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testans. Ainsi de toutes parts les chaires protestantes sont envahies par une incrédulité mal déguisée; on tend aux sociniens une main fraternelle, mais on conserve aux catholiques une haine irréconciliable. On accueille tous les sectaires, et on dit anathême à un sage magistrat qui embrasse la religion catholique. M. de Haller, pour avoir cédé à la voix de sa conscience, est dépouillé de ses places par des hommes dont les uns ne croient pas, et dont les autres regardent toutes les croyances comme indifférentes; et on ajoute, pour rendre l'inconséquence plus palpable, que ces hommes là prétendent aux honneurs de la toléance, et passent pour zélés partisans des idées libérales. Nous préserve le ciel d'avoir rien à démêler avec un zèle si partial, et avec une tolérance si impitoyable!

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le jour de l'Ascension, le saint Père a assisté à la messe solennelle dans la basilique de Saint-Louis de Latran, et a ensuite donné la bénédiction au peuple du haut de la grande galerię extérieure de cette église,

L'église et le couvent de la Purification ayant été détruits dans les dernières révolutions, S. S. a néanmoins voulu conserver dans cette ville un précieux institut, et procurer un asile à tant de filles nobles et pauvres qui étoient entrées dans cet ordre; elle les a donc établies sur le mont Esquilin, dans un local convenable, et y a réuni les religieuses et les revenus d'un autre couvent, également supprimé, celui de Sainte-Marguerite. L'église a été rouverte, le 24 mai, jour anniversaire de la rentrée du saint Père dans sa capitale, en 1814.

Le jeudi 26 avril, l'Académie de la Religion catholique a recommencé le cours annuel de ses séances, dans la grande salle de la Sapience. Le discours d'ouverture a été prononcé par M. Bertazzoli, archevêque d'Edesse, aumônier de S. S., et président de l'Académie, qui a traité de la certitude que les catholiques ont de leur foi, et des preuves qu'ils tirent même des aveux de leurs adversaires. On a distribué dans cette séance le tableau des sujets à traiter cette année, et qui doivent être dirigés vers la réfutation des systêmes des géologues modernes contre la Genèse. Le jeudi 10 mai, M. le prélat Zamboni, secrétaire de l'Académie, lut un discours sur la nécessité de prévenir contre la méthode des géologues, qui prétendent ébranler par leurs observations le récit de Moïse sur la création et le déluge.

Le 17 mai, M. François-Marie d'Este, évêque de Reggio, administrateur de l'abbaye de Nonantola, est mort, le 17 mai, après une courte maladie; il étoit né à Modène, le 10 septembre 1743.

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PARIS. L'ordination de la veille de la Trinité s'est faite à Notre-Dame, comme nous l'avions annoncé, et avoit attiré un grand nombre de fidèles empressés de prendre part à cette pieuse cérémonie. Elle a commencé à huit heures un quart, et a fini à plus d'une heure. Il y a eu 35 prêtres, dont 7 de Paris; 26 diacres, dont 9 de Paris; 29 sous-diacres, dont 6 de Paris; 10 minorés et 48 tonsurés. M. le duc de Rohan ést du nombre de ceux qui ont reçu le diaconat. Plu'sieurs jeunes gens appartenant à des familles distinguées ont été promus à différens ordres. Parmi les tonsurés étoit un officier en retraite, M. Richard, ancien capitaine dans nos armées et membre de la Légion-d'Honneur, qui est depuis un an au séminaire. Il y avoit parmi les ordinans plusieurs Anglois ou Irlandois du séminaire de Picpus. Le séminaire du

Saint-Esprit a aussi fourni quelques sujets. On appren dra avec plaisir que parmi les prêtres il y en a un qui se destine aux missions étrangères; œuvre si impor tante, et qui en ce moment a un besoin plus pressant de sujets. Le lendemain de l'ordination, plusieurs premières messes ont été célébrées dans différentes églises de Paris.

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Un des curés de la capitale vient d'être enlevé subitement à sa paroisse. M. Nicolas-Emmanuel Desmarets, curé de Sainte-Valère, est mort, le 15 juin au soir, d'une apoplexie foudroyante. Né, vers 1763, à Haute-Epine près Beauvais, il refusa le serment, et se retira, pendant la révolution, en pays étranger. De retour en France, il fut fait curé de Saint-Benoît après le Concordat, et, lorsque cette paroisse fut supprimée, il fut nommé à la cure de Sainte-Valère qu'il administra avec zèle et sagesse. Ses instructions étoient solides et purement écrites; ses soins pour les pauvres étoient assidus, et son attachement aux devoirs de son état ne se démentit jamais. Sa mort, annoncée au prône, le dimanche 17, a fait couler bien des larmes, et ses obsèques ont attiré un grand concours. M. Desmarets laisse toutes ses épargnes pour fonder, dans son pays, des écoles dirigées par des Saurs, et pour en établir également au Gros-Caillou.

