Page images
PDF
EPUB

de l'histoire ancienne, de ne suivre dans les abrégés que les époques intermédiaires entre les événemens les plus mémorables, et de n'étudier dans toutes leurs dimensions que les deux histoires qui ont plus de droit de nous intéresser, celle de la religion et celle de notre pays.

M. le marquis de Villeneuve explique et développe ce plan, qu'il a commencé à mettre à exécution dans son Précis. Il n'avoit d'abord travaillé que pour ses enfans, et ce n'est que par la suite qu'il a pensé que son travail pourroit être utile à d'autres. Mais il croiroit nécessaire d'y ajouter deux autres ouvrages; l'un seroit un cours de géographie historique adapté au Précis, et il paroît même que M. de Villeneuve l'a rédigé, quoiqu'il ne le publie pas encore l'autre seroit un choix de lectures à prendre dans les grands ouvrages d'histoire; ce choix seroit destiné à fournir les détails sur les époques les plus intéressantes, et M. de Villeneuve invite quelque écrivain exercé à se charger d'un travail, qui exigeroit moins de temps et de peines que de tact et de connoissances acquises. L'histoire, ainsi réduite, pourroit, dit-il, ne pas excéder 15 à 20 volumes, et ce nombre de volumes, réparti entre les différentes années consacrées à l'éducation des jeunes gens, n'obligeroit ceux-ci à lire que 3 on 4 volumes par an; ce qui n'auroit rien de trop pénible pour eux, et ce qui ne sauroit les détourner notablement de leurs autres études.

Le Discours préliminaire, où M. de Villeneuve expose ses vues sur l'étude de l'histoire, mérite de fixer l'attention de ceux qui président à l'instruction de la jeunesse. L'auteur paroît avoir beaucoup réfléchi sur

oe sujet. Ses jugemens sur nos principaux historiens annoncent un esprit exercé, et en même temps des principes très-solides. Ainsi il signale la manière de Voltaire dans ses ouvrages historiques; manière souvent vive et brillante, mais presque toujours légère, satirique et indigne de la gravité, et encore plus du but moral de l'histoire. Il remarque à peu près le même défaut, quoique moins sensible, dars Gibbon, lorsqu'il parle du christianisme et des hérésies. Je suis surpris que M. le marquis de Villeneuve ait cité sans aucune improbation les Elémens d'Histoire de l'abbé Millot, ou les Abrégés de M. Royou; certainement il n'approuve pas l'esprit qui a présidé à la rédaction de ces ouvrages, si propres à donner aux jeunes gens des impressions fausses sur tout ce qui se rapporte à la religion et à ses ministres.

Le Précis de l'Histoire, qui suit le Discours préliminaire, est partagé en plusieurs grandes divisions savoir : le commencement des temps, l'histoire sainte, l'histoire de plusieurs peuples d'Orient, celle des Grecs, celle des Romains sous leurs différentes formes de gouvernement, l'histoire du Bas-Empire celle de France. On sent que ces différens tableaux doivent être fort abrégés; mais l'auteur a su y rassembler beaucoup de choses en peu de mots. Il s'attache moins à entasser des faits qu'à présenter la physionomie, pour ainsi dire, de chaque époque. Il indique quelques événemens principaux, et Jes accompagne de réflexions précises et judicieuses. C'est le moyen de rendre l'histoire véritablement utile. M. le marquis de Villeneuve nous paroît posséder à un haut degré l'esprit de méthode et d'analyse; il est à la fois observateur exact et peintre

fidèle; il saisit l'occasion de tirer des faits quelque vérité morale, quelque leçon instructive. Il montre T'heureuse influence de la religion, et les funestes résultats de l'ambition des rois, et de la licence des peuples. Ses réflexions sur l'histoire sainte, sur l'établissement du christianisme, sur la religion musulmane, sur le schisme des Grecs, sur le protestantisme, sur les services rendus par les évêques et par le clergé, plairont à tous les esprits droits; et on n'approuvera pas moins ce qu'il dit sur la politique, la littérature, les mœurs, les révolutions, et les principaux événemens de l'histoire ancienne et moderne. Sur tous ces objets, M. de Villeneuve parle le langage d'un homme éclairé, d'un critique sage, d'un ami de son pays, et surtout d'un chrétien attaché à la religion.

