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se retira ensuite à Charonne. Après le 18 fructidor, le directoire confisqua sa fortune, et la proscrivit elle-même; il l'envoya en Espagne, et voulut bien lui promettre une pension de 100,000 fr. La duchesse habita tour à tour Barcelone, Figuieres et l'île de Minorque. Elle assista, en 1809, au mariage de M. le duc d'Orléans, son fils, qui eut lieu à Palerme, et elle retourna ensuite à Port-Mahon. Rentrée en France en 1814, elle se cassa la jambe par accident, en février 1815, et ne put sortir de Paris à l'approche de Buonaparte, qui parut vouloir la laisser tranquille. La princesse fit un voyage à Amboise en 1818, et recueillit dans ce lieu les témoignages du respect des anciens serviteurs de sa famille. Attaquée l'hiver dernier d'un cancer, elle a vu, avec résignation, les progrès d'un mal incurable. La piété l'a soutenue dans ses souffrances. M. l'archevêque de Sens et M. l'évêque de Chartres ont visité plusieurs fois la princesse; M. le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois, son confesseur, lui a donné les soins de son ministère. Sa famille a passé les quinze derniers jours auprès d'elle. Les pauvres perdent une charitable protectrice. Mme. la duchesse d'Orléans usoit noblement d'une grande fortune, et faisoit des pensions à des familles réduites à la misère. Cette princesse touchoit de très- près à Louis XIV; il n'y avoit que deux générations entre ce prince et elle; savoir, le comte de Toulouse, fils du monarque, et le dục de Penthievre, fils du comte de Toulouse; il y a quatre gé nérations entre Louis XIV et le Roi régnant.

- A l'occasion de la mort de S. A. Š. Mme, la duchessedouairière d'Orléans, la cour a pris le deuil, le mardi 26, pour douze jours.

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Le Roi a accordé une somme de 10,000 fr. à la ville de Mont-de-Marsan, pour faire reconstruire son église,

- LL. AA. RR. MONSIEUR, MADAME et M. le duc d'Angoulême, ont accordé un secours de 1500 francs à sept malheureuses familles de Baives (Nord), dont les maisons ont été incendiées.

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S. A. R. Mme. la duchesse de Berri a fait parvenir un secours de 300 francs aux incendiés de la commune de Warley-Baillon (Somme).

Le 12 de ce mois, une députation de la cour royale de Riom s'est rendue à Vichy, pour avoir l'honneur de présenter ses hommages à S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême. S. A. R. l'a reçue avec cette bienveillance qui la caractérise.

Cette excellente Princesse a fait parvenir des secours à un habitant de Walhey, arrondissement de Lunéville, dont la maison a été consumée dans un incendie.

Le 18 de ce mois, la cour d'assises de Grenoble s'est occupée de l'affaire relative aux troubles du 20 mars dernier. Il Ꭹ a environ cent cinquante témoins à entendre. Les débats de ce procès doivent durer plusieurs jours.

Le 20 juin, le duc de Wellington est parti de Londres pour le continent; il va visiter les places fortes que l'on coustruit dans les Pays-Bas.

-Des lettres de Constantinople, du 25 mai dernier, annoncent que l'on continue à persécuter et à massacrer les Grecs qui sont dans cette ville. Il ne se passe pas de jours sans qu'on en conduise quelques-uns à la mort. La fuite leur est devenue impossible, attendu que tous les vaisseaux qui partent sont soigneusement visités par les Turcs.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 22, M. le comte de Pontécoulant propose de faire citer devant la cour les magistrats et les agens de police qui ont fait perquisition chez Nantil, afin qu'on sache d'eux ce qu'est devenue une lettre adressée au sieur Poinsignon. MM. Drojat et Renouard, avocats de Godo-Paquet et de Desbordes, accusés de non-révélation, présentent la défense de leurs cliens. On entend ensuite, comme témoins, plusicurs personnes de la maison de Mme, la duchesse de Bourbon, qui confirment la déposition de M. Poinsignon. M. Persil, défenseur de Mouchy,, ne croit pas qu'il y ait eu de complot; et, dans tous les cas, il prétend que son client n'a pu être complice. M. Barthe parle ensuite en faveur du colonel Caron.

