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reductions considérables sur les chapitres de l'intérieur, des affaires étrangères, de la guerre, de la marine, de la chambre des pairs et de ala chambre des députés. La chambre accorde des congés à MM. Vallée (de la Meuse) et Chambost ( du Rhône).

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M. Cornet-d'Incourt, membre de la commission du budget, exa¿mine la loi dans la partie des recettes et dans celle des dépenses. L'orateur indique la nécessité de réductions sur le taux de l'enregistresment, sur l'impôt du timbre, sur celui du sel;' il parle aussi pour le dégrèvement de l'impot foncier. Ne craignons pas, dit-il, qu'on nous 3-accuse, en degrevant l'impôt foncier, de vouloir diminuer le nombre - des électeurs; le peuple méprise toutes les vaines alarmes qu'on voudroit lui donner la vue d'un ci-devant seigneur lui cause moins d'ef-froi que celle d'un employé des droits réunis. M. Cornet-d'Incourt Sapprouve la réduction de 50,000 francs proposée par la commission sur l'enseignement primaire, en ce sens seulement que cette somme est destinée à encourager l'enseignement mutuel. Toutefois, ajoute l'orateur, ne pourroit-on pas favoriser les écoles chrétiennes, celles particulièrement tenues par ces respectables religieuses, qui n'ont d'autre tort que celui de travailler pour un siècle qui n'est pas digne de leurs vertus?

M. Sébastiani s'arrête d'abord sur le chapitre de la liste civile ;il -prétend, qu'au sujet de la mort de M. le duc de Berri, le ministère a violé la loi de novembre 1814, qui porte que la fixation de la dotation des Princes de la famille royale ne pourra éprouver de changement qu'autant qu'il en surviendroit dans le nombre des membres de cette famille, et qu'alors il y sera pourvu par une loi. Plusieurs membres de la droite s'écrient: Vous oubliez donc le duc de Bordeaux. M. Sebastiani soutient que les ministres devoient se soumettre à la loi; puis il passe en revue les différentes parties de l'administration, et ne voit partout que des vices et des abus.

M. de Villele répond d'une manière détaillée au long discours de M. Sébastiani, et réfute ses principales objections. M. de Lastour propose divers amendemens.

Le 4, M. Duhamel fait un rapport sur le projet de loi relatif aux chemins vicinaux, dont il propose l'adoption, sauf quelques amendemens. On reprend la discussion du budget. M. Morisset présente quelques réflexions générales sur le rapport de la commission, dont il rejette les amendemens, et conclut à l'adoption pure et simple. M. de la Fayette prononce un long discours, qui a paru une continuelle apologie de la révolution et de tous ses accessoires; il vante l'assemblée constituante et ses travaux, et critique le gouvernement actuel dans toutes ses parties: L'honorable membre rappelle les vœux qu'il fit toute sa vie pour l'émancipation et l'indépendance des nations; il 'parle aussi de ses services dans la guerre d'Amérique, et n'oublie pas non plus son projet sur la réorganisation de la garde nationale. De frequens murmures ont interrompu ce discours, que l'orateur a enfin terminé en votant le rejet du projet de loi.

Plusieurs membres de la gauche demandent l'impression; vive opposition de la part du côté droit. M. de Castelbajac parle contre l'im

pression, attendu que ce discours tend à rappeler la fameuse maxime que l'insurrection est le plus saint des devoirs. M. B. Constant prétend que le discours de son honorable ami est au contraire l'apologie des véritables principes de la liberté, et l'expression des sentimens de l'immense majorité de la nation. Selon lui, l'esprit de parti peut seul s'opposer à ce qu'il soit imprimé. L'impression est mise aux voix; quarante à cinquante membres de l'extreme gauche se lèvent pour l'appuyer presque tout le reste de l'assemblée se lève à la contre épreuve. Le discours ne sera pas imprimé.

M. le ministre des affaires étrangères réfute la plupart des assertions de M. de la Fayette, et repousse avec force la doctrine des insurrections armées. M. de Saint-Géry propose l'amendement relatif au fonds commun à distribuer entre les départemens, pour suppléer à l'insuffisance des centimes votés par les conseils-généraux. La chambre n'étant plus en nombre suffisant, la séance est levée.

Dans un moment où on met au jour tant d'œuvres complètes, on ne devoit point omettre celles de saint-François de Sales, de cet évêque si estimé de son temps par son zèle, ses prédications et ses écrits, et dont la mémoire sera toujours si précieuse dans l'Eglise par les exemples de vertus qu'il nous a laissés. M. Blaise, déjà connu par des entreprises dirigées avec beaucoup d'intelligence et de succès, s'est chargé d'élever ce monument à la gloire d'un évêque que la France peut revendiquer à tant de titres. Il se propose de joindre à la collection des œuvres du saint ses lettres, dont plusieurs sont inédites; toutes seront classées dans un ordre nouveau.

Cette édition, imprimée par Pierre Didot (l'aîné), sera composée de 13 volumes in-8o. de 5 à 600 pages chacun; le premier contiendra la vie du saint, par Marsollier; le second l'Introduction à la vie dévote; les troisième, quatrième et cinquième, les Sermons; le sixième le Traité de l'amour de Dieu; les septième, huitième, neuvième et dixième, les lettres; le onzième, les Controverses; le douzième les Entretiens spirituels, et le treizième les opuscules. On pourra joindre à cette édition l'Esprit de saint François de Sales, 1 volume in-8o., et les Lettres de la baronne de Chantal, 2 volumes in-8°., même format.

