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(Mercredi 16 mai 1821.)

(No. 706.)

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Abrégé du Cours de Littérature ancienne et moderne de La Harpe, avec des notes et additions par J. F. Rolland (1):

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Le Cours de Littérature de La Harpe jouit d'une réputation méritée à plus d'un titre, la forme de l'ouvrage, l'heureuse facilité du style, l'abondance des détails, le tact et le goût dont l'auteur fait souvent preuve, ont rendu cet ouvrage classique. Je sais que l'on a contesté l'exactitude de plusieurs de ses jugemens, et qu'on lui a reproché des digressions inutiles, et un défaut de proportion dans plusieurs parties. Ces reproches ne sont peut-être pas destitués de foudement; mais, à tout prendre, le Cours de Littérature est encore, sans contredit, ce que nous avons de mieux sur un sujet fort vaste, et qui exige une grande variété de connoissances. Aussi il s'en est fait successivement plusieurs éditions, et même quelques abrégés pour l'usage des jeunes gens, et de ceux qu'effrayeroit une collection de 19 volumes.

L'Abrégé de M. Rolland est fort court, puisqu'il n'est composé que de 3 volumes; mais l'éditeur se flatte d'avoir conservé tout ce qu'il y a d'essentiel. Il a réuni dans un volume tout ce qui concerne la littérature ancienne, et y a joint l'Introduction de La Harpe et le discours sur le style des prophètes. Le

(1) 3 vol. in-12; prix, 9 fr. et 12 fr. franc de port. A Lyon, chez Rolland; et à Paris, chez Adr. Le Clere, au bureau de ce journal.

Tome XXVIII. L'Ami de la Relig. et du Ror. B

II. volume comprend le discours sur l'état des lettres en Europe, depuis la décadence de l'empire romain jusqu'au 17. siècle, et tout ce qui se rapporte à la littérature du siècle de Louis XIV. Le III. volume est consacré an 18. siècle. Ainsi les trois grandes divisions de la littérature sont assez convenablement distribuées dans l'Abrégé. L'éditeur a fait disparoître les digressions et les hors-d'œuvre que La Harpe avoit quelquefois mêlés à son Cours; mais il passe en revue tous les auteurs dont la critique a parlé. Les poètes, les orateurs, les historiens, les philosophes, sont jugés tour à tour, et peut-être ces jugemens ne perdent-ils pas, autant qu'on pourroit le croire, à être plus précis et plus rapprochés. L'éditeur n'a même pas omis dans son travail l'examen que fait La Harpe de la philosophie du 18. siècle, et il reproduit ses jugemens sur Montesquieu, Buffon, Condiilac, Toussaint, Helvétius, Diderot et Rousseau. On doit lui savoir gré d'avoir analysé cette portion de l'ouvrage principal, et surtout d'avoir conservé l'esprit et le ton général que La Harpe avoit su répandre dans son Cours, et qui ont contribué au succès de ce recueil. Nous croyons donc pouvoir recommander cet Abrégé pour les établissemens d'éducation, et pour les lecteurs à qui leurs occupations ou l'état de leur fortune interdisent les collections volumineuses.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. La fête annoncée en l'honneur de la sainte Vierge, et en mémoire des derniers bienfaits de la Providence envers la France, et particulièrement de La naissance et du baptème de M3, le duc de Bor

deaux, a été célébrée au Mont-Valérien avec un empressement et une pompe dignes de son objet. Le samedi 12, dès sept heures du matin, un grand concours de fidèles étoit déjà rendu sur le Calvaire. Une partie du clergé des paroisses de la capitale y est arrivée successivement, et on a commencé les stations. Pendant toute la matinée, des messes ont été dites dans la petite chapelle située sous le Calvaire. Un autel bien décoré avoit été élevé au centre du batiment pour la célébration de la messe pontificale, et l'on avoit tendu vis-à-vis, entre cet autel et le Calvaire, une espèce de tente capable de mettre à couvert un bon nombre d'assistans. Un autre autel, consacré à la sainte Vierge, s'élevoit à droite du Calvaire. M. Macchi, nonce du saint Siége et archevêque de Nisibe; MM. les archevêques de Reims, de Sens et d'Arles; MM. les évê ques d'Amiens et de Meaux; et parmi les prélats élus, M. le coadjeur de Tours, et MM. les évêques de Laon, du Puy, de Luçon, de Béziers et de SaintClaude, avoient voulu prendre part à cette pieuse fête. Vers dix heures et demie, S. A. Mme. la duchesse de Bourbon est arrivée. Peu après, on a commencé la grand'messe; M. le nonce apostolique officioit pontificalement. Cependant un détachement nombreux du 4. régiment d'infanterie de la garde royale, en quar tier à Courbevoie, étoit sous les armes, et attendoit les Princes et Princesses de la famille royale. Leur voiture est arrivée vers onze heures et un quart. LL. AA. RR. ont été reçues par une partie de MM. les missionnaires, et ont fait les stations, après avoir entendu une messe basse dans une chapelle. A leur rctour, la grand'messe étoit terminée; les Princes ct Princesses ont gravi le Calvaire, et M. l'abbé de Janson, qui s'y étoit aussi placé, a prononcé de là un discours très-touchant sur le mystère de la croix. Après ce discours, la procession générale est sortie au bruit

