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réunies pour faire des voeux en faveur des prévenus. La foiblesse de l'accusation, contrastant avec le traitement des accusés et leur longue détention, avoit contribué à émouvoir les esprits, et on voyoit dans ce procès la cause catholique toute entière. Il faut espérer que cette haute manifestation d'une opinion unanime rendra plus réservés ceux qui avoient cherché à entraîner le gouvernement des Pays-Bas dans des dé-, marches aussi contraires à ses propres intérêts qu'aux vœux d'une grande population.

La mission de la Louisiane vient de perdre un de ses ouvriers les plus laborieux et les plus utiles dans la personne de M. Félix de Andreis, Piémontois, prêtre de la congrégation de la mission. Il avoit embrassé cet institut dès sa jeunesse, et plusieurs provinces d'Italie furent le théâtre de son zèle et de ses succès dans la chaire. Appelé à Rome, il s'y fit connoître par des livres de piété qui ont été imprimés. Il sollicitoit depuis long-temps de passer dans les missions étrangères, et il se vit avec joie destiné pour l'Amérique, où on l'envoya, ainsi que quelques autres membres de sa congrégation, dont il fut nommé su périeur. M. l'évêque de la Louisiane le fit de plus son grand-vicaire. M. de Andreis répondit à ces marques de confiance par sa charité et son ardeur; toujours occupé du salut des ames, il passoit de la chaire au confessionnal, et des soins du séminaire à la visite des malades et aux autres fonctions du ministère extérieur. Une piété soutenue l'animoit dans toutes ses actions. Victime de son zèle, il a été éprouvé par une longue maladie, qui l'a enlevé, le 15 octobre dernier, à l'àge de quarante-trois ans. Son corps a été transporté de Saint-Louis au séminaire des Barrens, canton de SainteGeneviève, qui est dirigé par ses confrères; c'est là que reposera cet apêtre enlevé trop tôt à une mission à laquelle il sembloit si nécessaire.

NOUVELLES Politiques.

PARIS. S. A. R. Mr. le duc d'Angoulême, qu'une légère indisposition a empêché d'accompagner son auguste épouse jusqu'à Fontainebleau, est parfaitement rétabli. S. A. R. a envoyé un secours de 1000 fr. aux malheureux incendiés du village de Laveze, près Besançon; dès quêtes ont été faites pour eux à Besançon.

-S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, est accompagnée, dans son voyage à Vichy, de M. le vicomte d'Agoult et de Mme, la marquise de Rouge.

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Le voyage de S. A. R. Mme, la duchesse de Berri a donné aux habitans des villes et des villages, qui étoient sur sa route, l'heureuse occasion de faire éclater les bons sentimens qui les animoient. Le 21 mai, la princesse fut reçue à Dammartin au bruit des plus vives acclamations; le chemin étoit jonché de fleurs, et toutes les maisons pavoisées de drapeaux blancs, A Villers-Cotterels et à Soissons, ce fut encore la même joie et le même enthousiasme. Après avoir rempli le but de son pélerinage, S. A. R. revint par La Fere, où elle assista à la revue du régiment d'artillerie. A SaintGobin, elle visita la manufacture royale des glaces. La prin cesse couronna une rosière, à Salency; cette fête annuelle. avoit été avancee. A Senlis, Me, la duchesse de Berri s'arrêta à la maison d'éducation des enfans et orphelins des or dres de Saint-Louis et du Mérite-Militaire, et entrà avec un vif intérêt dans les moindres détails de cette maison. En arrivant à Noyon, l'auguste veuve fat complimentée par M. le maire; elle se rendit d'abord à la cathédrale, où elle reçut la bénédiction du saint Sacrement; puis elle visita à pied les hospices et établissemens de charité, et permit que, pendant son dîner, tout le monde circulât autour de sa table. Avant de quitter Noyon, elle remit à M. le maire des secours pour les pauvres, et laissa les habitans pénétrés de son affabilité, et heureux du peu d'instans qu'elle avoit pu leur accorder. On croit la loi pour proposer la continuation de la censure des journaux sera prochainement présentée à la chambre des députés.

