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respect qu'ils ont pour les apôtres chargés de l'annoncer et qui l'annoncent avec tant de fruit, le concours pnissant des magistrats qui partout, mais particulièrement dans la ville épiscopale, donnent de si grands exemples d'attachement à la religion, tout fortifie notre foiblesse, tout soutient et ranime notre confiance ». IL paroît que dans ce passage, M. l'évêque de Valence a fait allusion à la mission donnée, l'année dernière, à Valence, et qui y a laissé de profonds souvenirs. Le prélat adresse ensuite des conseils à ses ouailles sur l'attachement à l'Eglise, sur les devoirs du chrétien, surt l'observance des fêtes, sur la sanctification des mariages, sur l'éducation des enfans, et finit pár demander les prières des prêtres et des fidèles pour que Dieu bénisse son administration. Cette Lettre toute paternelle est. suivie de la déclaration des évêques, du 13 septembre.

Orange n'avoit pas eu de mission depuis 1776, que M. du Tillet, son évêque, lui procura cet exercice salutaire; elle vient d'en jouir de nouveau, par les soins de M. Millet, curé de la ville. Lé 28 octobre dernier, six prêtres des missions de France y arriverent; ils ouvrirent la mission, le dimanche 31, par une procession générale. Une procession nombreuse eut lien, et la mission fut annoncée par un discours propre à émouvoir les esprits. Les exercices se sont faits dans l'ancienne cathédrale et dans l'église du college; on avoit décidé d'abord qu'elles ne s'ouvriroient qu'à cinq heures du matin; mais on fut bientôt obligé de changer cet ordre en faveur des habitans de la campagne, qui assiégeoient les portes de quatre heures. Les exercices étoient composés de la glose, de la prière et de l'instruction; la foule s'y portoit, et des hommes jusque-là indifférens étoient entraînés comme malgré eux autour de la chaire de vérité. Le 6 novembre, un missionnaire se chargea d'une exhortation aux prisonniers, auxquels M. le curé fit ensuite une distribution de secours, produit d'une quête spéciale. Le 12, eut lieu l'amende ho

norable, et le 23, le renouvellement des promesses du baptême. Les missionnaires et le clergé ne pouvoient déjà plus suffire à l'affluence des fidèles autour du tribunal de la péuitence; plusieurs curés et prêtres voi sins voulurent bien venir partager le fardeau. L'assiduité aux exercices, le respect dans les églises, la ferveur dans la prière, font annonçoit des coeurs pénétrés. Le 5 décembre fut désigné pour la communion générale des hommes; on y vit réunis environ deux mille d'entr'eux, parmi lesquels étoient des militaires, des hommes en place qui donnoient l'exemple de l'édi fication. La cominunion générale des femmes, le dernier dimanche de la mission, présenta le même ordre et la même ferveur. Le 6 décembre, on célébra la consécration à la sainte Vierge, et le lendemain, la même cérémonie eut lieu pour les enfans, auxquels un missionnaire adressa un discours proportionné à leur age; ce fut pour eux un jour de fête. La plantation de la croix se fit le 9, et la procession au cimetière le lendemain. Le dimanche les missionnaires annoncèrent la clôture de la mission, et le Te Deum fut chanté avec de vives effusions de joie de la part d'un peuple touché du zèle et de la charité des missionnaires, et raffermi ou ramené par eux dans les sentiers de la religion et de la vertu. On se proposoit de les suivre à leur départ, et de leur témoigner la reconnoissance publique; mais ils partivent le soir même, à l'improviste, et se dérobérent ainsi aux démonstrations et aux préparatifs des habitans d'Orange, qui n'oublieront jamais tout co qu'ils doivent à ces anges de paix.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le 30 décembre, les corps d'officiers de la garde natio nale, de la garde royale et des autres troupes formant la garnison de Paris, ont eu l'honneur de présenter leurs hommages. au Roi, à l'occasion de la nouvelle année. Ils se sont ensuite

présentés successivement chez les Princes et Princesses de la famille royale et du sang.

