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choisis par le sort. M. Ravez, président de la chambre, a présenté à S. M. l'adresse suivante:

« Sire, vos fidèles sujets les députés des départemens viennent porter au pied du trône l'hommage de leur respect et de leur amour,

» La naissance d'une princesse de votre sang a ranimé dans le cœur des François une autre espérance. Elle promet à votre couronne, à nos institutions de nouveaux soutiens; et la Providence, en perpétuant les héritiers de votre maison, exaucera les vœux de votre peuple.

» Sire, la France n'a plus d'ennemis. Vous avez fondé sur le principe d'une mutuelle indépendance nos relations amicales avec les divers Etats de l'Europe. Votre sagesse ne pouvoit nous donner un gage plus préciens de leur durée, et de cette longue paix dont Votre Majesté nous a renouvelé l'assurance.

» Grâce à votre pieuse sollicitude, nos siéges épiscopaux ont recouvré des pasteurs. La religion consolée voit refleurir son culte et propager sa morale.. Appui des lois du royaume, elle en fera respecter les libertés. Nous conserverons intactes les antiques immuuités de notre église. L'exemple des pontifes soumettra le zèle du clergé aux règles de la discipline ecclésiastique, aux préceptes de l'Evangile et à la Charte, qui commande à tous une égale obéissance. Par cet heureux accord, le premier lien des sociétés humaines sera le garant le plus invariable de la tranquillité civile.

» Sire, des récoltes abondantes réparent les maux d'une disette passagère, une ingénieuse activité anime l'industrie; les beaux-arts ont repris un noble essor; Votre Majesté récompense de son suffrage les productions utiles et les œuvres du génie.

» Destiné à féconder ces progrès, le commerce attend, pour égaler les autres industries, les facilités que se doivent entre elles les nations éclairées, et l'encouragement qui naîtra de la confiance dans la stabilite et le repos.

>> Les finances et le crédit public relevés par nos sacrifices, affermis par une fidélité toujours inviolable à nos engagemeos, nous ont fait recueillir, sous le gouvernement paternel de V. M., les premiers avantages d'une amélioration dont elle a fondé le systême, et qu'achevera bientôt sa persévérance à ne chercher son bonheur que dans celui de ses sujets.

» Sire, en soulageant votre peuple d'une portion des charges qui pésent encore sur lui, vous avez soutenu son courage et offert au présent la perspective d'un plus doux avenir. C'est avec une juste reconnoissance que nous répétons ces royales paroles : « Le dégrèvement des »> impôts les plus onéreux ne sera retardé qu'autant que l'exigera l'ac» quittement des dettes extraordinaires contractées par l'Etat ».

»Notre zèle y répondra, Sire, par la recherche des économies et des moyens capables de bâter cette époque impatiemment désirée. Nous savons que l'accomplissement de ce devoir impérieux pour nous sera pour le cœur de V. M. le témoignage le plus sensible de notre respectueuse affection.

» Sire, nous rendons grâce à V. M. d'avoir effacé les traces de nos derniers troubles civils par les actes de clémence et de réconciliation que permettoient la dignité de la couronne et le sentiment national.

» Pourquoi fant-il que des craintes affoiblissent nos espérances de calme et de félicité? Nos lois ont trouvé partont une exécution facile, et nulle part la tranquillité publique n'a été essentiellement trouble. Cependant, une inquiétude vague, mais réelle, agite les esprits. Des factions qui ne dissimulent ni leurs projets ni leurs espérances, essaient de corrompre l'opinion. Ennemics de l'autorité légitime, elles voudroient nous entraîner dans la licence pour nous faire perdre la li berté. Ma, le peuple attaché à ses véritables intérêts, malgré les perfides sugestions dont on l'environne, n'est pas devenu l'instrument des factieux. Il n'aspire qu'à gofiter en paix les fruits du régime légal sous la sauve-garde du trône de Votre Majesté. Il demando le maintien de l'ordre, sans lequel tous les droits sont également compromis,

» Sire, le développement de nos institutions mettra bientôt toutes nos lois en harmonie avec la monarchie constitutionnelle. En assurant aux communes une administration fidèle et régulière, aux jugemens une exacte impartialité, à la liberté individuelle sa garantie, Votre Majesté aura glorieusement rempli une tâche difficile, et opposé de nouveaux remparts à la violence des passions.

