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tre nous; sortie où le fond comme la forme annoncent un homme hors de toute mesure! Qui croiroit que M. G., en parlant de nous, supprime constamment la formule usitée dans la bonne compagnie, et ne nous désigne jamais que par la lettre P., sans aucun accompagnement, et sans la faire précéder d'un M., qui n'eût pas beaucoup allongé ses phrases? qu'eût-il dit si nous l'eussions traité avec cette briéveté dédaigneuse? Cependant, malgré l'exemple qu'il nous donne, nous continuerons à user envers lui de la politesse dont il s'est affranchi. Nous sommes de sang-froid, et nous conserverons cet avantage.

Une autre singularité de M. G., c'est d'avoir mis sa réponse à nos articles sur le compte de son libraire. Les Observations qui se trouvent à la fin du IVa. volume des Martyrs de la Foi, sont signées Germain Mathiot; personne apparemment n'y sera trompé, et ne croira le libraire capable de rédiger ce long fac tum. Lui-même ne s'en donne pas les gants, et il convient le premier, dit-on, qu'il n'a été que le prête. nom de M. G., qui l'a voulu ainsi. Déjà nous avióńs remarqué la même marche oblique dans le loo. volume des Martyrs, où la Préface est présentée sous le nom de l'éditeur, qui n'en a sûrement pas écrit une ligne. Nous sommes étonnés que M. G., qui nous fait, sur notre rédaction, les reproches les plus minutieux, n'ait pas senti quelque scrupule d'un artifice assez usé, et peu conforme, en outre, aux règles sévères de morale qu'il applique aux autres, Croit-il sa modestie bien à couvert parce qu'il s'est

de 42 pages; depuis réimprimées à part, et distribuées par M.G.

caché sous le manteau de son éditeur pour dire que son livre est regardé dans toute l'Europe comme le plus utile et le plus glorieux monument de la France catholique et monarchique de la fin du 18. siècle? et ces paroles ambitieuses et superbes ne prennent-elles pas une certaine teinte de ridicule quand on écarte le masque que celui qui les profère avoit mis sur son visage, et qu'on reconnoît la voix de l'auteur même du livre ?

En discutant les reproches que nous lui avons adressés, M. G. se plaît à supposer que nous sommes jaloux de la gloire des martyrs que la révolution a faits, et il insinue à plusieurs reprises cet odieux soupçon. La manière dont nous nous étions expliqués à cet égard devoit, ce semble, nous mettre à l'abri d'une telle accusation. Personne, et nous le répéterons avec plaisir, personne n'admire plus que nous le dévouement et la constance de ces généreuses victimes; personne n'honore plus leur mémoire glorieuse, et n'est plus disposé à les invoquer. Tout ce que nous blâmons en ce genre, c'est la précipitation et l'exa gération; c'est le soin que prend M. G. de décider tout seul ce qui n'est pas de sa compétence; ce sont ses plaintes déplacées et réitérées sur l'indifférence du Pape et des évêques relativement aux honneurs à rendre aux martyrs; comme si M. G. tout seul connoissoit les règles sur cet objet, et étoit chargé de les rappeler aux autres. Nous avons fait à M. G. des observations qui sont restées sans réponse. Nous lui avons demandé pourquoi il mettoit au rang des martyrs des prêtres dont la condamnation ne paroît pas avoir eu la religion pour motif ou pour prétexte, et nous lui en avons nommé plusieurs pris dans son livre

même. Nous nous sommes étonnés entr'autres qu'il vou lût faire regarder comme des martyrs les victimes de Quibéron, ou du moins la majeure partie d'entr'elles. Nous avons relevé quelques erreurs dans ses listes. A tout cela point de réponse. M. G. avoit, dans sa Préface, prié qu'on lui indiquât les erreurs qui se seroient glissées dans son ouvrage. Nous lui nommons' deux ecclésiastiques qu'il désignoit comme victimes de la persécution, et qui y avoient survécu; nous pensious que, dans son IV. volume, il s'empresseroit de rectifier sa méprise. Point, il n'en est pas question. Ainsi cet ami de la vérité perpétue sciem ment l'erreur qu'il avoit commise, et il persiste à présenter comme martyrisés, en 1794, des prêtres dont il sait que l'un n'est mort qu'en 1808, et dont l'autre vit encore. Ainsi, plutôt que de profiter de notre avis, M. G. trompe ses lecteurs par des renseignemens qu'on lui a démontrés faux. Où est la bonne foi dans un pareil procédé, et n'est-ce pas une présomption et une opiniâtreté bien ridicule que de ne pas vouloir convenir de ses torts en pareille matière, et de maintenir sur sa liste des martyrs des nomis qui n'y doivent pas figurer, au moins dans la même qualité?

