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déjà sa retraite, et voulant la rendre honorable, en arrêtant dès la première marche l'impétuosité de son digne adversaire, faisait travailler avec activité à retrancher l'excellente position de Caldiero, champ de bataille fameux, inévitable défilé sur la route directe de Vérone à Vicence, au pied des montagnes. Il y avait déjà réuni le centre de son armée et sa réserve, et manoeuvrait seulement par son aile gauche de manière à s'y concentrer aussitôt que les Français auraient entièrement démasqué leur projet.

Le 28 octobre, la nouvelle de la capitulation d'Ulm parvint au quartier-général français. Le maréchal Masséna la fit annoncer à son armée et à l'ennemi par trois salves de toute l'artillerie ses dispositions d'attaque étaient arrêtées, les ordres furent expédiés à l'instant même. Dès le lendemain. 29 octobre, à la pointe du jour, les divisions Gardane et Duhesme passèrent l'Adige sur le pont du château vieux, pour s'emparer des hauteurs qui dominent Véronette, et contraindre les Autrichiens à l'abandonner.

Le général Gardanne ayant ses douze compagnies de voltigeurs en tête de sa colonne, marcha droit à San-Leonardo, enleva les premières positions que défendait la division autrichienne commandée par le prince de Rosenberg; il le poussa vivement, et malgré la résistance la plus opiniâtre que favorisaient la nature du terrain et la difficulté des chemins creux bordés de murs, il parvint jusqu'à la sommité et culbuta l'ennemi. Le général Duhesme, marchant avec sa division à la gauche de celle de Gardanne, entra dans la petite vallée d'Aveza pour tourner, un peu plus au loin et complétement, la chaîne de hauteurs qui dominent Véronette. Il y rencontra de forts détachemens que les voltigeurs de son avant-garde assaillirent vivement, et qui se replièrent sur les retranchemeus de San-Dionigio. Duhesme les attaqua brusquement, et leur fit trois cents. prisonniers; il appuya ensuite sur sa droite pour se lier à la division Gardanne, couronnant les coteaux du val Panthena. Le maréchal Masséna fit alors sommer Véronette

qui ne pouvait tenir plus long-temps dès que l'ennemi l'eut évacuée, on se hâta d'enlever les palissades du pont neuf et de combler les coupures. La division de chasseurs aux ordres du général Espagne, celle de grenadiers du général Partonneaux, la division du général Molitor, et la réserve de cavalerie sous les ordres du général Mermet, débouchèrent vers midi par la porte de Vicence, et se portèrent sur la route de SaintMichel.

Une division autrichienne, commandée par le général Frimont, était en bataille sur deux lignes d'infanterie et de cavalerie, ayant de l'artillerie répandue sur son front; la gauche appuyée à l'Adige et au village de Saint-Michel, et la droite s'étendant obliquement dans la plaine, au-delà de la route. Le maréchal lança d'abord, sur les deux flancs de la route, deux batteries d'artillerie légère soutenues par sa cavalerie; les Autrichiens tenaient ferme, malgré plusieurs charges appuyées par les grenadiers, et défendaient leur position par des feux de

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pelotons, exécutés avec ordre et célérité; le point de résistance était l'appui de la gauche le maréchal donna l'ordre au commandant de sa garde, le chef d'escadron Martigues, de forcer le village de Saint-Michel. Ce brave officier s'y précipita avec sa compagnie d'élite, sabra, dépassa l'infanterie qui défendait le village, revint, fit deux fois mettre bas les armes à six cents hommes, et les ramena prisonniers : cet exploit décida la retraite de l'ennemi, qui, ayant perdu son appui de gauche, se replia précipitamment, mais en bon ordre. Poursuivi par l'artillerie légère et la cavalerie, il tenta vainement de reprendre position à Mezza-Campagna et à San-Martino.

Le général Molitor arriva vers le soir devant la hauteur de San Giacomo avec sa division, les chasseurs à cheval et un bataillon de carabiniers : il attaqua le corps ennemi qui avait pris position sur ces hauteurs; un régiment autrichien (Lindenau) traversa le torrent de l'Ago pour se porter sur la droite du général Molitor, et arrêter son impulsion;

mais cette manœuvre n'eut point de succès; les Autrichiens furent repoussés, rejetés audelà du torrent, et poursuivis jusques aux fossés de leurs retranchemens; les voltigeurs conduits par l'aide-de-camp du général Molitor, le brave Fridoloheim, qui fut tué au milieu d'eux, pénétrèrent dans le village de Calderino. Le bataillon des carabiniers d'infanterie légère se fit remarquer par l'impétuosité de ses charges réitérées, et par son intrépidité sous le feu, à bout portant, des retranchemens de Caldiero. Les villages de Strada, Cadel-ara, Caldiero, furent emportés, pris et repris plusieurs fois; ils restèrent au pouvoir des Français. Le maréchal Masséna, satisfait d'avoir resserré l'ennemi dans sa position centrale, et d'avoir, pendant le combat, reconnu de près ses formidables retranchemens, fit évacuer pendant la nuit les villages dont les troupes s'étaient emparées, donna ses ordres rectifier sa ligne, et rentra le soir même (29 octobre) à son quartier-général, à Véronette, où il employa le reste de la nuit à arrêter ses dispo

pour

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