Le 23, la cour entend plusieurs témoins. M. le procureur-général prend ensuite la parole pour répliquer aux avocats. Il parcourt successivement les doctrines générales invoquées par les défenseurs, passe ensuite aux objections spéciales présentées dans la défense, et repousse la première objection faite au ministère public; qu'il n'y a pas de conspiration sans chefs, et l'insinuation qu'on a voulu faire que la provocation faite par des agens de police détruisoit toute criminalité.

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CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 22, on reprend la discussion sur la loi des finances. Le chapirelatif à la maison militaire du Roi, s'élève à 1 million 680,000 fr. M. de Bourrienne annonce qu'il va présenter quelques réflexions sur ce chapitre, non comme rapporteur de la commission, mais comme

membre de la chambre. L'orateur rappelle qu'en 1815 le Roi se rendit le premier tributaire de son royaume, en consacrant une grande partie de la dotation du trône au soulagement de ses peuples; cette somme, qui s'élevoit à 10 millions, fut réduite à 5 millions en 1817, et plus tard à 3 millions 920,000 francs, que le Roi abandonna au ministère de la guerre pour une partie des dépenses de la maison militaire. M. de Bourrienne établit ensuite que la liste civile ne doit pas être chargée de la maison militaire du Roi, et propose un amendement tendant à constater que l'abandon fait par le Roi est volontaire et non exigible, est une génércuse concession et non une obligation légale; puis il fait remarquer que ce n'est qu'une simple transposition.

MM. Foy et Casimir Perrier parlent contre cette proposition. Ce dernier la regarde comme intempestive, et portant atteinte à la prérogative royale. M. Dudon pense que l'on peut faire des économies, mais ce n'est pas quand il s'agit d'une garde destinée à veiller à la sûreté du trône; l'orateur loue le courage, le dévouement et la fidélité des gardes du corps dans tous les temps, et surtout pendant la révolution. M. Dudon vote en faveur de la proposition de M. de Bourrienne. L'impression du discours est ordonnée. M. Manuel parle dans un sens contraire. L'amendement est mis aux voix ; la première épreuve étant incertaine, on passe immédiatement à l'appel nominal: le nombre des votans étoit de 298; la proposition a été rejetée par 181 voix

contre 117.

On s'occupe du chapitre suivant, portant pour les subsistances militaires 22 millions 706,000 francs. M. de Cayrol propose une réduction de 8 millions 956,000 francs, et critique l'administration de M. Maret, ancien directeur des subsistances militaires. Le côté gauche s'écrie que c'est un systême de calomnie. M. de Girardin s'oppose à l'impression du discours; l'impression est mise aux voix, et rejetée. M. le ministre des affaires étrangères parle avec éloge de M. Maret comme administrateur. Le chapitre v est adopté, ainsi que les suivans, concernant l'habillement, l'harnachement, etc.

Le 23, M. Duplessis Grénédan fait un rapport sur plusieurs pétitions qui ne donnent lieu à aucune discussion. L'ordre du jour est la délibération sur le chapitre vIII du ministère de la guerre, intitulé: Casernes et campemens, est porté à 3 millions 618,000 francs. M. Foy propose une réduction de 137,000 francs. L'amendement est adopté à une foible majorité. Le chapitre suivant, relatif au recrutement, s'élève à 1 million 69,000 francs. M. Foy se plaint longuement de ce que l'on viole la loi de recrutement, et vote une réduction de 105,207 francs. L'impression de son discours est rejetée. M. Decaux, commissaire du Roi, répond au préopinant. M. de Lameth appuie la proposition de M. Foy, qui est combattue par M. le prince de Broglie. L'impression du discours de ce dernier orateur, vivement contestée par le côté gauche, est votée à une majorité considérable. Après de bruyans débats, M. Foy retire son amendement, et le chapitre est adopté.

(La longueur de l'article principal nous oblige de renvoyer au prochain numéro la suite des séances de la chambre des députés et plusieurs articles de nouvelles).