des tambours. De jeunes filles de diverses paroisses se distinguoient par leur bannière. L'image de la sainte Vierge étoit portée par six jeunes personnes, et d'au tres jetoient des fleurs sur son passage, ou chantoient des cantiques, que la musique accompagnoit de ses accords. La marche étoit fermée par le clergé et par LL. AA. RR., qui avoient à leur suite beaucoup de personnes de distinction. Au retour, tout le clergé s'est rendu à l'autel de la sainte Vierge. M. l'abbé de Janson. est monté de nouveau sur le Calvaire, et a prononcé un autre discours sur la divine maternité de Marie, et sur les hommages que lui doit plus · particulièrement la France, dont elle a été constamment la protectrice. Après l'office, M. Macchi a donné la bénédiction papale, et la cérémonie a été - terminée par les vœux pour le Roi, et par des acclamations en l'honneur des Princes et Princesses, qui ont été reconduits au pied de la montagne par le clergé et les troupes. Toute cette journée a été moins remarquable encore par la pompe extérieure que par les exemples de piété qu'ont constamment donnés les quatre augustes personnes, les prélats et un bon nom. bre de vertueux fidèles.

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Le jeudi 10, soixante jeunes Savoyards ont fait leur première communion dans l'église des MissionsEtrangères; ils ont été accompagnés à la sainte table par un assez grand nombre de leurs camarades, qui s'en approchoient pour la seconde fois. Avant et après la communion, M. l'évêque d'Amiens, qui officioit, a fait aux jeunes communians de pieuses exhortations sur la grandeur du sacrement, et sur les dispositions qu'ils devoient y apporter. Pendant la cérémonie, les enfans étoient dans un profond recueillement, et chantoient, par intervalles, des cantiques d'actions de grâces. A trois heures, ils ont été reconduits, en bon ordre, à l'église par leurs pieux instituteurs. Après

vêpres, M. l'évêque d'Amiens a donné la bénédiction, et M. l'abbé Letourneur, prédicateur ordinaire du Roi, est monté en chaire. Il a pris pour texte ces parolesdu livre des Proverbes : Relinquite infantiam, et vivite, et ambulate per vias prudentiæ. Dans son discours, adressé aux jeunes communians, l'orateur s'est proposé de leur retracer ce que la religion avoit fait pour eux, et ce qu'ils devoient, à leur tour, faire pour elle. Il a développé ces deux considérations avec une simplicité pleine d'onction, et il a terminé son discours par un appel à la bienfaisance de ses auditeurs en faveur de ces pauvres enfans. Le sermon terminé, Mme. la duchesse de Fitz-James a fait la quête; pendant ce temps-là, les enfans se sont rendus proces-sionnellement, et en chantant des cantiques, à la chapelle souterraine, où sont exposées les reliques de saint François de Sales, et où ils ont fait la renovation des vœux du baptême. M. l'abbé Letourneur leur a encore adressé là une exhortation sur l'impor-, tance des promesses qu'ils alloient prononcer. Après cette cérémonie, la procession est rentrée dans l'église dans le même ordre qu'elle en étoit sortie; il y a eu ensuite salut et bénédiction.

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Les pertes redoublées qu'a faites le clergé de-, puis quelques années, et la triste perspective qui s'offre dans l'avenir pour la religion, ont touché des cœurs chrétiens, et ont fait songer à prendre des mesures pour la perpétuité du sacerdoce. A l'époque de la restauration, une association se forma dans la capitale pour le soutien de quelques jeunes clercs dans les pe-. tits séminaires; cette association se réunissoit tous les mois, et chacun y apportoit son tribut, ou le contingent des personnes qu'il avoit su intéresser à cette œuvre, Des discours étoient prononcés dans ces réunions, et étoient suivis de quêtes. Des femmes pieuses montroient surtout un zèle aussi ingénieux qu'infatigable

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