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L'empereur imagine que vous avez fait rétablir le pont de Dillingen.

Le maréchal Lannes pourra par là communiquer avec vous envoyez aussi des patrouilles à sa rencontre; les momens actuels, monsieur le maréchal, sont de la plus grande importance : l'empereur compte sur votre zèle et vos talens, et sur votre activité; elle est tout entière nécessaire en ce moment.

A M. le maréchal SouLT.

Donawert, le 16 vendémiaire, huit heures du soir.

Je vous préviens, monsieur le maréchal, qu'à quatre heures le prince Murat est arrivé sur Vertingen, qu'il a trouvé ses hauteurs couvertes d'une division ennemie. A cinq heures et délnie l'attaque a commencé. Les grenadiers de M. le maréchal Lannes étaient arrivés; la canonnade a été vive, la fusillade assez chaude; quelques prisonniers faits au commencement de l'action disaient qu'il y avait quatorze bataillons partis d'Ulm pour venir occuper la tête de pont de Donawert. On n'en sait pas davantage; l'empereur n'a pas de rapport: il paraît que la canonnade s'est éloignée, on n'entend plus rien. Dans quelques heures on aura des nouvelles : mais j'ai cru devoir vous prévenir, afin que vous vous trouviez prêt dans le cas où vous recevriez des

ordres. L'empereur imagine que la division du général Saint-Hilaire aura pris part à l'affaire, puisqu'elle se trouvait à hauteur.

A M. le maréchal BERNADOTTE.

Donawert, le 16 vendémiaire, à minuit.

Nous avons passé le Lech dans la journée du 15, monsieur le maréchal; aujourd'hui, à la pointe du jour, le prince Murat, avec mille hommes de cavalerie, a battu la plaine pour intercepter les communications d'Augsbourg à Ulm. Arrivé à Vertingen, il a rencontré douze bataillons de grenadiers autrichiens. La division du général Oudinot, formant la première division de M. le maréchal Lannes, étant arrivée à temps, ce corps a été enlevé drapeaux, canons, tout a été pris. Le 16 au matin, le maréchal Soult s'est porté sur Aicha pour y enlever un corps de dix mille hommes qui s'y trouvait. A quatre heures après midi, il avait déjà rencontré les avantpostes, et si ce corps ne s'est pas retiré, il sera pris. Le général Saint-Hilaire s'est porté sur Augsbourg, où sera réunie demain toute l'armée du maréchal Soult.

Le maréchal Ney avec son corps d'armée occupe Guntzbourg, et tous les débouchés qui mènent sur la rive gauche du Danube.

L'ennemi paraît être encore en très-grande force sur ce point, et l'empereur a l'espoir que ce corps d'armée finira mal.

Sa majesté ordonne que vous passiez le Danube, soit à Ingolstadt, soit à Neubourg. Emparez-vous d'Ingolstadt; il n'y a plus un moment à perdre. Ordonnez également au général Marmont de passer le fleuve, et de se mettre sur-le-champ en marche pour se rendre à mi-chemin de Neubourg ou d'Ingolstadt à Augsbourg. Vous, monsieur le maréchal, et les Bavarois, après avoir pris possession d'Ingolstadt et rétabli le pont, vous marcherez sur tout ce qui serait en deçà de l'Inn, ou de ce qui pourrait s'approcher de la Altmühl. Avant que vous soyez formé et passé, je vous ferai parvenir des ordres de l'empereur; car les événemens changent à chaque instant, et les jours ici vont se passer avec une grande rapidité.

A M. le maréchal NEY.

Donawert, le 16 vendémiaire, à minuit.

Vous aurez entendu la canonnade qui a eu lieu dans la journée du 16; ce sont douze bataillons de grenadiers autrichiens venant de Botzen dans le Tyrol, et que le prince Murat a enveloppés avec sa cavalerie, et que le maréchal Lannes, avec les grenadiers formant sa première division, a attaqués et

faits prisonniers avec canons et drapeaux. Le maréchal Soult s'est porté sur Augsbourg : il est donc essentiel que vous arriviez promptement à Guntzbourg, afin d'intercepter tous les mouvemens de l'ennemí d'Ulm sur Augsbourg, et d'Ulm sur Donawert. Soyez très-attentif, si l'ennemi manoeuvre sur la rive droite, à vous porter rapidement et parallèlement à lui; jetez la division Gazan sur la rive droite; enfin, ne perdez pas de vue que, par les projets de l'empereur qui sont de cerner l'ennemi et de lui ôter sa retraite, il se trouve obligé de disséminer un peu ses forces, et qu'il a besoin de toute la confiance qu'il a dans ses généraux, et de toute leur activité pour ne pas rester oisif quand il faudra agir.

En un mot, monsieur le maréchal, vous êtes chargé d'observer le corps d'Ulm, s'il marche sur Donawert; vous devez le suivre, s'il marche sur Augsbourg; vous devez le suivre, en vous tenant toujours sur sa gauche, c'est-à-dire entre lui et Donawert; et vous devez toujours avoir une de vos divisions une demi-marche en arrière pour faire votre avant-garde, et pour vous trouver toujours entre l'ennemi et Donawert, si jamais il se dirige sur cette ville, ou s'il y envoie de forts partis.

A M. le maréchal Sou LT.

Donawert, le 16 vendémiaire, à minuit.

L'EMPEREUR a vu avec peine, monsieur le maréchal, que vous vous soyez éloigné du centre de la guerre, car vous deviez être à Augsbourg par l'extrémité de votre gauche, c'est-à-dire que vous deviez le dépasser sur-le-champ et faire une marche sur Ulm; au lieu de cela, vous êtes une demi-marche derrière : il est nécessaire de remédier le plus promptement à cette erreur; portez-vous le plus tôt possible à Augsbourg, où, avec le général Saint-Hilaire, vous aurez une force imposante. Votre corps d'armée est destiné à opérer entre le Lech et le Danube ; le maréchal Bernadotte, le maréchal Davoust et le général Marmont opéreront sur l'autre rive.

Vous saurez que douze bataillons de grenadiers autrichiens se sont fait prendre par le maréchal Murat et le maréchal Lannes; canons, drapeaux, tout est tombé en leur pouvoir ces bataillons venaient à grandes marches du Botzen dans le Tyrol. C'est au village de Vertingen que cette affaire s'est passée. Nous n'avons pas encore les détails, que nous ne saurons bien que demain matin. Nous n'avons pas encore de nouvelles du maréchal Davoust.

L'empereur va le diriger droit sur Augsbourg, et il lui tarde fort qu'il y soit arrivé : il est vraisem

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