» Nous attendons, Sire, avec respect les propositions des mesures qui occupent votre pensée. Nous les examinerons avec loyauté et franchise. Vos fidèles sujets les députés des départemens n'oublieront pas qu'il est de leur devoir de veiller à la défense de votre auguste dynastie et de nos droits publics, de donner à tous les intérêts garantis par Ja Charte cette profonde sécurité qui seule peut assurer le bon heur de V. M., la prospérité de la France, et fermer à jamais l'abime des révolutions ».

S. M. a répondu à peu près en ces termes:

« Je reçois avec satisfaction l'assurance du dévouement et de la » confiance de la chambre des députés. Jamais l'accord du trône et » de la nation ne fut plus nécessaire. J'y comptois, Garantir les in » térêts consacrés par la Charte, les affermir par leurs développe» mens contre la violence et l'astuce; tel est l'objet constant de mes » pensées et des vôtres. Vos lumières et votre fermeté m'aideront à » atteindre ce but auquel est attaché le bonheur de notre pays ».

LL. AA. RR. MONSIEUR, M. le duc d'Angoulême et Mr. le duc de Berry, sont parties, le 21, pour Compiègne, et ne doivent revenir que le 22 au soir.

-S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, vient d'envoyer une somme de 500 fr. à la paroisse d'Argus-Dessons, arrondissement de Saint-Gaudens, qui a été incendiée.

Le 19 au matin, les musiciens de la garde royale et de

MM. les gardes du corps ont exécuté des symphonies sous les fenêtres de S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, pour 'célébrer l'anniversaire de la naissance de cette Princesse. Après le déjeuner, MADAME a paru à sa fenêtre, et a été saluée par des acclamations unanimes de Vive le Rot! vive MADAME! vivent les Bourbons! Le même jour il y a eu grande réception à la cour, et grand diner de famille chez le Ro; S. A. S. Mme, la duchesse douairière d'Orléans y as sistoit. Il a plu à un journal d'annoncer que M. Pabbé Frayssinons et M. de la Mennais avoient été présentés ce jour-là à MADAME. Ces deux illustres ecclésiastiques n'ont point paru an château, et M. de la Mennais est en ce moment à cent lieues de Paris..

Une ordonnance du préfet de la Seine porte de 800 frå à 2400 fr. le traitement des aumôniers des prisonniers de l'Etat.

Le 16, à l'occasion du baptême de S. A. R. MADEMOI SELLE Louise-Marie-Thérèse d'Artois, les douze bureaux de bienfaisance de Rouen ont, sur l'invitation du maire de la ville, fait une distribution extraordinaire de secours aux indigens.

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Le 16, M. le ministre de la guerre a reçu les officiers de la garde royale actuellement en service auprès du Ror. Il leur a témoigné sa satisfaction, sur la conduite de leur corps, et leur a annoncé que la garde étant destinée à l'éclat et au soutien du trône, il avoit le dessein de la rapprocher de la capitale.

-Le la cour de cassation s'est occupée du pourvoi du 17, colonel Brice, commandant d'un corps franc en 1815, et condamné, en 1816, par deux arrêts de la cour d'assises de Nancy, aux travaux forcés à perpétuité et à la peine capi

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, pour avoir fait fusiller, sans forme de procès, un individu qualifié d'espion, et s'être emparé du cheval et des effets, d'un prétendu déserteur de l'armée de Waterloo. Le sieur Brice, après s'être constitué prisonnier, demande l'annullation de ces deux arrêts. M. Ödillon-Barrot, son défenseur,' s'est attaché à démontrer que l'autorité militaire étoit seule compétente dans cette affaire, et a conclu à l'annullation desi deux arrêts de condamnation. M. l'avocat général a pris les mêmes conclusions. La cour prononcera le 23.

- Le duc de Rovigo, condamné à la peine de mort par le

deuxième conseil de guerre, pour avoir pris part aux événemens qui ont amené le 20 mars, se présente pour purger sa contumace. Le 19, il s'est constitué prisonnier à l'Abbaye.

-L'Indépendant nous apprend que les destitutions qui ont eu lieu dans le personnel de l'armée, et qui s'étoient si fort multipliées depuis quelques mois, sont dues à M. le comite Gentil Saint-Alphonse, maréchal de camp et chef d'une des directions de la guerre.