Ce Précis va jusqu'à la seconde restauration, et est terminé par des considérations sur la situation respective des Etats européens. L'auteur souhaite que son ouvrage soit jugé utile à l'enseignement; nous croyons qu'il a droit d'en concevoir l'espérance.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES,

ROME. Le jour de la Pentecôte, le saint Père a assisté, dans la chapelle de son palais du Quirinal, à la messe solennelle. Le discours latin fut prononcé par M. Frédéric Rese, de Hanovre, un des élèves du collégé de la Propagande.

-Le même jour, M. Frattini, vice-gérent de Rome, a encore donné la confirmation à quatre-vingt-deux militaires autrichiens.

Le samedi des Quatre-Temps, le même prélat a

fait une ordination à Saint-Jean de Latran; il y a eu 9 prêtres, 13 diacres, 9 sous-diacres, 9 minorés et

2 tonsurés.

On se rappelle que, l'année dernière, lors des premiers mouvemens qui éclatèrent dans le royaume de Naples, il se fit aussi une révolution dans le duché de Bénévent et dans la principauté de Ponte-Corvo, qui font partie du domaine de l'Eglise. On établit, dans les deux territoires, un gouvernement provisoire, une représentation nationale, et les autres institutions analogues cet état de choses a duré neuf mois, et jusqu'à l'arrivée des Autrichiens. Alors les patriotes bénéventins ont été forcés de plier, et le gouvernement pontifical est rentré dans tous ses droits. Un édit du cardinal secrétaire d'Etat, du 28 mai 1821, renferme des dispositions pour régulariser et rectifier ce qui s'est fait pendant les troubles. Cet édit entre dans de grands détails sur les actes civils, sur les jugemens, et sur diverses parties d'administration. La plupart des actes sont ratifiés, excepté ceux qui sont contraires aux règles de l'Eglise, et aux anciennes lois du pays.

PARIS. Le dimanche 1. juillet, LL. AA. RR. MONSIEUR, MADAME, Mr. le duc d'Angoulême et Mme. la duchesse de Berri, se sont rendus, à neuf heures, à Saint-Germain-l'Auxerrois, et ont suvi la procession, qui n'a pas été moins brillante que celle du dimanche précédent. La procession est rentrée à dix heures et demie, et LL. AA. RR. sont retournées ensuite au château. Dans les autres paroisses, les processions ont eu lieu avec la même solennité; et le temps, qui étoit assez menaçant, s'est néanmoins soutenu tout le matin, et n'a point troublé l'ordre de ces pieuses cérémonies.

-S. Em. M. le cardinal de Périgord a trouvé dans son zèle et son dévouement le moyen de surmonter les

souffrances qui l'assiègent; elle s'est rendue à Ivry, le 30 juin, et a entendu la messe dans la chapelle ardente où étoit exposé le corps de Mme. la duchesse d'Orléans.

Les obsèques de S. Em. M. le cardinal de la Luzerne ont été célébrées avec la pompe due à sa dignité. Il avoit recommandé en mourant qu'on mit la plus grande simplicité à cette cérémonie; mais le rang qu'il tenoit dans l'Eglise et dans l'Etat n'a pas permis de déférer entièrement à ses désirs. Le corps de S. Em, a été exposé, pendant huit jours, dans une chapelle ardente, où plusieurs messes ont été célébrées chaque jour, et où S. Em. M. le cardinal de Périgord, M. le nonce de S. S., les archevêques et évêques, des ecclésiastiques et des fidèles, sont allés successivement jeter l'eau bénite, et prier pour le prélat. Le jour du convoi, M. le curé de Sainte-Valère s'est transporté, avec son clergé, au palais de S. Em., où plusieurs ecclésiastiques étoient réunis. On a levé le corps, et on s'est rendu processionnellement à l'église des Garmes, par les boulevards, en chantant l'office des morts. Un détachement de troupes escortoit le convoi. A l'entrée de l'église, M. le curé de Sainte-Valère, en présentant le corps au chapelain de la maison, a payé un tribut d'éloges au prélat, et le chapelain dit aussi quelques mots à la louange de S. Em. Un grand catafalque avoit été dressé dans l'église. M. l'archevêque de Trajanople a officié, assisté de deux archidiacres et de deux chanoines. M. le nonce de S. S. et plusieurs archevêques et évêques occupoient des places dans le sanctuaire. Dans la nef étoient des ecclésiastiques, des pairs et des personnages de distinc tion. Après la messe, M. le coadjuteur a fait les ab soutes et la cérémonie de l'inhumation y et le corps a été descendu dans le caveau. Toute cette cérémonie s'est passée avec autant d'ordre que de recueillement,

« PreviousContinue »