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les évêques, parloit des chanoincs et des religieux d'an ton léger et même dédaigneux, et exaltoit bien haut les prérogatives des curés. Tout dans cet ouvrage, les idées, les projets, le style, annonçoit un jeune homme, et l'auteur même le disoit formellement. Il eut le malheur de plaire aux cnemis du clergé, qui sourioient sans doute de voir un prêtre se prêter si complaisamment à leurs vnes antisacerdotales. Le gazetier des jansénistes consacra deux de ses feuilles, en 1790, à louer. et å reproduire les sorties un peu vives de l'Essai contre les évêques, et les vues un peu superficielles de l'auteur. Le même journaliste prit chaudement le parti de l'abbé Laurent contre la critique que M. l'abbé Barruel avoit faite de son livre. Cette critique, qui se trouve dans. Je Journal ecclésiastique, juillet 1789, est pourtant fort modérée; elle est sous la forme de lettre, et signée A. B. L'estimable auteur a plutôt Fair d'y adresser des cons seils que des reproches au vicaire de campagne. Il est à croire qué celui-ci en fut touché, il adressa à M. Bar›wel, le 25 août 1790, une lettre qui se trouve dans le Journal ecclésiastique du mois d'octobre suivant, et qui est signée de sou nom véritable. Il dit que ses propres réflexions, et les reproches de quelques amis l'avoient éclairé sur les défauts de son ouvrage, et il témoigne du regret de voir qu'il n'a eu pour approbateurs que les ennemis de la religion et les détracteurs de ses ministres. Il avoue qu'il vouloit faire sensation, et il reconnoît ses torts avec une rare franchise ; il se reproche surtout d'avoir déclamé contre les évêques, et supplie qu'on ne le comprenne pas dans le nombre des détracteurs de l'épiscopat et des prêtres impatiens du joug. Toute cette lettre, qui, dans le Journal, a 26 pages, est très bien faite, et annonce autant d'esprit que de candeur. L'abbé-Laurent déclare qu'il a renoncé depuis long temps à publier la seconde partie de son Essai qu'il avoit aunoncée, et il laisse même entrevoir le désir de s'expliquer sur les décrets que l'assemblée venoit de

rendre touchant les matières ecclésiastiques. Il paroit en effet qu'il à composé quelques écrits contre la coustitution civile du clergé, nous ne saurions en assigner les titres, quelques recherches que nous ayons faites à cet égard; mais nous avons cru devoir ces nouveaux renseignemens à la mémoire d'un prêtre dont la conduite en cette circonstance fut aussi frauche qu'honorable.

NOUVELLES POLITIQUES,

PARIS. Leg, le Roi, après avoir entendu la messe dans la chapelle du château, s'est rendu dans la salle du trône, où S. M. a reçu le serment de fidélité de M. le maréchal Soult, due de Dalmatie, et lui a remis le bâton de maréchal de France.

—S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, a fait remettre à plusieurs curés de la capitale des secours pour les panvres de leurs paroisses.

Le 11, la cour a pris le deuil pour quatre jours, à l'occasion de la mort du prince héréditaire de MeklembourgSchwerin.

Uns secours de 2000 francs a été accordé, par décision du ministre de l'intérieur, du 30 novembre dernier, aux malheureux habitans de Condat et de Chaussidoux (Puy-deDôme), qui ont été incendies le 5 octobre et le 4 novembre 1819.

Il n'y a pas eu de séance des chambres tous ces jours-ci, et cette session commence absolument comme celle de l'année dernière. On s'étonne de cette oisiveté, et on demande pourquoi les ministres ne font pas paroître les projets de loi qu'ils avoient annoncés. Le discours du trône faisoit espérer plus d'activité. S. M. avoit déclaré son intention de proposer des modifications à la loi des élections. Il y a six semaines que ce discours a été prononcé, et on n'y donne aucune suite. Pendant ce temps, les partis s'agitent, les esprit s'échauffent, on colporte des pétitions; on laisse le temps à l'opposition de dresser des batteries. C'est absolument la même marche qu'on a suivie lors du Concordat. Buonaparte, il faut l'avouer, n'en agissoit pas ainsi; quand il vouloit proposer une loi, il n'avertissoit pas long-temps d'avance de son projet, et ne

donnoit pas à ses ennemis le temps de contrarier ses vues: On dit que ces délais tiennent à la maladie du ministre de la justice. Mais faut-il que tout languisse, parce qu'un ministre est indisposé? Quelque soit le talent de M. de Serre, n'y a-t-il que lui qui soit en état de soutenir la loi nouvelle? Ne peut-on s'en rapporter là-dessus à M. Pasquier, à M. Laîné, à M. de Villele, et aux autres orateurs que possède la chambre ? Voilà ce qui fait depuis quelque temps l'objet de l'étonnement et des plaintes des plus sages politiques..

-Les colporteurs de pétitions pour le maintien de la loi des élections ne font pas autant de dupes qu'ils l'avoient espéré. Nous avons déjà parlé du mauvais succès qu'ils ont eu dans plusieurs villes. On voit dans le dernier feuilleton de la chambre des députés que toutes ces pétitions, résumées par villes et par départemens, ne présentent que 19,057 signatures. Les feuilles libérales sont encore loin de compte; elles en avoient annoncé plus de 50,000. Il est remarquable aussi que cette liste de pétitions ne présente pour Paris que 763 signatures; ce qui revient à peu près à une par mille. On est étonné que les libéraux se soient empressés de montrer ainsi le peu de crédit que leurs menées ont eu dans la capitale. A Lyon, et dans tout le département, il n'y a eu que 982 signatures. Il n'y en a point eu du tout à Marseille, à Bordeaux, à Nantes, à Lille, à Orléans, à Toulouse, à Caen; du moins le feuilleton n'en cite aucune pour ces villes importantes. Le même feuilleton fait aussi mention de deux pétitions, l'une du maire de Châteaubriant, l'autre de M. Regnaud, adjoint du maire de la Charité-sur-Loire, dans lesquelles ou dénonce à la chambre les manoeuvres que l'on pratique pour obtenir des signatures, et répandre l'alarme parmi les habitans de ces villes.

