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Dans un message d'ouverture adressé au congrès, le président des Etats-Unis d'Amérique s'est plaint avec amertume du refus fait par le niinistère espagnol de ratifier le traité des Florides, qui avoit été conclu avec son ambassadeur.

Le Royaliste devenu Libéral; octobre 1819 (1).

Ma foi, rester ultrà, c'est une duperie;
Je me fais libéral, soit dit sans raillerie;
De légitimité le mot m'est importun,
Et notre côté droit n'a pas le sens commun.

Lainé, s'ultralisant, n'est plus qu'un fanatique
Corbière, on le voit bien, n'a point fait sa logique,
Et dans leurs vains discours, Benoît et d'Ambrujeac,
Peuvent aller de pair avec Castelbajac.

Comment goûter Bonald et sa morale austère,
Ou de Salaberry la bouillante colère?
Qui n'auroit pas pitié du jeune O'Mahony,
Qui, du docte Lancastre imprudent ennemi,
S'avise de trouver de l'esprit à Villèle?

Quelle audace! Pour moi, je lui cherche querelle,
Quand je songe surtout que son zèle indiscret
Pretend tout amender, et même le budget.
De l'auteur d'Atala vous admirez le style!
Fi! vous habitez donc une petite ville;
Chenier vous prouvera
Et qu'il plaft sculement

qu'e

'en lui tout est défaut,
Fontane et Dussault.
Jamais Châteaubriant ne sut rendre une idée;

Il est presque aussi lourd que l'assommant Fiévée,
Et pour vous parler vrai, ces deux ambitiens
Du rôle qu'ils ont pris sont déjà tout hontenx.
Ah! respectons plutôt, malgré la Quotidienne,
De la convention la majorite saine.

Ce mot heureux assure à son illustre auteur,

Chez nos derniers neveux, un hommage flatteur.

(1) On a pensé que cette saillie, que nous venons de recevoir, pourroit dérider un instant le lecteur, qui s'apercevra aisément que les épithètes ou les jugemens sur chaque personnage, sont empruntés des feuilles libérales, dont on ne fail que répéter les gentillesses. Ce sont elles, par exemple, qui nous ont appris que M. de Châteaubriant étoit lourd, et.M. Fiévée assommant, el que ces deux habiles écrivains étoient tout honteux de leurs roles. Nous demandons pardon à l'auteur de quelques suppressions et changemens que l'on a eru devoir faire à la tin, pour la rendre plus conforme à l'esprit du seste de la pièce."

Que nos homnies d'Etat sont tous bons à connoître!
Voulez-vous qu'à vos yeux je les fasse paroître?
Sachez qu'en droit public Etienne, désormais,
Marchevec Montesquieu dans l'esprit des François;
Il est vrai que naguère il servoit la censure,
Et sous qui? mais depuis il a changé d'allure.
Dans la lice introduits par un grand électeur,
Dont la protection est un titre d'honneur,

Manuel et Daunou, dans le siècle où nous sommes,
Aux yeux des gens sensés sont vraiment de grands hommes.
Vive long-temps Bignon, orateur si discret,

Qui, dans quelques vingt ans, nous promet son secret!
Vive aussi Benjamin, dont la souplesse extrême,
Sans le moindre embarras, sait changer de systême!
J'admire Chauvelin, je chéris d'Argenson,
Le vertueux Grégoire, et le sage Dupont;
Et quand je veux parler d'une gloire parfaite,
Malgré moi, je m'incline, et nomme la Fayette.

Auprès de ces grands nonis mettra-t-on la Mennais,
Qui, chez les gens bornés, obtint tant de succès?
Car pour nous, esprits forts, c'est en vain que sa plume
Prétend nous accabler dans un second volume;
A son Indifférence on est indifférent,

La Minerve l'a dit; le libraire ne vend

Presque plus son Essai, sauf vingt mille exemplaires ·
Que l'on s'est arrachés en dépit des lumières.

Le siècle fait d'ailleurs chaque jour des progrès,
Il nous menace encore de ses nouveaux bienfaits.
Quatre-vingt-treize semble aspirer à renaître;
Les héros de ce temps brûlent de reparoître;
Ils sont plus forts: je veux être de leurs amis;
Je craindrois quelque peu d'avoir pour eunemis
Des gens si modérés, dont la douceur extrême
Sait encore,
il est vrai, se borner au blaspheme,
A la haine, à l'outrage, aux bruits calomnieux;
Mais patience, un jour peut-être ils feront mieux.

Par M......, de Saint-Pol-de-Léon.

LIVRE NOUVEAU.

Les Confesseurs de la Foi dans l'Eglise gallicane, à la fin du 18a. siècle, par M. l'abbé Carron. 4 vol. in-8°. de 520 pages chacun. Prix, 20 fr. A Paris, chez Adr. Le Clere, au bureau de ce journal. Nous rendrons eomple incessamment de cet ouvrage.

MM. les souscripteurs sont priés de faire retirer les exemplaires pour lesquels ils ont souscrit, à raison de 4 fr. chaque volume.

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(Samedi 15 janvier 1820.)