-L'Echo de l'Ouest avoit accusé le conseil municipal de Rennes d'avoir fait acheter une maison de 50,000 fr. pour les Frères. L'Echo ne s'est trompé que d'un zéro; la vérité est que le conseil a voté 5000 fr. pour l'acquisition de la maison des Frères; les dix autres mille francs qu'a coûté la portion de maison acquise, sont dus à des charités particulières.

Plusieurs exemplaires du Journal du Calvados ont été saisis, comme attentatoires à l'autorité constitutionnelle du Roi, et injurieux à la majesté royale.

-M. le général Partouneaux, destitué il y a peu de temps, vient d'être rappelé au commandement de la 10. division militaire.

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Un abonné nous écrit d'Alsace que des libéraux circulent en ce moment dans le département du Haut-Rhin, colportant des pétitions; ils vont de paroisse en paroisse, quêtant partout des signatures, et sollicitant les hommes de toutes classes, et même les enfans. Ils emploient pour cela le mensonge et l'artifice, et ont souvent peu de peine à en imposer à des hommes simples qu'ils effraient par les bruits les plus ridicules. L'abonné voudroit qu'on avertit le gouvernement de ces manoeuvres. Hélas! il ignore que les libéraux en font autant à Paris, et qu'ils le font avec une publicité qui indique autant d'audace d'un côté, que de mollesse de l'autre.

Un misérable, qui avoit, par esprit de vengeance, placé des charbons ardens sous un toit de chaume, a été condamné à mort par la cour d'assises de Metz, quoiqu'il n'ait résulté aucun malheur de ses tentatives criminelles.

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On à arrêté à Grasse un déserteur qui vouloit se faire passer pour Jérôme Buonaparte.

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L'empereur d'Autriche vient de souscrire pour une somme de 2000 fr. à l'erection du monument de M. de Maleslierbes.

CHAMBRE DES DÉPUTÉs.

Le 17, la chambre s'est réunie en comité secret. M. Siméon donne lecture d'un projet d'adresse qui a été adopté par la commission, à une majorité de 6 voix contre 4, et qui est rédigé dans les mêmes principes que celui de M. Bourdeau. M. Courvoisier propose un amendement en faveur de l'inviolabilité de la Charte de la loi des élections. Cet amendement est appuyé par MM. Fradin, de Chauvelin, Demarçay et Foy. M. de Saint-Aulaire le combat, et demande la question préalable, qui est mise aux voix, et adoptée à une grande majorité. Le côté gauche soutient que les épreuves qu'on vient de faire sont douteuses, et réclame l'appel nominal, qui n'est point accordé, le bureau étant unanime. M. le président sou met au scrutin le projet d'adresse lu par M. Siméon. Il y a 227 votans. Il y en a eu 136 pour l'adresse, et gi contre; parmi ces derniers étoient MM. Beugnot, Courvoisier, Royer Collard et Louis.

Le 20, après avoir donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, M. Cassaignolles, l'un des secrétaires, lit les noms d'une foule de pétitionnaires dont la commission des pétitions est chargée d'exami ner les demandes. M. le président donne aussi lecture de l'ordonnance royale qui nomme M. Chabaud-Latour questeur de la chambre des députés. M. le ministre des finances donne connoissance de plusieurs mesures provisoires qui sont le but du premier projet de loi que S. M. l'a chargé de soumettre aux délibérations de la chambre; ce premier projet de loi est relatif à la perception des six douzièmes des contributions directes de 1820, et la perception provisoire des impositions indirectes. M. le ministre des finances annonce que S. M. lui a donné l'ordre de présenter les comptes propres à l'exercice de 1818, et ceux qui se rattachent au reliquat des budgets de 1814, 1815, 1816 et 1817, définitivement fixés, mais non consommés. Il entre dans quelques détails sur ces comptes, et, après avoir parlé des sacrifices supportés par la nation, il demande si, après avoir tant fait pour être en paix avec l'Europe, nous en ferons moins pour être en paix avec nous-mêmes. M. le baron Capelle donne lecture de deux autres projets de loi. Le premier est relatif au supplément de crédit des administrations financières; le second concerne le réglement des comptes. La chambre renvoie ces projets de loi à l'examen des bureaux.

Affaire de la Société des Amis de la liberté de la presse. Le 18, le tribunal de police correctionnelle reprend la suite de cettė affaire. Tous les députés du côté gauche, cités à la requête des prévenus, sont présens, excepté MM. de Grammont et de Chauvelin, qui

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