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à Napoléon que la nécessité de vaincre.

Nous avons dit que le général Mack, après avoir d'abord pris le change sur la direction donnée aux différens corps de l'armée française, ne fut pas long-temps dupe des fausses attaques faites par la cavalerie du prince Murat aux débouchés de la forêt Noire. Dès qu'il eut la certitude que le gros de l'armée française se portait sur le Danube, il fit replier sur Stokach et Memmingen ses corps avancés; il concentra dans les environs d'Ulm la majeure partie de ses forces, laissa sur la rive gauche du Danube une forte avant-garde sous les ordres du général Kienmayer; il occupa les mêmes positions où cinq ans auparavant le général. Kray, profitant habilement de l'avantage que lui donnait la place d'Ulm, considérée comme une double tête de pont, pour manoeuvrer sur l'une et sur l'autre rive du fleuve, avait tenu en échec pendant plus d'un mois l'armée du général Moreau cet exemple égara le général Mack; il avait sans doute à remplir le même but; rester sur la défensive, ma

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noeuvrer pour gagner du temps; mais sa combinaison était aussi fausse que celle de Kray avait été juste, parce que cette fois la 'position respective était inverse. Toutes les forces des Français étaient sur la rive gauche le point d'attaque, celui où l'ennemi tenterait le passage du Danube étant incer tain, il fallait donc changer de front, border la rive droite, et couvrir ses communications avec la Bavière. Les généraux autrichiens ne soupçonnèrent même pas que cette ligne d'opérations pût être menacée.

Cependant l'ordre de marche des six corps d'armée que nous avons indiqué ci-dessus, et que nos lecteurs trouveront détaillé dans la correspondance du major-général, s'était exécuté, sans obstacle, avec la plus parfaite précision. Le maréchal Davoust, ayant réuni tout son corps d'armée à Oettingen le 6 octobre, surprit, le 7, le pont de Neubourg, passa le Danube, entra en Bavière, porta, le 8 octobre, une division à Aicha, et poussa le lendemain son avant-garde jusqu'à Da chau, pour couper la communication entre Augsbourg et Munich.

En même temps (le 8 octobre) le maréchal Bernadotte, qui avait réuni sur le pont d'Eichstett son corps d'armée, celle de Bavière, et le corps du général Marmont, porta sur Ingolstadt une avant-garde commandée par le général Kellermann qui passa le Danube, et se porta le même jour à Pfaffenhoffen.. Le maréchal suivit la même route avec le reste de ses troupes; il entra le 12 octobre à Munich, en chassa l'ennemi, et fit onze cents prisonniers. Le corps du général Marmont défila par le pont de Neubourg, en suivant celui du maréchal Davoust, et arriva le 12 à Augsbourg.

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Le maréchal Soult, parvenu à Nordlingen, marcha sur Donawert, qu'il fit attaquer à huit heures du soir par la division Vandamme le régiment de Colloredo, qui défendait les accès du pont, fut culbuté, perdit soixante hommes et cent cinquante prisonniers. Les Autrichiens surpris n'eurent pas le temps de détruire le pont le maréchal Soult le fit réparer, et marcha sur Augsbourg. Il y entra le 8 octobre avec ses trois

premières divisions et sa cavalerie légère, laissant la quatrième, commandée par le général Saint-Hilaire, sur la rive gauche du Danube, en avant et au-dessus de Donawert, pour observer les mouvemens de l'ennemi.

On voit que ces quatre corps d'armée, le premier (maréchal Bernadotte), le deuxième (général Marmont), le troisième (maréchal Davoust), le quatrième (maréchal Soult), se trouvèrent le même jour sur la rive gauche du Danube : près de cent mille hommes passèrent ce fleuve au même instant, du 6 au 7 octobre, sur les trois points de Donawert, Neubourg et Ingolstadt; sur le premier, de vive force; sur les deux autres, sans obstacle, et sur tous les trois, sans éprouver aucun retard, såns avoir à construire des ponts.

Les résultats de cette belle manoeuvre furent d'avoir coupé la ligne d'opérations de l'ennemi; d'avoir ôté à l'armée autrichienne toute possibilité de retraite par la Bavière, et de l'avoir séparée de son territoire et de sa base d'opération par la seule combinaison et

la rapidité des marches. Sans avoir pu combattre, les généraux autrichiens se trouvèrent renfermés dans cette partie de la Souabe, entre les montagnes du Tyrol et le Danube. Disons maintenant comment les autres corps d'armée réunis sous les yeux, sous la main de Napoléon, à Stuttgard et Ludwigsburg, sur lesquels ceux dont nous venons de parler avaient pivoté dans leur mouvement circulaire, se rallièrent à ceuxci, et entrèrent à leur tour en action pour entourer l'armée autrichienne.

Le corps du maréchal Ney, parti de Stuttgard le 2 octobre, suivit la route d'Eslingen, Goeppingen, Veissenstein, Heidenheim et Giengen. Il arriva du 6 au 7 octobre à la hauteur et un peu en arrière d'Albeck. Le. maréchal y prit une forte position, étendant sa gauche vers le Danube, pour observer et resserrer la garnison d'Ulm, et surtout pour masquer le mouvement des colonnes, qui, à marches forcées, se portaient sur Donawert. Ainsi les autres corps d'armée faisaient leur mouvement de conversion sur

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