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ce qu'on n'a pas distribué à la chambre l'état des traitemens en nonactivité; puis il critique plusieurs passages du dernier discours de M. Pasquier: il accuse le ministère d'indifférence et d'incurie à l'égard des relations de la France avec l'Amérique méridionale. M. Foy parle ensuite de la révolte des Grecs, qu'il regarde comme l'ouvrage de la politique de la Russie. Il voit la France soumise à l'influence des puis sances étrangères, et trouve très-mauvais que les souverains du nord se soient mélés des affaires de Naples pour y rétablir l'ordre. L'impression du discours a été ordonnée, après une légère opposition.

M. le ministre des affaires étrangères répond au discours du préopinant, et donne des explications sur diverses dispositions de l'article en question. Le ministre ne croit pas devoir s'expliquer sur nos relations avec Saint-Domingue, des négociations de ce genre étant secrètes de leur nature; pour ce qui est de la prétendue influence exercée sur la France par les étrangers, dit M. Pasquier, ce n'est point dans les bruits de salon qu'il faut puiser ses autorités; il ne faut pas attacher aux conversations des agens diplomatiques, quels qu'ils soient, plus d'importance qu'elles n'en méritent; notre existence sociale repose sur d'autres garanties.

M. Sébastiani reproche au ministère des affaires étrangères la mar che de nos négociations avec la Turquie, et il lui attribue la décadence de notre commerce du Levant. M. de Villèle justifie le gouver

nement.

La cloture est mise aux voix, et prononcée, malgré les efforts du côté gauche. L'amendement de M. de Pompières est rejeté. M. Casimir Perrier demande, à l'occasion du chapitre 2, relatif au service extérieur, des explications sur l'état actuel des négociations avec les Etats-Unis d'Amérique. M. Pasquier déclare qu'il ne peut s'expliquer sur ce point. M. B. Constant s'étonne de ce que certains journaux font l'apologie des mesures prises à Naples contre les révolutionnaires, et demande pourquoi le gouvernement françois ne se sert pas de son influence pour défendre la cause de l'humanité et de la justice. M. de Bourrienne relève ce qu'a dit M. Foy sur un prélat porté sur la liste des traitemens en non-activité. La chambre adopte les trois chapitres du budget des affaires étrangères, sauf une légère réduction.

On passe au budget du ministère de l'intérieur. M. de Girardin appuie un autre amendement de M. Labbey de Pompières, tendant à retrancher 320,000 francs sur les dépenses d'administration centrale.

Le 9, la séance s'ouvre par un rapport de M. de Courtarvel sur plusieurs pétitions peu intéressantes. On continue la discussion de l'amendement de M. de Pompières, tendant à retrancher du budget de l'intérieur une somme totale de 320,000 francs, dont 40,000 pour la suppression du traitement du directeur de la police générale, et de 20,000 francs pour le traitement du directeur des gardes nationales.

M. le ministre de l'intérieur s'oppose à ces diverses réductions, et répond à M. de Girardin, qui a reproché à la police d'avoir employé des agens provocateurs dans plusieurs circonstances. Pourquoi, dit l'orateur, accuser le gouvernement d'être le provocateur des crimes,

lorsqu'il est si facile de les apercevoir dans les doctrines ennemies du gouvernement? Est-ce la police qui a envoyé des agens provocateurs à Naples et à Turin? M. de Bouville parle pour la suppression du traitement du directeur de la police, parce que cette police, selon lui, est inutile, et n'est au reste qu'une institution anti-monarchique. M. Capelle, commissaire du Roi, combat la suppression demandée. M. de Castelbajac vote dans le même sens que M. de Bouville, parce que la police n'a su prévenir aucun des attentats qui ont menacé le trone et l'Etat. M. Beugnot appuie le maintien du traitement de directeur de la police.

M. Casimir Perrier déclare qu'il ne veut pas voter contre les principes, en s'opposant à la suppression demandée ; mais il prétend savoir que les membres du côté opposé ne veulent pas détruire la police, mais en profiter. M. de Villèle établit que, sous tous les rapports, l'amendement est inadmissible. M. B. Constant abonde dans le sens de M. Casimir Perrier. Selon lui, on ne veut détruire la police que pour la recréer, et en faire une tyrannie renforcée. L'honorable membre parle ensuite de la foiblesse du ministère et de la fureur du parti qui le domine. Vive interruption. M. Lainé répond au préopinant, et repousse avec dignité les reproches adressés au ministère. L'amendement de M. Labbey de Pompières est rejeté, ainsi que plusieurs sous-amendemens; on adopte une simple réduction de 25,000 francs, proposée par la commission. On passe à l'article suivant, sur lequel la commission a proposé quelques réductions, dont la principale est relative aux courses de chevaux. M. de Girardin parle contre cet amendement.

