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(No. CXCIII.) 25 VENTOSE an 13.
(Samedi 16 Mars 1805.)

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THEATRE

HEATRE de hauts faits et de grands souvenirs,
De supplices cruels et de honteux plaisirs,
De scélérats, de saints, de bourreaux, de victimes,
Des plus rares vertus, des plus horribles crimes,
Des plus lâches forfaits, des plus nobles efforts,
Je ne te revois pas sans de nouveaux transports.
Dans ces lieux, dans ces temps où notre ame s'élance,
Tout semble nous parler, jusqu'au profond silence;
Tout paraît animé, la poussière et les morts;

Tout semble respirer, jusqu'au marbre, au porphyre,
Et l'artiste entouré dans cet auguste empire
De débris et d'autels, d'ombres et de tombeaux,
Rallume son génie et saisit ses pinceaux.

Tout semble l'inspirer, jusqu'à l'air qu'il respire.

Ο

t

Source de grands talens, berceau d'hommes fameux,
Eclairant l'univers de ta lumière utile,
Comme tu l'embrasais jadis de mille feux;
Autrefois si troublée, maintenant ei tranquille,
Fléau de tous les rois, ensuite leur asile.
Ton temple de Janus ne se fermait jamais;
Tu vivais pour la guerre, et tu vis pour la paix.
La première souvent, et jamais la seconde ;
Mille fois subjuguée, et reine encor du monde,
Tes prodiges, tes arts, en tout genre, en tous lieux,
En pénétrant notre ame, éblouissent nos yeux.
De cent peuples divers tu fus la souveraine;
Aujourd'hui, bien plus loin étendant ton domaine,
Par un plus digne zèle, une plus noble ardeur,
Tu veux, tu sais régner sur l'esprit et le cœur,
Oui, Rome, tout en toi, nous touche, et nous attire.
Nouvelle je t'adore, antique je t'admire;'

Et ne gagnes-tu pas ce qu'en vaine grandeur
Tu perds pour l'incrédule et pour le sot vulgaire ?
Folle dans ta sagesse, et vile en ta fierté,
Superbe, et consultant avec humilité

Cent Dieux, honte du ciel, et mépris de la terre,
Soumise avec noblesse, humble avec majesté,
Enfant obéissant, organe salutaire

Du Dieu puissant et bon, du Dieu de vérité,
Rome, où j'ai su toujours vivre contre l'usage,
Très-peu dans le présent, qui doit sitôt finir,
Beaucoup dans le passé, bien plus dans l'avenir,
Temple de l'Eternel, et demeure du sage,

Toi qui charmais mon cœur, à peine en son printemps,
Et qui l'as, ranimé, mort hélas! dès long-temps;
Rome enfin, que l'on voit par un rare avantage,
Chaque siècle, gagner ce qu'on perd à vieillir,
Et qui, par un pouvoir qu'on ne peut définir,
Plus auguste toujours, plus noble d'âge en âge,
Vivant dans l'univers, ou dans le souvenir,

Avec l'univers seul désormais peux finir,
Ainsi que mes regrets accepte mon hommage.

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Le trentième soleil à peine nous éclaire,,
Et ton neuvième époux connaît un successeur.
Dix époux en un mois!... A ta lubrique ardeur,
C'est prêter de la loi l'auguste caractère ;

C'est du saint nom d'hymen revêtir l'adultère :
Le vice à découvert inspire moins d'horreur.
KÉRIVALAN T.

ENIGM E.

JE tais mon origine, et passe sous silence
L'époque où je parus pour la première fois.
Présentée à la cour de France,

Exprès pour moi l'on établit des lois.

J'ai des sœurs en grand nombre, et toutes du même âge La plus parfaite égalité

Règne en notre famille, et d'un autre côté

Nous différons beaucoup; car plus d'un personnage
A la supériorité :

Quelques-unes de nous ont même l'avantage
De figurer avec des rois

Qu'en triomphe chacun a pu voir maintes fois.
Dans les sociétés nous sommes répandues,
Souvent, le croirait-on, battues

Par ceux qui nous aiment le plus.

Dans les salons dorés, et sous le toit rastique,
En tête-à-tête, en séance publique,

Nous nous trouvons aussi. Point de mots superflus,
Abrégeons: si par nous on se laisse séduire,
Que l'on soit sage et réservé;

Car on aurait sujet de nous mau lire,
Ce qui n'est que trop arrivé!

Pour savoir l'avenir, il est nombre de femmes
Qui vont nous consulter: eh! songez donc, mesdames,
Que nous mentons presque toujours.

Et vous, amis lecteurs, qui connaissez sans doute
Quelques-uns de nos petits tours,

N'allez pas voir ici votre esprit en déroute.

PON...... SIM.. (de Reims).

LOGOGRIPHE.

AVEC ma tête, on peut me voir au firmament;
Sans ma tête, ici bas, je sers pour vêtement.

A., abonné.

CHARADE.

CORPS à double compartiment,

Le premier des deux est roulant,

Le second liquide et coulant,

Et mon tout, bien fait, est charmant.

Par un Abonné.

Mots de l'Enigme, du Logogriphe et de la Charade insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier numéro est Domino... Celui du Logogriphe est Scène, où l'on trouve cone. Celui de la Charade est Char-ruc.

Manuscrits de M. Necker, publiés par sa fille. . Un vol. in-8°, Prix: 5 fr., et 6 fr. 50 c. parla poste. A Genève, chez Paschoud, libraire, et à Paris, chez le Normant, imprimeur-libraire, rue des Prêtres Saint-Germain-l'Auxerrois, no. 42.

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L est toujours pénible d'avoir à entretenir le public d'un ouvrage dans lequel la fille de M. Necker est pour quelque chose. Madame de Staël a l'habitude de beaucoup parler d'elle en écrivant; elle aime à narrer ses pensées, à entrer dans le détail de ses opinions; elle oublie rarement de se plaindre des méchans et des ingrais dans les rapports qu'ils ont eus avec elle; son père, sa mère, et aujourd'hui ses enfans et son oncle fournissent la matière de ses écrits; et cependant madame de Staël trouve mauvais qu'en rendant compte des ouvrages qu'elle publie, on parle d'elle et de sa famille. Il faut être juste pourtant. De quoi le critique peut-il s'occuper en analysant un livre, si ce n'est des sujets qu'il contient? Se bornera-t-il à examiner le style? Mais madame de Staël regarde les observations de goût comme des satires personnelles, et trouve plus simple de multiplier idéalement le nombre de ses ennemis. que de reconnaitre les défauts de sa manière; que faire? Lorsqu'il paraît un ouvrage fraichement arrivé de Copet, pour plaire à l'auteur, faut-il. nécessairement ajouter de nouveaux éloges aux nombreux éloges que contient toujours le volume? Cela serait difficile, mème pour les amis; et je saisirai l'occasion d'en fournir la preuve à madamede Staël.

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Dans un journal philosophique, un de ses admirateurs a rendu compte des Manuscris de

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