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B. Constant, Bignon, Dupont (de l'Eure), etc., appuient M. Sébas tiani, et demandent l'admission. M. de Villele parle dans le sens de M. Laine. M. Courvoisier pense que l'autorité administrative est seule compétente pour juger les droits des électeurs, et propose l'ordre da jour. M. de Corbières soutient au contraire que la chambre a droit de demander des renseignemens, surtout relativement à un pays où les abus sont si faciles à commeure. M. le ministre de l'intérieur fait l'éloge des opérations de M. de Vignolles, et déclare que la plus rigoureusé justice a présidé aux élections de son département. L'ordre du jour est mis aux voix, à la demande de plusieurs membres de la gauche. Best adopté à une assez forte majorité, et l'admission des nouveaux dépnés est proclamée.

Le 4, la chambre entend le rapport de M. Savoye-Rollin sur la dé putation de la Charente-Inférieure, qui se compose de MM. Admirault, Faure, Beauséjour et le général Tarayre. Sur ce rapport, les trois premiers sont admis sans discussion. Mais il se présente une difficulté au sujet de M. le général Tarayre. Il avoit recueilli 463 suffrages. M. Lemercier Lagrollière, qui en avoit obtenu le plus après lui, écris vit, avant le ballotage, au président du college électoral, pour le priet d'annoncer que, dans le cas où il seroit élu, il lui étoit impossible d'accepter cet honneur, et qu'ainsi il convenoit de faire concourir au ballotage le candidat qui' le suivoit immédiatement Le collége électoral accepta cette proposition, et en conséquence le hallotage eut lieu entre M. Tarayre et M. Demerville, président de la cour royale de Paris, qui avoit eu 318 suffrages. Le résultat du scrutin de ballotage fut favorable à M. Tarayre, qui fut proclamé député. Il s'agit de savoir si on a pu, par voie d'interpretation ou d'analogie, ubstituer à un candidat qui se retiroit celui qui a le plus de voix après lui, tandis que la loi veut qu'an

tin, le bal otage ait lien entre les candidatesième tour de scru

ont en le plus de võis. Plusieurs membres du côté droit demandent les conclusions du rapporteur. MM. de Chauvelin, Dupont (de l'Eure), veulent que Padmission soit mise aux voix. La droite et le centre gardent le silence. Le président invite à se lever tous ceux qui sont de l'avis d'admettre M. Tarayre. Tout le côté gauche se lève. A la contre épreuve, une forte majorité se lève pour la non admission. MM. les ministres Pasquier et Portal, ainsi que MM. Royer-Collard et Courvoisier, votent pour le rejet. Ceue épreuve paroissant douteuse au côté gauche, on la recommence avec les mêmes résultats. On a recours à la voie da scrutin, qui amène le rejet de M. 'I'arayre, par 119 boules noires ca tre 95 blanches sur 212 votans. On entend ensuite le rapport du cinquième bureau sur les trois députés de l'Isère. MM. Savoye Rollin, Français de Nantes et Sappey. Ils sont admis. On reprend le tirage des seize scrotateurs pour la présidence. Le côté gauche s'y oppose, et veut que cette opération soit ajournée jusqu'à ce que la vérification des pouvoirs soit complète. On continue l'opération, d'après la décision de la chambre. Voici le résultat du scrutin : M. Raveg a eu 130 voix; MM, Beugnot, 102; Laîné, 95; de Villèle, 78; fitte, 69; Dupont (de l'Eure), 68; Savoye Rollin, Bi; Simeon, 63;

La

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étant de 214, la majorité absolue est de ros. M. Ravez est proclamé premier candidat.

