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sion peu intéressante, l'article est mis aux voix et adopté à l'unanimnité, sauf l'avis de M. Piet, qui s'est levé seul contre l'article. Lạ chambre s'est ensuite formée en comité secret pour entendre les développemens d'une proposition de M. Leclerc de Beaulieu.

Le 6, M. le garde des sceaux est venu à la séance, où il n'avoit pas paru depuis long-temps. La discussion est ouverte sur un amendement de M. Delessert, qui proposoit d'autoriser les inscriptions sur le grandlivre au-dessous de 50 fr. Cet amendement, combat!u par MM. Roy et Louis, et appuyé par MM. B. Constant et C. Perrier, est rejeté.

Le président lit l'article 3 du budget des dépenses, qui ouvre un crédit de 653,274,610 fr. pour le service de 1821. On passe en revue les différens objets de dépense compris dans l'article. Les 25 millions de la liste civile, et les 9 millions pour les Princes, sont adoptés sans discussion, suivant l'usage. M. de Girardin parle long-temps contre la place et le traitement de président du conseil des ministres, contre le rapport de la commission, et contre des abus qu'il aperçoit de toutes parts. M. Demarçay parle dans le même sens, et est rappelé deux fois à la question par le président. Le chapitre du président du conseil est

adopté.

Sur le chapitre du ministère de la justice il avoit été proposé quelques réductions, que M. Etienne vient appuyer; il voudroit supprimer la place de sous-secrétaire d'Etat, et se plaint du taux exorbitant des traitemens. M. de Serre répond que le Roi est le chef de l'administration; il repousse plusieurs assertions de M. Etienne, et remarque ·que des orateurs qui professent des principes anarchiques, et qui cherchent constamment à les mettre en action, sont conséquens avec euxmémes. Explosion de murmures à gauche; on entend partir de ce côté les reproches de calomnies, d'injures, d'impertinences, et autres semblables.

M. le garde des sceaux persiste dans ce qu'il a dit. MM. Foy, C. Perrier et B. Constant, cherchent à répondre, et se plaignent d'être insultés. M. Corbière défend le discours du garde des sceaux. Celui-ci remonte à la tribune, et rappelle plusieurs occasions où l'opposition a fait l'apologie de la révolte. L'agitation, qui étoit extrême, se calme peu à peu. Les réductions proposées par M. Labbey de Pompières, sur le chapitre de la justice, sont rejetés. Une seule réduction de 16,000 fr., sur le personnel des bureaux, proposée par la commission, est adoptée à une foible majorité.

Le 7, M. le ministre de l'intérieur, après avoir présenté quelques considérations sur la liberté de la presse, et repoussé les reproches adressés à la censure des journaux, demande la prorogation de la loi de censure, et donne lecture d'un projet de loi qui se compose de cet article unique: La loi du 31 mars 1820, relative à la publication des journaux et écrits périodiques, continuera d'avoir son effet jusqu'à la fin de la session de 1821. La chambre donne acte de la présentation du projet de loi, et en ordonne l'impression et la distribution. On accorde ensuite un congé à M. de la Villeaucomte.

On reprend la délibération sur les articles du budget. M. de Lamethappule un amendement de M. Labbey de Pompières, tendant à faire

une réduction considérable sur l'article relatif au conseil du Roi, et demande une loi pour l'organisation du conseil d'Etat. M. de Serres établit la nécessité d'un conseil d'Etat, dont il fait remonter l'origine au berceau de la monarchie. Je sais bien, ajoute l'orateur, que l'opposition regrette le despotisme des administrations locales et communales. Ce despotisme est un des élémens démagogiques les plus puissans. Vive agitation à gauche. M. de Serres demande le rejet de la proposition du préopinant. M. Manuel parle contre l'organisation du conseil d'Etat, et appuie la proposition de M. de Lameth.

M. Cuvier combat les objections des adversaires de l'article. M. Sébastiani vote contre les fonds accordés au conseil d'Etat, jusqu'à ce qu'on ait proposé une loi pour l'organisation de ce corps. M. Pardessus parle dans le sens contraire. La cloture est mise aux voix et adoptée. L'amendement de M. Labbey de Pompières est rejeté, et l'article du projet est voté.

