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toute l'armée russe avait repassé le Danube au pont de Krems, qu'elle avait détruit ; les troupes autrichiennes s'étaient retirées sur Vienne; le prince Murat, qui avait poussé son avant-garde au-delà de Saint-Poelten, n'avait plus devant lui que des troupes légères qui se repliaient sans combattre, maudissaient leurs alliés, et ne parlaient que d'armistice et de bonne harmonie avec les Français. Le général Kutusow avait reçu de son souverain l'ordre positif de ne point livrer bataille avant la jonction des deux armées russes; cette jonction ne pouvait plus s'opérer sur la rive droite du Danube, endeçà de Vienne, puisque à cette époque, 10 novembre, les premières colonnes de la seconde armée, sous les ordres du général Buxhowden, n'avaient pas encore atteint la frontière de la Moravie. Les mêmes motifs qui avaient déterminé Kutusow à ne pas défendre la frontière de la Haute-Autriche, le décidèrent à abandonner la position de Saint-Poelten, et à découvrir Vienne. Il avait aussi les mêmes prétextes à alléguer vis-à-vis

l'empereur d'Autriche; la faiblesse des secours qui lui étaient annoncés et la dispersion de l'armée autrichienne. L'empereur Napoléon s'était donc flatté d'un espoir qui ne pouvait être réalisé que par la plus grande imprudence que pût commettre le général ennemi. Pour le forcer à recevoir la bataille sur le plateau de Saint Poelten, il aurait fallu que le corps d'armée du maréchal Mortier, qui éclairait la rive gauche du fleuve, eût deux marches d'avance sur les autres corps, et qu'il pût s'emparer de Krems, et empêcher le passage de l'armée russe. L'événement contraire arriva, et le général Kutusow, ayant eu le temps de mettre le Danube entre le gros de l'armée française et lui, se trouva sur la rive gauche avec des forces très-supérieures à celles du maréchal Mortier.

Nota. C'est à regret que nous coupons ici ce Chapitre pour en reporter la suite au texte du volume suivant (le xiv de cet ouvrage). Nous nous étions flattés de pouvoir comprendre dans celui-ci tout le reste du précis historique de la campagne de 1805

sur le continent; mais nous ne pouvions le faire qu'en dérobant à nos lecteurs la partie la plus précieuse des pièces justificatives; les ordres et la correspondance avec les généraux en chef. Ces pièces, dans lesquelles on voit, pour ainsi dire, on entend parler les principaux acteurs, paraîtront sans doute plus intéressantes que nos récits, à ceux qui après nous et mieux que nous écriront notre histoire. Nous réservons aussi pour le xive volume la narration de la troisième et dernière, période de cette prodigieuse campagne, et les documens originaux, ainsi que les notes qui s'y rapportent.

Le désir d'accélérer la publication de ce volume nous a portés à imprimer concurremment les pièces justificatives et le texte; il en est résulté une répétition et une augmentation de quatorze pages dans la pagination.

FIN DU TREIZIÈME VOLUME.

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

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