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mars au 6 juillet 1820, ont quitté leurs postes, et ont excité les soldats à la rébellion, sont privés de leur grade.

Le roi de Naples a confirmé le college des théologiens dans tous ses anciens priviléges. Le nombre des professeurs sera de quarante-deux; les deux tiers en seront pris dans le clergé séculier, et l'autre tiers dans le clergé régulier Une circulaire a été adressée à tous les intendans provinciaux pour leur annoncer que l'intention du roi est que l'instruction primaire de la jeunesse ne soit confiée qu'à des personnes d'une moralité éprouvée. En conséquence, il sera formé une liste des instituteurs qui se présenteront; cette liste sera soumise à l'évêque diocésain, qui fera les choix convenables. Les écoles primaires seront sous la surveillance immédiate des curés.

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Le 1er, de ce mois, le roi d'Espagne a fait en personne la clôture de la session des cortès. La reine et la famille royale assistoient à cette cérémonie. Les bruits que l'on avoit fait courir d'un mouvement en Espagne pour ramener ce malheureux pays à un autre ordre de choses ne se sont pas confirmés.

Des journaux s'étoient plu à répandre qu'une fermentation sourde règne en Sicile; ce bruit est démenti. On n'y a point envoyé de troupes, et même l'armée autrichienne, stationnée dans le royaume de Naples, loin d'être augmentée, a été diminuée de plusieurs détachemens.

le

-On a reçu en Angleterre des dépêches officielles du gouverneur de Sainte-Hélène sur la mort de Buonaparte, arrivée le 5 mai à six heures moins dix minutes du soir. Il étoit retenu depuis le 17 mars dans ses appartemens. Dans le commencement il a été visité par son propre médecin seul, docteur Antomarchi; ensuite les médecins anglois lui ont aussi donné leurs soins. Le 2 mai, on jugea sa maladie mortelle. Le corps fut exposé le 6 et le 7 sur un lit de parade avec un crucifix sur la poitrine; un prêtre veilloit auprès; ce qui nous prouve qu'il y avoit un ecclésiastique à SainteHélène. Nous saurons sans doute plus tard si son ministère a été réclamé par Buonaparte. Le 9 mai, le corps a été enterré avec les honneurs militaires dans un lieu que Buonaparte lui-même avoit désigné. On doit envoyer en Angleterre son testament; les comtes Bertrand et Montholon deyoient aussi retourner en Europe.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 10, la chambre accorde des congés à MM. Genuyt et Richard, après une légère opposition. L'ordre du jour est la discussion du projet de loi concernant les recettes de 1821. M. Ricard critique le mode du dégrèvement de la contribution foncière, et vote contre le projet. M. Clausel de Coussergues est d'un avis opposé. M. Sappey attaque, comme vicieuse, la classification des départemens par séries; il cite le département de l'Isère, qui se trouve infiniment plus maltraité que celui d'Eure et Loire; il propose un amendement relatif au mode de répartition, M. de Sesmaisons annonce qu'il proposera diverses améliorations lors de la discussion des articles. L'impression de tous ces discours est ordonnée.

M. Ternaux prononce un long discours, qui a été fréquemment interrompu, tantôt par des rires ironiques, tantot par des murmures, et dans lequel il a considéré l'état florissant de la France comme le résultat de la révolution, qui, selon lui, a encouragé les travaux industriels, en détruisant les jurandes, les corporations et les maitrises, en abolissant vingt-six fêtes qui surchargeoient le calendrier, en faisant vendre les biens nationaux. Avant de quitter la tribune, l'honorable inembre dit un mot du budget, y indique quelques changemens, et vote son adoption. La chambre se forme ensuite en comité secret pour délibérer sur ses dépenses particulières.

