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M. Olier, ce pieux fondateur de la congrégation de Saint-Sulpice, donna lui - même plusieurs missions. Ayant réuni quelques coopérateurs zèlés, il alla en Auvergne en 1734, et parcourut les campagues pendant six mois entiers; il y retourna en 1736, et y passa dix-huit mois, travaillant avec un courage infatigable. De retour à Paris, il profita de l'occasion qui se trouva d'exercer le même ministère dans les environs de la capitale; depuis, il eut soin de procurer des missions à la paroisse de Saint-Sulpice de Paris, dont il étoit devenir curé, et il envoya quelquesuns de ses prêtres f faire des missions à Privas et dans. Je Vivarais. Les autres fondateurs de congrégations dans le dix-septième siècle, le père Eudes, qui établit les Eudistes; Bourdoise, qui institua les prêtres du séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet; le Vachet, à qui on doit les Sœurs de l'Union chrétienne, s'appliquèrent tous aux missions. Les Pères de la Doctrine chrétienne, foudés par le bienheureux César de Bus, avoient pour objet principal le catéchisme et l'instruc tion des ignorans. Charles Viani, mort au séminaire d'Aix en 1706, étoit connu en Provence pas ses missions et par sa vie pénitente. Henri-Marie Boudon, mort en 1702, et dont Collet a écrit la vie, avoit fait aussi des missions dans la plupart des provinces de France, même en Lorraine et dans les Pays Bas; enfin, les plus saints évêques de cette époque, à la tête desquels nous compterous le cardinal de Grimaldi, archevêque d'Aix, et le cardinal le Camus, évêque de Grenoble, eurent soin de donner des missions dans leurs diocèses: M. de Solminiac, évêque de Cahors, en faisoit faire de continuelles, et lui-même en fit une de vingt-deux mois consécutifs, en 1657 et 1658, C'est ainsi que le clergé, à une époque qui est regardée avec raison comine une des plus brillantes de l'église gallicane, s'appliquoit avec ardeur à l'instruction et à la sanctification des peuples par tous les moyens qui étoient en son pou

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voir; l'autorité civile protégeoit ses efforts, et ce fut Anne d'Autriche, pour nous borner à citer un grand exemple, qui provoqua cette mission de Melz où Bossuet commença à montrer son talent et son zèle,

Le dix-huitième siècle n'abandonna pas une œuvre ei importante, et dont l'expérience attestoit de plus en plus l'utilité; il vit de nombreux missionnaires se rés pandre dans nos provinces pour gagner des amies à Jésus, Christ, Le père Brydayne est un de ceux qui ont rendu son nom et ses travaux plus célèbres, et lui même avoit été formé à l'école d'un prêtre vertueux, nommé Ma histre, qui exérçoit le même genre de ministère. Brypayne parcourut presque toutes les parties de la France, et mourut en 1767, après avoir donné deux cents cinquante-six missions différentes; nombre énorme, et qui prouve la prodigieuse activité de cet homme extraor dinaire. Indépendamment de Brydayne, qui n'appartenoit à aucune congrégation, celles que nous avons nonimées plus haut continuèrent de se livrer aux missions. Les Lazaristes, malgré les troubles qu'avoient introduit parmi eux de f cheuses contestations, ne ces sèrent point entièrement un travail que leur saint fondateur leur avoit si fortement recomíaandé : uous trou vons citées des missions qu'ils firent dans les diocèses de Châlons-sur-Marne, d'Amiens, de Chartres, du Mans, de Troyes, de Meaux et dans plusieurs campagnes. Il ne paroît pas que les missions de l'Oratoire aient été aussi nombreuses que dans le siècle précédent ; cependant cette congrégation en donna encore quel→ ques-unes: nous la voyons entr'autres remplir plusieurs fois ce ministère dans la paroisse de Vareilles - Sommières, au diocèse de Poitiers, où une mission avoit été fondée pour tous les dix ans. Les Eudistes avoient aussi parmi eux des missionnaires qui s'exercèrent principalement en Normandie, en Bretagne et dans le Maine. Les Jésuites sont ceux qui se livrèrent de plus à cette function laboricuse; un recueil que nous avons sous

les yeux nommé plus de soixante villes où ils dou nèrent des missions, et certainement il ne les a pas indiquées toutes ceux d'entre eux qui se distinguèrent le plus en ce genre, furent les pères de Tournemine, Ségaud, Perusseau, Dudon, Duplessis (1), Delmas Ingoult, Perrin, de Ligny, Dirlande, et surtout ce père Beauregard, que beaucoup de gens encore se rappellent avoir entendu, et qui a occupé la chaire avec tant de succès dans plusieurs de nos grandes villes. Les coups portés à la société par le parlement firent cesser les missions auxquelles elle se consacroit; mais quand des premiers orages eurent été appaisés, et que les Jésuites bannis de France eurent pu y rentrer, plusieurs d'entre eux recommençèrent, ensemble ou séparément, à se livrer à la même oeuvre, particulièrement dans les diocèses de Rouen, de Quimper, de Châlons-surMarne, etc.

