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tent d'avoir répété cette ridicule accusation, il ajouteimmédiatement cette plate réflexion: Croirons – nous que ce fut pour la plus grande gloire de Dieu, et pour le bien de l'humanité? It est difficile d'imaginer une plaisanterie plus déplacée, et le choix en est encore bien plus malheureux, quand elle se trouve liée à une fable absurde. Le détracteur de Philippe II ne ménage pas beaucoup plus notre Louis XIV, et voici comment cet homme, à qui la France accorde un asile, traite Païeul de son roi et du nôtre : Louis XIV fut pendant les vingt dernières années de sa vie l'un des hommes les plus fanatiques parmi les faux dévots: Celle grossière insulte n'atteindra pas heureusement la mémoire d'un grand Roi, et ne fera tort qu'à l'écrivain mal élevé, qui paroît chercher des modèles de style comme de principes, dans les pamphlets des jacobins.

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De la satyre d'un roi à l'éloge d'un révolutionnaire, il n'y a qu'un pas. Celui qui trouve que Louis XIV étoit un des hommes les plus fanatiques, appelle M. Grégoire un des hommes les plus catholiques, et les plus savans de la France; cela est dans l'ordre. Un prêtre elubiste, un évêque schismatique, celui qui a condamné Louis XVI, qui a tant déclamé contre les rois, et qui a écrit contre l'inquisition, avoit bien des droits à être placé dans les dyptiques de D. Llorente. Aussi ce réfugié ne parle-t-il de M. G. qu'avec un respect qui contraste avec le ton hautain et méprisant dont il se sert, lorsqu'il est question des papes et des rois. Il l'appelle Mgr. Grégoire, Mgr l'évêque de Blois ; il veut nous faire admirer son zèle et son courage pour soutenir la religion sous Robespierre, et pour porter les secours spirituels aux victimes de la révolution; toutes choses dont personne ne se doutoit en France. Cette vénération de D, Llorente pour M. G., s'étend à tous les hommes de parti. Les jausénistes, les constitution> nels ont droit à son intérêt et à ses éloges. Il admire

la conduite irréprochable des premiers; il lone dans l'abbé Clément, qui fit en 1768 le voyage d'Espagne, et qui est mort depuis évêque constitutionnel de Seine et Oise, le zèle de ce théologien pour la pureté de la doctrine sur tous les points de discipline, plus ou moins liés avec le dogme. Il approuve les sentimens et la conduite d'Antoine Tabira, évêque de Salamanque, mort il y a quelques années, qui correspondoit avec les contitutionnels de France, et qui joua un rôle dans les tentatives faites pour amener la discorde entre le saint Siége et l'église d'Espagne. D. Llorente, qui rapporte ces tentatives, paroît regreter vivement qu'elles n'aient pas eu de succès, et montre en général, dans tout son livre, une antipathie décidée pour Rome et pour l'autorité pontificale, objet de la haine communė de tous les sectaires.

Tel est donc l'esprit qui anime l'auteur de l'Histoire critique. Il est plein d'égards pour les philosophes, il vante leurs lumières, il imite leur langage, et reproduit leurs déclamations sur ce qui touche de plus près à la religion. Il se livre à des plaintes rebattues contre ce qu'il appelle l'ignorance et la superstition; il acea ble de son mépris les prêtres, les religieux et les hom mes les plus zélés pour la foi, peint Rome sous des couleurs odieuses, et s'élève avec amertume; contre les pratique chères à la piété, et contre tout ce qui sert à F'entretenir. Quelle impartialité peut-on attendre d'un homme qui écrit dans de telles dispositions? Quel fonds peut-on faire sur ses récits? Ce que nous avons cité de lui, n'inspire-t-il pas des préventions légitimes sur ses vues, ses principes et ses jugemens? C'est ce dont nous n'aurous que trop d'occasions de nous convaincre dans l'examen que nous espérons pouvoir faire de l'objet de son ouvrage.

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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS, L'assemblée de charité pour les Soeurs de

Saint-André a eu lieu à Notre-Dame, à l'issue des vêpres du chapitre. M. l'abbé Fayet a prêché sur la nécessité de l'enseignement de la religion; il a nontré, dans son premier point, que la sagesse humaine n'offre pas de motifs assez efficaces pour inspirer les vertus nécessaires à la prospérité publique; et dans le second, que les institutions humaines n'avoient pas non plus de moyens assez puissans pour réprimer les vices qui désolent la société. L'orateur a rempli ce cadre d'une manière aussi brillante que nerveuse, et la conséquence naturelle de son discours a été l'éloge d'une institution formée par la religion, et consacrée à la répandre dans les classes les plus dépourvues de secours. Après le sermon, M. de Coucy, archevêque de Reims, a donné la bénédiction du saint Sacrement. Mme, la duchesse de Bourbon assistoit à cette assemblée, ainsi que beaucoup de personnes de distinction.

