Page images
PDF
EPUB

(Samedi 8 janvier 1820.)

(No. 565.)

[graphic]

Sermons, Panégyriques et Discours sur divers sujets de religion et de morale; par Feller. Nouvelle édition (1) 9 foto do togog

[ocr errors]

Feller est moins connu comme prédicateur que comme critique et comme auteur de recueils et d'écrits sur les disputes qui s'élevèrent de son temps; cependant il paroît qu'avant de se livrer aux travaux qui l'ont spécialement fait connoître, il avoit suivi quel que temps la carrière de la prédication. On dit dans la Notice imprimée à la tête du Supplément de son Dictionnaire historique, qu'après s'être engagé, en 1771, par les quatre voeux en usage dans sa société, ses supérieurs l'employèrent dans le ministère de la chaire: « C'est-là, ajoute l'éditeur, que sa belle mémoire, chargée des richesses que ses longues études lui avoient acquises, le servit merveilleusement; s'il n'improvisoit pas ses sermons, du moins il n'avoit pas besoin d'une longue préparation: on assure qu'il lui suffisoit de dresser son plan d'une manière sommaire, l'avant-veille du jour où il devoit prêcher, d'employer le lendemain quelques heures à le médi ter, et que le troisième jour il prouonçoit son discours avec une facilité d'élocution qu'on auroit cru être le produit d'un long travail ». L'éditeur des Ser mons semble confirmer ces détails : « Feiler, dit-il,

(1) 2 vol. in-8°.; prix, 10 fr., et 12 fr. 50 cent. franc de port. A Lyon, chez Guyot, et à Paris, chez Ad. LE CLERE, au bureau de ce journal.

Tome XXII. L'Ami de la Religion et du Roi. R

ne levoit presque jamais la main du papier sans avoir achevé le discours dont il avoit le dessein prémédité sous les yeux, et qui s'exécutoit dans l'espace de quelques heures, par un seul et même effort d'imagination »>.

Si Feller composoit en effet avec cette promptitude, ce seroit la preuve d'un talent extraordinaire et d'une extrême présomption; peut-être n'étoit-ce pas-là le moyen de rendre ses Discours pleius et nourris; mais nous ne sommes pas entièrement persuadés qu'il travaillât d'une manière aussi expéditive; on peut conjecturer pourtant qu'il ne passoit pas un temps bien long à méditer ses Sermons, à en rem plir le cadre, et à en soigner le style. Presque tous ses Discours sont fort courts, et n'excèdent pas la longueur ordinaire d'un prône. Les divisions sont rapidement tracées, et souvent elles seroient susceptibles de plus de développement. Cette brièveté est d'autant plus remarquable que ce n'est pas là le caractère accoutumé des écrits de Feller. Dans ses ouvrages de critique et de controverse il paroîtroit plutôt approcher de la prolixité; ici, au contraire, il est serré, et ue dit que le strict nécessaire, soit que ces Sermons ne fussent que des canevas qu'il étendoit ensuite lorsqu'il étoit en chaire, soit que cette brieveté lui fut commandée par les usages des lieux où il prêchoit.

Quoi qu'il en soit, ces Discours ne sont pas iudignes d'attention et d'estime. Les divisions en sont bounes, les réflexions solides et pienses, les raisonnemens suivis ; le style en paroît même moins imparfait que celui des autres ouvrages de l'auteur. Il n'y a peut-être pas de grands mouvemens; Feller s'y

adresse moins au cœur qu'à l'esprit; mais celui-ci est satisfait de la clarté, de la méthode, de la justesse des idées.

Ces Sermons parurent, pour la première fois, à Luxembourg, en 1777, sous le titre de Discours sur divers sujets de religion et de morale; 2 vol. in-12; titre qu'on a légèrement changé dans l'édition actuelle. Elle comprend environ trente-six Discours, dont vingt-quatre sous le titre de Sermons, ciuq Panégyriques, et six Homélies. Les Sermons paroissent avoir été faits pour les dimanches de l'Avent du Carême. Les Panégyriques sont ceux de saint Augustin, de saint Donat, de saint Ignace, de saint FrançoisXavier, et de saint François de Borgia. Les Homélies ont rapport à différentes circonstances de la passion. Parmi ces Discours, il y en a qu'on lira avec plus d'intérêt; nous avons remarqué entr'autres celui pour le vendredi-saint, sur les souffrances et la mort de Jésus-Christ. Il est plus développé que les autres, et est aussi édifiant que solide.