Le 1. janvier, les Princes et Princesses de la famille royale sont venus, dès le matin, présenter au Roi leurs hommages à l'occasion de la nouvelle année, et ont déjeuné avec S. M. Après la messe, le Roi a reçu le corps municipal de la ville de Paris, à la tête duquel étoient le préfet de la Seine et le préfet de police, et successivement les maréchaux de France, les grands-officiers de la couronne et le corps diplomatique. Le soir, il y a eu grand couvert à la cour, pendant lequel la musique de la chapelle du Roi a exécuté différentes symphonies.

S. A. R. MONSIEUR, en recevant les félicitations de MM. les pairs de France, leur a répondu qu'il connoissoit leurs sentimens, et que la preuve qu'ils en avoient donnés, dans la séance du 28 décembre dernier, avoit retenti jusqu'au fond de son cœur. Puis s'adressant à M. le maréchal prince d'Eckmülh, il lui a témoigné une satisfaction particulière de sa conduite franche et loyale dans cette occasion.

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-Le 1er janvier, S. A. S. Madame la duchesse d'Orléans, est accouchée à dix heures du soir, d'un prince qui doit porter le nom de duc de Penthièvre, et les noms de baptême de Charles-Ferdinand-Louis-Philippe-Emmanuel. Sa naissance a été constatée avec les formalités d'usage.

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On a mis à découvert, dans la chapelle Saint-Jean å Notre-Dame, le monument élevé à la mémoire de M. le cardinal de Belloy.

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M. Latour-Foissac, qui étoit tout récemment directeur de l'école de Saumur, remplace M. le général Gentil-SaintAlphonse, à la direction du personnel du ministère de la guerre. M. Lenoir-Laroche, maréchal de camp en retraite, est nommé chef du bureau du personnel du ministère de la guerre, en remplacement de M. Beaudon.

-Le Censeur du 10 décembre, ayant parlé de la garnison de Brest, de manière à faire suspecter son honneur et sa fidélité, le Courrier de Brest annonce que la garnison de cette ville a repoussé cette calomnie avec indignation, et est prête à prouver son dévouement au Roi et à son auguste famille, quand l'occasion s'en présentera.

-M. de la Fayette déclare, dans une lettre insérée dans.

quelques feuilles libérales, qu'il ne veut pas être confondu avec les émigrés. Il peut être tranquille à cet égard.

Le 23 du mois dernier, le tribunal de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), a condamné par défaut le sieur Ducasse, éditeur responsable du Drapeau blanc, contre lequel M. Du ran avoit rendu plainte en calomnie, à deux mois de prison, 300 francs d'amende, et 1,000 francs de dommages-intérêts envers la partie civile. Le jugement sera en outre tiré à 500 exemplaires, et affiché dans toutes les communes du départe

ment.

Depuis quelque temps on n'entend parler que de malheurs causés par les crues extraordinaires des rivières, dont un grand nombre sont débordées, et ont fait de grands ravages. Plusieurs villes en souffrent beaucoup. Strabourg est comme une île; à Charleroi, la ville basse a été inondée à la hauteur de cinq pieds, et plusieurs familles ont été obligées de se réfugier vers le haut de leur maison, où elles se sont trouvées sans vivres. Les villes de Hollande surtout étoient dans les alarmes, et les eaux s'y élevoient d'une inanière effrayante. Le roi des Pays-Bas a ordonné que les curés catholi ques romains, qui jouissent maintenant de biens revendiqués par le domaine, continueroient à en jouir, et que jusqu'à ce que l'on ait statué sur les traitemens desdits curés, on ne donneroit aucune exécution aux lois ou ordonnances antérieures, qui portent que ces biens seront successivement réunis au domaine.

Le 24 décembre, la seconde chambre du royaume des Pays-Bas, a tenu une séance remarquable, qui s'est prolongée fort avant dans la nuit, et à laquelle assistoit le prince d'Orange. Le ministère a proposé un budget décennal, qui a été rejeté après une grave discussion; sur six projets de loi, un seul a été adopté.