L'ouvrage paroîtra en sept livraisons, dont la première, de deux volumes, est en vente; elle se compose des tomes III et IV, par lesquels l'éditeur a cru devoir commencer. Le prix de la souscription est de 6 francs par volume papier ordinaire, et du double pour le papier vélin, pour les personnes qui souscriront avant le 1er. septembre. On ne paie rien d'avance.

Nous parlerons plus au long de cette entreprise, en rendant compte des deux volumes qui paroissent; mais nous ne doutons pas que cette édition n'intéresse tous les amis de la religion et ceux à qui le nom de saint François de Sales est si justement cher. Elle sera surtout accueillie par les ecclésiastiques, auxquels les ouvrages du saint évêque pourront être encore plus utiles.

(Samedi 9 juin 1821.)

(No. 713.)

OEuvres de Fénélon, archevêque de Cambrai, publiées d'après les manuscrits originaux et les éditions les plus correctes, avec un grand nombre de pièces inėdites; 2°. et 3°. livraisons (1).

Les trois premiers volumes de la nouvelle édition contiennent, comme nous l'avons vu, les ouvrages théologiques de Fénélon, autres que ceux qui ont rapport au quiétisme et au jansénisme. Les écrits sur le quiétisme commencent au tome IV; ils sont précédés d'un Avertissement de l'éditeur, et d'une Analyse de cette controverse, qui méritent l'un et l'autre de nous occuper quelques instans.

Dans l'Avertissement, l'éditeur passe en revue les ouvrages relatifs au quiétisme. Ces écrits, dit-il, n'ont plus sans doute la même importance aujourd'hui; mais, outre qu'ils peuvent encore exciter la curiosité des théologiens, ils fout bien connoître Fénélon; ils attestent, non-seulement la fécondité de son talent, mais aussi la pureté de ses intentions; ils sont des monumens pour l'histoire ecclésiastique de cette époque. On ne pouvoit les omettre sans laisser la collection incomplète; ces écrits n'ont été con

(1) La collection, y compris l'Histoire de Fénelon, contien dra environ 20 vol. de 500 pages chacun. Le prix de chaque volume est de 5 fr. 50 c. pour les souscripteurs. Aussitôt que chaque livraison est en vente, les volumes publiés se paient 6 francs, et ceux à paroître 5 francs 50 cent. On souscrit, à Paris, chez Adr. Le Clere, au bureau de ce journal; et à Versailles, chez Lebel.

Tome XXVIII. L'Ami de la Relig, et du Ro1. L

damnés par aucun jugement de l'Eglise, et ils peuvent servir à éclaircir plusieurs questions accessoires, et à donner une idée nette d'une controverse qui occupa si vivement les esprits. Mais, parmi ces écrits celui même qui a donné lieu à toute la dispute n'a pas paru devoir figurer dans cette édition; censuré par le saint Siége, abandonné par son auteur, il devoit être rejeté par des éditeurs instruits des règles de l'Eglise, et empressés de s'y soumettre. On ne trouvera donc point ici l'Explication des Maximes des Saints, et c'est pour y suppléer qu'on a rédigé une Analyse raisonnée de cet ouvrage, et de toute la controverse du quiétisme.

La suite de l'Avertissement est employée à présenter, suivant l'ordre chronologique, les écrits relatifs au quiétisme, et à rappeler en même temps quels en furent l'occasion et l'objet. Pour ne parler que de ceux qui font partie du III. volume, que nous avons sous les yeux, on remarque d'abord plusieurs pièces relatives aux conférences d'Issy; une réfutation des 68 propositions de Molinos, qui paroît ici pour la première fois, et qui offre un nouveau témoignage de l'éloignement de Fénélon pour des illusions dangereuses; plusieurs Mémoires sur le commencement de la controverse; des Eclaircissemens en forme de questions sur la doctrine du livre des Maximes; l'Instruction pastorale de Fénélon, du 15 septembre 1697, sur son livre; des Réponses aux premiers écrits de Bossuet sur cette matière; la Réponse à la Relation du quiétisme; des Lettres à l'archevêque de Paris et à l'évêque de Chartres, etc. Parmi ces écrits, celui qui eut le plus de succès dans le temps, et qu'on liroit encore aujourd'hui avec

plus d'intérêt, est la Réponse à la Relation du quié tisme; cette Réponse, quoique composée en peu de jours, parut un chef-d'oeuvre de discussion, de finesse et d'art, et dissipa les reproches les plus graves que Bossuet avoit dans sa Relation adressés à son adversaire.

L'éditeur donne à la fin de son Avertissement la liste des écrits qu'il n'a pas cru devoir faire entrer dans la collection; les uns ont été imprimés, et les autres sont restés manuscrits. Ce sont le plus souvent des extraits et des Mémoires dont le fond se retrouve dans d'autres ouvrages, et qui n'auroient apporté aucune lumière sur la controverse. L'éditeur dit un mot de chacun d'eux. Toute la partie bibliographique de son Avertissement est traitée avec un soin et une exactitude rares; les dates y sont marquées d'une manière très-précise, les éditions y sont bien distinguées, et l'historique de chaque écrit y est présenté avec beaucoup d'intelligence, de briéveté et de clarté.

L'Analyse raisonnée de la Controverse du quiétisme est plus remarquable encore, et forme une excellente introduction aux ouvrages de Bossuet et de Fé nélon sur cette matière. Peut-être étoit-elle nécessaire pour redresser les idées peu exactes que l'on se forme trop souvent de la doctrine des quiétistes. « Il n'est que trop ordinaire en effet, dit l'éditeur, de donner atteinte aux maximes de la véritable spiritualité par une craiute excessive de tomber dans l'illusion des faux mystiques. Au seul nom d'amour pur et désintéressé, de contemplation, de quiétude, de repos en Dieu, d'état passif, bien des personnes s'alarment et se récrient, comme si c'étoient là pré

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