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ressante préface. Le père Lobineau entre souvent dans des détails un peu trop libres pour un bénédictin, et il a même dans ce genre une érudition tout-à-fait remarquable.

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D. Lobineau n'a fait chercher l'article Aristophane, et j'y ai trouvé une erreur. Il y est dit que l'édition de Kuster a été réimprimée à Leyde en 1760 par les soins de Burcum notis variorum. Ce n'est pas exact du tout. Burmann second a donné une édition d'Aristophane avec les notes posthumes de Bergler, et n'a point réimprimé Kuster. Il eût fallu ajouter à cet article, que M. Brunck avait publié en 1785 une édition d'Aristophane infiniment supérieure à toutes les précédentes.

Burmann second n'a obtenu que quelques lignes, et elles ne sont pas exactes. On ne lui donne que deux ouvrages, Anthologia latina, et Poeta latini minores. Le dernier n'est pas de lui, mais de son oncle Burmann, celui à qui nous devons tant d'excellentes éditions latines, entr'autres celles d'Ovide, de Virgile, de Lucain, etc. Les ti:res littéraires du neveu sont aussi fort nombreux, et mérítent d'être plus connus. Outre son Anthologia latina, recueil très-intéressant, et accompagné de savantes notes, on lui doit une foule d'ouvrages, entr'autres des éditions des Emendationes de Valois, des Adversaria de Nic. Heinsius, des poésies de Lotichius, du Traité de rhétorique ad Herennium, de l'Aristophane de Bergler, du Virgile et du Claudien de son oncle, des Sicula de Dorville; enfin, des élégies de Properce. Il mourut avant que l'impression de cette dernière édition fût terminée. Elle a été achevée par M. Santen, enlevé trop tôt aux lettres latines, dont il eût été l'ornement. Burmann était né en 1714; il mourut en 1778 (1).

Un homme du mérite de M. Brunck, et qui a fait tant d'honneur à la France, méritait bien que tous ses ou

(1) Saxius, onour VI, 535. Larcher, préf. de Charíton, p. *j,

édit. 1797.

vrages fussent cités. L'on a oublié de parler de ses éditions de Plaute, de Térence, et de plusieurs tragédies d Euripide. Il a laissé en mourant les matériaux d'une réimpression de Plante. La Bibliothèque de Paris a acquis quelques-uns de ses manuscrits.

Valckenaer et Wesseling, deux des plus savans hommes du dernier siècle, ne sont pas même nommés. Le premier, mort en 1785, à soixante-neuf ans, a donné d'admirables éditions des Phéniciennes et de l'Hippolyte d'Euripides, de Théocrite, d'Ammonius, d'Hérodote en société avec M. Wesseling, une épître critique, des remarques sur le Nouveau-Testament, un Traité sur les origines de la langue grecque, des discours, etc. (1). On doit à Wesseling une édition de Diodore de Sicile, l'un des plus beaux ou vrages de ce genre qui aient paru depuis la renaissance des lettres; Veterum itineraria, probabilia, observationes, Epistola ad Venemam, etc. Il est mort le 11 novembre 1764 (2), à 70 ans. ·

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J'engage les éditeurs à ne pas oublier dans leur neuvième édition une foule d'écrivains qui devaient trouver place dans celle-ci. Par exemple, Julius Mickle, auteur d'une traduction anglaise du Camoëns, d'Almeha hill et The Concubine, poëmes, etc. (3); Bernard Martin, jurisconsulte, dont on a Varia Lectiones, par. 1605, livre estimé (4); Charon de Lampsaque (5), historien grec trèsconnu; Pierson, critique hollandais du plus grand mérite, mort en 1769 à 28 ans (6); Lennep (7), éditeur de Coluthus et des lettres du Pseudo-Phalaris; Laugier de

(1) Voy. Mag. Encycl., t. 6, 4o année, p. 491. Saxius, VI, 523. (2) Larcher, supplément à la Philosophie, préf. p. 24. Saxius onom. VI, 419.

(3) Middlesex and Lond., even. post.

(4) Ruhuken., Epist. crit. 1, p. 4.

(5) Sévin, acad., B. L., t. XIV.

(6) Koppiers, Obs. philol., p. 91. Saxius, onom. VI, p. 174. (7) Valken., préf,, édit. Phalar., 1777.

Tassy (1), auteur d'une bonne histoire d'Alger; Lakemacher, savant Hébraïzant, mort en 1737 à 40 ans (2) ; Hermésianax, poète grec (3), dont Athénée nous a conservé une élégie admirable; Jean Pédiasimus ou Galenus (4), littérateur grec du quatorzième siècle; Hiéronyme ou Jérôme de Cardie, historien grec (5); Ernesti, savant philologue du dernier siècle, auquel on doit d'excellentes éditions de Cicéron, de Callimaque, etc. (6); Domitius Marsus, célèbre poète latin, ami de Tibulle (7); Dresigius, philologue allemand (8); Formey (9);. Hugues Favolius, hollandais dont on a des poésies latines peu connues, mais dignes de l'être davantage (10); plusieurs orateurs grecs, sur Jesquels M. Ruhnkenius a donné des détails dans son Historia critica oratorum græcorum; plusieurs Archytas (11); plusieurs Eurydices (12); plusieurs Chrestus (13); plusieurs Artémidores (14), elc. etc.