On sait qu'il a été créé par le ministère de l'intérieur un conseil composé de protestans, chargés de défendre les intérêts de leur communion, et d'indiquer les mesures à pren dre en leur faveur. C'est un privilége accordé à la religion de la minorité. Si la religion de l'Etat réclamoit une pareille faveur, on lui prouveroit qu'elle ne peut se concilier avec l'impartialité et l'égalité de protection promise par la Charte à tous les cultes. Pour les protestans, c'est bien différent; la Charte ne leur est applicable que pour tout ce qui est à leur avantage, et on en supprime ce qui leur déplairoit. Quoi

qu'il en soit, le conseil des protestans a demandé au ministre que l'on fit un dénombrement général de tous ceux de leur communion; mais on n'avoit pas en soin de prévenir les puissances libérales de cette mesure; de sorte qu'un journal de ce parti en a poussé un cri effrayant d'alarme, le 6 janvier. Il voit là une inquisition, une intolérance, une persécution; il excite les haines, il provoque les ressentiens; et, après "avoir parlé si long-temps d'union et d'oubli, il ressasse tout ce qui peut fomenter et accroître les divisions. It a fallu que M. le comte Boissy-d'Anglas, aussi zélé cotame libéral que comme protestant, lui écrivit pour le tranquilliser. Après avoir témoigné son culte respectueux pour la loi des élections, ce pair apprend au journaliste et à nous, que la proposition du recensement des protestans a été faite par le conseil ci-dessus, conseil dont M. Boissy-d'Anglas est membre; que cette proposition a été faite dans l'intérêt des protestans, et pour des motifs dont ils ne peuvent avoir qu'à se louer, Il ajoute que M. Decazes est de tous les ministres chargés de cette partie, celui qui est le plus favorable à ses co-religion

naires.

--Le 6, la cour de cassation a rejeté le pourvoi du sieur

Courtier, conventionnel régicide, contre l'arrêt de la

royale de Caën, qui avoit prononcé sa mise en accusation, comme coupable d'avoir enfreint la loi de janvier 1816, qui le condamnoit au bannissement. Il paroît que la cour su prême n'est pas aussi touchée que le Constitutionnel des vertus du prévenu; car elle l'a renvoyé devant la cour d'assises du département de la Manche.

La cour royale de Paris devoit d'abord entériner les lettres de grâce accordées par S. M. au sieur la Valette; mais elles viennent d'être adressées à celle de Strasbourg, où il devra se présenter après s'être constitué prisonnier.

Deux lettres, signées par des officiers, dont l'un a obtenu la décoration de la Légion-d'Honneur pendant la cainpagne de Saxe, et l'autre, capitaine de la vieille garde, a combattu à Waterloo, annoncent que les paysans de la Charente-Inférieure et de la Sarthe ne veulent point entendre parler des pétitions pour le maintien de la loi des élections, et résistent avec fermeté aux séductions des libéraux.

La police a saisi chez Corréard, libraire, à Paris, une brochure de M. de Saint-Simon, intitulée l'Organisateur. La

police a saisi aussi un ouvrage intitulé: Mémoires pour servir à l'Histoire de France en 1815, avec un plan de bataille de Mont-Saint-Jean. Cet écrit, qui a été déjà prôné par les feuilles libérales, est attribué à Buonaparte.

-M. Bergonnion, maire de Maringues (Puy-de-Dôme), déclare qu'ayant appris que l'on colportoit dans toutes les maisons de cette ville une pétition en faveur de la loi des élections, et qu'afin d'obtenir plus de signatures, on la présentoit comme devant empêcher le rétablissement des dimes et des cens, il so procura cette pétition, et fut fort étonné de la voir souscrite par plusieurs enfans, dont un âgé de moins de quinze ans, et par un grand nombre d'individus non lettrés, qui ignoroient le but de cet écrit. M. Bergonnion repousse aussi les calomnies dont il a été l'objet dans un des derniers numéros du Censeur européen.

Le général Vandamme, compris dans l'ordonnance de 1816, qui a long-temps séjourné dans la Belgique, est rentré en France l'un des premiers jours de janvier; il habite une maison de campagne qui lui appartient dans le département du Nord.

Une ordonnance royale, du 22 décembre dernier, autorise l'établissement de la société anonyme constituée à Paris sous le nom de compagnie d'assurance générale sur la vie des hommes.

M. le maire de Caën annonce que les Anglois qui habitent cette ville ont déposé à la mairie une somme de 1000 fr., produit d'une collecte faite entre eux, dans le dessein de secourir pendant l'hiver les familles indigentes..

M. le colonel Pfiffer qui a fait, comme nous l'avons déjà dit, une Relation de la journée du 10 août, ayant envoyé cet ouvrage au roi de Prusse, ce prince, en le remerciant de cet envoi. rend hommage à la fidélité des gardes suisses qui se sacrifièrent pour le monarque qu'ils servoient, et félicite l'auteur sur le patriotisme qui lui a dicté cet écrit.

A la fin du mois de septembre dernier, M. de Wette, pas teur protestant et professeur de théologic à Berlin, fut destitué par ordre du roi de Prusse, pour avoir écrit et fait circuler une Jettre adressée à la mère de Sand, assassin de Kotzbue, dans laquelle il cherchoit à justifier le meurtrier. On vient de pu blier cette lettre tout récemment; elle renferme les principes les plus dangereux.

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