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Monsieur, d'après les annonces et les circulaires de l'édi teur du Dictionnaire des sciences médicales, le public a toujours cru, surtout en province et dans l'étranger, qu'il exis toit un comité chargé de la révision des articles, et de la rédaction générale de l'ouvrage. Un tel comité devant être choisi, ou du moins agréé par les collaborateurs, supposeroit nécessairement un certain concert, une certaine communauté de sentimens et de principes qui n'existent point, et né sauroient exister entre des homines dont plusieurs ne se connoissent pas même, et ne se sont jamais vus. Pour désabuser le public à cet égard, il eût suffi d'une simple déclaration de quelques lignes insérée dans l'ouvrage même; la demande en a été faite formelleinent à l'éditeur, et cette demande, bien que signée de dix-huit collaborateurs du Dictionnaire, est restée, depuis près d'un an, sans cffet comme sans réponse. C'est pourquoi nous avons recours à la voie des journaux pour déclarer, sous notre responsabilité personnelle, que les auteurs du Dictionnaire des sciences médicales travaillent isolement, et qu'ils n'ont jamais été appelés à former parmi eux, un comité chargé de la révision et de la censure des articles. Cette déclaration est textuellement conforme à celle qui avoit été demandée à M. Panckoucke, à qui on laissoit d'ailleurs toute latitude pour la rédaction et le choix des termes. Veuillez, Monsieur, pablier cette lettre dans votre prochain numéro. Nous ne sommes qu'une partie des collabora teurs du Dictionnaire, et nous n'avons pas la prétention de parler ici au nom de tous; mais nous espérotis que personne ne pourra désapprouver une démarche qui ne tend qu'à ren1 dre à chacun ce qui lui appartient: Signés, Alard, Cayol, de Lens, Esquirol, Gardien, Geoffroy, Guersent, Guilbert, Laennec, Landré-Beauvais, Lullier-Winslow, Marjolin, Pipel, Richerand, Royer-Collard (1) ». :

Avec quelque réserve que celle lettre soit rédi gée, on voit assez que les signataires ne veulent pas être responsables de ce qui se trouve dans une foule d'articles où toutes les convenances sont violées. Nous savous d'un d'entr'eux que la déclaration eût été beaucoup plus forte sans le désir qu'avoient quelques-uns

~ (1) Journal des Débats, no. du lundi 9 mars 1818.

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de conserver des égards pour des confrères qui, cependant, se respectoient fort peu eux-mêmes. Mais l'opinion des véritables gens de l'art est fixée sur un recueil dont le moindre défaut est de contenir bien des digressions et des inutilités, et qui perd son principal avantage par la prodigieuse multiplication des volumes. Ce Dictionnaire devient de jour en jour une de ces fastidieuses compilations qui surchargent les bibliothèques, et qu'on n'ouvre pas sans effroi; et le dégoût se mêle à l'étonnement quand on voit, d'une part, tant de diatribes, de dérisious, de caloninies, de malignité; et, d'autre part, tant de détails honteux, et de peintures cyniques étalées avec une révoltante affectation. Nous ne faisons que répéter ici ce que nous avons ouï dire à cet égard à plusieurs de nos plus estimables docteurs, qui gémissent, comme chrétiens, d'un tel scandale, et qui s'indignent, comme médecins, de voir l'art qu'ils cultivent souillé en quelque sorte par un si indigne abus de la science.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 23 novembre, s'est tenue, dans le palais du cardinal Bardaxi de Azara, la congrégation antipréparatoire, sur les vertus du vénérable serviteur de Dieu, Antoine- Alonzo Bermejo, Espagnol, fondateur de l'hôpital de Saint-Michel-Archauge, au diocèse de Valladolid, et mort, le 14 novembre 1758, en réputation de sainteté. Cette cause a été proposée à la congrégation par D. Pierre de Lasheras, postulaleur, et défendue par MM. Amici et Rosatini.

MM. Joseph-Octave Plessis, évêque de Quebec, et Robert Walsh, évêque de Waterford et Lismore, sont arrivés dans cette ville.

M. Lambruschini, archevêque de Gênes, vient d'être nommé évêque assistant au trône pontifical. Ce

n'est pas sans regret qu'on voit prês do s'éloigner de Rome ce prélat qui y réside depuis long-temps, qui y a occupé avec distinction une chaire de théologie, et qui y a rempli d'honorables emplois. M. Lambruschini est de l'académie de la religion catholique, et il y a lu des dissertations utiles pour la défense de la religion. It fut exilé à Gênes sous le règue de l'usurpation, et il y fut retenu quatre ans sous la surveillance de la police, Rappelé par le saint Père, à son retour dans cette capitale, il fut employé dans les affaires les plus im portantes il étoit en dernier lieu examinateur des évêques, consulteur du saint - office, et secrétaire de la congrégation des affaires ecclésiastiques, avec droit de voter. On dit même qu'il a refusé il y a peu des postes brillans : la Providence le réservoit pour un grand siége, où le prélat aura occasion de signaler ses vertus et ses talens. Le père Grandi, Baruabite, le remplace dans les fonctions de secrétaire de la congrégation des affaires ecclésiastiques.

-M. François Albertini, évêque de Terracine, y est mort, le 21 novembre, après une maladie de cinq jours seulement.

