pendant aux jansénistes, que M. de la Luzerne y caractérisoit comme une secte souple et audacieuse; et un d'eux publia une Lettre à M. de la Luzerne, datée du 9 octobre 1774, et formant 24 pages in-12. L'auteur de cette Lettre étoit Joseph Massillon, neveu de l'illustre évêque. Chargé d'un grand diocêse, qui, même depuis la création du siége de Dijon, en 1731, comptoit encore sept cents paroisses ou annexes, M. de la Luzerne partageoit son temps entre l'étude et les devoirs du ministère pastoral. En 1782, il remit son abbaye de Mortemer, et fut nommé à celle de Bourgueil, au diocèse d'Angers. Le 29 août 1783, il publia, en synode, une Ordonnance sur l'instruction teurs doivent à leurs peuples. En 1786, il fit paroître les que passon Instruction pastorale sur l'excellence de la religion, datée du 15 avril de cette année, in-12 de 400 pages; ouvrage justement estimé, et réimprimé depuis. Peu après, le prélat donna ses Instructions sur le Rituel, in-4°., qui ont été réimprimées en 1818, et dont nous avons parlé, tome XIV, pages 305 et 369. Nous nous sommes permis quelques observations sur diverses décisions que l'on rencontre dans ce livre ; mais nous croyons les avoir présentées avec tout le respect dû à un prélat si éclairé. En 1787, il fut appelé à l'assemblée des notables; l'année suivante, il siégea dans la dernière assemblée du clergé, et, en 1789, le clergé du bailliage de Langres le nomma aux Etats-généraux. Les premières opérations du tiersEtat lui firent pressentir les suites qu'elles pouvoient avoir, et il crut que le moyen d'y remedier etoit de former deux chambres, à peu près comme en Angloterre il proposoit donc que le clergé et la noblesse se réunissent dans une chambre, et le tiers-Etat dans une autre. Mais ce projet ne fut approuvé d'aucun des trois ordres, et Mirabeau employa trois lettres à sés commettans pour le refuter. M. l'évêque de LanPa gres fut le second des évêques appelés à présider l'as semblée. L'esprit qui y dominoit ne tarda point à dégoûter le prélat; après les journées des 5 et 6 octobre, il se retira dans son diocèse, et bientôt les innovations l'y poursuivirent. Il adhéra à l'Exposition des Frincipes des trente évêques; refusa, le 1o. décembre 1790, de coopérer à la suppression de son chapitre, et adressa, le 20 décembre suivant, aux administrateurs de la Haute-Marne, une Lettre courageuse et motivée, 55 pages, pour réclamer contre leurs arrêtés, et rendre compte de ses principes. Peu après parurent sa Lettre du 27 janvier 1791, aux officiers-municipaux de Langres, sur son refus de serment, 8 p.; sa Lettre, du 19 janvier 1791, à M, Becquey, procureur-général, syndic du département, 16 pages, et sa Réponse, au même, 86 pages: ce dernier écrit sur tout présente une discussion solide sur les nouveautés de l'assemblée constituante. M. l'évêque de Langres publia encore un Examen de l'Instruction de l'As semblée nationale sur l'organisation prétendue civile du clergé, 70 pages in-8°.; c'est une réfutation des principes de la nouvelle constitution. Le prélat donna aussi une Instruction particulière aux curés et autres pretres de son diocèse qui n'avoient pas fait le serment; dans cette Instruction, datée de Langres, le 15 mars 1791, 38 pages in-8°., il leur traçoit la conduite qu'ils devoient tenir à l'égard des intrus, et pour l'administration des sacremens. Les conseils de M. de la Luzerne parurent si sages, que l'Instruction fut adoptée presque immédiatement par trente-trois évêques. Cependant l'abbé Barruel en critiqua quelques dispositions dans son Journal ecclésiastique, avril 1791. Dans le même temps, le prélat adressa une Lettre aux Electeurs de la Haute-Marne, pour les détourner de lui nommer un successeur, 16 pages in-8°.; et enfin il présenta un traité à fond sur les principales matières contestées, dans son Instruction pastorale sur le schisme de France, réimprimée depuis à Langres, 1805, 2 petits vol. in-12 (1). " Bientôt le prélat fut obligé de quitter son diocèse, et même la France; il se retira en Suisse, et ensuite à Constance. Il accueillit les prêtres de son diocèse que la révolution avoit aussi fait expatrier, et partagea avec eux les ressources qui lui restoient. On a publié un Sermon, qu'il prêcha à Constance, le jour de Pâque 1795, sur les causes de l'incrédulité, 1818, 42 pages in-8°.; ce discours est écrit avec autant de vigueur que de vérité. M. de la Luzerne alla ensuite en Autriche et passa quelque temps auprès du comte de la Luancien ministre, retiré alors dans la terre de Bernau, près Wells; mais, ayant perdu ce frère, le 24 mars 1799, il passa en Italie, et se fixa à Venise, où il restà jusqu'à la restauration. Il donna dans cette ville les mêmes exemples de vertu et de bonté que dans ses précédens exils; et ses soins pour les prisonniers françois, qu'il visitoit dans les hôpitaux, lui firent contracter une maladie grave dont il s'est ressenti