Le 11, on continue la discussion générale de la partie du budget relative aux recettes. M. Bourdeau soutient le systême de dégrèvement adopté par le gouvernement, et combat les raisonnemens des adversaires du projet. M. de Castelbajac regarde comme inadmissible le projet de répartition proposé, et présente plusieurs autres considérations contre le projet. M. Capelle, commissaire du Roi, défend le projet de loi. On demande la clôture. M. de Lameth demande que l'on conserve encore cette séance pour la discussion générale. Cette proposition est adoptée, et la discussion continue. Plusieurs membres, inscrits contre le projet, renoncent successivement à la parole. M. Tronchon loue la nouvelle répartition; il y trouve cependant quelques défauts, et propose un nouveau tableau de la contribution foncière. M. Chaballier se plaint de la répartition, et présente un amendement. M. de Bouville pense que, au moment même de la discussion du budget, le ministre des finances n'auroit pas dû demander une ordonnance pour une vente de rentes, une ordonnance de ce genre étant essentiellement dans le droit et dans les attributions de la chambre. M. Roy donne des explications. La cloture de la discussion est prononcée. M. de la Bourdonnaye, rapporteur, présente son résumé, et fait aussi quelques observations au sujet de la vente des rentes et des excédans de crédits.

Le 12, M. de Saint-Géry fait un rapport sur quatre-vingt-seize pétitions relatives au budget. Ce rapport ne donne lieu à aucune discussion. On reprend la délibération sur le projet de loi de finances. M. le

président met aux voix le chapitre vi des dépenses, relatif à la chambre des députés, qui avoit été ajourné; le chapitre est adopté. On adopte ensuite l'article 3 du budget, qui ouvre des crédits jusqu'à concurrence de 653 millions 182,510 francs pour les dépenses générales du service de l'année 1821.

On passe à l'article 4, lequel maintient les dispositions des lois qui régissent actuellement la perception des droits d'enregistrement, de timbre, de greffe, d'hypothèques, etc., et porte en cuire que la loi du 29 mars 1798 est conservée. Divers amendemens, proposés par M. Duvergier de Hauranne, Rodet, de Beaulieu et Casimir Perrier, sont successivement rejetés ou retirés. M. de Sesmaisons propose un amendement relatif aux droits sur les sucres de nos colonies, et parle de certains discours, concernant les colonies, qui ont souillé la tribune. M. B. Constant demande le retranchement de cette phrase. L'impression est ordonnée. L'amendement de M. de Sesmaisons est rejeté, ainsi que plusieurs autres, présentés par MM. Duhamel, Labbey de Pompières. Ce dernier orateur a prononcé un fort long discours à propos de l'impót sur les sels, dont il proposoit l'abolition entière. L'impression de son discours a été refusée.

M. Lebel, de Versailles, a mis au jour le premier volume de l'édi tion in-12 de l'Histoire de Bossuet, par M. le cardinal de Bausset. Cette édition doit accompagner l'édition des OEuvres choisies du même prélat, qui formera 25 volumes in-12. Le tome Ier. des OEuvres paroitra avec le tome II. de l'Histoire. Nous remettons alors à parler plus au long de cette entreprise, dont nous avons d'ailleurs déjà dit un mot, et qui ne peut manquer de réussir, soit à cause de l'importance des ouvrages, soit à raison de la belle exécution typographique et de la modicité du prix. On sait que les 23 volumes ne coûteront que 40 fr., brochés. Le prix des quatre volumes de l'Histoire sera de 10 fr. pour les souscripteurs, et 12 fr. pour ceux qui les demanderons séparcment de la collection. Il a été tiré des exemplaires en papier vélin ; le prix en est le double des autres. Les souscriptions se recevront chez Adr. Le Clerc, au bureau de ce journal. On ne paie rien d'avance, mais il faut se faire inscrire.

On a publié aussi le tome IX de l'édition de Massillon, que nous avons annoncée dans notre numéro 703. Ce volume contient les panégyriques. Ainsi, il y a déjà huit volumes de l'édition mis au jour. Ceux qui restent à paroitre sont les tomes I, VI, VII, XII et XIII. Nous attendons la publication du Ier, volume pour nous étendre sur cette édition, qui paroit d'ailleurs exécutée avec soin et goût. Ce ler, volume doit contenir un Avertissement de l'éditeur et une Notice sur Massillon, laquelle peut être fort intéressante, si elle est rédigée par un écrivain exate, et par un appréciateur éclairé du talent de

l'illustre orateur,

La traduction de l'Imitation, par M. Genoude, in-18, que nous avons annoncée dans notre no. 716, se vend chez Méquignon; prix, 2 fr. et 2 fr. 50 c. franc de port.

(Mercredi 18 juillet 1821.)

(N°. 724.)

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Sur la déportation du clergé françois en Angleterre.

