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peu de mots la défense de son client, et s'est permis de blâmer une ordonnance du Roi; M. le procureur-général i'a rappelé au respect dù aux actes du gouvernement.

Le 14, la cour a entendu MM. Coffinières et Odilhon-Barrot, défenseurs des accusés Mallent et Dumoulin. Ces deux avocats ont cherché à démontrer qu'il n'a pas existé de complot, et que par conséquent leurs clients n'avoient pu ni en avoir connoissance, ni en faire partie.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 12, la chambre accorde un congé à M. Robin-Scévole. M. le président lit une lettre de M. le comte de Montesquiou, pair de France, maire de la commune de Bessé (Sarthe), qui déclare qu'il n'existe pas dans cette commune d'individus nommés Camuscau, Tavany et Martel, auxquels ont été attribuées faussement trois pétitions adressées à la chambre des députés; nouvelle preuve, pour le dire en passant, du peu de confiance que méritent ces pétitions mensongères, qui n'ont d'autre but que de provoquer des discussions fâcheuses et d'échauffer les esprits. On décide ensuite, par la voie du sort, que l'arrondissement de Bourg sera convoqué pour remplacer M. CamilleJordan, décédé.

On reprend les débats sur l'amendement de la commission, tendant à supprimer la somme de 50,000 francs destinée à encourager l'enseignement primaire. M. Clément (du Doubs) combat l'amendement. M. Cornet-d'Incourt déclare que la commission a pensé que la son me de 50,000 francs, demandée pour l'encouragement de l'enseignement est, par sa modicité même, illuscire, injuste cu dangereuse.

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prima fait en finissant des réflexions fines et piquantes sur l'en

seignement mutuel on peut, dit-il, à l'aide de méthodes accélérées, improviser l'instruction; l'éducation ne sauroit jamais s'improviser. M. Cuvier, commissaire du Roi, parle contre l'amendement; il étɛblit que, si l'enseignement mutuel a été encouragé, c'est qu'on n'a pas trouvé assez de sujets pour les écoles chrétiennes. M. Delalot croit que, si les Frères des écoles chrétiennes n'ont pas assez de sujets, c'est parce qu'on a accordé plus de secours et de faveur à l'enseignement mutuel. M. le ministre des affaires étrangèr s reproduit quelques-uns des argumens de M. Cuvier. M. Piet rappelle que les Frères des écoles chrétiennes étoient protégés sous le régime impérial, tandis que sous le Roi ils ont été vexés. M. Corbières répond que les Frères ne se plaignent point; les contradictions qu'ils ont pu éprouver ont cessé, et le conseil royal de l'instruction publique fera en sorte que l'instruction primaire n'ait pas d'influence perniciouse.

On ferme la discussion. L'amendement est rejeté par une majorité composée de toute la gauche et des deux centres. M. de Marcellus propose un amendement, tendant à ce que l'artide soit ainsi conçu : Encouragement pour l'instruction primaire des écoles chrétiennes, 50,000 francs. M. Duhamel présente un amendement dans le même

sens. Tous deux sont rejetés. M. Foy prononce un discours en faveur de l'Ecole polytechnique. Après quelques débats peu intéressans, e chapitre vi du budget de l'intérieur est adopté sans réduction. On passe au chapitre suivant, relatif aux sciences, belles-lettres et beaux-arts. M. Chabaud-Latour combat une réduction de 40,000 francs, proposée par la commission, sur les fonds destinés à encourager les sciences et les arts. M. de Vaublanc appuie Tamendement de la commission, qui est rejeté. On rejette un amendement de M. de Pompières, tendant à retrancher les 140,000 francs demandés pour la statue projeté sur le pont Louis XVI. Le chapitre est adopté.

Le 13, l'ordre du jour est la délibération sur le chapitre vi, relatif aux commissaires-généraux de police à Lyon et a Bayonne, aux inspecteurs de la librairie à Paris, aux censeurs dramatiques, aux insertions dans les journaux, et aux représentations gratis pour la fête de la saint Louis. Il s'élève à 200,000 francs, sur lesquels ia commission a proposé une réduction de 42,200 francs. M. le ministre de l'intérieur et M. Capelle, commissaire du Roi, parient contre cette réduction. M. Beauséjour demande la suppression totale de l'article, qu'il trouve inutile dans toutes ses parties. M. B. Constant s'élève contre les insertions dans les journaux'; il parle des abus de la censure, laquelle n'a pas permis qu'on se plaignit dans les journaux de l'arrêté imprudent et coupable rendu, dit-il, à l'occasion du service anniversaire du jeune Lallemand. M. Casimir Perrier vote contre l'amendement de M. Beauséjour, relatif aux représentations gratis de la saint Louis. M. Dudon combat les amendemens de M. Beauséjour, qui sont rejetés.