D'autres religieux exerçoient fréquemment le même miuistère; nous voyons entr'autres les Capucins, appelés pour cet effet dans plusieurs diocèses. Une congrégation nouvelle de missionnaires s'étoit formée & Saint-Laurent-sur- Sèvre, par les soins d'un prêtre pieux et zélé, Grignon de Montfort, qui s'étoit dévoué à la même œuvre. Lui et ses disciples ont donné un grand nombre de missions dans le Poitou et la Bretagne; car ils se sont à peu près bornés à ces provinces. D'autres associations de missionnaires s'étoient établies en divers diocèses, et les évêques favorisoient ces élablissemens. Un assez grand nombre de prélats montrèrent du zèle pour procurer à leurs troupeaux ces secours extraordinaires nous nommerons parmi eux MM. de Luynes, de Belzunce, Languet, de Saléon, de Pompignan, de La Mothe, de Beaumont, qui ap

(1) Le père Duplessis avoit un talent particulier pour les missions; il en dirigea un très-grand nombre, et il remplit long-temps ce ministère,

pelèrent dans leurs diocèses des missionnaires isolés ou réunis en congrégation. On sait que Stanislas, roi de Pologne et duc de Lorraine, fonda, en 1739, des missions annuelles dans la Lorraine et le Barrois, et plusieurs riches particuliers firent aussi des fondations semblables pour leurs terres.

Nous n'avons point parlé des pays étrangers où règne la religion catholique. Il nous eût été facile de faire voir que les missions y étoient pratiquées avec la même ardeur; nous nous bornerons à remarquer combien l'Eglise attache de prix à cette œuvre, el montre son estime pour ceux qui s'y consacrent, lorsque, dans ces derniers temps, elle a jugé dignes d'être admis au nombre des bienheureux trois célèbres missionnaires d'Italie; savoir le père Léonard de Port-Maurice, Franciscain, mort le 26 novembre 1751, après avoir donné, pendant quarante ans, des missions dans divers Etats de l'Italie, et qui a été déclaré bienheureux par Pie VI, en 1796; le père François de Girolamo, Jésuite, qui s'étoit livré à l'exercice des missions à Naples et dans tout le royaume qui mourut dans cette ville, le 11 mai 1716, el que Pie VII a déclaré, le 19 mars 1806, pouvoir être admis au rang des bienheurenx; et enfin Alphouse-Marie de biguori, sur le compte duquel nous nous sommes étendu dernièrement, et qui non-seulement fut un missionnaire zélé, mais le fondateur d'une société de missionnaires. La sainteté de ces trois ouvriers apostoliques relève et venge assez le ministère qu'ils out exercé.

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Ce que l'on doit conclure de ces détails, c'est que le zèle pour les missions n'est ni nouveau ni extraordinaire; que de grands saints en ont donné l'exemple; que les évêques, en procurant ce secours à leurs diocèses, ne font que suivre l'esprit de l'Eglise et les tra ces de leurs prédécesseurs; et que les prêtres qui se consacrent à cet important ministère ont les droits les plus légitimes à l'estime des amis de la religion et à la reconnoissance des peuples.

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NOUVELLES ECCLESIASTIQUES

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PARIS. Le dimanche 21 novembre, jour de la fête de la Présentation de la sainte Vierge, on a fait au séminaire Saint-Sulpice, suivant un pieux et ancien usage, la rénovation des promesses cléricales. On avoit espéré que M. le cardinal archevêque de Paris viendroit présider lui-même à cette cérémonie; mais S. Em. souffrant un peu plus ce jour-là n'a pu avoir cette consolation. M. de Quélen, son coadjuteur, l'a remplacé; le prélat a dit la messe, à laquelle les élèves du séminaire ont communié. Il a ensuite prononcé un petit discours, dans lequel, commentant les paroles de la consécration cléricale, Dominus pars hæreditatis meæ et calicis mei, tu es qui restitues hæreditatem meam mihi, il en a tiré des réflexions aussi pieuses que solides sur celte consécration, sur ses avantages et sur les devoirs qu'elle impose. Il y a mêlé un compliment aux prélats, présens, et un éloge mérité d'une congrégation respectable qui se vone avec tant de zèle à l'éducation ecclésiastique, et à laquelle presque tous les évêques et prêtres présens doivent d'avoir été formés aux vertus de leur état. Le discours fini, M, le coadjuteur a entonné le Veni Creator, et a renouvelé lui-même sa consécra tion au pied de l'autel, en même temps que six autres prélats, savoir: MM. de Bovet, archevêque de Toulouse; de Coucy, archevêque élu de Reims; de Dampierre, évêque de Clermont; Mannai, nommé évêque de Rennes, de Bouillé, évêque de Poitiers, et de la Tourette, évêque de Valence. Neuf évêques nommés ont aussi renouvelé leurs promesses cléricales entre les mains du célébrant, assis devant l'autel; c'étoient MM, les évêques non encore sacrés de Saint-Flour, de Troyes, de Périgueux, d'Orléans, de Nevers, de Saint-Diez, de Verdun, de Laon et de Rodez. M. le supérieur du séminaire, en étole, a renouvelé ses promesses soul; puis M. le

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