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administratives, et qui portent sur des intérêts particuliers, et en législatives, qui ont trait à des objets généraux et de lé gislation; distinction, dit-il, plus juste et plus complète que celle qui les partage en individuelles et collectives, puis qu'une pétition individuelle peut appeler l'attention de la chambre sur un objet de législation générale, ou une pétition même collective ne traiter que d'un intérêt particulier. L'illustre écrivain pense donc que la Charte et la raison permettent les pétitions administratives, et excluent les pétitions législatives adressées par des particuliers. Les particuliers ont des intérêts ou des opinions; ils s'adressent aux chambres pour les premiers, et les chambres, sans prononcer sur le fonds, parce qu'elles ne doivent pas s'immiscer dans l'administration, passent à l'ordre du jour ou renvoient la pétition au ministre, suivant qu'elle paroît le mériter. Quant aux opinions, la Charte permet aux particuliers de les publier; et en donnant aux chambres la faculté de supplier le Roi, de proposer un projet de loi, elle n'a pas voulu attribuer ce droit aux particuliers. Mais une pétition sur la législation, souscrite par un nombre quelconque de signataires, suppose une proposition de loi, une discussion, une délibération, un vote; et en effet, on a lu dans quelques pétitions récentes: Je vote pour le maintien de la loi des élections. Il est évident que ce pétitionnaire s'est cru législateur. De semblables pétitions ne sont pas des demandes; elles semblent ordonner à la chambre de délibérer ou de ne pas délibérer sur tel ou tel objet, et la chambre ne peut recevoir de tels ordres de personne, pas même du Roi. D'ailleurs, ces pétitions, pour une opinion, peuvent être combattues par des pétitions pour une opinion contraire, et dans ce conflit que feroit la chambre ? Que deviendra même le pouvoir des chambres? Elles sont pouvoir unique pour faire des lois; les électeurs ne peuvent leur donner de mandat; il leur est défendu de délibérer, et de dicter aux députés telle ou telle opinion; et des gens qui souvent même ne sont pas électeurs, qui peuvent ne pas payer d'impôt, pourroient se jeter à travers les discussions des chambres, prendre le pas sur l'initia-tive royale ou sur les propositions des députés, commander, menacer; et ce chaos s'appeleroit un gouvernement représentatif! Qu'on se rappelle la fatale influence des tribunes sur la constituante et sur la convention; eh bien! les péti

tions législatives sont des tribunes par écrit... Nous finirons cette analyse par ce trait, aussi juste qu'ingénieux, et nous recommandons à l'attention du lecteur cette brochure, où le sage publiciste examine la question en elle-même, sans passion, sans amertumes, en ne consultant que la nature des choses, les formes du gouvernement représentatif et l'intérêt général de la société. On trouvera dans ce court écrit ce talent d'analyse et cette clarté de discussion qui sont le partage des esprits supérieurs.

LIVRE NOUVEAU.

Historia Franciæ, compendiosè disposita, latino sermone donata (1).

C'est sans doute une méthode très-utile que d'accoutumer les jeunes gens dans les classes à parler le la'in, et de leur mettre dans les mains des ouvrages écrits en cette langue. Nous ne manquons pas de modèles en ce genre; nous avons des historiens, des poètes, des orateurs latins, et l'on peut faire un cours d'histoire ancienne avec Tite-Live, Salluste, Cornélius-Népos, Quinte-Curce, etc. Mais il est utile d'apprendre aussi l'histoire de son pays, et on a rédigé à cet effet depuis un demi-siècle plusieurs abrégés de l'Histoire de France, qui pussent convenir aux colléges, et donner aux élèves des notions rapides, à défaut de connoissances plus étendues qu'ils acquéreront lorsqu'ils auront plus d'âge et de loisir. C'est aussi un abrégé de cette espèce que nous annonçons aujourd'hui, et on ne se plaindra pas qu'il soit trop long; il ne forme qu'un volume de 250 pages. Il étoit difficile de réunir beaucoup de choses dans un si petit espace. L'auteur est donc obligé de courir sur les premiers temps de la monarchie. La première race occupe environ 6 pages; la seconde 5, et la troisième, jusqu'à la mort de Louis XIV, environ 60. Les règnes de Louis XV, de Louis XVI et de Louis XVII, comprennent environ 75 pages; le reste est consacré à la suite de la révolution, et aux dernières années. Cette extrême brieveté a forcé nécessairement l'auteur à omettre un grand

(1) A Tours, chez Mame.

nombre de faits importans, et à glisser sur les autres. Des noms fameux dans nos annales n'y sont pas cités, et la suite même des rois ne s'y trouve pas.

