CHAP. VIII. „ de notre Seigneur J. C. afin que felon les » richeffes de fa gloire, il vous fortifie dans l'homme interieur par fon faint Efprit, qu'il ככ faffe que J. C. habite par la foi dans vos » cœurs, & que vous foyez enracinez & fondez dans la charité: In caritate radicati & fundati. IV. CARACTERE De notre amour pour JESUS-CHRIST. Il doit nous infpirer le defir d'avoir §. 1. JESUS-CHRIST n'a voulu entrer dans la gloire que par les fouffrances: il est néceffaire que fes membres fe conforment à leur chef, & prennent part à fes fouffrances, pour participer auffi à fa gloire. QUIR UTRE les caracteres de l'amour que nous devons à J. C. dont le premier eft, qu'il foit fans reserve, le second, qu'il foit fécond en bonnes œuvres ; le troifiéme, qu'il foit ferme & perfeverant: il y en a un quatriéme très-effentiel, qui eft qu'il defire d'avoir part aux fouffrances de J. Ċ. Sans ce defir tout amour doit être fufpect, quelque grand qu'il paroiffe, de quelque confolation & de quelque fenfibilité qu'il foit accompagné, de quelque refpect qu'il fe couvre pour des fouffrances qu'il n'imite pas. Heb. 29.10 2. Dicu par fa bonté, dit faint Paul aux CHAP. VIII Hébreux, a voulu que fon Fils mourût pour nous. Car il étoit bien raifonnable que Dieu, pour lequel & par lequel font ≫ toutes chofes, voulant conduire à la gloire » plufieurs enfans, confommât & perfection» nât par les fouffrances celui qui devoit être » le chef & le prince de leur falut.» Ce grand Apôtre en nous apprenant que rien n'étoit plus digne de la bonté, de la fageffe, de la fainteté de Dieu, ni plus digne même de fa puiffance, que de conduire au falut des élûs par les fouffrances de fon Fils; nous apprend auffi que toute autre voie pour le falut eft fermée. En nous difant que c'elt par les fouffrances que le chef & le prince du falut a été confommé & perfectionné, il nous enfeigne que c'eft auffi par les fouffrances que le mérite des faints devient plein & parfait. Et en nous montrant dans le chef même, & dans le prince de tous ceux qui font fauvez, la néceffité de fouffrir, il découvre la même néceffité pour tous les difciples & pour tous les mem bres. Decebat eum propter quem omnia, & per quem omnia, qui multos filios in gloriam adduxerat, auctorem falutis eorum per paffionem confummare. دو 3. » Il a fallu, dit J. C. lui-même, que Luc. 24. 46, -le CHRIST fouffrit, & qu'il entrât ainfi dans fa gloire. » Comment feroit-il possible · que ceux qui s'en étoient rendus indignes, y entraffent fans fouffrir? C'eft fur la croix que nous avons été enfantez. C'eft de la mort de J. C. que nous tirons notre naiffance. C'eft de l'ouverture de fon côté & de fon cœur que nous fommes fortis. Comment pourrionsnous oublier l'origine & le berceau de notre CHAP. VIII. vie? Comment renoncerions nous celui qui n'a refufé pour nous aucune douleur, ni aucune forte d'ignominie? Comment efpererions-nous d'être reconnus du Pere, en refufant de porter l'image de fon Fils ? Et avec quelle témerité oferions-nous paroître devant le Fils, en confervant un cœur ennemi de fa croix, ennemi de fes humiliations & de fes douleurs, ennemi de tous les moyens qu'il a choifis & employez pour notre falut, ennemi de fa charité & de fa mifericorde, auffiPhilip. 3.18, bien que de fa patience: Inimici crucis Chrifti. Luc. 14 27. 4. Il nous difoit, dès le commencement de Matt.10.38. fa prédication, que » quiconque ne portoit pas fa croix, & ne le fuivoit pas, n'étoit pas digne de lui, & qu'il ne pouvoit être fon difciple. » Il n'avoit pas neanmoins alors porté visiblement la fienne. Il n'y avoit pas encore été cloué. Il n'y avoit pas encore offert le facrifice qui nous a reconciliez, & mis le fceau à la nouvelle alliance. Combien, depuis qu'il y a fini fa vie, & qu'il y a fait l'augufte fonction de Médiateur & de fouverain Prêtre, en consentant à y être immolé, combien, depuis qu'il a ainfi ennobli la croix, regarderoit-il comme indigne de lui, celui qui ne l'accepteroit pas avec foumiflion, qui ne fe tiendroit pas honoré d'y avoir part, qui refuferoit d'y être attaché & d'y mourir ? 5. C'est une verité très-affurée, dit faint 5. Paul à Timothée : fidelis fermo: que fi nous ɔɔ mourons avec J. C. nous vivrons auffi avec » lui; fi nous fouffrons avec lui, nous re»gnerons auffi avec lui. Si commortui sumus, convivemus: fi fuftinebimus, & rconregnabimus. Ces denx états font liez & Tim.1. 11. fuiv. رو כל כו infeparables. infeparables. Nous ne pouvons vivre avec J. CHAP. VIII. C. qu'en mourant avec lui. Nous ne pouvons partager la gloire, qu'en partageant les fouffrances. Il a voulu que tout fut commun entre lui & nous. Il a été crucifié en notre nom, comme il est monté au ciel en notre nom, Il faut lui être uni à la croix, pour lui être uni dans fon triomphe. Il n'eft pas en notre pouvoir de changer le traité qu'il a fait avec nous. Si nous refufons la condition effentielle qu'il y a mife, elle demeure immuable, & devient notre condamnation. Notre infilelité & notre lâcheté ne peuvent ni l'affoiblir, ni nous en difpenfer. J. C. demeure fidele, quoique nous ceffions de l'être. Il nous renoncera, fi nous rougiffons de lui. Il ne peut être contraire à lui-même. Il ne peut ni retracter fes loix, ni defavouer fon exemple, ni ouvrir une autre voie que celle qu'il a fuivie: Si negaverimus, & ille negabit 2. Tim. 2.12. nos. Sinon credimus, ille fidelis permanet, 13. negare feipfum non poteft. Cela eft indubitable. C'eft une verité très-certaine. Il ne faut point efperer que le tems & la coutume pref crivent contre elle. Il faut encore moins croire que J. C. puiffe l'oublier ou l'abolir: negare feipfum non poteft. 6. Ainfi, plus on a d'amour pour J. C. & qu'on eft effrayé du malheur d'être séparé de lui, plus on craint d'en être méconnu comme étranger, ou renoncé comme fon ennemi & l'on tâche, à l'exemple de faint Paul, d'exprimer fi vivement la reffemblance de la mort & de fes fouffrances, qu'on foit admis à porter auffi l'image & l'impreffion de fa résurre Єtion & de fa vie immortelle. » Tout me Philip、 3. 8. femble une perte, dit l'Apôtre, au prix 10.11. Partie I. K CHAP. VIII. ,, de la haute connoillance de J. C. pour l'a- 7. Ces dernieres paroles font fentir plus |