Le 6, M. Becquey fait au nom du 5e. bureau un rapport sur l'éJection de M. Gregoire par le département de l'Isère. Il résulte de ce rapport que ce département ayant élu MM. Français (de Nantes) et Sapey, qui lui étoient étrangers, avoit épuisé les droits que lui donnoit l'article 42 de la Charte, et ne pouvoit en conséquence élire encore M. Grégoire, qui lui étoit aussi étranger. M. le rapporteur ajoute que le 5. bureau pensant que M. Grégoire n'avoit aucun droit pour être admis, son élection étant nulle, s'est cru dispensé de soumettre à la chambre une question bien plus grave qui agite lous les esprits, depuis que le bruit de cette nomination a retenti dans le royaume. Plusieurs membres du centre demandent la clôture de la discussion, entre autres M. Couvoisier. M. Laîné monte à la tribune. La parole lui est long-temps interdite par le côté gauche, qui ne veut point de discussion; le plus grand tumulte règne dans la salle. M. le président annonce que deux motifs d'exclusion sont proposes; le premier, tiré d'un vice de forme; le second, tiré de l'indignité. L'agitation recommence. M. le ministre Pasquier supplie l'assemblée de ne pas oublier que la liberté publique repose sur l'indépendance des opinions et la liberté des discussions. Le tumulte continue. M. le président se couvre, et voyant que le désordre ne cesse pas, il ordonne que l'assemblée se retire pendant une heure dans ses bureaux. La séance est rouverte à trois heures moins un quart. Le plus profond silence règne dans l'assemblée. La parole est accordée à M. Laîne; cet orateur prononce un discours dans lequel il prouve qu'il est un motif qui ne permet pas de douter de la nullité de l'élection de M. Gregoire; que ce motif est celui de l'indignité; que la loi qui le prononce est dans la conscience de l'homme, et porte en France le nom d'honneur. Il termine en déclarant qu'il pense que l'élection de M. Grégoire doit être déclarée nulle, pour cause d'indiguité. M. Benjamin Constant insiste pour que l'on écarte la question de Findignité. M. de la Bourdonnaye voie pour que M. Grégoire soit chassé comme indigne. M. Manuel demande que l'on examine d'abord si l'élection est valable pour la forme; il est souvent interrompu par des murmures en voulant excuser M. Grégoire, qu'il prétend avoir seulement adhéré à la condamnation de Louis XVI. M. Pasquier semble appuyer le discours de M. Lainé. M. de Corbière est d'avis que l'élection soit déclarée nulle, comme injurieuse à la cause royale. M. de Marcellus s'exprime sur ce sujet avec beaucoup de force, et réclame contre une élection scandaleuse. M. Devaux est d'une opi nion contraire. La chambre ferme la discussion. Apiès bien des débats, on pose la question proposée par M. Ravez que ceux qui ne veulent pas admettre M. Grégoire se lèvent. L'exclusion de ce député est prononcée à une immense majorité. On a remarqué qu'à la contre épreuve, M. Lambrecht est le seul qui se soit levé, ou plutôt levé à moitié. Le résultat est proclamé aux cris réitérés de vive le Roi! Ainsi finit cette séance, une des plus animées et des plus orageuses qu'on eût vues depuis long-temps."

(Samedi 11 décembre 1819.)

(No. 557.)

Catéchisme philosophique, ou Recueil d'observations propres à défendre la religion chrétienne contre ses ennemis; par l'abbé Feller. Nouvelle édition (1).

Le Catechisme philosophique parut d'abord sous le nom de Flexier de Reval, qui est l'anagramme de Xavier de Feller; il fut publié à Liége, en 1773, avec l'approbation du censeur Laruelle, et ne formoit alors qu'un volume in-8°. On en donna une seconde édition augmentée, à Paris en 1777, et l'abbé Adhenet, docteur de Sorboune, et chanoine de Pa ris, y joignit une approbation. Il s'en fit encore depuis de nouvelles éditions à Liége, sous les yeux de l'auteur. On annonce que l'édition actuelle a été faite sur une copie revue par Feller et chargée de corrections et de notes de sa main.

