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On se rappelle cette séance de la chambre des députés, du 17 avril de l'année dernière, où l'on refusa d'insérer le mot de religion parmi les objets que les écrivains devroient respecter, et où les amendemens de M. Laîné, de M. Ribard et de M. Chabron de Solilhac, furent rejetés. Le beau-père du ministre déclara qu'insérer le mot de religion ce seroit faire rétrograder la législation, et un conseiller d'Etat trouva que ce seroit enchaîner la liberté. Les jurés suivent la route que leur a tracée le ministère, et la séance de la cour d'assises, du 24 janvier dernier, peut faire le pendant de la séance de la chambre, du 17 avril précédent. Les uns avoient posé le principe, les autres en ont fait l'application. Ceux-ci n'ont pas jugé que Dieu, la religion et ses dogmes, valussent la peine d'être mentionnés dans une loi; ceux-là ont déclaré non coupable l'écrivain qui avoit insulté de la manière la plus grossière à la religion de son pays, et qui avoit proposé d'expulser le catholicisme. Ils l'ont expulsé aussi, autant qu'il étoit en eux; ils ont confirmé l'arrêt qui séparoit la religiou de la société. Placés entre Dieu outragé et un déclamateur obscur, ils n'ont pas délibéré long-temps, et ont justifié la prévoyance de ceux qui avoient provoqué la loi du 17 mai 1819. Quand la religion est ainsi traitée, le Prince doit-il s'attendre à beaucoup de respects et d'égards? Aussi avonsnous vu dernièrement qu'un juri avoit déclaré que vive l'empereur n'étoit pas un cri séditieux. L'un n'est pas plus étonnant que l'autre, et l'un est la suite de l'autre. Les ennemis de la religion et du trône sont donc avertis qu'ils peuvent se gêner moins que jamais. Aussi quelle joie! quel triomphe dans les feuilles libérales! Le Constitutionnel qualifie d'absurde l'accusation qu'on lui avoit intentée; il parle de son courage dans les persécutions (quelle persécution en effet!), et proteste de l'attachement le plus profond à la Charte, en insultant tous les jours aux ministres de la religion que la Clarte a proclamée religion de l'Etat. M. Dupin, qui a plaidé pour le Constitutionnel, a fort bien établi que le journaliste étoit irrépréhensible; en effet, il n'avoit calomnié que des missionnaires. Au surplus, quelle que soit l'indulgence de M. Dupin, qu'on n'accusera sûrement pas d'un excès de zèle pour la religion, et d'un esprit d'intolérance contre ses enne

mis; voici comment il s'exprime dans son plaidoyer du 24 janvier :

« Si l'on veut venger la religion et la morale, qu'on saisisse ces gravures et ces livres qui les outragent, et qui pourtant se vendent publiquement, qui sont exposés sur les quais, dans les rues, dans les boutiques. Qu'on enlève aux jeunes gens ces sources de corruption. Qu'on livre à la justice ceux qui leur distribuent ces poisons. Les pères de famille, tous les bons citoyens s'en réjouiront, parce que c'est-là que sont le mal et le danger, là qu'est la source de la dépravation, là qu'est l'outrage aux bonnes mœurs. Mais, faut-il le dire ? les ouvrages les plus révoltans, les plus irréligieux, les plus obscènes, les plus scandaleux, circulent librement. Il n'est presque pas un étalage de librairie où l'on ne voie exposées la Guerre des Dieux. chef-d'œuvre d'irréligion et de débauche, les poésies qui fermèrent à Piron les portes de l'Académie, celles qui firent exiler Jean-Baptiste Rousseau, et tant d'autres volumes qui font rougir les moins scrupuleux: et nulle réclamation ne s'élève » !

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Ce n'est pas nous qui parlons ici, et qui accusons la négligence de l'autorité. C'est un écrivain libéral; c'est le défenseur né des écrivains libéraux; c'est un homme dont le Constitutionnel célèbre l'éloquence et la logique. Lui-même s'élève contre la distribution impunie des ouvrages qui insultent à la religion et aux mœurs; tant cette licence frappe tous les esprits, et même les plus prévenus.

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Ce Journal paroît les mercredi et samedi de chaque semaine; prix pour la France 8 francs pour trois mois, 15 francs pour six mois, et 28 francs pour Pannée, frauc de port: POUR LES PAYS ETRANGER», la Suisse exceptée, 9 francs 50 cent. pour trois mois, 18 fraucs pour six mois, et 33 francs pour l'année. Chaque trimestre formant un volume, on ne peut souscrire que des 12 février. 12 mai, 12 août et 12 novembre, époques où commence chaque volume. Les lettres et envois d'argent doivent être affranchis et adressés à "M. Ad. LE CLERE, au bureau de ce journal.

(Mercredi 2 février 1820.)

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Lettres édifiantes et curieuses, écrites des missions étrangères. Nouvelle édition, ornée de cinquante gravures (1).asil

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Nons annonçâmes cette nouvelle édition dans notre no. 543, tome XXI; elle se poursuit avec activité; déjà il en a paru quatre livraisons, formant 8 volumes, et on assure que le reste se succédera rapidement. Nous allons donner une idée sommaire de ce qui a déjà été publié.

