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de l'est domine l'autre côté. Cette situation donnait beaucoup d'avantage aux Autrichiens pour empêcher le rétablissement du pont. Il fallut faire passer presque un à un quelques braves qui, sous une grêle de balles, atteignaient le bord opposé, et restaient immobiles au pied des murailles, à l'abri des coups de l'ennemi, jusqu'à ce que leur petit nombre se grossissant peu à peu, ils purent faire effort, s'affermir et commencer l'attaque pour protéger les travailleurs et les pontonniers.

Ces exemples d'intrépidité et de dévouement, très-fréquens dans les troupes françaises, n'en sont que plus remarquables, puisqu'ils peuvent seuls expliquer la rapidité de leurs succès, et la réussite des plus hasardeuses entreprises.

L'obstination des Autrichiens à défendre le passage de l'Ens à Steyer, ne retint le maréchal Davoust qu'un seul jour. Son avantgarde, commandée par le général Heudelet, attaqua, poursuivit vivement cette arrière-garde, et ouvrit la route de Wayd

hoffen, que demain.

le corps

d'armée suivit le len

Le pont de Steyer servit successivement de passage au corps du général Marmont, qui, de Volklabruck, était venu à Lambach, et au corps du maréchal Bernadotte, qui avait aussi marché de Saltzbourg, par Volklabruck et Lambach sur Steyer.

Le maréchal Soult, qui avait marché de Wells sur Kronsdorf, sur la rive gauche de l'Ens, à trois lieues au-dessous de Steyer, et y faisait construire un pont, reçut ordre d'exécuter son passage à Ens, à la suite de la réserve du prince, Murat et du corps du maréchal Lannes. Ces deux derniers formaient ensemble l'avant-garde de la grande armée.

On voit que le passage de l'Ens, étant effectué ou assuré pour tous les corps à Steyer et à Ens, et l'ennemi n'y ayant opposé d'autres obstacles que des combats partiels, la rupture des ponts, et la défense momentanée de quelques postes, les deux seules communications qui existent entre la Haute et la

par

Basse-Autriche, restaient ouvertes. Ces communications sont, à la droite, par Seitenstetten, Waydhoffen, S. Gaming et Annaberg, chemin difficile, tortueux, interrompu des torrens, et même par des glaciers; et à la gauche, la grande et belle route de poste, par Stremberg, Amstetten et Molk. Toute l'armée russe, et les détachemens de corps autrichiens qui, en évacuant la Bavière inférieure, s'y étaient ralliés, se retiraient par la grande route en une seule colonne. La route des montagnes, au contraire, avait été abandonnée comme impraticable dans cette saison pour l'artillerie et la cavalerie. Les troupes autrichiennes qui avaient défendu Steyer s'étaient retirées par la route de Léoben, jusqu'à Altenmarck, pour tour ner le glacier du Hoch-Wald, et rentrer par Annaberg, dans la route de Léoben, et de Bruck à Vienne.

Mais plus l'armée française s'avançait dans ce grand défilé, entre les montagnes de la Styrie et le cours du Danube, plus il devenait nécessaire d'assurer ses flancs et de cou

vrir sa ligne d'opérations. Napoléon ne pouvait la prolonger, si d'une part il n'était certain de l'entière évacuation du Tyrol, et si d'autre part la grande route sur la rive gauche du Danube n'était parfaitement éclairée, et les communications de la Bohême soigneusement observées. Ces deux objets motivèrent son séjour à Lintz; il ne suspendit point le mouvement général, il évita seulement de l'accélérer.

Les premières nouvelles qui lui parvinrent des opérations dans le Tyrol, furent celles du combat de Lover, entre la division bavaroise du général Deroy et l'avant-garde d'une colonne de cinq régimens autrichiens qui, détachés de l'armée d'Italie par M. l'archiduc Charles, étaient en marche pour rejoindre et renforcer l'armée alliée. Le maréchal Bernadotte, en partant de Saltzbourg pour se rendre par Volklabruck à Lambach, avait, conformément à ses instructions, détaché le général Deroy sur la route d'Inspruck, pour seconder le maréchal Ney, tourner et masquer le fort de Kuffstein, s'il ne pouvait s'en

emparer. Le commandant de la troupe autrichienne, informé que les Français avaient occupé Saltzbourg, marchait avec précaution; et dès qu'il eut connaissance de l'approche des Bavarois, il prit position au défilé de Lover, où de hautes montagnes, qui séparent les affluens de la Saltza et de l'Inn, resserrent la route, et la font changer de direction; c'est un col élevé, dont cet accident rend l'accès très-difficile; des rochers escarpés et coupés à pic flanquaient la position, et ces rochers étaient couronnés par des chasseurs tyroliens; trois redoutes ou fortins revêtus barraient le passage, et avaient été liés à la hâte par un retranchement. Tout cet appareil n'arrêta point le brave général Deroy; les Bavarois attaquèrent de front, et sans hésiter, avec une bravoure incomparable. Ils culbutèrent tout ce qui se trouva devant eux, forcèrent les retranchemens, s'emparèrent des trois forts et de deux pièces de canon, et firent cinq à six cents prisonniers. Cette action, très-vigoureuse, leur coûta trois cent vingt-cinq hommes tués ou

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