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que

M. le ministre de l'intérieur a autorisé MM. les préfets. des départemens à souscrire aux Premières Leçons d'Histoire

de Dieudonné, ouvrage destiné à retracer les vertus des Bourbons, et dont nous avons rendu compte dans ce journal. -M. le baron de Vincent, ambassadeur de l'empereur d'Autriche près la cour de France, est arrivé à Paris.

-M. Lavalette, si connu par le procès qu'il eut en 1815, et qui parvint à s'échapper peu après sa condamnation, a obtenu de revenir en France, et est arrivé à Paris, le 2 juin. Avant de quitter Augsbourg, il a publié, dit-on, la déclaration suivante :

« En présence de Dieu tout-puissant, vengeur du parjure, je déclare que, durant les onze mois de 1814, je n'ai jamais eu de correspondance directe ni indirecte avec aucune des personnes qui habitoient File d'Elbe à cette époque (excepté la lettre de compliment du jour de l'an, que j'ai communiquée moi-même à mes juges); que je ne leur ai jamais fait écrire, ni reçu de lettre d'elles. Je déclare que je n'ai jamais envoyé, ni fait envoyer personne à l'ile d'Elbe, et enfin que j'ai été entièrement étranger aux événemens qui ont préparé et consommé l'entreprise du 20 mars 1815. Je fais cette déclaraLion publique, volontairement, sans être mu par aucune arrièrepensée, sans être excité par aucun ressentiment, et dans le seul intérêt de la vérité. J'avois résolu de la lire à haute voix sur l'échafaud, et de la remettre à l'ecclésiastique qui m'y auroit accompagné. Je demande en outre qu'elle me soit représentée pour que je la signe de nouveau au dernier moment de ma vie.

Ce 14 mai 1821.

LAVALETTE ».

La nouvelle du massacre du patriarche grec de Constantinople a exaspéré les Grecs dans toute la Morée, et les a portés à d'horribles représailles; à Corinthe, à Voltizza, à Argos, tous les Turcs qui n'ont pu se réfugier dans les places fortes ont été égorgés. Le grand-visir, Bender - Ali-Pacha, le principal auteur du massacre du patriarche et des autres prélats grecs, a été destitué de ses fonctions, qu'il n'a exercées que neuf jours. On avoit annoncé qu'il avoit été étranglé par ordre du sultan; mais cette nouvelle n'est pas certaine.

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Le 23 mai, la première pierre du nouveau môle ou brise-lame que l'on va construire dans le port de Cette, a éle jetée aux cris unanimes de Vive le Roi! vive Louis XVIII! et ce nom auguste a été salué de vingt-un coups de canon.

M. le comte Corvetto, ministre d'Etat, et ancien mi→ nistre des finances, est mort à Gênes, le 23 mai dernier, à l'âge de 65 ans,

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La chambre des Etats-généraux du royaume des PaysBas, dans sa séance du 24 de ce mois, a décidé, à une majo rité de 58 voix contre 19, que le divorce seroit admis dans les cas à déterminer ultérieurement par une loi. On ne se se roit pas attendu, qu'après tant de désordres produits par le divorce, on pût, dans un temps de restauration, revenir à une législation immorale et flétrie par l'exemple du passé.

Le fameux général napolitain Pépé, qui est à Madrid en ce moment, a obtenu, dit-on, une pension de 40,000 réaux par an, et une demi-solde pour tous les réfugiés napolitains qui sont en Espagne.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 1er juin, M. le chancelier invite le témoin Fabvier à nommer la personne qui est venue le voir de la part de Bérard. Le colonel Fabvier persiste dans son refus. Sommé de nouveau par M. le procureur-général de révéler ce nom indispensable pour vérifier le fait dont il s'agit, le témoin refuse encore de le faire. M. le procureur-général requiert qu'il soit fait au témoin l'application des articles 304 et 306 du Code d'instruction criminelle. Le colonel Fabvier essaie de justier son refus. La cour se retire pour délibérer, et prononce, en rentrant, un arrêt qui condamne le témoin à 100 fr. d'amende.

On passe à l'interrogatoire de l'accusé Monchy: cinq témoins qui comparoissent successivement déclarent ne rien savoir des faits relatifs à cet accusé. M. le chancelier et plusieurs pairs font à Monchy plusieurs questions, auxquelles il répond qu'il ne se souvient plus de ce qu'on lui demande.