M. de Bourrienne annonce que la commission borne la réduction qu'elle avoit proposée, à 21,200 fr., à cause des dépenses faites pour le baptême de Mgr. le duc de Bordeaux. Après quelques débats, le chapitre ainsi amendé est adopté.

On passe au chapitre vii, relatif aux dépenses du clergé, dont la somme totale est de 22,800,000 francs. M. Bouville fait observer qu'on a oublié dans le budget les desservans des chapelles, qui tiennent un rang intermédiaire entre les curés et les simples desservans, et il propose d'allouer à ces desservans une indemnité de 250 francs par an. M. Humblot-Conté se plaint de l'existence subalterne des desservans, et du despotisme des évêques; il se plaint aussi de ce qu'il n'existe pas de dispositions de loi contre les prêtres qui refuseroient d'exercer leurs fonctions. M. le ministre des affaires étrangères pense qu'il ne faut pas improviser légèrement un amendement aussi important. L'impression du discours de M. Humblot-Conté est rejetée, malgré l'appui du côté gauche.

M. de Floirac demande pour les curés et desservans septuagénaires un secours supplémentaire de 620,000 francs. M. de Puymaurin solij cite une augmentation de 50,000 francs pour les religieuses, et de 40,000 francs pour les cures infirmes. Ces deux propositions sont combattues par le ministre des finances, et retirées par leurs auteurs. M. de Marcellus s'empare de l'amendement de M. de Puymaurin, et plaide la cause des ecclésiastiques âgés et des religieuses infirmnes; it, propose en outre une augmentation de 50,000 francs pour les seccura

destinés à la réparation des églises. Cet amendement est rejeté. On écarte ensuite des amendemens de M. Beauséjour, tendant à retrancher 100,000 francs sur les dépenses du chapitre de Saint-Denis, et 600,000 francs sur les bourses des seminaires. Le chapitre du clergé est adopté.

Le 14, une longue discussion s'établit sur le chapitre vin du budget, qui porte pour les cultes non-catholiques une somme de 500,000 fr. La commission propose de reporter à ce chapitre les 5c,000 francs du chapitre X1, à titre de secours pour les réparations des temples protestans, et demande que la somme soit doublée. M. le ministre de l'intérieur combat cet amendement. Après quelques débats, l'amendement de la commission est rejeté, à une foible majorité, après deux épreuves.

La chambre adopte le chapitre 1x, qui accorde 30 millions pour les dépenses des ponts et chaussées. Des amendemens proposés sur cet article par MM. Labbey de Pompières et Sébastiani, ont été combattus par MM. Pasquier et Becquey, et ont été rejetés. Á l'occasion du chapitre suivant, relatif aux constructions et bátimens d'intérêt général, tant à Paris qu'à Saint-Denis, M. Labbey de Pompières demande la suppression des sommes destinées à la construction de divers bâtimens, entr'autres de l'église Sainte-Geneviève. M. Beauséjour fait une même proposition à l'égard des églises de Saint-Denis et de la Madeleine, et donne pour motif que ces églises sont inutiles. M. Leclerc de Beaulieu se plaint de la suspension des travaux de l'église de la Madeleine, et conclut à ce que les retranchemens proposés par la commission ne portent pas sur cette église. Le retranchement de 140,000 francs demandé par la coinmission est adopté à la presque unanimité. On passe au chapitre xi, réduit à 2 millions 206,691 francs, par la transposition de deux articles portés dans le chapitre du clergé. M. de Pompières réclame la suppression des 60,000 francs portés pour réparations extraordinaires des cathédrales, des bâtimens des évéchés et des séminaires diocésains. Cet amendement est rejeté.

LIVRE NOUVEAU.

De l'Education des Filles; par Fénélon. Nouvelle édition, augmentée d'une Vie de l'auteur (1)..

Il seroit superflu de louer le Traité de l'Education des Filles, par Fénelon, après que l'estime publique a placé cet ouvrage parmi les productions les plus utiles, et depuis que le dernier historien du prélat en a fait si bien sentir tout le

(1) 1 vol. in-18 de 374 pages, orné du portrait de l'auteur; prix, 1 fr. So c. et 2 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Villet, rue du Battoir, no. 20; et chez Ad, Le Clere, au bureau de ce journal.

mérite. Ce seul petit volume, dit M. le cardinal de Bausset, réunit plus d'idées justes et utiles, plus d'observations fines et profondes, plus de vérités pratiques et de saine morale, que tant d'ouvrages volumineux écrits depuis sur le même sujet; Fénélon avoit dit avec précision et simplicité ce qu'on a répété depuis avec emphase et prétention. M. le cardinal donne ensuite l'analyse du Traité, et ne peut s'empêcher d'admirer la justesse et la variété des détails, le sentiment exquis des convenances, et la sagesse des maximes et des conseils que l'illustre auteur montre dans cet écrit. Nous applaudissons donc à l'idée de le réimprimer; on ne sauroit trop multiplier de tels livres, et il seroit à désirer que toutes les mères et les personnes chargées du soin de la jeunesse, lussent et méditassent ce Traité; elles y apprendroient l'art si difficile et si rare de former le cœur des enfans en même temps qu'on ouvre leur intelligence, et de leur inculquer doucement l'amour de la vertu et de la religion, et des idées justes sur leurs devoirs et sur tous les objets dont on a occasion de les entretenir.