Le lundi 20, un Turc, ancien militaire dans nos armées, a été baptisé par M. le curé des Missions- Etrangères, dans son église ; il étoit employé chez des ouvriers qui lui ont inspiré le désir de se faire chrétien, et qui ont commencé à l'instruire. Il a été tenu sur les fonts de baptême par M. le comte de Senft-Pilsach, ancien ministre du roi de Saxe en France, qui lui – même renonça au profestantisme il y a un an: c'est lui dont Hous annonçâmes la conversion sans le nommer. Ce seigneur soutient cette démarche par les pratiques d'une haute piété, et par son zèle pour toute sorte de bonnes oeuvres; et il a lui-même contribué à ramener dans le sein de l'Eglise quelques-uns de nos frères égarés. Mne, la comtesse de Senft-Pilsach, sa femine, et Mile, sa fille, ont aussi abjuré le lutheranisme, et donnent les mêmes exemples d'édification.

M. l'évêque de Valence, en se rendant dans son diocèse, a passé par Tournon, sa ville natale, et y a été reçu comme il auroit pu l'être par son propre troupeau. Le clergé, les autorités et les habitans s'é

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toient empressés pour lui faire honneur. M. de la Tonrette a reçu avec bouté ces témoignages de respect. Ce prélat administroit précédemment le département de l'Ardèche, comme grand vicaire de M. l'évêque de Mende, et sa réputation de douceur et de sagesse l'a déjà précédé dans son diocèse, qui n'est séparé de l'Ardèche que par le Rhône. Il doit être actuellement rendu dans sa ville épiscopale.

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Le respect et l'amour pour la religion ne sont pas encore éteints dans tous les coeurs. M. le curé d'Abbans-Dessous (Jura), ayant annoncé à ses paroissiens une quête pour remplacer les vases sacrés de son église, qui avoient été perdus pendaut la révolution les habitans se sont empressés d'apporter chacun leur offrande, et des pauvres mêmes ont voulu contribuer de quelques centimes à l'acquisition des vases sacrés. L'ardeur de ces bonnes gens a été telle, que leurs dons ont procuré les moyens d'avoir un calice et un ciboire d'argent; ce qui est d'autant plus remarquable, que celte paroisse n'est composée que de quarante-sept ménages, dont dix vivent d'aumônes, et dont très-peu sont au-dessus de la médiocrité.

-Un des prétextes que les feuilles libérales faisoient valoir contre les missions, étoit que ces exercices extraordinaires portoient atteintes aux droits des pasteurs; on affectoit un grand zèle pour le ministère des évêques et des curés, et on supposoit qu'ils avoient à se plaindre de la conduite et des entreprises des missionnaires. Les évêques et les curés ont répondu suffisamment à ce reproche en invoquant eux-mêmes le secours des missionnaires, et en exhortant les peuples à recevoir et à entendre ces ouvriers apostoliques. Dèslors cet intérêt si vif des libéraux pour les pasteurs ordinaires s'est fort affoibli, et dans les derniers troubles de Brest, les factieux ne se sont pas contentés d'insulter les missionnaires; ils ont enveloppé dans leurs insolentes clameurs le prélat qui protégeoit ces hommes

respectables, et ont demandé le prompt départ de M. l'évêque de Quimper comme de ceux qu'il avoit chargés de prêcher et d'instruire dans son diocèse. Voilà la mesure du tendre intérêt que les eunemis des missions prennent aux évêques et aux curés.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Depuis plusieurs années des dames, mues par une charité aussi active qu'ingénieuse, se sont réunies pour procurer du travail à des ouvriers, et l'on vient de réunir, à l'approche du premier de l'an, ces nouveaux produits de l'industrie, auxquels beaucoup de dames avoient joint leurs propres ouvrages. LL. AA. RR. MADAME et Mme. la duchesse de Berry avoient voulu s'associer à cette bonné œuvre, et avoient aussi envoyé différens ouvrages de leurs mains. De tout cela se composoit un assortiment assez considérable de broderies, de fleurs, de tapis, et d'autres objets de luxe ou d'utilité, dont la vente s'est faite, le lundi 27 et le jeudi 30, chez Mme. la marquise de la Tour-du-Pin, hôtel de Viomé nil, rue de Varennes. Ce que les Princesses avoient envoyé a été vendu fort cher, et le prix de quelques autres objets s'est élevé assez haut. Si ces marchandes d'une espèce nouvelle ont quelquefois un peu surfait, elles le pouvoient en conscience; les pauvres ne s'en plaindront pas. Les produits de cette vente sont destinés à faire exécuter de nouveaux ouvrages, et à fournir du travail à un plus grand nombre de personnes. Les deux angustes Princesses ont encouragé la réunion et la vente par leu présence.

M. de Talleyrand-Périgord, ancien préfet du Loiret, est appelé à la préfecture de la Corse.

Le 28, la chambre des députés a nommé une commission pour examiner les deux projets de loi relatifs à la clôture des comptes de 1817 et 1818. A la prochaine séance, M. d'Argenson fera un rapport sur plusieurs pétitions.

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M. Pissin, d'Aix, élève de M. l'abbé Sicard, va établir à Lyon une maison d'instruction pour les sourds-muets; il a été présenté dernièrement au Roi, qui a encouragé son projet.

Le 29, le tribunal correctionnel a condamné à un mois

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