Les membres de la commission pour le projet de loi relatif aux journaux, sont MM. Pardessus, de Vaublanc, Piet, de Castelbajac, de Blondel d'Aubers, de Coislin, de Villefranche, Brenet, Cornetd'Incourt.

Le 11, M. Dussumier-Fonbrune fait un rapport sur un projet de loi relatif à la construction de ponts dans divers départemens. M. Huerne de Pommeuse fait un autre rapport sur le projet de loi relatif à l'achěvement de plusieurs canaux. La chambre entend ensuite M. Héricart de Thury, rapporteur de la commission chargée de l'examen du projet de loi le canal latéral de l'étang de Mauguin. M. le rapporteur pour demande, au nom de la commission, que les projets de loi concernant les canaux soient discutés immédiatement après la loi des dépenses. M. Sébastiani s'y oppose. La chambre décide que la discussion de ces projets aura lieu immédiatement après le vote sur les dépenses.

Ón reprend la délibération sur le budget du ministère de l'intérieur. Le chapitre 3, montant à la somme de 3,675,000 francs, et relatif aux courses de chevaux et aux écoles royales d'arts et métiers, est adopté, après une discussion plus longue qu'intéressante. Plusieurs amendemens proposés, tant par la commission que par divers membres de la chambre, ont été rejetés.

On passe au chapitre 4, concernant les établissemens généraux d'instruction publique, pour lesquels on demande 2,800,000 francs. La commission propose une réduction de 50,000 francs destinés aux en

couragemens pour l'instruction primaire, par le motif que ces fonds sont employés en grande partie à favoriser un systême d'enseignement peu en harmonie avec nos institutions. M. Lainé croit que la méthode d'enseignement mutuel est utile pour apprendre les élémens de la lecture et de l'écriture, et que cette méthode n'est pas défavorable à la religion; et il en donne pour preuve le grand nombre d'églises qui existent en Suisse, en Hollande et en Ecosse, où cette méthode est en vigueur. M. Terrier de Santans fait l'éloge des Frères des écoles chrétiennes, qui possèdent réellement les lumières nécessaires aux enfans du pauvre; il déclare que dans son département les Frères des écoles chrétiennes n'ont jamais éprouvé que des obstacles, tandis que là, comme ailleurs, l'enseignement mutuel a été souvent imposé à des communes qui n'en vouloient pas, il appuie la suppression demandée. M. le ministre des affaires étrangères prend la défense de l'enseignement mutuel, et regarde comme utile de multiplier les moyens d'instruction dans les campagnes. M. Pavy établit une distinction entre l'éducation et l'instruction. L'éducation forme les citoyens; il n'en est pas de même de l'instruction. L'orateur vote pour que les 50,000 fr. soient accordés aux écoles chrétiennes. La discussion est continuée au lendemain.

LIVRE NOUVEAU.

Défense de l'Essai sur l'Indifférence en matière de religion; par M. l'abbé F. de la Mennais (1).

pu encore

Cet ouvrage paroît en ce moment: nous n'avons qué le parcourir rapidement; mais en attendant que nous en rendions compte, ce qui, nous l'espérons, sera trèsprochain, nous croyons devoir faire connoître le début de T'auteur :

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Lorsqu'en traitant un sujet d'une importance universelle, on paroit s'écarter des idées communes et de la méthode reçue, un sentiment de défiance s'empare aussitôt des lecteurs. Cette disposition des esprits tient à la nature même; elle est la sauve-garde de la vérité.... Sitôt donc que quelqu'un se présente seul avec ses idées, une juste prévention s'établit d'abord contre lui; on le rappelle à l'antiquité, l'universalité, comme à la règle immuable du vrai dans toutes les croyances nécessaires, et, si sa doctrine soumise à cette épreuve ne la soutient pas, elle est avec raison condamnée sans retour ».