L'éditeur a joint au Traité une Notice historique sur là Vie de Fénélon; cette Notice paroît faite dans de bonnes vues. Peut-être cependant ce qu'il y avoit de mieux à faire içi, étoit de donner un extrait de l'Histoire du prélat, publiée avec tant de talent et de succès par l'illustre écrivain que nous venons de nommer. Il étoit difficile de faire mieux, et il n'y a aucune honte à suivre un guide si habile et si sûr. L'éditeur, en voulant voler de ses propres ailes, a commis quelques erreurs. Le duc de Bourgogne n'étoit point dauphin quand Fénélon devint son précepteur, en 1689; il n'eut ce titre que vingt-deux ans après. Dans l'exposé de la querelle du quiétisme, l'éditeur se sert, en parlant de Bossuet, d'expressions qui ne sont ni justes ni convenables; il ne faut point flétrir un grand homme pour en exalter un autre. On s'étonne aussi que l'auteur de la Notice trouve quelque chose de petit dans les conseils que demande le duc de Bourgogne, et que lui donne Fénelon, sur sa conduite à l'armée, et qu'il semble craindre que l'éducation donnée au prince n'eût rapetissé son ame sous quelques rapports. Ce n'est pas à Fénélon que ce soupçon fait tort, et celui qui a pu l'énoncer n'avoit apparemment pas assez lu son Histoire, ou n'avoit pas lui-même des idées bien justes sous tous les rapports. Je n'aime point

non plus qu'il prenne la peine d'indiquer aux incrédules, comme un sujet de triomphe, un passage de la lettre de Fenélon sur la lecture de l'Ecriture sainte. Ce passage, qui renferme quelques objections des incrédules contre l'Ecriture sainte, ne pourroit, sans une insigne mauvaise foi, être regardé comme l'expression des sentimens d'un homme qui avoit les sentimens de religion si profondément gravés dans le cœur.

A la suite du Traité de l'Education des Filles, on a mis une Lettre qu'on y joint ordinairement, parce qu'elle se rapporte au même sujet. C'est une Lettre à une dame de qualité, sur l'éducation de sa fille. L'éditeur a cru que cette dame de qualité étoit la duchesse de Beauvilliers; ce qui ne paroît pas vraisemblable. Il est dit, au commencement de la Leure, que la dame à qui elle étoit adressée n'avoit qu'une fille, et la duchesse de Beauvilliers en eut neuf.

Ce volume a été imprimé dans le même format que le Livre de prières de Fénelon, publié l'année dernière, et dont nous avons rendu compte dans notre no. 616, tome XXIV. On a cru que ces deux volumes pouvoient trouver place, à côté l'un de l'autre, dans la bibliothèque des mères chrétiennes. L'impression est assez bien exécutée, et chaque volume est accompagné d'une gravure. Celui qui a paru, l'année dernière, commence par un sujet qui représente la sainte famille, et celui que nous annonçons en ce moment offre un portrait de Fénélon.

Nous avons encore reçu presque à la fois le second volume de cha cune des deux éditions du Dictionnaire historique de Feller, qui s'impriment, l'une à Paris, et l'autre à Lyon; c'est déjà une raison pour les annoncer ensemble: mais nous en avons encore une autre, nous le disons franchement, et dans l'espérance que chacun des éditeurs nous le pardonnera; c'est que nous voulons éviter de paroitre favoriser une entreprise aux dépens de l'autre, avant d'avoir pris une parfaite connoissance de toutes les deux. Nous n'avons pas encore eu le loisir de les examiner, comme nous l'avions promis; nous espérons néanmoins le faire sous peu. Peut-être même vaut-il mieux que nous ayons attendu le moment actuel pour apprécier l'un et l'autre ouvrage. Les deux volumes qui ont paru de part et d'autre nous offriront plus de matière pour asseoir notre jugement.

On sait que les deux éditions sont publiées, l'une à Paris, par M. Méquignon, fils ainé, qui en avoit déjà donné une il y a deux ans, et l'autre à Lyon, par MM. Roland et Rusand.

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