Les journaux anglois publient le jugement rendu contre John Stokoë, chirurgien d'un vaisseau anglois, en rade à l'île Sainte-Hélène, et renvoyé du service de S. M. Britannique, pour avoir entretenu avec Buonaparte une correspondance étrangère à son service.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 30 décembre, l'un des secrétaires donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. M. B. Constant se plaint de l'inexactitude de la rédaction, et trouve que les discours de plusieurs orateurs, et surtout

ceux des ministres, y sont rapportés très-scrupuleusement, tandis que la réponse faite par M. Chauvelin n'y est nullement analysée. Il invite les rédacteurs des procès-verbaux à être à la fois plus courts et plus exacts. Plusieurs membres de la gauche l'appuient. Il ne s'élève pas d'autre réclamation, et la rédaction est approuvée. M. le président lit une lettre de M. Corbière, qui annonce qu'ayaat reçu des nouvelles inquietantes de la santé d'un de ses enfans, il est obligé de se rendre de suite dans sa famille. Ce cas étant prévu par le réglement, le congé est accordé. M. le président lit aussi une lettre de M. le grand maître des cérémonies de France, relative à la députation au Roi pour le 1er de l'an. On tire au sort les vingt membres de cette députation. On procède ensuite au renouvellement des bureaux. M. Voyer-d'Argensen fait un rapport sur plusieurs pétitions, lesquelles sont presque toutes écartées par l'ordre du jour, ou renvoyées sans discussion aux divers ministres qu'elles concernent. Un mémoire, au nom des courriers et postulans des postes, destitués en 1815, pour demander leur réintégration ou la fixation de leurs pensions, a excité quelques discussions; mais l'ordre du jour est mis aux voix et adopté à une grande majorité. MM. Lambrechts, Méchin, Demarçay et B. Constant se sont levés seuls à la contre-épreuve. On passe à une autre pétition du sieur Marie Duplan, officier de la Légion d'honneur, qui réclame contre la réduction exercée sur son traitement de légionnaire. La commission, pensant que le gouvernement sentiroit la nécessité de présénter, pendant cette session, un projet de loi à ce sujet, propose le renvoi de la pétition au ministre de l'intérieur et à la commission future du budget. M. le général Foy prend la parole; il vante les services militaires du sieur Duplan. Il fait ensuite un éloge pompeux de l'ordre de la Légion d'honneur, dont le but spécial étoit, selon lui, le raffermissement des intérêts de la révolution. On se récrie à droite; il continue sur le même ton : en parlant des ordres de Saint-Michel, du Saint-Esprit et de Saint-Louis, il traite d'impopulaires les princes qui eu sont les fondateurs, et nomme Louis XI, Henri III et Louis XIV. Il est vivement interrompu par le côté droit, dont plusieurs membres demandent que l'orateur soit rappelé à l'ordre. MM. de Castelbajac et de Vivèle s'écrient qu'ils ne reconnoissent que Napoléon d'impopulaire. Le général Foy poursuit an milieu des murmures toujours croissans, et se plaint de ce que la décoration de la Legion d'honneur fut prodiguée, en 1815, à des services obscurs on chimériques, et de ce que le Traitement des légionnaires a été réduit de moitié. Il se plaint encore de ce que dans la forme de réception des militaires, on a remplacé le serment de haine à la féodalité par une formule vague, qui a l'inconvénient de mêler d'impures idées de police au culte de l'honneur. Le côté gauche l'applaudit avec transport. M. le général Foy fait encore plusieurs réflexions ou sorties du même genre, et conclut à ce que non-seulement la pétition du sieur Duplan, mais encore toutes les autres semblables, soient remises sous les yeux des ministres, pour être prises par cux en sérieuse et grave considération. M. le président lui rappelle que le réglement sy oppose. Les conclusions de la commission sont adoptées à une forte majorité, et la séance est levée sans ajournement fixe.

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