Il nous paroît aussi que le choix de la langue est mal vu. Une Histoire de France en latin offre plus d'un inconvénient, dont un des plus choquans est le changerment des noms des personnages et des villes. Ainsi le présent ouvrage est rempli de termes, j'oserois dire, barbares; vous y trouvez Collotus ex Herbois, Dubois - Cranceius, Lebonus, Camillus -Desmoulensis, Fabres - Eglantinus, Legendreus, Kersantus, Rabautus-Santi-Stephani, Lasourcens, Villeheurnoius, Babcutius, Brius, etc. Ces noms, et bien d'autres qui ne sont ni latins ni françois, sonnent fort désagréablement à l'oreille, et les enfans qui les auront appris n'ont rien de mieux à faire que de les oublier. Les guerres avec l'Allemagne et la Russie présentent également des noms de villes qui font l'effet le plus bizarre en latin. On diroit que l'auteur a voulu faire un tour de force, et montrer son habileté à s'énoncer dans une langue étrangère; inais il y a plus d'ostentation que d'utilité dans son entreprise, et je doute qu'on adopte dans les colléges un abrégé plus propre à rebuter les enfans par la bizarrerie des expressions, qu'à les familiariser avec les noms de leur pays. L'auteur a pris la peine de traduire en latin les discours du Roi aux chambres, et la Charte; c'est une grande preuve de courage et de zèle.

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(Samedi 5 février 1826.).

(No. 573.)

Sur l'établissement de la fête du Sacré-Cœur de JésusChrist, et sur les discussions auxquelles elle a donné lieu. (Snite du uo. 570),

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Les théologiens se partagerent donc, à Rome et en Italie, sur cette question. Les Augustiniens, ceux qui favorisoient hautement ou en secret le parti de l'appel; d'autres qui, sans avoir ces préventions, croyoient voir des inconvéniens dans la fête du Sacré-Coeur, ou qui S'en étoient fait une fausse idée d'après des écrits où elle étoit présentée d'une manière inexacle, se réunirent pour la combattre, Des Barnabites firent, soutenir à Rome une thèse, imprimée en 1773, et qui portoit: Si l'humanité de Jésus-Christ, considérée abstractivement de la personne du Perbe, ne peut être l'objet d'une adoration spéciale, combien moins encore une partie de son corps! C'est donc à tort qu'on propose pour objet d'un culte le coeur de chair de Jésus-Christ. On voit que ces théologiens raisonnoient d'après la supposition de Blasi. Nous citerons dans le même sens : Lettre théologique et critique sur le culte du Sacré-Coeur de Jésus, et sur la doctrine de l'Incarnation, relativement à ce culte (en italien); Naples, 1773; in-4°. de 278 pages; Lettre d'un pretre de Génes à un de ses amis de Rome, sur quelques sentimens et expressions d'un prédicateur touchant la dévotion au Cœur de Jésus (en italien); Gênes, 26 juin 1773; 36 pages in-12 (cette Lettre est dirigée contre un serinon prêché à Gênes, par le père d'Asti, Jésuite); Lettre instructive d'un théologien romain, sur la nouvelle dévotion au SacréCoeur de Jésus, adressée à une religieuse de ses parentes (elle fut depuis traduite d'italien en françois, et parut à Paris, 1774; in-12 de 102 pages, avec une apTome XXII: L'Ami de la Religion et du Ror. Bb

probation de Molinelli, des Ecoles Pies); Préjugés légitimes contre la nouvelle dévotion au Cœur charnel de Jésus, par l'abbé Delmare, juif converti et professeur à Pise: Lettre de deux ecclésiastiques, sur la dé Potion au Coeur de Jésus, par les chanoines Passi et Sonzogni; Bergame, 1781, in 8o; Sentimens d'AntoineThomas Volpi, curé d'Osio, sur la dévotion au SacréCdent de Jésus; Bergame, 1781; in-80. de 194 pages. Ce dernier écrit est le plus modérë; car l'auteur convient, page 22, qu'on pourroit adorer le Cœur de JésusChrist, relativement à la personne du Verbe, dans laquelle il subsiste, comme partie de son humanité. Or Fes adorateurs du Sacré-Coeur ne demandent pas autre chose, et Volpi se trouve, sans le savoir, d'accord avec eux; cet auteur est d'ailleurs modéré.

D'un autre côté, il parut, en Italie et ailleurs, plusieurs écrits en faveur de la dévotion qui nous occupe; Immense amour du divin Coeur de Jésus, par un missionnaire jesuite; Vienne, 1770; Dissertation sur la devotion au Sacré-Cœur (en latin), Venise, 1775 fl'anteur étoit un Jesuite, nommé Pubrana); Eucha ristie vengée ou l'Adoration perpétuelle, par le baron de Habens, chanoine de Saint-Martin de Liége; Louvain, 1777 Instruction sur le culte du à la personne de Jésus Christ, et à son Sacre-Coeur, 1777; Instruc Bergame (1); une autre, de M. Hachette Desportes, évêque de Glandève, datée du 2 février 1788, etc. Nous ne nous ren

tion pastorale de M. Dolphin, évêque de Instruc

(1) M. Dolphin, évêque de Ceneda, puis de Bergame, est présenté dans les Nouvelles ecclésiastiques comme dévoué aux Jésuites, et comme partisan des superstitions les plus minutieuses; au contraire, M. Grégoire, dans son flistoire des Sectes religieuses, tome fer., page 354, louc ce prélat d'avoir adressé aux religieuses une cirenulaire pour ramener la dévotion au Sacré-Coeur à son véritable but; if cite les Annales ecclésiastiques de Florence, tome H, page 19. Nous ne savons comment il peut se faire que Mi Dolphin ait mérité même temps les reproches du gazetier janseniste, et les éloges de 1. Grégoire.

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