(Samedi 30 juin 1821.)

(No. 719.)

Notice sur M. le cardinal de la Luzerne.

Le Sacré-Collége vient de perdre un de ses membres les plus distingués, l'église de France un de ses plus anciens prélats, les sciences ecclésiastiques un de ceux qui, dans ces derniers temps, les ont cultivées avec plus de succès. Le rang que M. le cardinal de la Luzerne occupoit dans l'Eglise, et la réputation qu'il s'étoit acquise par ses travaux et ses services, sollicitent de nous une notice étendue, et nous espérons que celle-ci paroîtra un peu plus complète que celles qui ont été publiées.

César-Guillaume de la Luzerne naquit à Paris, le 7 juillet 1738, d'une ancienne famille de Normandie. Son père, César-Antoine, maréchal de camp, avoit épousé, en secondes noces, Marie-Elisabeth de Lamoignon, fille du chancelier, et sœur du président, puis ministre de Malesherbes. Ils eurent trois fils, César-Henri, César-Guillaume et Anne-César; le premier et le dernier furent, l'un ministre de la marine sous Louis XVI, et l'autre ambassadeur de ce prince à la cour de Londres. César-Guillaume fut d'abord chevalier de Malte; puis, s'étant destiné à l'Eglise, il entra, au sortir du collége, dans le séminaire Saint-Magloire, et obtint, quoique fort jeune, des bénéfices par le crédit du chancelier de Lamoignon, son grand-père. En 1754, il fut nommé chanoine in minoribus de la métropole de Paris, et abbé de Mortemer, en 1756. Ces faveurs prématurées ne l'empêchèrent pas de se livrer au travail avec ardeur : il fit sa licence à Navarre avec une grande distinction, et fut proclamé le premier de cette licence, en 1762. M. Dillon, nommé, cette année même, archevêque de Narbonne, se l'attacha comme grand-vicaire, et, en 1765, la province Tome XXVIII. L'Ami de la Relig. et du Ror.

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de Vienne, étant en tour de nommer un agent du clergé, choisit l'abbé de la Luzerne, qui possédoit, dans le diocèse de Grenoble, la chapellenie de NotreDame de Pitié. La situation des affaires ecclésiastiques, et les contestations survenues sur différens sujets entre le clergé et les parlemens, rendoient alors la place d'agent plus difficile. L'abbé de la Luzerne, de concert avec l'abbé de Cicé, son collègue, depuis évêque de Rhodès, ensuite archevêque de Bordeaux, et enfin d'Aix, montra dans son administration autant d'instruction que d'aptitude pour les affaires. Its eurent sans doute, l'un et l'autre, part aux actes de l'assemblée de 1765, et présentèrent requête au Roi, en mars 1766, contre le réquisitoire de M. de Castillon, avocat-général au parlement de Provence, sur les actes du clergé (1). Le réquisitoire fut supprimé par arrét du conseil.

M. de Montmorin, évêque de Langres, étant mort en 1770, le Roi nomma, le 24 juin, l'abbé de la Luzerne à ce siége, qui étoit la troisième des pairies ecclésiastiques, et avoit le titre de duché-pairie. M. de la Luzerne fut préconisé, à Rome, pour cet évêché, le 10 septembre, et sacré, à Paris, le 30 du même mois. Il resta chanoine honoraire de la métropole de Paris, et assista à l'assemblée du clergé de cette année, ainsi qu'à celle de 1775. En 1773, il prononca, devant Ms. comte d'Artois, à Notre-Dame, l'Oraison funèbre du roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel III; ce discours fut publié in-4°. la même année. Le 7 septembre de l'année suivante, le prélat prononça encore, à Notre-Dame, devant MONSIEUR (le Roi actuel), l'Oraison funèbre de Louis XV, in-4°. de 38 pages; ce discours, fait avec talent, déplut ce

(1) Cette requête a été imprimée avec les arrêts rendus en conséquence. Voyez les Actes de la dernière Assemblée du Clergé sur la Religion, vengés par le Clergé et par le Roi des attaques de M. de Castillon, 1767, in-12 de 189 pages.

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