Je m'arrête, car cette liste deviendrait trop longue, et je veux d'ailleurs me réserver des matériaux pour un autre extrait. Je ne finirai pas cependant, sans observer qu'il est bien étonnant que les éditeurs n'aient pas nommé Philo

(1) Magas. Encycl., 10° année, t. 1, p. 344.

(2) Il y a des indications manuscrites sur la vie et les travaux de ce savant, en tête du premier volume de l'exemplaire de ses Observat. philolog. que possède la Bibliothèque de Paris,

(3) Ruhnken., Epist. crit., p. 283.

(4) Mag. Encycl., 3o année, t. 4, p. 233.

(5) Sévin, acad. B. L., t. XIII. M. de Sainte-Croix, Examen, p. 40.

(6) Saxius, onom. VI, 451, et Wyttenbach, vit. Ruhuk.,
(7) Tibull. IV, 15, et not. Heyne.

(8) Fischer, præf. ad Dresig., comm. de verb. med.,
(9) Magas. Encycl., t. 4, année 3o, p. 535.

(10) Broekhus. ad Propert. IV, 11, 14.

p. 115.

(11) Burette, acad. B. L., t. XVII, p. 59.

(12) Stein, ad Plutarch. de Educat., excurs. 4.
(13) Havercǝmp, ad Tertull., apolog., p. 42.
(14) Van Goens, ad Porphyr., p. 87,

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dème, dont l'ouvrage sur la musique a été trouvé dans les ruines d'Herculanum, et publié à Naples en 1793, par l'abbé Rosini; plus étonnant encore qu'à l'article d'Homère, its n'aient pas parlé de l'Hymne à Cérès, trouvé il y a à peu près 25 ans, par M. le professeur Matthæi dans un manuscrit de la bibliothèque de Moscou. La découverte d'un hymne de 500 vers, d'un hymne qui porte le nom d Homière, était un événement littéraire si important, que MM. de Landine et Chaudon sont inexcusables de l'avoir passé sous silence. On est généralement en France si étranger à la littérature savante des autres nations, qu'il est très possible que j'apprenne ici à beaucoup de lecteurs l'existence de ce poëme homérique découvert de nos jours, et que MM. Rahnkenius, Mitscherlich, Matthiæ et Ilgen ont successivement publié et commenté. Outre l'Hymne Cérès, M. Matthæi a trouvé dans le mêine manuscrit douze vers d'un Hymne à Bacchus. Il faut convenir que M. Matthæi est heureux en découvertes. J'ai déjà eu occasion d'annoncer dans ce journal (1), qu'il avait trouvé dans un manoscrit d'Augsbourg un fragment de 300 vers de la Clytemnestre de Sophocle.

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Ω.

Suite des Observations de Métastase sur les Tragédies et Comédies des Grecs.

ANTIGONE (de Sophocle).

Le lieu de la scène est, selon l'usage, la place audevant de l'édifice royal (2). Les deux princesses, Antigone et Ismène, sortent seules du palais et viennent sur cette place. A quel dessein? pour converser en secret.

Les caractères d'Antigone, d'Ismène et d'Emone y sont

(1) T. XIV, p. 81.

(a) Inconvénien que produit la sophistique unité des lieux, faussement attribuée aux Gr.c%

admirables. La passion violente du trône ne rend pas assez vraisemblable la cruauté de Créon. On pouvait l'expliquer par la nécessité d'éteindre avec Antigone et Ismène, les derniers rejetons de la race des Labdacides. Autrement cette barbarie n'a plus de vraisemblance.

La scène offre trois situations très-heureuses: la proposition que fait Antigone à sa sœur, d'ensevelir Polynice malgré la défense de Créon ; les prières d'Emone qui veutsauver Antigone; les débats avec le père; la résolution tragique et visible de l'amant ; et enfin la générosité d'Is mène qui s'accuse elle-même, quoiqu'innocente, afin de justifier sa sœur.

On trouve dans cette pièce, aux vers 270, 271, 272, l'usage de la preuve par le feu ; c'est-à-dire, celui de jurer en saisissant de la main nue un fer chaud.

En tout 1353 vers.

N. L.

SPECTACLES.

THEATRE DE L'IMPERATRICE,
(Rue de Louvois.)

Reprise de Fanfan et Colas.

La saison des nouveautés dramatiques finit; celle des reprises commence. Le Procureur Arbitre, comédie de Poisson, assez froide à la vérité, n'a pas reçu un très-bon accueil aux Français. Après le Curieux Impertinent, Picard a remis Fanfan et Colas: l'idée en est puisée dans une jolie fable de M. l'abbé Aubert, dont le but est de nontrer que

L'amitié disparaît où l'égalité cesse.

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