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donne de vous faire connaître plus particulièrement vos fonctions. Vous remplissez toutes celles de ministre des finances, de ministre de l'intérieur et de ministre de l'administration de la guerre, vous travaillerez directement avec l'empereur; mais vous devez néanmoins considérer le gouverneur de Vienne comme la première autorité du pays. Dans les affaires de contact, vous devez vous rendre chez lui, vous concerter ensemble sur les objets de service, en lui accordant la déférence qui appartient à sa place.

L'empereur ordonne que tous les revenus du pays, sous quelque dénomination qu'ils soient, lui soient dévolus. Il est donc nécessaire que vous mettiez des agens partout, afin que les malveillans ne détournent ni n'altèrent aucun revenu. Sa majesté voudrait avoir dans la semaine trois millions en papier, afin de solder deux mois à l'armée, et un million. pour l'administration; car il est très-contraire aux intérêts de la France de voir les individus de l'armée dépenser en argent, parce qu'ils n'ont pas de papier. Aussitôt que vous m'aurez fait connaître que ces millions sont en caisse, je ferai mettre à l'ordre de l'armée que la solde sera payée jusqu'au 30 frimaire, qu'elle sera payée en papier; mais que ce ne sera qu'une gratification; ce qui n'empêchera pas que l'armée, en entrant en France, ne touche sa 'solde entière en argent.

L'intention de l'empereur est que vous logiez au palais à Vienne.

Le major général, Signé le maréchal BERTHIER.

Décret de Napoléon.

Brünn, le 7 frimaire an XIV.

NAPOLÉON, empereur des Français, roi d'Italie, avons décrété et décrétons ce qui suit :

Art. Ier. Il sera levé une contribution de cent millions de francs (argent de France) sur l'Autriche, la Moravie, et les autres provinces de la maison d'Autriche occupées par l'armée française.

II. Cette somme est donnée en gratification à l'armée, conformément à l'état de distribution que nous arrêterons.

III. Le prix de tous les magasins de sel, de tabacs, des fusils, de la poudre et des munitions de guerre qui ne sont pas nécessaires à l'armement de notre armée, et que notre général d'artillerie ne fera point transporter en France, et que nous jugerons devoir être vendus, sera versé dans la caisse de notre armée, pour lui être distribué en gratification.

IV. Sur les premiers fonde qui rentreront de cette contribution, ainsi que sur ceux provenant de Souabe, il sera payé trois mois de solde en gratification à tout général, officier et soldat qui a été ou sera blessé dans la présente guerre.

V. Notre ministre de la guerre est chargé de l'exé

cution du présent décret.

Signé NAPOLÉON.

Par l'empereur, le secrétaire d'état,

Signé H. B. Maret.

Pour ampliation, le major-général ministre de la guerre, signé le maréchal Berthier.

Ordre de Napoléon au comte Daru.

Au camp impérial d'Austerlitz, le 15 frimaire an XIV. MONSIEUR DARU, donnez l'ordre à M. de Wrbna, qui représente l'empereur à Vienne, de faire verser sur-le-champ, dans la caisse de l'armée française, les cinq cent mille florins de convention qui étaient chez M. le baron de Bartenstein, et qu'il a remplacés par des billets de banque, également l'or, et tout ce qu'il a. Il est temps enfin que je paie ma solde, et me serve des ressources de l'Autriche. Les quatre millions ne sont pas suffisans pour payer ma solde. Faites-en verser dix ou douze autres, afin que l'armée, dans le moment de repos qu'elle va prendre, puisse s'outiller et faire ses emplettes avec des billets de banque. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.

Signé NAPOLEON.

P. S. Ci-joint une lettre de M. Wrbna, que je désire que vous gardiez pour vous seul.

Traduction de la lettre de M. Wrbna.

SIRE,

Vienne, 29 novembre 1805.

Les postes sont toujours interceptées, à l'exception de celles du royaume romain, de Pilsen en Bohême, et de Gratz les Français empêchent toute communication avec tant de prévoyance, qu'il m'a été impossible, depuis ma dernière note du 21 novembre, qui, j'espère, sera parvenue en droiture à votre majesté, de lui en envoyer une seconde. Cette même surveillance des Français m'a empêché de recevoir une seule lettre, et nous vivons dans/Vienne, sous ce rapport, comme dans une ville assiégée.

Outre les réquisitions de cinquante mille paires de souliers, de deux mille paires de bottes, et celles de vivres qu'on exige, tantôt sur un point, tantôt sur l'autre, avec beaucoup de violence, et dont j'ai eu l'honneur de rendre compte à votre majesté dans mon rapport du 21 novembre, on demande maintenant beaucoup de boeufs (on a fait des marchés pour 3,000), 28,000 minots d'avoine, 17,600 quintaux de foin, 8,800 de paille, 150,000 paires de souliers, puis 6000 chevaux de dragons, 6000 selles, une trèsgrande quantité de vin, un nombre infini de fournitures de couchage et d'autres objets. Il sera impossible, dans aucun cas, de livrer les chevaux demandés.

Toutes les caisses, sans distinction, caisse du fisc, des états, de la ville, sont fermées, et il a fallu ver ser, en un seul payement, de la caisse des états dans le trésor de l'armée, quatre millions de francs en billets de banque. J'avais voulu compter le franc, comme la livre, à 22 karats et demi; mais, après quelques discussions, le franc a été fixé à 24 karats, et les quatre millions demandés ont été réalisés avec un million six cent mille florins en billets.

Votre majesté se représentera aisément la position où je me trouve, les Français continuant de faire demandes sur demandes. Pour y satisfaire, il faut beaucoup d'argent, et cependant ils ont fermé toutes les caisses, et sur dix payemens nécessaires, ils en autorisent à peine un. C'est pourquoi je suis souvent forcé de prendre sur moi de faire faire, malgré la défense subsistante, et pour éviter de grands maux, quelques payemens absolument nécessaires; par exemple, pour la fourniture à l'hôpital, des objets de première nécessité.

M. Labouillerie, receveur français des contributions, a été institué depuis hier contrôleur de toutes les caisses; il s'en fera remettre chaque jour l'état de situation, il les contrôlera fréquemment. Toutes les caisses, comme j'ai déjà eu l'honneur de vous l'exposer, sont saisies à la fois, même la caisse des billets de banque sur laquelle les Français, à ce qu'il

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