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enlever ou rejeter sur Ulm toutes les troupes de l'aile droite de l'ennemi (ci-devant son aile gauche), qui n'ayant pu rejoindre le gros de leur armée sur le Bas-Iller, erraient encore dans la Souabe supérieure, ou avaient pris poste sur la ligne de l'lller. Le quatrième corps partit d'Augsbourg, de Friedberg et d'Oberhausen le 11 octobre; l'avant-garde française, en tête de laquelle se trouvait le général de cavalerie Margaron, avec le 26° régiment de chasseurs à cheval, rencontra à Landsberg le régiment de cuirassiers de l'archiduc Ferdinand. Ce corps, rappelé à Ulm, s'y rendait à marches forcées : il avait avec lui six pièces de canon; le maréchal Soult le fit attaquer sur-le-champ. Le général Margaron dirigea la charge du 26° régiment de chasseurs avec tant d'impétuosité, que les cuirassiers ennemis furent en un instant désunis, dispersés, et laissèrent en son pouvoir un lieutenant-colonel, deux capitaines, cent vingt cavaliers, et deux pièces de canon. Le maréchal fit poursuivre vivement les débris de ce corps, et détacha quelques esca

drons pour leur couper la route de Memmingen; mais les cuirassiers avaient déjà gagné les bois, où ils se rallièrent, et se retirèrent ensuite vers le Tyrol.

On trouvait à chaque pas de nouvelles preuves de la confusion qui régnait dans l'armée ennemie; le maréchal Soult apprit, en arrivant à Landsberg, qu'un parc de vingt pièces d'artillerie et un équipage de pont avaient traversé la veille cette petite ville. Il détacha le général Sébastiani, avec une brigade de dragons, à la poursuite de ce con voi.

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Le lendemain, 12 octobre, les trois premières divisions du quatrième corps marchèrent par la chaussée de Mindelheim à Memmingen: la quatrième division, celle du général Suchet, qui, ayant passé sous les ordres du maréchal Lannes, avait suivi le mouvement du prince Murat sur Burgau après l'affaire de Gunzbourg, eut ordre de rétrograder sur Zusmershausen, et de marcher sur Mindelheim. Ce renfort n'était plus nécessaire, puisque le corps d'armée avait

dépassé le point de ralliement indiqué; la division Suchet fut rappelée à Burgau, et trèsactivement employée aux attaques d'Ulm,

Le maréchal Soult fit investir Memmingen le 13 octobre: c'était, comme nous l'avons dit, l'appui de la droite de la ligne de l'Iller, après le double changement de front de l'armée autrichienne : le général Mack avait fait fortifier cette ville autant que les circonstances avaient pu le permettre ; il y avait jeté une forte garnison de neuf bataillons, dont deux bataillons de grenadiers sous les ordres du général major de Spangen, pourvue d'artillerie et de munitions de toute espèce. Il y avait aussi une grande quantité de bagages et un hôpital. Le maréchal ayant resserré dans la place les postes extérieurs, fit sommer le général autrichien, qui, n'ayant aucun espoir d'être soutenu, accepta le 14 octobre la capitulation offerte par le général français. La garnison, forte de quatre mille cinq cents hommes, et cinq cents chevaux, mit bas les armes et resta prisonnière ; les officiers conservèrent leurs armes, leurs che

vaux et leurs équipages; il leur fut permis de se retirer dans leurs foyers sous parole de ne servir qu'après leur échange.

Après la prise de Memmingen, le maréchal Soult acheva de passer l'Iller et se dirigea par Ochsen-Hausen sur Biberach, afin de à l'ennemi cette dernière commucouper nication, et sa retraite par la Haute-Souabe. Il s'avança les jours suivans avec deux divisions jusqu'à Laupheim et Achstetten : la première division (celle du général SaintHilaire) repassa l'Iller, et prit position de

vant Ulm.

Pendant que le quatrième corps achevait ainsi du côté de l'ouest, entre la rive gauche de l'Iller et la rive droite du Danube, l'investissement d'Ulm, le général Marmont partit d'Augsbourg le 12 octobre avec le deuxième corps d'armée, se porta en deux marches sur la rive droite de l'Iller, et prit aussi position devant Ulm, appuyant sa droite au corps du maréchal Lannes, et sa gauche à la division Saint-Hilaire du quatrième corps.

La garde impériale, commandée par le maréchal Bessières, et la division de grosse cavalerie du général d'Hautpoul, quittèrent aussi Augsbourg, suivirent le mouvement, et arrivèrent le 12 à Burgau. L'empereur Napoléon s'y rendit la nuit suivante : il avait rencontré au pont du Lech le corps du général Marmont : c'était la première fois qu'il voyait les Hollandais mêlés avec les Français. Il ne laissa jamais échapper l'occasion d'exalter les esprits, et nous devons dire comment il saisit celle-ci, parce que c'est un trait de caractère qui rappelle celui des grands capitaines de l'antiquité, et surtout des empereurs au milieu des légions romaines. Le temps était affreux, la neige tombait à gros flocons, le froid était vif et les soldats surchargés, parce qu'ils portaient leurs vivres pour plusieurs jours, marchaient péniblement sur une route dégradée. L'empereur fit faire halte, fit serrer la colonne en masse, et former le cercle autant qu'il fut possible à la portée de la voix : il félicita, remercia ses soldats de leur constance dans les mar

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