long-temps. zerne, En 1801, M. de la Luzerne donna la démission de son siége sur la demande du Pape. On avoit dit que cependant il avoit réclamé contre le Concordat; mais ce bruit a été démenti. C'est pendant son séjour à Venise que le prélat s'est occupé de la composition des ouvrages dont il a fait jouir successivement le public, et qui lui assurent un rang distingué parmi les auteurs ecclésiastiques de nos jours. Nous ne pouvons donner ici que les titres de ces ouvrages, qui sont d'ailleurs connus sans doute de la plupart de nos lecteurs: Disser (1) Nous ne parlons pas d'une Lettre à M. Wandelaincourt, curé de Planrupt, so disant évêque de la Haute-Marno, 83 pages in-8°. : cette Lettre, sans date, et qui porte pour signature la Franchise, est assez bonne; mais elle ne porte point le caractère du style de M. de la Luzerne; nous n'en connoissons point l'auteur. tation sur la liberté de l'homme, 1808, in-12; Disser tation sur la révélation en général, 1808, in-12 (1) (réunies, elles ne forment qu'un volume ordinaire); Dissertation sur la loi naturelle, 1808, in-12; et Dissertation sur la spiritualité de l'ame, 1808, in-12 (se trouvent ordinairement réunies); Dissertation sur l'existence et les attributs de Dieu, 1808, in-12 de. 508 pages; Dissertation sur les prophéties, 1808, in-12 de 648 pages; Considérations sur l'état ecclésiastique, 1810, in-12; ➡Sur la Passion, in-12; Sur la Passion, in-12; — Sur divers points de morale, 4 vol. in-12; Dissertations sur la vérité de la religion, 1811, 4 petits vol. in-12; on y a joint le Discours sur les causes de l'incrédulité, cidessus; Explication des Evangiles des dimanches, nou velle édition, 1816, 4 vol. in-12; Dissertation sur les églises catholique et protestante, 1816, 2 vol. in-12. Ces écrits, tant ceux de raisonnement que ceux de piété, sont remarquables chacun par le genre qui leur est propre, et montrent que l'illustre auteur avoit au tant de facilité que de zèle pour inculquer des vérités utiles, et combattre les erreurs de son siècle.yo En 1814, M. de la Luzerne revint en France et fut nommé pair par le Roi, Son passage par Langres fut un véritable triomphe, et le prélat recueillit les témoignages les plus éclatans du respect et de la reconnoissance de ses anciens diocésains. Malgré son âge avancé, il se livroit encore à l'étude. Il se levoit à quatre heures du matin, vivoit dans la retraite, et observoit un régime frugal et même austère. Il fut du nombre des neuf évêques appelés, sur la fin de 1814, à délibérer sur les affaires de l'Eglise, et réunis en commission; voyez tome III de ce journal, p. 267. Il ne quitta point (1) M. de la Luzerne avoit publié, quelques années auparavant, une Instruction pastorale sur la révélation, 1803, in-12: la Dissertation n'est autre chose que ce premier ouvrage, à de légers changemens près. Tous les ouvrages de M. de la Luzerne se trouvent chez Adr. Le Clere, au bureau de ce journal. er Paris pendant les cent jours, et ne fut point inquiété. Présenté par le Roi pour le cardinalat, il fut promu à cette dignité dans le consistoire du 28 juillet 1817. Il recut la barrette des mains du Roi, le 24 août, avec le cérémonial usité, adressa en cette occasion à S. M. un discours, que nous avons inséré, tom. XIII, p. 87, et entendit S. M. lui répondre les paroles les plus flatteuses, même volume, page 70. Il eût pu, comme les autres anciens évêques, passer à un siége archiépiscopal; mais il souhaita retourner à son église de Langres, et le Roi le nomma en effet à ce siége, pour lequel S. Em. fut préconisée, à Rome, dans le consistoire du 1o. octobre 1817. On sait quels obstacles, empêchèrent le cardinal de prendre possession de son évêché. Il fut le seul prélat appelé dans le conseil des ministres, tenu lors des discussions sur le Concordat. Il assista ensuite aux réunions d'évêques tenues pour le même objet, et signa les lettres adressées à cette époque, soit au Pape, soit au Roi. On lui attribue, entr'autres, la lettre écrite au Roi, en juin 1818, par plus de trente évêques, pour réclamer l'exécution du Concordat. Le 10 mai 1819, il réclama, par une déclaration publique, ainsi que trois autres évêques, membres de la chambre des pairs, contre le refus de mentionner, dans un projet de loi récent, la répression des outrages faits à la religion, M. le cardinal de la Luzerne essuya, depuis son retour en France, plusieurs maladies graves, une, entr'autres, cet hiver, de laquelle il ne se remit pas entièrement. Il conserva sa présence d'esprit jusqu'au dernier moment, et vit avec résignation sa fin prochaine. Dès qu'il sentit quelque danger, il demanda les sacremens, et voulut les recevoir en présence de sa famille, à laquelle il adressa une touchante exhortation. Depuis, et pendant cinquante-cinq jours de souffrances, il s'occupoit sans cesse de la mort; sa prière étoit continuelle, et il nourrissoit sa piété en récitant |