Les chapitres relatifs à la cour de cassation, aux cours et tribunaux, sont adoptés sans discussion. On passe au chapitre 7, concernant les frais de la justice. M. B. Constant voudroit que l'on fit une réduction sur les frais d'accusation en matière criminelle; sa proposition est rejetée. M. Casimir Perrier présente quelques amendemens, qui sont renvoyés à la suite du budget. Le chapitre est mis aux voix et adopté. On arrive au budget du ministère des affaires étrangères. M. Bignon prononce un long discours, qui a paru n'être que le complément de celui de M. de la Fayette, et qui a excité de viis murmures à droite. M. le président a rappelé deux fois l'orateur à la question; M. Bignon quitte la tribune, en donnant des signes d'impatience. Vive agitation à gauche. M. Casimir Perrier accuse M. le président d'être d'une partialité révoltante. M. Ravez repousse cette injure avec noblesse et dignité. M. Pasquier répond en détail au discours de M. Bignon.

NÉCROLOGIE.

François Duncan, né à Rome, le 13 avril 1752, étoit fils de Jacques Duncan, Ecossois, qui étoit attaché au prétendant, et qui se fixa à Rome auprès de ce prince, et y embrassa la religion catholique, vers 1737. On a même des lettres qui furent écrites à ce sujet à Jacques Duncan par un ministre anglican, Wagstasse, lequel n'omit rien pour détourner son ami d'une résolution si fâcheuse à ses yeux. Duncan y persévéra au contraire, et épousa une catholique, dont il eut deux garçons et deux filles. Privé de sa fortune par son émigration, il s'attacha du moins à donner à ses enfans une éducation soignée, dont François profita surtout avec plus d'ardeur. L'étude faisoit ses délices; il passoit presque tout son temps dans les bibliothèques de Rome.

Il avoit commencé par exercer les fonctions d'avocat; puis il se dégouta du barreau, et se livra exclusivement à la culture des lettres. Le cardinal di Pietro l'avoit choisi pour auditeur et pour secrétaire lorsqu'il vint à Paris, en 1804; mais une maladie obligea l'abbé. Duncan de rester à Florence. Il fut un des premiers membres de l'Açadémie de la Religion catholique. Son mérite le fit choisir pour des fonctions importantes. Le grand duc de Toscane, alors régnant à

Wurtzbourg, le nomma précepteur de son fils, le prince Léopold, né en 1797. Duncan fut donc obligé de quitter Rome, et se rendit à Wurtzbourg, où il arriva le 12 août 1806. Il se livra de suite aux devoirs de sa place, et s'appliqua à former l'esprit et le cœur du jeune prince, à lui faire aimer la religion, à le prémunir contre les séductions de l'incrédulité. Il lui inspiroit le goût des lettres, et fut aussi chargé de donner aux archiduchesses des leçons de littérature italienne. Modeste et retiré, il restoit d'ailleurs étranger aux intrigues de cour et aux idées politiques; mais les événemers dont il étoit témoin affligeoient son ame sensible.

La guerre le força plus d'une fois de quitter Wurtzbourg, et, en 1809, la tempête qui fondit sur Rome pénétra Duncan de douleur. Toutes les lettres qu'il écrivit à cette époque attestent la part qu'il prit à cette catastrophe. Une maladie de vessie, dont il étoit tourmenté depuis plusieurs années, s'aggrava; il s'y joignit, en 1811, une affoiblissement progressif que n'arrêtèrent point les eaux de Wipfeld qu'on lui fit prendre. Il se disposa à la mort par un redoublement de piété, et mourut, le 4 octobre 1811, dans les sentimens les plus édifians.

Tel est le Précis de l'Eloge historique de l'abbé Duncan, prononcé par M. Zamboni, dans la séance de l'Académie de la religion catholique, du 25 mai 1820. Ce prélat a fait imprimer cet éloge, et y a joint quatre discours prononcés par Duncan devant la même Académie : le premier, du 28 mai 1801, traite de Dieu considéré comme créateur de l'univers. Le second, du 19 août 1802, a pour objet de montrer que c'est en vain que les incrédules ont essayé de donner au monde une antiquité supérieure à celle de la Genèse. Le troisième, du 21 avril 1803, développe les rapports des prophéties sur la passion et la mort du Messic, avec l'histoire de la passion et de la mort de notre Seigneur; et le dernier, du 9 août 1804, établit que les derniers progrès des sciences mathématiques et physiques, loin d'ébranler la vérité du christianisme, comme quelques-uns le croient, servent au contraire à la manifester davantage.

L'éditeur y a joint des notes, des lettres relatives à l'abbé Duncan, et un morceau de poésie du même. M. Zamboni paroit avoir eu des relations étroites d'amitié avec cet auteur, et il fait un grand éloge de ses talens, de ses qualités et de ses sentimens religieux. Le volume qui contient toutes ces pièces, et que le savant prélat a bien voulu nous adresser, est intitulé: Discorsi apologetici postumi di F. Duncan, corredati di note et del suo elogio istorico, da M. G. F. Zamboni, Florence, 1820, in-4o. de 223 pages. L'ouvrage est dédié à l'archiduc Léopold, et offre le portrait de ce prince, ainsi que celui de l'abbé Duncan.

