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Au général Marmont.

Oberfassen, le 23 vendémiaire an xiv.

Je vous préviens, général, que l'empereur restera toute la journée à l'abbaye d'Elchingen. Son intention est que vous vous teniez de votre personne sur la petite hauteur du village de Pfüel; que vous ayez là une de vos divisions; que l'autre se trouve à portée près d'Ulm; que votre cavalerie soit entre l'une et l'autre de ces divisions.

La division de dragons à pied du général Baraguayd'Hilliers qui se trouve en position à son bivouac, gardera les ponts d'Elchingen et de Thalfingen : le général Baraguay-d'Hilliers placera sur chacun de ces ponts deux pièces de canon.

Le général Beaumont, avec sa division de dragons, se placera pour fortifier votre ligne.

Votre principal but, général, doit être d'empêcher l'ennemi de s'échapper d'Ulm, ou le retarder suffisamment pour que des hauteurs nous puissions revenir pour l'atteindre.

Si cependant il vous était impossible d'empêcher l'ennemi de passer le principal chemin qu'il faut toujours garder, est le chemin qui va à Guntzbourg, il faudrait mieux laisser échapper l'ennemi par le chemin qui va à Memmingen, sauf à vous mettre après à sa poursuite.

Lorsque l'attaque sera fortement engagée sur les hauteurs, ou si vous apprenez que l'ennemi se dégarnit trop devant vous, vous ferez ce que vous voudrez pour l'attaquer de votre côté, et produire tout l'effet d'une fausse attaque. Vous resterez pendant toute l'affaire en bataille, et de manière à produire le plus d'effet qu'il sera possible à l'ennemi qui vous verra des hauteurs.

Enfin, général, vous tiendrez des postes le long du Danube, depuis le pont de Thalfingen, jusque le plus près possible d'Ulm, et vous ferez reconnaître sur la rive gauche en passant au village de Thalfingen et en longeant le Danube, si on ne pourrait pas de ce côté faire une attaque réelle sur l'enceinte d'Ulm, du moment où nous nous serons emparé des hauteurs. Du moment où vous serez arrivé sur les hauteurs de Pfiel, vous enverrez un de vos aides-de-camp à l'empereur, qui sera à l'abbaye d'Elchingen.

Dispositions générales.

Abbaye d'Elchingen, le 23 vendémiaire an XIV, à sept heures du matin.

Les deux corps d'armée vont se former en bataille. Le corps de M. le maréchal Ney tiendra la droite appuyée au bois en avant de Moringen; son centre vis-à-vis Lasse ; la gauche en avant de Junginger. corps du maréchal Lannes :

Le

La division Suchet, la droite;

La division Gazan, le centre;

Les grenadiers Oudinot, la droite.

La droite touchera la gauche du maréchal Ney, et la gauche coupera la route d'Albeck.

La cavalerie légère des deux corps d'armée éclairera en avant et sur toutes les routes aux environs, même en arrière.

La division de la garde impériale se mettra en bataille à Hochstadt; la gauche appuyée à Thalfingen. La division Nansouty en seconde ligne. La division Bourcier à Loher et Moringen.

Au maréchal BRUNE.*

Abbaye d'Elchingen, le 24 vendémiaire an XIV.

FAITES Connaître à votre armée, monsieur le maréchal, que la première armée autrichienne a existé. Cette armée s'est trouvée formée de celle de Bavière, forte de quatorze régimens d'infanterie; de celle de Tyrol, forte de treize régimens d'infanterie ; et enfin de cinq autres régimens retirés de l'armée d'Italie, indépendamment de douze régimens de cavalerie, formant au moins 100,000 hommes. Cette armée était la

(*) Une lettre pareille a été écrite à MM. les maréchaux Lefebvre, Kellermann, Augereau; à M. le général Barbon, et à M. le général Dejean, ministre de l'administration de la guerre.

droite, appuyée à Memmingen, et la gauche à Ulm. L'empereur, par ses manoeuvres, l'a tournée et l'a mise dans la même position que l'armée de M. de Melas à Marengo. Mais lorsque ce mouvement a été démasqué, l'ennemi n'a pas pris un parti aussi vigoureux que M. de Melas; car au lieu de se réunir en masse pour livrer bataille, il s'est dispersé en plusieurs colonnes, qui ont donné lieu à différens combats de divisions, dont le résultat est 30,000 prisonniers, 30 drapeaux, la perte de presque toute leur artillerie et celle de tous leurs magasins. Memmingen, cerné par le maréchal Soult, a capitulé avant-hier. Ulm, cerné, capitule dans une heure; il renferme plus de 25,000 hommes, presque toute l'artillerie, et des magasins de toute espèce. L'archiduc Ferdinand, avec ses régimens, s'est retiré sur Biberach avec une forte colonne; le maréchal Soult, avec son corps d'armée, y est arrivé depuis le 22, et il est probable qu'il aura dans ses mains le reste de l'armée. D'un autre côté, nous sommes à Munich, où nos aigles sont plantées devant les bannières russes. Cette armée, arrivée en poste, est dit-on forte de 60,000 hommes; plus ils seront, et plus nous aurons de gloire à les vaincre, et cela ne sera pas long. Rien n'égale la valeur, l'enthousiasme, la bonne volonté de nos troupes, leur gaîté en supportant toutes les privations; comme rien n'égale le génie de celui qui les commande.

Au général Bourcier.

Abbaye d'Elchingen, le 25 vendémiaire an XIV.

Il est ordonné au général Bourcier, qui est avec le corps du maréchal Lannes, de partir sur-le-champ avec une brigade de sa division pour se rendre à Geislingen. Son objet est d'ouvrir nos communications avec Stuttgard. Arrivé à mi-chemin, il enverra par un courrier un rapport à l'empereur des corps ennemis qui auraient passé par ce point ainsi que par Stuttgard. Arrivé à Geislingen, il se mettra en communication avec M. Didelot, chargé d'affaires près l'électeur de Wurtemberg, de manière à faire le plus possible de réquisitions de subsistances et de voitures pour les conduire aux troupes qui bloquent Ulm, et qui manquent absolument de subsistances à cause du débordement du Danube; ce qui empêche de rien tirer de dessus la rive droite, et il ne doit pas perdre une minute, rien n'étant plus important ni plus pressé que l'exécution de cet ordre.

Instruction pour M. le chevalier d'AU BERT.

Abbaye d'Elchingen, le 25 vendémiaire.

M. le chevalier d'Aubert se rendra à Heidenheim; de là il prendra des renseignemens pour savoir où marche l'archiduc Ferdinand qui s'est évadé d'Ulm avec une colonne. L'empereur pense, d'après les der

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