Deux pages plus bas, l'auteur s'exprime ainsi :

<< Toutes les personnes qui ont cherché à répandre de nouvelles lumières sur le sujet que nous avons traité, ont droit à notre reconnoissance. Quelques objections nous ont été proposées publiquement; on

(1) 1 vol. in-8o. ; prix, 5 fr. et 6 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Méquignon fils aîné; et chez Ad. Le Here, au bureau de ce journal.

nous en a communiqué d'autres par écrit, et de vive voix. Il nous sera, du moins nous le pensons, d'autant plus aisé d'y répondre, que presque toujours il suffira de substituer nos véritables sentimens aux opinions qu'on nous a prêtées. Qu'il y ait un peu de notre faute, si quelques lecteurs ne nous ont pas mieux compris, nous sommes trèsdisposés à en convenir; en voulant trop abréger, on néglige quelquefois des développemens nécessaires. Nous croyons cependant que les aveux pourroient être réciproques; car, lorsque nous disons formellement le contraire de ce qu'on nous fait dire, l'inadvertance ou l'oubli ne sauroit, à ce qu'il semble, être de notre côté ».

Enfin, dans le cours de l'ouvrage, M. de la Mennais dit

encore:

« Nous devons avouer qu'il manque dans cette partie de notre ou vrage (le chapitre xm du second volume) une ou deux phrases qui auroient prévenu la plupart des difficultés qu'on a faites. Nous avons négligé d'avertir que la première partie de notre xie. chapitre n'étoit qu'une analyse sommaire des principaux systêmes de philosophes, et il est arrivé de là qu'en croyant nous attaquer, on a attaqué, non pas mais les philosophes que nous avions combattus ».

nous,

Il semble que ces déclarations franches et modestes doivent prévenir favorablement les lecteurs, et satisfaire ceux qui avoient reproché au second volume de l'Essai des formes trop absolues. On ne se plaindra pas non plus, à ce que nous croyons, de ne pas trouver dans la Défense assez de méthode et de clarté. L'auteur rapporte des passages des plus célèbres philosophes pour montrer les incertitudes de la philosophie; il établit l'état de la question, et compare son principe sur l'autorité du genre humain avec le principe catholique sur l'autorité de l'Eglise. Cette partie offre des rapprochemens très-ingénieux. Espérons donc que cette Défense dissipera les nuages, et éclaircira les difficultés que le second volume de l'Essai avoit fait naître. On avoit craint qu'il n'eût pour résultat d'affoiblir les anciennes apologies de la religion. Telle n'a pu être l'intention de M. de la Mennais; il y auroit d'autant plus d'injustice et d'invraisemblance à la lui prêter, qu'il s'occupe en ce moment même, comme il l'annonce dans sa Défense, de publier une Collection des meilleurs Apologistes de la religion chrétienne; cette Collection, qui sera d'environ 24 vol. in-8°., paroîtra par livraison de deux mois en deux mois; le prix de la souscription sera de 5 fr. par volume. Nous reviendrons sur une si utile entreprise.

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(Samedi 16 juin 1821.)

(N°.715.)

Le Clergé de France, ou Beaux Exemples de vertu chrétiennes donnés par des ecclésiastiques, depuis le milieu du siècle dernier, et particulièrement durant la persécution révolutionnaire; par E. Hocquart (1).

C'est depuis le milieu du siècle dernier que les prêtres ont été l'objet de plus de calomnies et d'injures; on les a peints dans de nombreux pamphlets comme des intolérans et des fanatiques. Ce n'étoit point assez de les avilir; on les a proscrits et tués, et la révolution, continuant l'oeuvre de la philosophie, a déchargé sur eux ses plus rudes coups. On Оп les a emprisonnés au nom de la liberté, déportés au nom de la tolérance, envoyés à l'échafaud au nom de l'humanité; il étoit reçu alors de les rendre responsables de tous les maux et de tous les crimes, et le nom de prêtre étoit seul un arrêt de moit.

C'est une heureuse idée d'opposer des traits honorables à ces fausses peintures que la haine faisoit des prêtres, et de montrer que, depuis l'époque même où le clergé a été en buite à plus d'outrages et a été le plus diffamé, il a offert cependant des preuves nombreuses et signalées de dévouement, de zèle et de charité. Ainsi c'est par des services et des bienfaits que les ecclésiastiques se vengeoient des

(1) 1 vol. in-12; prix, 1 fr. 80 c. et 2 fr. 30 c. franc de port. A Paris, chez Hocquart; et chez Ad. Le Clere, au bureau de ce journal.

Tome XXVIII. L'Ami de la Relig. et du Ror. L

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