AVIS aux Souscripteurs des OEuvres choisies de Bossuet; 23 vol. in-12; prix, 40 fr.

Du 12 au 15 juin courant, on pourra livrer aux souscripteurs le Ier, vol. de l'Histoire de ce prélat, par M. le cardinal de Bausset. On souscrit toujours pour cette collection, à Paris, chez Adr. Le Clere, au bureau de ce journal; et à Versailles, chez Lebel, imprimeur du Roi.

(Mercredi 13 juin 1821.)

(No. 714.)

Sur un Mémoire pour M. l'abbé Lanjuinais.

On a distribué, il y a quelque temps, à tous les membres de la chambre des pairs et de celle des députés, une brochure intitulée: Suite de la persécution contre les prêtres toujours soumis aux lois; faits relatifs à M. Lanjuinais, docteur en théologie et en droit canon, chanoine titulaire du chapitre de Rennes, et ancien premier vicaire-général (lisez épiscopal) du même diocèse, avec cette épigraphe : Ab uno disce alios; in-8°. de 20 pages. Cet écrit est le même dont nous avons dit un mot dans notre n°. 689; on a cru devoir l'exhumer de la Chronique, et en gratifier les pairs et les députés, qui auront probablement frissonné d'horreur en voyant l'affreuse persécution exercée contre M. l'abbé Lanjuinais. Il est même étonnant qu'ils ne l'aient pas encore fait cesser; car ce qu'il y a ici de plus révoltant, c'est que cette persécution s'étend par toute la France, et pèse sur beaucoup de prêtres aussi innocens, aussi paisibles et aussi silencieux que M. Lanjuinais. Cependant il paroîtroit qu'elle n'est pas tout-àfait aussi atroce que la persécution de Dioclétien, ou celle de 1793; car on dit que M. Lanjuinais, par exemple, est fort tranquille à Paris, et jouit, au sein de sa famille, des douceurs de l'abondance. S'il faut juger des autres par lui, suivant sa devise, ab uno disce alios, il ne semble pas que ces victimes soient fort à plaindre; elles ne sont pas non plus fort silencieuses, puisque la Chronique retentit chaque mois de leurs doléances, et M. Lanjuinais, qui parle aussi de son silence, crie aussi assez haut, et ne seroit pas fàché de faire un peu de bruit. Cela ne rappelle-t-il pas le Tome XXVIII. L'Ami de la Relig, et du Ror.

K

silence respectueux de gens avec qui M. L. a peutêtre quelque conformité, et qui faisoient des volumes pour montrer qu'ils étoient disposés à se taire?

L'écrit qu'il a distribué aux deux chambres est une espèce de tableau de sa vie, et il y rappelle les faits qui le concernent, et les témoignages honorables qu'il dit avoir reçus des différens évêques de Rennes. Il assure entr'autres que M. de Maillé, ancien évêque de Saint-Papoul, et devenu évêque de Rennes, en 1802, le rechercha, et lui donna des marques d'estime. Il prétend qu'à cette époque du Concordat, il eût pu, s'il l'eût voulu, être grand-vicaire de Rennes, et que M. de Maillé n'exigea de lui aucune rétractation. Ces assertions étonneroient un peu tous ceux qui ont été témoins de ce qui s'est passé à Rennes, en 1802; et on est surpris que M. L. compromette sa réputation dont il se montre si jaloux, en avançant des choses que nieroit, au besoin, tout le clergé d'un grand diocèse, et qui sont démenties par des personnes graves. Examinons un peu quelques-uns des faits que M. L. avance avec tant de confiance.

Il dit qu'il pouvoit, en 1802, choisir entre le titre de grand-vicaire à Besançon ou à Rennes ; qu'il refusa l'un et l'autre, et accepta, comme sa retraite, le ca· nonicat dont il est encore titulaire. Il est vrai qu'à l'époque du Concordat, des personnes puissantes auprès du premier consul se concertèrent avec M. Portalis et le préfet d'Ille et Vilaine pour déterminer M. de Maillé à lui donner le titre de grand-vicaire, ou au moins la principale cure de Rennes; mais il est vrai aussi que le prélat refusa constamment de lui accorder l'un ou l'autre de ces titres; et, loin d'accepter sans difficulté, comme sa retraite, le canonicat dont il est encore titulaire, M. L. persista long-temps à le refuser, et sollicita avec beaucoup d'instances la cure de Saint-Sauveur, où il avoit été placé par l'évêque

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