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des massacres de l'Abbaye et des Carines, la lettre atroce et fameuse de la commune de Paris, et les suggestions des jacobins, provoquérent bientôt de pouveaux crimes. A Reims, MM. de la Condamine de Lescure, graud vicaire; de Vachères, cha nojue; Romain et Alexandre, curés, furent inbus mainement assassinés le 3 septembre. Nous ne yoyous point leurs noms dans le recueil de M. l'abbé Car ron; mais il a fait mention du martyre de MM. Pa→ quot et Suny, autres curés, qui eut lieu le jour suiyant dans la même ville. Il nomme également M. Cartier, massacré à Antibes, en sortant de France pour · obéir à la loi de la déportation; M. Pêcheur, ouré de Florimont, fusillé, dans la même circonstance, en Alsace; le frère Valsrembert, novice Capucin assassiné à Alençon. M. l'abbé Carron auroit pu sans doute augmenter beaucoup cette liste; car ce mois de septembre fit fertile en scènes semblables, et des prêtres qui s'expatrioient pour se conformer au der pier décret, furent, en différens lieux, les victimes du délire et de la fureur que les ennenais de la res ligion avoit excités à cette époqué; mais il paroît que M. l'abbé Carron n'a voulu citer que les faits sur lesquels il avoit des mémoires détaillés et authentiques. La publication de son ouvrage engagera sans doute ceux qui seroient possesseurs de renseignemens inédits à les lui faire passer.

Nous réservons pour un autre article l'analyse dit reste de l'ouvrage, et nous en ferous sentir encore davantage l'intérêt. On aimera sans doute à s'arrêter encore sur le spectacle glorieux de ces généreux confesseurs, qui ont payé de leur sang leur attachement aux règles de l'Eglise. Combien de traits admi

rables de piété, de patience, de résignation, de par don magnanime! Il est peu de lectures plus propres

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élever l'ame, à fortifier la foi, et à porter plus puissamment au service de Dieu; et nous avons une obligation spéciale à l'estimable et pieux auteur qui a mis tous ses soins à recueillir tant de faits précieux, qui a élevé ce monument à la gloire de la religion et du elergé, et qui, animé du véritable esprit du christianisme, imite ceux dont il raconte le sacrifice, en ne prêchant aussi que la charité la plus généreuse, et le pardon le plus entier des outrages et des mau

vais traitemens.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS, S. Em. M. le cardinal archevêque vient de publier, sous la date du 15 janvier, un Mandement (1) pour l'anniversaire de la mort de Louis XVI L'illustre prélateregarde avec raison la mémoire d'un tel forfait comine un châtiment rigoureux et uʼn opprobre éternel pour lequel nous devons offrir de continuelles expias tions; puis S. Em. ajoute:

«Mais, N. T. C. F., (et pourquoi faut-il que le progres effrayant et l'empire des doctrines pernicieuses nous forcent à le dire, et nous obligent à paroître peut-être imprudens au jugement de quelques esprits?) mais lorsque l'héroïque indulgence de nos Rois, lorsque le désaveu solennel d'une nation entière ne présentent encore à notre douleur qu'un remede impuissant, qui pourra effacer d'un front coupable, la marque sanglante du parricide? Quoi! seroient-ce les vaines déclamations et les sophismes d'une opiniâtreté inconcevable, ennemie de l'honneur national comme de toute vérité, qui ose essayer, dans son orgueil, de pallier; de dissimuler, de

(1) Prix, Go cent. et franc de port. A Paris, chez Adr. Le Clerc, au bureau de ce journal.

justifier même l'horreur de cet inexcusable attentat? Non, c'est en vain; il n'y a que le repentir, qu'un repentir sincère, qu'un repentir éclatant, qui puisse offrir aux coupables un asile contre la honte et contre le supplice du remords".

Le prélat prescrit ensuite ce qui sera observé dans la cérémonie du 21; ces dispositions sont les mêmes que l'année précédente."

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M. l'évêque de Meaux a publié un Mandement!; du 3 janvier, à l'occasion du service anniversaire du 21 du même mois. Après avoir déploré un attentat hor rible, le prélat ne peut s'empêcher de remarquer que tel a été le terme où ont abouti la liberté et la tolérance qu 'avoient prêchées si haut les philosophes du dernier siècle; l'on a vu en effet se réaliser alors le vou formel de l'un d'entr'eux. Vous voulûtes nous prouver, dit-il aux ennemis de la religion, qu'un peuple de chrétiens ne pouvoit jamais 'exister comme peuple, et lorsque vous avez tenu le sceptre, vous nous avez démontré jusqu'à l'évidence qu'une nation de philosophes ne seroit plus qu'une nation de barbares. M. de Cosnac n'a garde d'ailleurs d'appeler la vengeance sur la tête des coupables; il souhaite seulement que, cédant à leurs remords, ils expient leur crime, et il s'attache à tirer de cet affreux événement des instructions salutaires. Il engage ceux qui en furent témoins à rentrer en eux-mêmes. Furent-ils entièrement innocens, dit-il, ceux qui répaudirent autre, fois les livres irréligieux, et qui en accueillirent et en encouragèrent les auteurs, ou bien ceux qui applaudirent à la révolution, qui en favorisèrent les moteurs, et qui attirerent les châtimens du ciel par leur indifférence pour la religion, et qui montrèrent un mépris déclaré pour les lois de l'Eglise? Quant à ceux qui n'ont pas connu ces temps désastreux, ce qu'ils en ont ouï dire doit leur servir de leçon. M. l'évêque de Meaux ter mine son Mandement par des conseils adressés à ses diocésains, et ordonne que le service du 21 janvier soit précédé du Miserere, que le clergé récitera au bas de

