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de tout. La pieuse princesse supporta toutes les priva tions avec gaieté ; la mauvaise santé du roi la forçoit d'entrer dans le maniement des affaires; elle s'en acquittoit avec autant d'habileté que de prudence. Elle donnoit surtout aux peuples de grands exemples de piété, et assistoit aux offices et aux instructions dans les églises. De nouveaux chagrins vinrent l'assaillir dans l'ile. Le duc de Montferrat, frère du roi, et particulièrement cher à ce prince, mourut; le duc d'Aoste perdit son fils unique, qui étoit héritier pré somptif de la couronne. La reine s'empressa de consoler ce prince, ainsi que son époux, fort affligés l'un et l'autre de cette double perte.

Il y avoit six mois que Charles IV étoit en Sardaigne, lorsque la situation des affaires d'Italie et les progrès des armées russes lui. donnèrent l'espoir de rentrer dans ses Etats. Il se décida donc à retournér sur le continent, et s'embarqua, le 18 septembre, avec la reine, pour Livourne, où ils arrivèrent au bout de quatre jours. Le 30 septembre, ils se rendirent à Florence, où ils passèrent huit mois, attendant les événemens. La reine s'y fit admirer, comme partout, par sa piété, sa douceur et sa charité, et elle étoit universellement regardée comme une sainte. Le 10 juin 1800, les deux époux quittèrent Florence, et se dirigèrent vers Foligno, où ils rencontrèrent Pie VII, nouvellement élu, à Venise, et qui se rendoit à Rome. Ils donnèrent au chef de l'Eglise les témoignages les plus marqués de respect et de dévouement, et l'édifièrent par leur ferveur. Ils le suivirent à Rome, où ils arrivèrent le 5 juillet. La reine trouva dans cette grande ville de quoi satisfaire sa piété ; les lieux de dévotion, les églises, les couvens, les exercices de religion, faisoient ses délices. Elle passa quatre mois, tant à Rome qu'à Frascati, et, le 19 novembre 1800, les circonstances la forcèrent d'aller à Naples, avec son

époux. Ils revinrent à Rome, l'année suivante, pour assister aux offices de la semaine sainte, virent plu sieurs fois le Pape, et recurent la communion de sa main. La princesse rendit dans ce voyage les plus tendres soins à la princesse Marie-Félicité de Savoie, tante de son mari, qui mourut à Rome, et à Mme. Badia, sa camériste, qui fut attaquée d'une maladie violente.

Bientôt les deux époux furent encore obligés de quitter Rome; ils retournèrent à Naples, le 19 mai 1801, et la reine continua d'y donner les mêmes exemples. On pense aisément combien la difficulté des temps lui suscitoit d'embarras et de contradictions ; elle les soutint avec courage, toujours occupée à calmer les chagrins et les souffrances du roi. Sa santé à elle-même commençoit à se ressentir de tant de peines de toute espèce, de voyages et d'afflictions. Elle avoit essuyé plusieurs maladies, à Florence et à Rome; elle tomba de nouveau malade, en février 1802. Sa résignation et son amour pour Dieu éclatèrent plus fortement encore dans cette maladie, et la princesse mourut, dans les plus vifs sentimens de piété, le 7 mars 1802, à l'âge de 42 ans et demi. La voix publique célébra ses vertus, et sa réputation de sainteté retentit à Naples comme dans toutes les villes d'Italie où elle avoit habité.

L'auteur de la Vie de la reine a consacré la seconde partie de son ouvrage à peindre dans autant de chapitres les vertus de cette princesse; sa foi héroïque, sa dévotion envers le sacrement des autels et le Sacré-Coeur de Jésus, son zèle pour la religion et son respect pour ses ministres, sa ferme espérance, sa charité fervente, sa prudence, son humilité, sa patience dans les maux, etc. Il s'est beaucoup étendu sur ces détails, et cite des faits très-édifians, mais qui ne sauroient trouver place içi. Il raconte même quelques grâces surnaturelles et

faveurs extraordinaires qui seront probablement l'objet d'une enquête spéciale, ainsi que des guérisons miracaleuses qu'on a cru devoir à l'intercession de la pieuse reine. M. Bottiglia rapporte aussi des témoignages nombreux qui prouvent quelle estime on faisoit d'elle, et combien on étoit persuadé de l'héroïsme de ses vertus. Cette opinion générale a paru s'accroître encore après sa mort. Le roi Charles IV a révélé beaucoup de particularités glorieuses pour sa mémoire; sa déposition a été fortifiée par celle de trente-six témoins, qui ont été entendus sur différens faits relatifs à la reine. Sur le vu de ces témoignages, la congrégation des rits a été d'avis, le 9 avril 1808, qu'on pouvoit introduire la cause de la béatification de la vénérable servante de Dieu, et le souverain Pontife a, le lendemain, approuvé cette décision, et signé la commission. M. Louis Bottiglia de Savoulx, de Turin, est postulateur de la cause; c'est lui-même qui est l'auteur de cette Vie, et ses récits ont d'autant plus de poids qu'il a puisé aux sources, et a consulté une foule de rapports divers et authentiques.