Nous ne savons par quelle bizarrerie on trouve en tête de chaque Discours, et avant le texte tiré de T'Ecriture, un vers ou une pensée tirés de quelque poète ou auteur païen; comme si Feller avoit craint que les paroles de l'Ecriture sainte ne suffisent pas pour motiver ou confirmer ce qu'il avoit à dire. L'éditeur auroit pu sans scrupule retrancher cet étalage déplacé d'érudition profane.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le 6, jour de la fête de l'Epiphanie, il y a eu messe en musique dans la chapelle du château. Le

Roi y a assisté, ainsi que les Princes et Princesses de son anguste famille, et Mgr. le cardinal archevêque de Paris. Après la messe, le Roi s'est placé sur son trône pour recevoir Mgr. Macchi, nonce de N. S. P. le Pape. Mgr. le nonce a été introduit avec le cérémonial usité; il a été reçu au pied du grand escalier par M. le duc d'Havre, capitaine des gardes du corps, qui l'a conduit au pied du trône de S. M. L'audience a duré environ un quart-d'heure. Trois voitures de la cour, attelées de huit chevaux, sont allées chercher et ont reconduit S. Exc., et la garde montante du château lui a rendu les honneurs militaires. Le soir, S. Exc. a dîné au château avec M. le cardinal de la Luzerne, M. le coadjuteur de Paris et le corps diplomatique; c'étoit M. le due d'Escars qui faisoit les honneurs du

repas.

La fête de sainte Geneviève a été célébrée avco beaucoup de pompe, à Saint-Etienne-du-Mont. Le lundi 3, M. l'abbé Desjardins, graud vicaire et archidiacre de Sainte-Geneviève, a officié; M. l'abbé Richard, chanoine de Notre-Dame, a prêché le soir. Les jours suivans, différentes paroisses de Paris sont allées faire l'office dans l'église, qui est tendue de tapisseries, et visitée par un peuple nombreux. Les habitaus des campagnes environnantes montrent surtout beaucoup d'empressement pour aller prier sur le tombeau de la sainte,

Le mardi 4, M. l'abbé Borderie, vicaire général et prédicateur ordinaire du Ror, a prêché dans l'église de Saint-Vincent-de-Paul, pour l'installation d'une école sous la direction des Frères, dans le faubourg Poissonnière. Le sujet de son discours étoit la nécessité de s'instruire de la religion. L'orateur a réfuté les prétextes dont trop de gens se servent pour excuser leur négligence à cet égard. Son discours a été également remarquable par des traits ingénieux et des pensées solides.

-Le jour de l'Epiphanie; M. l'abbé Rauzan a prê

ché aux Missions-Etrangères sur l'objet de la fête. Il a célébré le zèle des missionnaires qui vont aller au-delà des mers porter la connoissance du vrai Dieu, et il a montré le modèle des vertus qui doivent les animer, dans le zèle prompt et généreux des Mages, qui quittèrent tout pour adorer le Sauveur au moment où il venoit d'entrer dans le monde. Le sermon a été suivi des vêpres et du salut.

- Dimanche prochain, M. de Croy sera sacré évêque de Strasbourg, dans l'église de Saint-Sulpice; c'est M. de Coucy, archevêque élu de Reims, qui sera le consécrateur.

-Le Courrier a essayé de justifier l'arrêté de l'adjoint du maire de Croy; il dit que l'autorité civile a droit de prévenir les troubles, et que tel est l'esprit et la lettre de l'article jer, du Concordat de 1801. Or, que porte cet article : La religion catholique sera librement exercée en France; son culte sera public, en se conformant aux réglemens de police que le gouvernement jugera nécessaires pour la tranquillité publique. Voilà deux choses bien formellement exprimées, que la religion doit être forement exercée, et que son culte doit être public. Or, la religion sera-t-elle librement exercie, s'il dépend d'un adjoint d'en troubler l'exercice? Son culte sera-t-il public, si chaque autorité subalterne peut le reufermer dans l'église? L'article parle à la vérité de réglemens de police; mais ces réglemens doivent protéger, et non pas entraver. Si l'adjoint de Croy crai gnoit des troubles, il devoit prendre des moyens de l'empêcher par les moyens qui sont en son pouvoir. Sa présence, l'exemple du respect, une proclamation qu'il auroit faite, la force armée qu'il auroit appelée au be soin, auroient suffi pour maintenir le caluie. Qui cherche d'ailleurs à exciter du trouble, si ce n'est ceux qui déclament journellement contre les missions? Vous insérez sans cesse des articles contre les missionnaires; yous dites qu'aucun homme éclairé n'en veul; vous

« PreviousContinue »