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l'autel, sans habits de choeur et un cierge à la main. Il paroît qu'il ne s'est point trouvé à Marseille un adjoint aussi scrupuleux observateur des décrets de la convention, ou aussi complaisant à signer les arrêtés qui lui sont envoyés, que M. l'adjoint de Croy. La mission s'est ouverte avec beaucoup de pompe dans cette grande ville. M. l'archevêque d'Aix s'y étoit rendu à cet effel. Le 2 janvier, une procession générale a eu lieu. Le prélat, le clergé de la ville, les missionnaires et les confréries, la composoient. Le peuple s'est porté en foule dans les églises. Les missionnaires sont au nombre de vingt-quatre savoir, ceux qui avoient donné récemment les missions de Carpentras et d'Orange, auxquels s'étoient joints plusieurs de leurs collègues venus de Paris, et de plus les missionnaires établis à Aix. Ils se sont partagés les différentes églises de la ville, et il y aura dans chacune une ou deux instructions par jour. L'empressement qu'on a montré dès l'ouverture de la mission, et l'esprit général des habitans, sont du plus heureux présage pour le succès des prédications des ou vriers évangéliques. Les pamphlets des libéraux et les circulaires de M. G. ont peu de crédit à Marseille.

Le 17 décembre a été un jour de joie pour la ville de Valence. C'est ce jour-là que M. de la Tourette y est arrivé, et a pris possession de son siége. Le prélat a été reçu à une des portes de la ville par le chapitre de la cathédrale, auquel s'étoit réuni tout le clergé de la ville, et un grand nombre d'ecclésiastiques des environs. Un détachement de la gendarmerie étoit allé prendre le prélat à une demi-lieue. Le corps des pompiers sous les armes l'attendoit aux' portes, et plusieurs détachemens des troupes en garnison à Valence étoient sous les armes dans les différentes places où le cortège devoit passer. Toute la ville étoit en mouvement. M. l'évêque, après avoir fait sa prière au pied de la croix de la mission, s'est avancé, sous le dais, vers la cathédrale, pendant que le clergé chantoit le Veni Creator.

A la grande porte de l'église il a été complimenté par M. Forcheron, maire de la ville, et par M. de Saillans, grand vicaire. L'air de bonté du prélat a charmé tout le monde. Le soir, les autorités ont été lui faire visite. Dès le lendemain de son arrivée, le prélat a fait l'ordination dans la chapelle des Pénitens, qui est contigue à la cathédrale.

- Parmi les nouveaux établissemens qu'a formés rapidement l'utile et laborieuse congrégation des Sœurs de Saint-André, il faut compter celui de Château-Rouge, paroisse de Cauvigny, canton de Noailles (Oise). Le novembre dernier, quatre Sœurs y ont été installées dans une maison assez vaste pour y instruire gratuite ment, suivant leur institut, les jeunes filles de la paroisse et des environs. Déjà près de cent élèves fréquentent cette école, pour laquelle on ne demande aucune rétribution. On reçoit aussi des pensionnaires. Le 30 novembre suivant, jour de la fête de saint André, sous l'invocation duquel la congrégation est placée, une-ohapelle intérieure a été bénite, en attendant que l'on ait réparé une autre chapelle plus grande, qui se trouvé sur la place du hameau de Chateau-Rouge, et qui est destinée pour l'usage des Sœurs. Cet établissement est un véritable bienfait pour les campagnes où ces Sœurs répandent l'instruction, l'amour du travail et les pratiques de la piété.

NOUVELLES POLITIQUES.

PABIS. S. M. a accordé. 50,000 francs pour les pauvres de Ja capitale. Cette somme est répartie entre tous les bureaux de charité, suivant le nombre d'indigens que compte chaque bureau.

- S. A. R. MONSIEUR a fait remettre à M. le préfet des Basses-Alpes une somme de 500 fr. pour être distribuée aux familles de Châteaunenf-sur-Moulins, qui ont beaucoup souf fert des intempéries de la saison.

S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, est allée,

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