Dieux! quelle main impie, en forgeant la première Son ame n'a jamais connu l'humanité; Son cœur n'a de l'amour jamais senti les charmes. Et ses assauts et ses défaites, Ses triomphes sanglans, sa paix et ses fureurs ? Mais ses victoires toujours chères, Plaisent également aux vaincus, aux vainqueurs. Pourquoi me fuir? ingrat, arrête! Je ne veux point te ravir tes lauriers. Mais, pour sauver les miens, ah ! conserve tes jours, Sur-tout, sensible aux maux de celle qui t'adore, Cher amant, redis quelquefois : Mon Yrène,vit-elle encore? Auguste DE LABOUÏSSE. LA RENCONTRE EN ENFER, CONTE. UN Financier de haute classe, Après avoir long-temps fait du mal et du bruit, Qui sépare le jour de l'éternelle nuit. A son décès, Satan le happe, Est un cocher dont il avait fait cas.... Eh! c'est toi, mon pauvre Thomas.... Quoi! c'est vous, mon cher maître, en ce tripot du diable; Vous étiez si bon, si traitable.... .... Hélas! c'est mon coquin de fils Qui de mon malheur est la cause; Je vais, en peu de mots, te raconter la chose. Je les faisais à son bonheur. Je réussis enfin, à force d'injustices; Loyal et franc je t'ai connu jadis ; Pourquoi te trouves-tu dans ce lieu de misère?... .... C'est pour avoir, monsieur, fait ce coquin de fils. Par F. DEVENET. ENIGM E. LORSQUE la nature sommeille On voit paraître mes beautés ; Aux champs que le jour a quittés, Ya Mon éclat n'est point emprunté : Et l'on ne sait où me chercher. LOGO GRIPH E. FILLE de la nature et quelquefois de l'art, M'insinuer partout est pour moi chose aisée. Dans les sept pieds qui composent mon être, Du cœur la qualité première ; Et pour finir enfin par un trait de lumière, : Lecteur, tu me tiens adieu. CHARADE. Par H. B.. MON premier de ce globe est un des élémens ; 9 Le mot de l'Enigme du dernier N° est les dents. > Celui du Logogriphe est Poison, où l'on trouve oison, pis, pin. Celui de la Charade est Sain-doux. 1 OEUVRES PHILOSOPHIQUES, HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES DE D'ALEMBERT, membre de toutes les Académies savantes de l'Europe (1). (II Extrait.); AVANT VANT d'analyser le Discours préliminaire de l'Encyclopédie, nous croyons nécessaire, pour mieux nous faire comprendre, de présenter quelques réflexions sur cette folle entreprise, et sur le siècle qui l'a vu naître. Lorsque l'Académie française traça le premier plan de son Dictionnaire, elle crut devoir en écarter les mots de sciences et d'arts, afin de ne pas tomber dans des définitions qui seraient trop longues si elles expliquaient tout, et qui deviendraient inutiles si elles n'expliquaient pas assez. Chaque art, chaque science, chaque profession a un langage qui lui est propre; et quoique chacun de ces langages entre pour quelque chose dans l'ensemble de notre langue, on ne peut pas dire cependant que celui qui ignorerait une partie des termes consacrés par les savans, les théologiens, les hommes de loi, les artistes et les ouvriers, ne connaîtrait point la langue française. Dans la préface des Plaideurs, Racine parle du langage adopté au Palais, et convient qu'il n'a retenu d'un malheureux procès que quelques mots barbares propres à faire frissonner les hommes de goût. A coup sûr, Molière ne sentit le besoin de connaître les expres (1) Cet ouvrage annoncé par souscription, et tiré à un petit nombre d'exemplaires, aura 15 vol, grand in 8°. Les trois premiers volumes ont paru avec exactitude, chez Pelletier, à l'imprimerie de Boiste, rue Hautefeuille, no. 21; Arthus Bertrand, libraire, quai des Augustins; le Normant, rue des Prêtres Saint-Germain-l'Auxerrois, et à Bordeaux, chez Melon et compagnie. sions consacrées en médecine, que lorsqu'il voulut tourner les médecins en dérision; et il est probable que Bossuet, entrant dans une imprimerie, n'aurait pu donner à chaque partie mécanique de cet art le nom d'usage entre les ouvriers qui l'exercent. Dira-t-on que Bossuet, Racine et Molière ne connaissaient pas la langue française ? L'Académie agit donc sagement en écartant de son Dictionnaire ce qu'il n'est pas utile à tous de savoir pour écrire ou pour comprendre les ouvrages de raisonnement et d'imagination. D'ailleurs les hommes qui composaient alors ce corps illustre, sans croire au système moderne de perfectibilité, savaient fort bien que les sciences et les arts mécaniques peuvent toujours faire des progrès, et ils n'ignoraient pas que les progrès dans les sciences et dans les arts amènent souvent de grands changemens dans le langage adopté par les savans et les artistes. On peut consulter les ouvrages de chimie faits il y a un siècle, et les comparer à ceux qui donnent le ton maintenant; ou, si on le préfère, on peut lire l'ouvrage d'Economie politique fait hier, et le rapprocher de celui qui parait aujourd'hui, pour se convaincre que les expressions particulières à une science ne sont jamais assez généralement reçues, assez sûrement fixées, pour les admettre dans le dictionnaire de la langue d'une nation. Ces réflexions simples guidèrent l'Académie dans son travail; et le parti qu'elle prit d'éloigner les mots techniques fut si bien approuvé du public que l'on continua d'appeler pédans ceux qui transportaient dans la conversation, ou dans les ouvrages de raisonnement et d'imagination, les termes consacrés aux sciences, aux arts et aux métiers. En jugeant d'après ces principes, combien de pédans on compterait aujourd'hui, à commencer par les grands faiseurs de l'Encyclopédie, qui fondèrent leurs pré |