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Sur les deux Lettres de M. Grégoire aux électeurs dé l'Isère. Dur

M. Grégoire avoit adressé, le 28 septembre der nier, une première Lettre aux électeurs de l'Isère, pour essayer de justifier leur choix. Dans cette lettre, qui avoit du moins le mérite d'être courte, le prélat, dont tout le monde connoît la douceur et la uransuétude, disoit que ses adversaires s'étoient été le crédit par la virulence d'emportemens tels que, ne les désignant que sous le terme de fureurs, on reste au-dessous de la réalité ; et certainement M. Grégoire ne pouvoit donner une plus grande preuve de modération qu'en con sentant à donner simplement le nom de furieux à ceux qui ne rendent pas hommage à ses vertus. A cette sin gulière débonnaireté il joint une modestie non moins rare. Comme sa vie toute entière, dit-il, présente une intégrité de conduite qu'on a quelquefois taxée de rigorisme, et qui peut défier la medisance, on est réduit à lui chercher des torts dans ses opinions po liliques. Nous voudrions savoir comment il se fait qu'un homme qui défie ainsi la médisance se trouvè l'objet de tant d'imputations et de reproches, et comment il feint de croire qu'on l'accuse de rigorisme, fandis qu'on lui montre tant de honteuses complaisances pour les excès de la révolution. M. Grégoire dit qu'on est réduit à lui chercher des torts dans ses opinions politiques; seroit-ce par hasard que ses opinions politiques ne font pas partie de sa vie? C'étoit bien le cas sans doute de justifier ces opinions; mais la chose étoit difficile; car ces opinions sont écrites; elles sont consignées dans le redoutable Moniteur, et dans les autres nonumens du temps. Qu'opposera M. Grégoire à ces Tome XXII. L'Ami de la Religion et du Roi. T

irrecusables témoins? Voici ce qu'il est réduit à dire : On établit des accusations sur des passages extraits ° d'écrits dont les uns lui sont faussement attribués, d'autres imprimés sans son aveu, d'autres altérés, parce qu'absent, et ne pouvant ni revoir les originaux, ni corriger les épreuves, il chargeoit de ce travail des employés de bureau, dont la tete effervescente intercaloit dans ses écrits des phrases que son cœur et ses principes désavouent, et dont, pendant vingt ans, il n'avoit pas même soupçonné l'addition, ne les ayant jamais relus.

Victorieuse défense! admirables subterfuges! il n'a point relu ses écrits; il n'en corrigeoit pas les épreuves; il étoit absent. Avec cette défaite, il n'est pas un faiseur de libelles qui ne soit innocent, pas un déclamateur qui ne soit irréprochable, pas un calomniateur qui ne puisse échapper à l'animadversion. Ce pauvre M. Grégoire! Ainsi ce sont ses ennemis qui ont fait insérer dans son discours du 15 novembre 1792, tant d'horreurs contre Louis XVI; ce sont des employés de bureau dont la tête effervescente lui a prêté ces phrases que l'on trouve dans ce discours: La royauté fut toujours pour moi un objet d'horreur... Louis XVI fut toujours le chef des conspirateurs..... Dans son tripot monarchique, dans ce château, le repaire de tous les crimes, il alloit avec Jésabel, avec sa cour, combiner et mûrir tous les genres de perfidie..... Il ne fut jamais que le bourreau du peuple; il doit être traité comme un ennemi; l'histoire burinera ses crimes: il importe au bonheur, à la liberté de l'espèce humaine, que Louis soit jugé, etc. Ces phrases, et vingt autres de cette force, ne sont donc plus de M. Grégoire: on avoit cru les entendre, on s'est trompé, Il faut que ces employés de bureau soient de bien hardis faussaires pour avoir ainsi dénaturé l'opinion d'un homme plein de douceur et de charité. Ce qui les rend plus coupables encore, c'est qu'ils en ont fait de même des autres écrits du respec

table évêque. Ces coquins-là ont également inséré dans le discours de M. Grégoire à la convention, du 21 septembre 1792, que toutes les dynasties n'ont jamais été que des races dévorantes qui ne vivoient que de chair humaine, et que les rois sont dans l'ordre moral ce que les monstres sont dans l'ordre physique. Ils lui ont fait dire, le 21 novembre 1792 : Il arrive le moment où les négriers et les rois seront l'horreur de l'Europe pu.. rifiée, où leur perversité héréditaire n'existera plus que dans les archives du crime..... Les statues des Capet ont roulé dans la poussière.... Si quelqu'un tentoit de nous imposer de nouveaux fers, nous les briserions sur sa tétes.... Périssent tous les François plutôt que d'en voir un seul esclave! Encore un coup, M. G. n'a rien dit de tout cela; le Moniteur en a menti; les employés de bureau ont tout fait. En vain vous opposeriez au religieux et sensible prélat bien d'autres passages, il vous répondra sans s'émouvoir qu'il ne les a pas relus ; qu'il ne soupçonnoit pas ces additions; que son cœur et ses principes les désavouent: il vous parlera des libellistes, des calomniateurs, de la haine sacerdotale, de la reté de sa conscience, de la hauteur où elle le place, des ames de boue, de la tourbe immonde, et il croira vous avoir confondu. D'ailleurs il étoit absent; vous savez qu'il est assez d'usage parmi les accusés de recourir à l'alibi. Le difficile est de l'établir, et c'est ce que M. G. ne tente même pas. En effet, il étoit à Paris lorsqu'on imprimoit ces discours de septembre et de novembre 1792. Le discours qu'il avoit prononcé le 15 novembre, par exemple, se trouve dans le Moniteur des jours suivans, et M. G. n'étoit point encore parti pour la Savoie. De même il n'étoit point absent de Blois lorsqu'il y fit imprimer, chez Billaut, son discours pour le service de Simonneau. Est-ce que l'imprimeur Billaut auroit osé jouer à M. G. le même tour que ceux de Paris? Est-ce qu'il y avoit aussi à Blois de perfides employés de bureau dont la tête effervescente intercaloit

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