Nous réiterous le vœu de voir traduire cette Vie; peut-être ce travail conviendroit-il à que que pieux ecclésiastique qui auroit un peu de loisir; ce seroit certainement employer son temps d'une manière utile pour la religion, édifiante pour le lecteur, et glorieuse pour une famille auguste et chère.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le voyage que vient de faire Mme. la duchesse de Berri est un acte éclatant de religion, bien digne de la piété d'une fille de saint Louis, et que l'histoire doit recueillir. Anne d'Autriche avoit fait autrefois le même pélerinage pour remercier Dieu de la naissance

de Louis XIV. Mais un pareil témoignage de reconnoissance, qui avoit paru aussi naturel que légitime dans un siècle religieux, pouvoit, dans un siècle différent, être regardé avec d'autres yeux. Une princesse vient faire respecter par son exemple des tradi tions et des pratiques chères à la piété ; en la voyant aller en pélerinage, les contempteurs des choses saintes apprennent à rougir des dédains affectés d'une incrédulité ignorante ou frivole. S. A. R. a manifesté dans ce voyage les sentimens de religion et de bonté héréditaires dans sa famille. Sur toute sa route, elle a laissé des traces de sa générosité. A Liesse, elle a rempli exactement toutes les conditions d'un pélerinage véritable, a visité les chapelles, assisté à tous les offices, et participé au plus auguste sacrement. Elle a donné à l'église une lampe de vermeil, et on est même persuadé qu'elle ne bornera pas là les mar ques de sa pieuse reconnoissance. Aussi sa présence a excité un enthousiasme général. Ceux qu'on auroit cru les moins bien disposés ont oublié à sa vue leurs préventions, et ont appris à juger de nos princes, non d'après les suggestions de leurs ennemis, mais d'après des exemples touchans de piété, de simplicité et de bonté. Combien d'autres se détromperoient de même s'ils pouvoient voir de près des vertus si pures, et si propres à triompher des préventions les plus enra

cinées!

L'établissement pour les gardes-malades, formé rue du Bac, no. 100 bis, et dont nous avons déjà parlé, a déjà commencé à remplir son objet, et à fournir des gardes sûres et intelligentes pour le soin des malades. Il n'y a encore que sept sujets dans la maison; mais ce sont des filles éprouvées; quatre autres arrivent ces jours-ci des environs de Clermont, où elles se sont aussi formées à leurs utiles fonctions. Le local ne peut recevoir en ce moment que dix-huit

gardes; mais ce nombre suffira pour les premiers besoins. Les personnes qui sont à la tête de cette bonne ceuvre, et qui n'y cherchent que la gloire de Dieu et l'utilité du prochain, espèrent qu'un tel but intéressera les amis de l'humanité à leur entreprise, et qu'ils se feront un plaisir de la favoriser. Les gardesmalades déjà employées ont mérité l'estime et la confiance par leurs soins, leur patience et leur zèle. Les prix qui ont été déterminés varieront suivant les moyens des malades. Une garde, pour la nuit seulement, se paie 3 fr., et, pour le jour et la nuit, 5 fr. Cependant on se contentera d'une somme moindre pour les personnes moins aisées. Quant aux riches, on ne croit devoir rien fixer, et on s'en rapporte à leur générosité. On désire que les gardes-malades ignorent le prix qui aura été convenu, et qui sera payé à l'établissement même, après la maladie.

- MM. les missionnaires du diocèse de Lyon, établis à la Chartreuse de cette ville, et qui en tirent leur nom, viennent de donner une mission à SaintEtienne, ville la plus considérable du département de la Loire. Elle fut ouverte le 25 mars, et se faisoit dans trois églises, entre lesquelles les missionnaires s'étoient partagés, et qui se sont trouvées constamment trop petites pour la foule des auditeurs. Grands et petits, riches et pauvres, magistrats et ouvriers, tous accou roient aux exercices. Les missionnaires, assistés de tous les prêtres de la ville, n'ont pu suffire à entendre les confessions, quoiqu'ils y passassent une partie des nuits, touchés qu'ils étoient de l'empressement des pénitens. Les exemples de conversion ont été nombreux et frappans, et ceux qui avoient été les premiers à revenir à Dieu, montroient ensuite le zèle le plus ardent pour engager leurs amis à les imiter. Ces exhortations fraternelles ont admirablement secondé les prédications des missionnaires. Parmi les fruits vi

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