Les Mémoires du Levant, qui étoient en 5 vol. in-12 dans l'édition du père Querbeuf, n'en occupent plus que 3 dans l'édition in-8°. Cette mission du Levaut est la plus ancienne des missions françoises; elle comprenoit l'Archipel, Constantinople, la Syrie, l'Arménie, l'Ethiopie, la Perse et l'Egypte, et avoit attiré l'attention spéciale de nos rois. Leurs ambassadeurs à la Porte avoient ordre de la protéger, et leurs bienfaits allèrent plus d'une fois chercher au fond de l'Asie des chrétientés pauvres ou opprimées. Les relations des missionnaires pour cette partie sont aussi nombreuses que variées. On y trouve des détails sur l'état des missions dans la Grèce, en Syrie et en Egypte, sur les persécutions des Turcs, sur

(1) 14 vol. in-8°.; prix de sonscription, 70 fr. Pour jouir de la souscription, il faut se faire inscrire. L'ouvrage est publié par livraison, composée de 2 volumes, que l'on paie en les retirant. En ajoutant 4 fr. au 10 fr., prix de chaque livraison, on les recevra franc de port. Les quatre premières livraisons paroissent maintenant. A Paris, chez Ad. Le Clere, au bureau de ce journal; et à Lyon, chez Vernarel et Cabin. Tome XXII. L'Ami de la Religion et du Ror. A

les Maronites et le Mont-Liban, sur l'église d'Ar ménie, sur la Crimée et la Tartarie, etc. Aux reuseignemens sur la religion en succèdent d'autres sur l'histoire, les sciences, la physique, la géographie; un récit de la fin du règne de Thamas Kouli-khan et de sa mort; des voyages en Circassie, en Ethiopie, en Perse, et des notions très-détaillées sur l'Egypte, par le père Sicard, missionnaire Jésuite, qui résida long-temps dans ce pays, et qui mourut, au Caire, le 12 avril 1726; le III. volume est rempli de Lettres et de Mémoires de lui. Les autres missiounaires jésuites de notre nation qui out fourni le plus de matériaux à ce recueil, sont les pères Tarillon, 'Petitqueux, Neret, Portier, Fromage, Chabert, Souciet, Monier, de la Maze, Saignes, Treffond, etc. On les suivra avec plaisir dans leurs courses, où des observations curieuses se mêlent au récit de leurs travaux. Un père Cachod obtint de grands succès à Constantinople par sa charité et son zèle. Ou cite aussi avec éloge le père de Brevedent, mort en Ethiopie, le 9 juillet 1699. Enfiui, ces Mémoires offrent des traits édifians de vertu, de ferveur et de dévouement.

Les Mémoires des missions d'Amérique ne sont pas moins bien remplis; ils entroient pour 4 volumes dans l'édition du père Querbeuf'; ils n'en forment que 2 dans la présente édition. La moitié environ consiste en Lettres de missionuaires françois du Canada, de la Louisiane, de Saint-Domingue, de Cayenne et de la Guiane. On y voit l'établissement de plusieurs missions chez les sauvages, les travaux des missionnaires, et la mort de quelques-uns d'entr'eux qui furent victimes de leur zèle. Parmi ces généreux et infatigables ouvriers, les uns restent dans les

établissemens françois, les autres poursuivent dans les déserts les peuplades indiennes, et s'efforcent de les arracher aux ténèbres de l'idolâtrie et des superstitions. Ils parviennent à en convertir plusieurs, et l'on voit éclater parmi ces chrétientés naissantes d'admirables exemples de ferveur, de vertus et de constance dans le service de Dieu. Les Jésuites dont on trouve ici les relations, sont les pères Marest, Cholenec Rasles, pour le Canada; du Poisson, Petit, Vivier, dans la Louisiane; Margat, à Saint-Domingue; Lombard et Fauque, à Cayenne.

L'autre moitié des Mémoires d'Amérique est relative aux missious espagnoles, et forme à peu près le 5. volume du nouveau recueil. Elle renferme l'bistorique des missions de Californie, du Pérou, du Chili, et des contrées intérieures du grand continent de l'Amérique méridionale. On s'y étend surtout stir les missions du Paraguay; et quels souvenirs ce nom ue réveille-t-il pas? On trouvera ici des Mémoires circoustanciés sur ces établissemens extraordinaires, sur l'esprit qui les a formés, sur la paix qui y régnoit et sur le bonheur qu'y goûtoient des peuples dociles. La situation des réductions vers la moitié du siècle der nier y est exposée dans différentes lettres, et les Jésuites y sont vengés des reproches de ceux qui voyoient d'un œil jaloux les merveilles de leur administration paternelle. Cette partie des Mémoires n'en paroîtra sûrement pas la moins curieuse. On y a joint quelques dépêches officielles qui tendent à confirmer les faits consignés dans les Mémoires particuliers.

Les Mémoires des Indes, qui remplissent 6 volumes de l'édition in-12, n'en font que 3 dans l'édi tion in-8°. Ces missions n'offrent pas moins de diffi

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