L'histoire de la portion du clergé françois réfugié en Angleterre, pendant la révolution, offriroit une suite de faits intéressans qu'il seroit à désirer de voir recueillir. L'accueil généreux que recurent nos prêtres en ce pays, s exemples de zèle et de courage qu'ils y donnèrent, les services qu'ils rendirent à la religion, et les différentes circonstances honorables de leur exil, ne doivent pas tomber dans l'oubli. Nous avons plus d'une fois saisi l'occasion de rappeler ces souvenirs, et nous avons nommé avec éloge quelques-uns des évêques et des prêtres qui ont fait respecter à la fois, dans une contrée étrangère, et le nom catholique et le nom françois. Nous trouvons à ce sujet des particularités intéressantes dans un ouvrage peu connu en France, et dont, par cette raison, il nous semble à propos de donner des extraits; c'est le Journal historique et religieux de l'émigration et déportation du clergé de France en Angleterre, par l'abbé de Lubersac (1); Londres, 1802, in-8°. Nous y joindrons quel

(1) L'abbé de Lubersac, né, en 1730, au château de Palmanteau en Limousin, grand-vicaire de Narbonne, prieur de Brives la Gaillarde en 1761, puis abbé de Noirlac, est auteur d'une Oraison funèbre du maréchal de Noailles, prononcée à Brives, en 1767; des Monumens érigés en France à la gloire de Louis XV, 1772, in-folio; d'un Discours sur les Monumens publics de tous les âges, avec la Description d'un Monument projeté à la gloire de Louis XVI, 1775, in-folio; d'un Discours sur l'utilité du voyage des princes, 1782, in-4o.; de Vues politiques sur les finances, et du Citoyen conciliateur, 1787 et 1788, in-4o.; d'Hommages religieux à la mémoire de Léopold et de Gustave, 172, in-8°.; d'une Relation de la journée du 20 juin 1792; de Quatre Entretiens spirituels, que l'auteur prêtoit à Louis XI pendant sa captivité; et de l'Eloge historique et religieux de Mme. Elisabeth, prononcé à Dusseldorf, dans l'ancienne chapelle de la congré Tome XXVIII. L'Ami de la Relig. et du Ror.

V

ques faits empruntés d'autres écrits, et particulièrement du Historical Memoirs of the church of France, par M. Charles Butler.

L'état de la France, en 1792, et la persécution contre les prêtres, obligèrent un grand nombre de prêtres à quitter leur patrie. Plusieurs avoient passé en Angleterre ou à Jersey, avant le 10 août; mais cette journée, les massacres qui suivirent, et le décret de déportation, du 26 août, augmentèrent beaucoup le nombre des fugitifs. Au 16 septembre 1792, il en étoit arrivé en Angleterre plus de trois mille, et vers le milieu de l'année suivante, il s'en trouvoit quatre mille de plus. M. l'évêque de Saint-Pol de Léon, que les poursuites dirigées contre lui avoient forcé de quitter la France, dès 1791, s'occupa de procurer des ressources à ses malheureux compatriotes, et la générosité angloise seconda puissamment ses efforts. On fit un appel au public: M. Jean Wilmot, alors membre du parlement pour Coventry, se mit à la tête de cette bonne œuvre, et se concerta avec le célèbre Burke et sir Philippe Metcalfe. M. Burke rédigea une adresse, qui fut insérée dans tous les journaux, et qui produisit plus de 844,000 fr. Une si forte somme pourvut aux premiers besoins; mais le nombre des pros'crits étoit tel qu'elle fut bientôt épuisée. L'année suivante, une nouvelle souscription fut proposée; Georges III y inscrivit le premier son nom; elle produisit 1,032,000 fr. Ceux qui se distinguèrent le plus par leur

gation des Jésuites, et en présence de plusieurs évêques et seigneurs émigrés. C'est par le Journal même de l'abbé de Lubersac que nous apprenons qu'il est auteur de ces trois derniers écrits. L'abbé de Lubersac quitta la France quelques jours avant le 10 août, passa dans les Pays-Bas, et de là en Angleterre, où il mourut, en 1804. L'anteur du Journal est bien certainement le même que celui de tous les écrits qui précèdent; ils portent tous le même cachet. Nous le remarquons parce que la Biographie universelle paroit douter si ce ne sont pas deux personnages différens.

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