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lerie à ses ordres. Les divisions autrichiennes, déjà détachées de la place par leur position oblique, se retirèrent fort maltraitées dans la direction d'Heidenheim, et furent vivement poursuivies par la cavalerie française; l'archiduc Ferdinand fila sur Aalen, pendant la nuit, avec quatre escadrons seulement : Murat, avec toute sa cavalerie, et ne gardant d'infanterie que la division Dupont, se mit à la poursuite de ce corps, qui n'échappait ainsi au sort du reste de l'armée, renfermé dans Ulm, que pour éprouver un peu plus tard un sort non moins funeste. Nous reprendrons cet intéressant épisode après avoir achevé de rendre compte de l'opération principale.

Pendant que le maréchal Ney attaquait la position d'Elchingen, le maréchal Lannes avait fait occuper sur la rive droite du Danube les hauteurs qui dominent la plaine au-dessus du village de Pfhüel: ses tirailleurs, après avoir fait replier tous les postes extérieurs de l'ennemi, attaquèrent et enlevèrent la tête de pont de la ville d'Ulm sur la rive droite : la

cavalerie autrichienne, poussée par les divisions de dragons des généraux Klein et Beaumont, et par cette nuée de tirailleurs, eut à peine le temps de rentrer dans la place où tout était dans une extrême confusion.

Le même jour, 14 octobre, le général Marmont avec son corps, et les dragons à pied qui flanquaient son aile droite, occupa les ponts d'Unterkirch et d'Oberkirch à l'embouchure de l'Iller dans le Danube, et compléta le blocus d'Ulm sur la rive droite, comme il l'était déjà sur la rive gauche.

L'empereur Napoléon, après avoir bivouaqué dans un hameau auprès de Pfhüel, établit son quartier-général à l'abbaye d'Elchingen, où il était à portée de tout voir par lui-même, et de diriger les attaques de l'un et de l'autre côté.

Le général Mack avait fait couronner, par des redoutes et des retranchemens qui n'étaient point encore achevés, les hauteurs qui, sur la rive gauche, couvrent la ville d'Ulm, et la dominent à demi-portée de canon; il occupait en force cette position; elle lui avait

servi à protéger la sortie et la retraite du corps du général Werneck et de l'archiduc Ferdinand. Napoléon se hâta de faire attaquer cette position retranchée, et de rejeter dans la place les troupes qui la défendaient: il ordonna en conséquence au maréchal Lannes de passer le Danube au pont d'Elchingen dans la nuit du 14 au 15 octobre, et de réunir son corps d'armée à celui du maréchal Ney. La division Suchet ouvrit la marche à deux heures du matin, passa le pont, et se forma en bataille en avant du village de Jungingen, poussant ses tirailleurs jusque sous le Michels-berg. Les troupes du maréchal Ney suivirent ce mouvement. La pluie tombait par torrent, et le soldat, animé par l'espoir de joindre l'ennemi, auquel toute retraite était coupée, n'en montrait que plus d'ardeur. La pré→ sence de Napoléon partageant ses fatigues, et dirigeant lui-même les manoeuvres, fit éclater des transports de joie : il se rendit à la pointe du jour au hameau d'Hasslach sur la grande route d'Ulm à Stuttgard, avec

une partie de sa garde: c'était le point central. Il fit d'abord attaquer, par ses chasseurs à cheval, quelques pelotons de hulans qui escarmouchaient en avant de petits bouquets de bois garnis d'infanterie, derrière lesquels ils se retiraient. A la faveur de ces charges réitérées, il s'approchait et reconnaissait la position, pendant que les divisions des deux corps d'armée filaient derrière ce rideau. Elles se déployèrent en s'étendant par la droite pour embrasser la position de l'ennemi, et tourner les revers du Michels-berg jusqu'aux bords du fleuve.

Vers midi, toutes les troupes étant placées, l'empereur donna l'ordre de former les colonnes par bataillon, de gravir les hauteurs et de forcer les retranchemens; il chargea son aide-de-camp, le général Bertrand, d'attaquer le Michels-berg avec trois bataillons cet ouvrage fut enlevé à la baïonnette, et les troupes qui s'y appuyaient furent promptement rejetées dans le faubourg par les colonnes du maréchal Ney, qui marchaient à hauteur. Napoléon pressait le mou

vement, et se dirigeait avec son escorte sur le Michels-berg, lorsque l'ennemi, qui se maintenait sur le Frauenberg, ayant sa retraite assurée par la porte du Danube, démasqua, devant le groupe à demi-portée, une batterie de cinq pièces qui prenait en flanc l'attaque du maréchal Ney. Ce fut dans cette circonstance que le maréchal Lannes, ne pouvant dissuader l'empereur de rester en butte aux canonniers autrichiens, saisit la bride de son cheval pour le forcer à s'éloigner. Napoléon envoya au maréchal Ney, déjà engagé dans le faubourg, et sous le feu de la place, l'ordre de s'arrêter, et de suspendre ses attaques jusqu'à ce que le maréchal Lannes se fût rendu maître des hauteurs sur son flanc gauche. J'y ai pourvu, répondit l'intrépide maréchal au général Dumas, chargé de cette mission; allez dire à l'empereur qu'ici la gloire ne se partage pas; vous voyez que j'ai prévenu cette attaque.

Cependant le maréchal Lannes avait chargé le général Suchet d'attaquer avec sa division les retranchemens de Frauenberg; il y con

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