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« seaux, malgré les avaries qu'ils avaient « reçues au combat de Trafalgar, se défen<< dirent avec la plus grande opiniâtreté. Les « frégates anglaises ne purent toutefois con« server la position qu'elles avaient prise « par le travers des vaisseaux français, qui <«<les eussent coulées à fond en quelques bor« dées; mais elles tâchèrent d'en prendre « d'autres qui leur permissent de tirer sur « ces vaisseaux, sans être exposées à tout << leur feu. L'action se prolongea avec la plus << grande vigueur pendant quatre heures et « demie; mais alors elle se termina de la << manière la plus fâcheuse. Les vaisseaux « français amenèrent tous quatre leur pa«< villon: ils étaient dans l'état le plus dé<< plorable, presque entièrement démâtés, << et avaient de huit à neuf pieds d'eau dans << la cale. Les équipages avaient combattu << avec une ardeur sans égale, et leur intré pidité méritait d'être mieux récompensée << par la fortune. Le Formidable eut plus de « deux cents hommes hors de combat; le

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Scipion un pareil nombre; le Mont-Blanc

«< cent quatre-vingts, et le Dugay-Trouin <«< cent cinquante. Parmi les tués se trouva le << brave capitaine Touffet. Les Anglais ne « portèrent leurs pertes qu'à cent trentecinq hommes tués ou blessés. »

Le commodore Strachan avait sur l'escadre française, qui n'avait pu se réparer qu'à la mer, après le combat de Trafalgar, l'avantage d'être en très-bon ordre; et les quatre frégates de 44 canons lui donnaient encore celui de 176 pièces d'artillerie de plus que les Français. Si l'on considère que ces frégates, quelle qu'eût été la manoeuvre du contre-amiral Dumanoir, pouvaient toujours choisir leur position, accabler de leurs feux, dégréer, démâter tour à tour chacun des vaisseaux français, on reconnaîtra qu'une fois atteint, il n'avait aucune chance de salut, et ne pouvait combattre que pour l'honneur du pavillon.

Ce terrible combat fat pour la France un événement encore plus funeste que le fameux combat de La Hogue, en 1692, auquel les Anglais ne manquèrent pas de le comparer.

S'il avait fallu, disaient-ils, près d'un siècle pour que la marine française se relevât d'une défaite où elle avait perdu seulement seize vaisseaux, que devait-on penser des résultats de la dernière victoire de Nelson? Le vainqueur d'Aboukir n'avait-il pas cette fois anéanti à Trafalgar les forces navales des deux seules puissances, dont l'alliance avait été jusqu'alors si redoutable pour la GrandeBretagne?

Tourville, vaincu à La Hogue par des forces presque doubles des siennes, fit du moins une glorieuse retraite:il ramena à Brest vingtdeux vaisseaux, et les douze qui s'échouérent après le combat, furent incendiés par les mains des matelots français, après qu'ils en eurent retiré les agrès et l'artillerie; mais la défaite du brave et malheureux Villeneuve à Trafalgar fut bien plus désastreuse : vingtsix vaisseaux de ligne, soit au cap Trafalgar, soit au cap Ortegal, furent réduits à amener leur pavillon. On peut dire qu'il ne resta que quelques débris d'une flotte qui, deux mois auparavant, avait fait trembler

l'Angleterre. Toutefois il n'eût pas fallu un siècle à la marine française pour se relever, et nous verrons Napoléon, ambitieux de la rétablir, faire des efforts extraordinaires, que le seul changement de sa fortune rendit infructueux.

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CHAPITRE IX.

Deuxième période des opérations de l'armée française en Allemagne. L'empereur Napoléon arrive à Munich. - L'empereur de Russie se rend à Berlin. - Traité secret de la Prusse avec les puissances coalisées. L'armée française passe l'Inn et la Salza.- Evacuation de Braunau.-Combat de Lambach. - Prise de Lintz. Opérations dans le Tyrol. Combat de Laufen. Prise du fort de Scharnitz. — Capitulation de Kufstein. Capitulation

du

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corps de Jellachich dans le Vorarlberg. Passage de l'Ens.

Combat d'Am

stetten.-Combat de Mariazell. Retraite

de l'armée de Kutusow sur la rive gauche du Danube.

(Voyez la fin du Chapitre Ix, au quatorzième volume.)

TANDIS que les Anglais célébraient une victoire trop chèrement achetée par la perte du

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