M. G. ne se justifie donc sur rien, comme il ne se rétracte sur rien. Que lui servent, après cela, ces éternelles digressions qu'il fait sur mon compte, les reproches qu'il m'adresse sur ma rédaction, et les détails minutieux et ridicules où il entre à cet égard? Je n'ai jamais eu la prétention d'être un oracle, et il me semble que je n'en ai jamais pris le langage; je n'ai point à me reprocher du moins d'avoir accusé le Pape et les évêques de négligence pour l'honneur

de la religion, et de m'être élevé à tout propos contre l'ordre établi dans l'Eglise, et contre des arrangemens pris par le successeur de saint Pierre, et consentis par la majorité des évêques. Je n'ai jamais affecté de louer ceux qui se mettent en opposition avec le saint Siége; je crois avoir toujours montré mon respect pour l'autorité, pour ses organes et pour leurs décisions, et, s'il plaît à Dieu, je persévérerai jusqu'à la fin dans ces sentimens, et je suivrai toujours cette ligne dans ma conduite comme dans mes écrits.

Dans mes articles sur les Martyrs de la Foi, j'avois évité de parler des autres ouvrages de M. G.; je n'avois fait mention, ni de son éloge de Charles Bordes, c'est-à-dire d'un auteur anti-chrétien et licencieux, ni de sa Politique chrétienne, qui n'étoit qu'une suite de factums en faveur de la petite église. Dans ses Observations, il n'est pas si réservé, et fait des excursions hors de mes articles pour trouver matière à des critiques contre moi. Mais il n'a pas été heureux dans ses citations. Jamais je n'ai donné à Buonaparte le nom d'un nouveau Cyrus (1); et je ne me fais point le champion de ceux qui ont cru pouvoir lui décerner ce titre. M. G. suppose que la suppression seule des Mélanges m'empêcha de flatter le cardinal Maury; le rapprochement des dates fait tomber cette insinuation maligne. Le cardinal Maury fut nommé à l'archevêché de Paris, le 14 octobre 1810, et les Mélanges ne furent supprimées qu'à la mi-juillet de l'année suivante; ainsi j'aurois eu encore le temps

(1) M. G. trouve dans les Mélanges un article où ce nom est donné à l'usurpateur. Mais cet article n'est pas de moi et il porte le nom de son auteur.

de célébrer l'administration de S. Em.; ce que je ne fis point. Si M. G. veut savoir même cominent je parlois à cette époque du cardinal Maury, il peut ouvrir le tome VIII des Mélanges, page 465; il verra si le cardinal dût en être content (1).

Ces chicanes que me fait M. G., sur la rédaction de l'Ami de la Religion, sont tout aussi misérables. Il me reproche d'avoir appliqué à un prêtre les expressions plus qu'indécentes d'un ordurier épigrammatiste parlant de l'eunuque au milieu du sérail, et il met ces dernières expressions entre des guillemets, pour faire croire qu'elles sont de moi; mais à l'endroit où il renvoie, savoir, à la page 115 du tome XIV du journal, on ne trouve rien de semblable; il n'y est question, ni d'eunuque, ni de sérail; de sorte que l'indécence ne se trouve que dans la remarque de M. G. Il me prête encore des sentimens dont je rougirois, quand il dit qu'on a cru me voir tressaillir de joie sur le tombeau des martyrs; et pourquoi? parce que j'avois annoncé qu'un prêtre, compte par M. G. au nombre des victimes, vivoit encore. Il me semble que cette joie n'auroit eu rien que d'humain. Je ne me suis point moqué, Dieu merci, du vieillard qui a survécu à ces temps désastreux; je félicite, au contraire, l'Eglise d'avoir conservé un prêtre estimable et utile; mais il m'étoit peut-être permis de me moquer un peu d'un historien qui tue ainsi impitoyablement Jes vivans, et qui ne veut pas même avouer son erreur quand elle est constatée. C'est avec la même

(1) Encore même pourra-t-il remarquer, à la page 479, un carton que la censure de ce temps-là fit mettre; le censeur vit encore.

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