l'on atteftoit par quelque augufte cérémonie, que la mort de J. C. eft à nous, qu'elle nous eft propre, que nous fommes morts & enfevelis avec lui.

2. Mais c'eft précisément ce que le batême a fait par rapport à chacun de nous.

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Ne fçavez-vous pas, nous dit faint Paul, Rom. 6. 3. 4. » que nous tous qui avons été batisfez en J. C. >> nous avons été batifez en fa mort? Nous

avons été ensevelis avec lui par le batême, pour mourir. » C'est-à-dire, pour entrer dans fa mort, pour en recevoir l'effet, & pour y participer en l'imitant: car le texte original porte dans les deux endroits, in mortem, sis roy barato ; & cette expreffion fignifie clairement, que la mort de J. C. eft devenue notre bien, notre prix, notre mort, & que nous y avons été réellement affociez par un myftere également efficace & fenfible, comme nous le demandions.

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