Cet ouvrage fut composé dans le temps du plus grand déchaînement des écrivains du parti philosophique contre la religion, et contient leurs objections les plus ordinaires, et la discussion des matières les plus agitées à cette époque. Il est divisé en quatre livres, de l'existence de Dieu, de l'ame de l'homme, de la religion en général et du christianisme. Le premier livre comprend cinq chapitres, dont chacun se soudivise encore en sections ou paragraphes, où l'auteur traite plusieurs

(1) 2 vol. in-8°.; prix. 9 fr. et 12 fr. 50 cent. franc de port. A Lyon, chez Guyot, et à Paris, chez Ad. LE CLERE, au bureau de ce journal.

Tome XXII. L'Ami de la Religion et du Ror., 1

questions qui se rattachent, de près ou de loin, à son objet. Dans le premier chapitre, sous ce titre : l'Athéisme raisonné est-il possible? il examine s'il y a véritablement des athées, et en combien de classes on peut les partager; et, après quelques citations et quelques faits relatifs à son sujet, il conclut ce chapitre par cette pensée célèbre de Rousseau : Tenez votre ame en état de désirer toujours qu'il y ait un Dieu, et vous n'en douterez jamais. Le second cha pitre, Systéme de l'athée, comprend plusieurs articles où l'auteur passe en revue les diverses opinions des anciens et des modernes, pour tâcher d'explipliquer le monde et ses phénomènes sans l'intervention d'un créateur. La matière éternelle, l'éternité du mouvement, les atomes, la fécondité de la matière, l'attraction, l'éternité du monde, les causes finales, forment autant d'espèces de dissertations séparées, et l'auteur y ramène d'autres objets analo gues. Il y discute des questions de métaphysique et de philosophie, et y met à contribution les philosophes, les naturalistes, les historiens. Dans l'article Fécondité de la matière particulièrement, il tâche d'expliquer quelques phénomènes, comme la diversité des races; et si ces explications ne sont pas toujours incontestables, il faut se reporter au temps où Feller écrivoit, et penser qu'il n'a pu raisonner que d'après l'état où se trouvoient alors les sciences naturelles, et il faut lui savoir gré de son zèle à s'exercer le premier sur des objections nouvelles, et que les apologistes de la religion n'avoient pas en occasion de discuter avant lui. Son article des Causes finales offre des considérations intéressantes. Dans le chapitre III, où il montre le consentement de tous les

hommes dans la croyance d'un Dieu, il traite égalenient quelques questions incidentes sur l'alliance de la prescience divine avec la liberté, sur les deux principes des Mauichéens, sur le fatalisme et l'opti misme. Le chapitre IV, qui a pour titre : Malheur de l'athée, expose les conséquences funestes de ce sys: tême, tant dans la théorie que dans la pratique, par rapport aux individus, et le V. chapitre discute ce même sujet par rapport à la société. Telle est la division générale du premier livre, qui forme à peu près la moitié du premier volume.

Le second livre, de l'Ame de l'homme, consiste en trois chapitres, sur la spiritualité de l'ame, sur sou immortalité et sur la liberté de l'homme. Feller y examine le doute fameux de Locke, si la matière est susceptible de penser, donte dont Voltaire s'empara depuis, et il ramène en cet endroit diverses questions, tirées les unes de la métaphysique, et les autres de l'Histoire ou des récits des voyageurs. Dans une digression sur l'ame des brutes, il rapporte et réfute les divers systêmes enfantés à cet égard, sans essayer de donner autre chose que des conjec tures sur un sujet qui laisse trop de place à l'imagination. Il y a dans le chapitre de l'immortalité de l'ame des choses judicieuses et bien exprimées. L'au teur y pose cette question: Est-il vrai que ce dogme si important n'ait pas été connu des Juifs? Et il répond:

«Un philosophe qui ne cesse de reproduire cette assertion, montre assez qu'il ne connoît pas mieux les livres saints que ceux de Zoroastre et de Coufucius, qu'il cite si souvent. 119 sont remplis des passages les plus précis et les plus clairs, qui attestent cette consolante vérité; je ne finirois pas si les rapportois tous. Dieu annonce à Abraham qu'il sera lui

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