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« votre indépendance et vous incorporer à ses vastes états. Vous serez fidèles à la mé«moire de vos ancêtres, qui, quelquefois « opprimés, ne furent jamais abattus, et << conservèrent toujours cette indépendance, <«< cette existence politique, qui sont les << premiers biens des nations, comme la fidé « lité à la maison palatine est le premier de « vos devoirs.

« En bon allié de votre souverain, j'ai été « touché des marques d'amour que vous lui << avez données dans cette circonstance im«portante. Je connais votre bravoure, je « me flatte qu'après la première bataille, je pourrai dire à votre prince et à mon peu«ple, que vous êtés dignes de combattre « dans les rangs de la grande armée. »

L'électeur et les princes de Bade vinrent à Ettlingen au-devant de l'empereur Napo léon, qui, pour la première fois, entrait en Allemagne à la tête d'une armée, et devait éprouver sur ce vaste théâtre les vicissi– tudes de la fortune, des triomphes inouïs, des revers irréparables. La cour de Bade

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lui était acquise, comme les satellites d'une planète suivent son mouvement. I n'en était pas de même de la cour de Stuttgard; le duc de Wurtemberg, pressé entre les deux armées, voyait ses états exposés aux fureurs du parti, qu'il aurait mécontenté; il ne pouvait dissimuler plus long-temps; Napoléon se hâta de le décider par sa présence. Le maréchal Ney reçut, le 27 septembre, l'ordre de porter son corps d'armée à Stuttgard, d'enlever le poste de cavalerie ennemie placé à Pforzheim, et de faire prendre à ses divisions une position telle qu'elles pussent être promptement réunies. Le prince Murat reçut l'ordre de diriger sur cette résidence trois de ses divisions de dragons, et d'employer la quatrième à continuer ses reconnaissances sur Fribourg, en occupant les débouchés d'Oberkirchen et d'Offenbourg. Une division de grosse cavalerie fut dirigée sur Ludwigsburg, où se trouvait alors l'électeur; elle cantonna le 30 ctobre autour de cette ville, et poussa une avant-garde à Canstadt. Une partie du corps d'avant-garde

du maréchal Lannes, la division Gazan, suivit la même route; la garde impériale, sous les ordres du maréchal Bessières, se rendit aussi en trois marches à Ludwigsburg, et le même jour 3 octobre, l'empereur Napoléon y établit son quartier-général.

Pour constater la violation de sa neutraFité, l'électeur, à l'approche des troupes françaises, fit fermer les barrières, derrière lesquelles sa garde se forma comme si elle eût dû les défendre. Après quelques pourparlers qu'abrégea l'impatience du maréchal Lannes, elles furent ouvertes, et la résidence, à l'exception du château, fut occupée militairement. La position de l'électeur n'était plus incertaine, et la meilleure partie du duché étant couverte de troupes françaises, il chercha un appui dans l'amitié de Napoléon, le reçut dans son palais avec magnificence, et conclut avec lui une alliance offensive et défensive à laquelle il resta fidèle aussi long-temps que les armes françaises furent victorieuses.

Dans le doute si l'armée autrichienne au

rait passé le Danube, et se porterait sur le Necker pour attaquer les premiers corps de l'armée française qui déboucheraient dans cette partie de la Souabe, l'empereur Napo léon avait recommandé au maréchal Ney de prendre une forte position près de Stuttgard, afin d'éviter d'engager aucune affaire de ce côté, La marche rapide et le rassem→ blement des trois corps d'armée et de la garde impériale qui avaient passé le Rhin à Kehl, n'avaient d'autre objet que d'attirer l'atten tion de l'ennemi sur le Haut-Necker, et de masquer le mouvement circulaire des deux corps d'armée du maréchal Soult et du maréchal Davoust, ainsi que celui du grand parc d'artillerie dirigé sur Nordlingen.

Les généraux autrichiens, inébranlables dans leurs positions sur l'Iller entre Ulm et Memmingen, furent trompés par un double stratagème d'abord, par les démonstrations multipliées à l'entrée des gorges des montagnes de la forêt Noire, où ils renfor cèrent la ligne de leurs postes, qui ne cessaient d'annoncer que tous les passages

allaient être forcés par de fortes colonnes; ensuite par la concentration subite d'environ quarante-cinq mille hommes autour de Stuttgard, et l'établissement du quartiergénéral à Ludwigsburg. L'archiduc Ferdinand et le général Mack, voyant une telle masse resserrée sur ce point, se persuadé rent que Napoléon, après avoir tourné tout le groupe des hautes montagnes, remonte. rait la vallée du Necker, se porterait sur le Haut-Danube, et qu'après avoir ouvert, ses communications avec le Brisgau, il rassemblerait toutes ses forces pour attaquer de front leurs lignes de l'Iller.

Mais pendant que l'aile droite de la grande armée française, ainsi rapprochée de la rive gauche du Danube, et la présence de l'empereur avec la réserve, fixaient toute l'attention des généraux autrichiens, le grand mouvement de son aile gauche leur était dérobé. Les armemens de la Prusse et les assurances données récemment à Vienne par le comte d'Haugwitz, leur avaient inspiré une telle confiance, que la réunion des ar

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