Le 2, la chambre s'est réunie, à deux heures, sous la présidence de M. le marquis de Pastoret. Au lieu, d'ouvrir la discussion sur les projets de loi relatifs aux grains et aux pensions ecclésiastiques, on a nommé une commission pour l'examen de chacun d'eux. Les membres de la commission pour le projet relatif aux pensions ecclésiastiques sont MM. l'archevêque de Besançon, le comte Ferrand, le comte Jules de Polignac, le vicomte de Châteaubriand et le duc de Doudeauville.

Le même jour, la chambre s'étoit réunie, à onze heures, en cour de justice, pour l'affaire de la conspiration. Le cent cinquante-unième témoin, M. Amelloot, sous-lieutenant de la légion du Nord, parle des confidences détaillées que lui avoient faites les accusés Loritz et Brédard sur la conspiration. Brédard lui avoit nommé comme conspirateurs, Deque vauvilliers, O'Brien, Barbé, Jacot, Foncard, Fresneau, Loritz et Drappier; il lui avoit aussi désigné comme chefs MM. de la Fayette et Foy, et presque tout le côté gauche de la cham

bre des députés. Brédard et Loritz soutiennent que les déclarations du témoin sont fausses, et prétendent que tout ce qu'ils ont pu luri dire n'étoit que le rapport des conversations de la ville, et des bruits qui courcient.

Le 4 le témoin Drappier fait une déposition à peu près semblable à celle d'Amelloot. M. de Pontécoulant remarque cependant une contradiction, entre ces deux témoins, à l'occasion du voyage du général Foy en Angleterre, et demande que l'on prenne note de cette contradiction. Les accusés Brédard et Fresneau soutiennent que la deposition de Drappier est fausse. M. Mounier, lieutenant-colonel de la légion du Nord, confirme la déposition des deux témoins précédens, et rend compte des aveux que lui fit, le 19 août, l'accusé Modwick, au sujet de la conspiration. Modwick dit qu'il avoit la tête troublée lorsqu'il fit ces aveux. Le témoin Questroy est entendu, et rappelle des faits relatifs à Dequevauvilliers, lesquels sont déjà connus; il déclare que Brédard lui dit que les conjurés comptoient sur la garde nationale. M. le duc de Choiseul, major-général de cette garde, fait remarquer à la cour qu'il ne se trouve pas dans la procédure le nom d'un seul garde national. Brédard assure qu'il n'a pas parlé de la garde nationale.

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CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 1er juin, l'ordre du jour est la discussion du projet de loi tendant à autoriser le gouvernement à créer trois mille actions de 1000 fr. chacune pour le rétablissement du port de Dunkerque. Après quelques débats peu intéressans, auxquels ont pris part MM. Beauséjour, Gotteau d'Hancarderie, de Vaublanc et le comte Siméon, la chambre adopte successivement les trois articles du projet. Une disposition additionnelle, présentée par M. Laroche (de la Seine-Inférieure), relativement à la négociation des actions, a été également adoptée. Le résultat du scrutin sur l'ensemble de la loi a été son adoption par 264 voix contre 2.

M. le président annonce que l'on va entamer la discussion de la loi des finances pour l'exercice de 1821, et il propose de s'occuper d'abord des dépenses, puis des articles qui les concernent, avant de passer à ce qui a rapport aux recettes. Cette proposition est adoptée. M. Donadieu, premier orateur inscrit, passe en revue les diverses administrations, tant civiles que militaires, et y trouve des vices plus ou moins graves; il s'élève contre l'impôt de la loterie et celui de la ferme des jeux, qui sont aussi contraires à la morale qu'à la dignité du gouvernement, et termine en déclarant qu'il ne pourra consentir à voter le budget qu'en faveur d'un nouveau ministère. M. de Strafíforello vote l'adoption de la loi, L'impression de ces deux discours est ordonnée, comme il est d'usage pour les questions de finances. La chambre s'est formée quelques instans en comité secret. Le 2, on reprend la discussion sur le budget. M. Labbey de Pompières critique la marche du ministère ; il propose successivement des

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