M. l'abbé de Saint-Sulpice vient de mourir à l'hospice, des Incurables (hommes), faubourg SaintMartin. Il étoit né à Neuchâtel, en Suisse, d'une fa mille protestante; mais, en 1755, sa mère l'amena en France avec ses sœurs, et toute la famille rentra dans le sein de l'Eglise. Le père seul ne suivit point alors cet exemple, et ne se convertit que sur la fin de ses jours, dans les Etats du grand-duc de Toscane, où il se trouvoit, ayant une commission du roi de Prusse à la cour de Florence. M. de Saint-Sulpice avoit une fortune considérable; mais son changement

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de religion et de pays ne fut point favorable à ses intérêts temporels. Le fils entra dans l'état ecclésiastique, obtint une pension du Roi, et eut la confiance de Mme. Louise, Carmélite. Ce fut lui qui, lors de la suppression des communautés religieuses dans les PaysBas, en vertu des décrets de Joseph II, fut chargé d'amener en France les filles de Sainte-Colette, à Gand, et qui accompagna en même temps le corps cette sainte fondatrice, que Me. Louise avoit désiré avoir. L'abbé de Saint-Sulpice eut encore une mission secrète du Roi, à Rome, au sujet de la réforme des ordres religieux. La révolution le dépouilla de tout il étoit retiré dans une chambre de l'hospice des Vieillards, et y vivoit pauvrement, mais dans les sentimens les plus religieux, souffrant avec patience, et s'acquittant exactement de tous ses devoirs. Il est mort à l'âge de 75 ans.

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M. l'archevêque de Bordeaux, en revenant de faire la clôture de la mission de Montségur, arriva, le 2 juin, à Bazas, pour y faire la visite de son petit séminaire, et y donner la tonsure à plusieurs élèves de cette maison. Cette cérémonie se fit dans l'ancienne cathédrale; quarante élèves recurent la tonsure; parmi eux étoit le fils de M. le sous-préfet, et des jeunes gens de toutes les paroisses de Bordeaux et de divers cantons du département. Le soir, le prélat voulut aller passer la récréation au petit séminaire, et fat recu par les jeunes gens avec les témoignages les plus empressés de respect et de dévouement filial. Ils se pressoient autour du vénérable pasteur, et lui demandérent, à genoux, sa bénédiction. Le prélat parut fort touché des effusions de la joie de ces jeunes élèves, ainsi que de l'accueil distingué, qu'il reçut de la part des autorités de la ville..

M. l'archevêque de Valence, qu'on a proscrit en Espagne, il y a déjà quelques mois, est arrivé à Tou

louse, après avoir séjourné jusqu'ici à Perpignan. Ce prélat s'appelle M. Veremundo Arias Y Teyero; il est né en Galice, en 1742, et a été religieux bénédictin : il a été transféré, en 1814, de l'évêché de Pampelune à l'archevêché de Valence. Sans parler ici des services qu'il a rendus en Espagne, et de la réputation de vertu dont il jouissoit, nous devons dire que la vie qu'il a menée depuis son arrivée en France augmente l'intérêt et la vénération qu'avoient excités ses malheurs. Modeste, retiré, le prélat trouve encore, malgré la position difficile où il se trouve, les moyens de satisfaire sa charité pour les pauvres.

Le 12 juin, dix-sept jeunes gens, détenus dans les prisons de Lille, ont fait leur première communion avec un recueillement qui, à ce que l'on espère, aura quelque influence sur les autres prisonniers appelés à être témoins de cet acte de religion.

M. Augustin d'Espinassoux, prêtre du diocèse de Mende, est mort à Marvejols, à la fin du mois dernier; une maladie aiguë l'a enlevé à l'âge seulement de 36 ans. M. l'abbé d'Espinassoux avoit été élevé au séminaire de Saint-Sulpice; retiré dans sa famille, il s'y occupoit de bonnes œuvres, et donnoit particulièrement ses soins à l'hôpital de Marvejols, visitant et assistant les pauvres, consolant les malades, et se rendant utile à sa maison sous le double rapport du spirituel et du temporel. Sa mort prématurée est une perte pour l'établissement, ainsi que pour sa famille et ses amis.

NOUVELLES POLITIQUES,

PARIS. Le Roi a fait parvenir au maire de Tourville (Calvados) des secours pour les indigens de cette commune. Le 18, dans l'après-midi, le Roi, accompagné de M. le duc d'Havre, son capitaine des gardes, et de MM. les ducs de la Châtre et d'Avaray, est allé se promener à Saint-Cloud ; il y

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