PARIS. S. Em. Mgr. le cardinal archevêque, dans son Mandement du 10 (1), sur la quête diocésaine, appelle F'intérêt de ses diocésains sur deux classes également intéressantes aux yeux de la religion; savoir, les prêtres âgés et infirmes, et les élèves des séminaires. Nous citerons de ce Mandement, vraiment épiscopal, le morceau suivant, où le vénérable prélat parle des anciens du sanetuaire, qui, après de longs travaux, sont réduits à une honorable indigence, et après avoir soulage les pauvres, sont devenus pauvres eux-mêmes, et portent en silence le double poids des infirmités et des besoins:

« Mais quand ils se taisent, c'est à nous,

N. T. C. F.,

(1) Prix, 60 cent. A Paris, chez Adr. Le Clere, au bureau de ce journal.

d'élever la voix et de plaider leur cause; à nous, de vous rappeler leurs titres et leurs droits. Quels souvenirs en effet ne réveille pas leur présence; et comment ne pas s'attendrir à la vue de leur honorable infortune, et de leurs cheveux blanchis au milieu de tant d'orages et de tant de douleurs? Nous ne vous dirons pas que ce n'étoit point à ces conditions qu'ils étoient entrés dans le sanctuaire; qu'en se dévouant au service des autels, il leur étoit permis d'espérer que, pour prix de leur dévouement, ils pourroient vivre au milieu de leurs frères avec quelque honneur, sans avoir, pour la fin de leur course, à redouter les horreurs de l'indigence. Laissons à celui qu'ils ont pris pour héritage le soin de les dédommager un jour de tant d'espérances déçues. Mais qui pourroit demeurer insensible, en voyant languir, dans la solitude et le dénuement, des hommes que la foi relève à vos yeux par une dignité si haute, et pour qui la charité rappelle de si touchans souvenirs.

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» Ce sont des pauvres; mais qui, dans les jours de leur abondance, compatirent à l'infortune, et pour qui la iniséricorde étoit, au yeux du monde lui-même, un si pressant devoir, qu'ils n'auroient pu, sans se couvrir de honte, mer l'oreille aux gémissemens des malheureux. Ah! si les pauvres sont les membres de Jésus-Christ, ce chef adorable peut-il en offrir à votre commisération de plus augustes et de plus sacrés?

Ce sont des vicillards; mais qui, durant leurs longues années, ne travaillerent que pour vous: oui, ce fut pour vous, ce fut pour devenir les instrumens de votre salut, que leur enfance devora de si amers dégoûts, que leur jeunesse. ne fut rebutée ni des longues veilles, ni des pénibles assujettissemens que leur vie entière s'est consumée en de graves études et de pénibles travaux. Il est vrai, ils étoient vos serviteurs en Jésus-Christ, ils ne firent pour vous que ce que leur prescrivoit un rigoureux devoir; mais si vous ne leur reconnoissez point d'autre titre, du moins ne les frustrez pas de leur salaire; et si vous voyez en eux des amis, payez de quelque retour leur solide et constante amitié.

*» Enfin, ce sont des prêtres. Ah! nous n'avons à craindre, pour ceux-ci, ni les calomnies, ni les dédains. Ils arrivent au terme de la carrière, après avoir passé par la grande tri. bulation, offrant dans leur adversité méme la preuve écla

tante de leur fidélité pour Jésus-Christ", et peut-être, dans d'honorables cicatrices; les traces des combats sanglans qu'ils soutinrent pour son amour. Ce fut pour rendre témoi gnage à leur foi, mais ce fut aussi pour fortifier la vôtre, qu'ils consentirent aux plus rigoureux sacrifices, et affronterent les plus redoutables périls. Ce fut donc pour vous qu'ils furent en butte à tant de cruels tourmens, à tant d'insolantes railleries; pour vous que, les mains chargées de chaînes, ils descendirent dans l'horreur des cachots, pour mourir chaque jour, en voyant suspendu chaque jour sur leur tête le glaive de la mort. Ce fut pour vous qu'on les vit, échangeant les vêtemens de leur gloire contre les livrées de l'indigence, chercher des retraites dans le fond des soli tudes et dans le creux des rochers, ou bien s'enfuir dans des contrées lointaines, pour y présenter le plus attendrissant de tous les spectacles, celui de l'innocence résignée et même satisfaite au milieu du malheur.

» Les rois de la terre préparent de nobles asiles à leurs guerriers blanchis dans les combats; voici, N. T. C. F., d'intrépides soldats de Jésus-Christ: l'admiration et le respect seront-ils les seuls sentimens que nous devons attendre de vous pour leur vieillesse? Cependant, N. T. C. F., leur nombre décroît chaque jour. Ils quittent la terre de l'exil, pour aller chercher une meilleure patrie, ces hommes vénérables, dé◄ positaires des traditions antiques de notre Eglise gallicane et de ses nobles souvenirs. Ils meurent; et la tombe qui se ferme sur eux semble ensevelir aussi toutes nos espérances »

Le troisième dimanche de l'Avent, M. de Coucy, élu archevêque de Reims, assisté de MM. Maunay, nommé évêque de Rennes, et de Salamon, élu évêque dé Belley, a donné la consécration épiscopale à M. de Varicourt. L'église des Missions étoit remplie d'un nombreux concours parmi lesquels on remarquoit S. Em. M. le cardinal de la Luzerne, douze évêques taut sacrés que non sacrés, des ecclésiastiques, et spécialement des chanoines, des curés, des ecclésiastiques d'Orléans, et des personnes notables de la même ville, qui étoient venues exprès à Paris, pour être témoins d'une cérémonie à laquelle ce diocèse prend tant de part. M. de

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