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et de talent en faveur des principes conservateurs de la société (1). Elevé dans une communion protestante, il n'en partageoit cependant pas toutes les préventions, et sentoit bien qu'il manquoit quelque chose à un symbole si court, et à un culte si nu. Les entretiens qu'il eut pendant ses voyages avec des ccclésiastiques catholiques lui firent admirer l'esprit de cette religion. Un petit livre de dévotion qu'il acheta un jour par curiosité lui donna des notions saines sur les rits et cérémonies de l'église catholique. Occupé d'ouvrages sur la politique, il appliqua les notions et les principes qu'il s'étoit faits sur cet objet, à la religion même, et conçut la nécessité d'une autorité visible et d'une société gardienne de la vérité. Dès 1808, dit-il lui-même, il étoit catholique dans l'ame; les événemens de 1815 fortifièrent en lui cette disposition; envoyé dans l'évêché de Bâle, nouvellement réuni au canton de Berne, il y apprit à connoître des hommes et des ouvrages qui l'éclairèrent de plus en plus. Il étudia le dogine; il lut des auteurs protestans et catholiques, et les premiers, dit-il, contribuèrent plus encore que les seconds à le confiriner dans ses résolutions. Leurs incertitudes et leurs variations lui prouvèrent que la vérité n'étoit pas là; il se convainquit que la réforme n'étoit dans son origine que le précurseur des révolutions modernes. Un voyage qu'il fit en Italie, en 1818; un entretien qu'il eut, l'année suivante, à Berne, avec le duc Adolphe de Wecklembourg-Schwerin, luthérien converti; enfin un discours qu'il entendit d'un ministre protestant, en décembre 1819, et une longue conversation qu'il eut ensuite avec l'auteur inême de ce discours, le décidèrent à exécuter le projet qu'il nourrissoit dans son cœur. Il en fit écrire à M. l'evêque de Fribourg, qui répondit par une lettre pleine de bonté; et, après quelques délais, pour concerter les préparatifs nécessaires, M. de Haller fit sa profession de foi, le 17 octobre 1820, dans la maison de campagne de M. de Boccar, à Jetschwil; M. l'évêque de Fribourg s'y étoit rendu pour cet effet, et, le 19, le même prélat administra, dans son oratoire particulier, à Fribourg, la confirmation et la

(1) Parmi ces écrits nous ne citerons aujourd'hui que le principal qui est en allemand, et a pour titre Restauration de la science politique, ou Théorie de l'ordre social natur l opposé à la chimère de P'état civil factice; Wintersthur, 1821, 4 vol. in-8°.

communion à M. de Haller, qui s'acquitta de tous ces acles de piété avec une foi, un recueillement et une satisfaction inexprimables. Il avoit été convenu que cette démarche res teroit pendant quelque temps secrète; mais elle vient d'être ébruitée par deux journalistes de Suisse, qui l'ont découverte on ne sait comment. M. de Haller, trop courageux et trop loyal pour rougir d'un acte fait avec tant de réflexion et de maturité, vient de rendre compte à sa famille de ses motifs, par une lettre, datée de Paris, le 13 avril dernier, et qu'il a récemment rendue publique. C'est cette lettre qui nous a fourni les détails que nous venons de donner. Nous n'aurions pas osé, avant cette publication, parler d'une démarche que nous connoissions, et dont nous bénissions le Seigneur; et nous nous réjouissons de pouvoir aujourd'hui féliciter hautement la religion d'une acquisition si précieuse. Dans sa letire, qui respire les sentimens les plus nobles et les plus purs, M. de Haller ouvre son cœur à sa famille; il expose avec candeur tout le fond de ses sentimens, répond aux objections qu'on lui pourroit faire, et établit, par les plus fortes considérations, la légitimité de sa démarche. Cet écrit porte, à notre avis, un caractère touchant de raison, de vérité et de sensibilite on dit que toute sa famille en a été fortement émue; mais en même temps on apprend avec peine que cette lettre a excité à Berne un orage qu'elle ne devoit pas, ce semble, faire naître. Nous reviendrons sur cette affaire, qui a offert un nouvel exemple de cette intolérance à laquelle se livrent souvent ceux mêmes qui affectent le plus d'horreur contre cet

excès.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, doit partir, au commencement du mois prochain, pour Vichy, où cette Princesse restera, dit-on, trois semaines.

-M. de Peyronnet, procureur-général près la cour des pairs, est nommé officier de l'ordre royal de la Légiond'Honneur.

-M. le comte Brison du Roure, capitaine de vaisseau, est nommé contre-amiral honoraire.

-Le 16, M. de Wailly, proviseur du college royal de Henri IV, et.inembre du conseil académique, est mort, après une longue maladie.

Le 17, la cour royale à déchargé M. Bertin, éditeur responsable du Journal des Débats, des peines prononcées contre lui par le tribunal de première instance, pour avoir inséré dans ce journal quelques phrases qui n'avoient pas été prononcées à la chambre des députés.

M. Claude-Benjamin Vallet, curé de Saint-Louis de Gien (Loiret), ancien député à l'assemblée constituante, a été nommé, le 23 avril, par ordonnance du Roi, chevalier de l'ordre royal de la Légion-d'Honneur, ainsi que M. le eomte de Lestrade, sous-préfet de Gien, et M. Ysabeau, docteur en médecine, à Gien. Tous les trois ont été décorés par M. Dartonne, ancien sous-préfet de Gien, qui a été nommé dans le temps chevalier du même ordre, avec M. Rameau, ancien maire de Gien.

Le roi Victor-Emmanuel est parti de Nice pour Modene; on annonce que la reine a exprimé le vœu de se rendre à Vienne. On a arrêté le général Gifflinga, qui accoinpagna le prince de Carignan à Novare, et qui avoit entretenu une correspondance avec un des chefs de la révolution de Piémont.

Le 5, jour du massacre du chanoine Vinuesa, à Madrid, la populace s'est portée en masse au palais royal, et a fait entendre les plus horribles vociférations contre le roi et son frère l'infant don Carlos. Les autorités, réunies aux troupes de ligne et à la milice, sont parvenues à rétablir l'ordre. Dans la séance des cortès, du 5, le roi a envoyé un message pour manifester la vive douleur que lui a causé l'assassinat de Vinuesa, et pour faire observer que, si ce crime n'est pas exemplairement puni, il sera impossible d'établir le gouvernement constitutionnel. Ce message a donné lieu à des discours bien dignes de la convention. Le fameux Quiroga a trouvé fort élounant que l'on fit tant de bruit pour le massacre d'un prétre. Le général Morillo ne veut pas accepter le cominandement de Madrid. Les autorités de Cadix ont, dans un attroupement séditieux, mis en état d'accusation. l'évêque de cette ville, quelques chanoines, et plusieurs autres personnes, act cusées d'avoir insulté la pierre de la constitution. L'évêque a échappé aux poursuites.

MM. Pozzo di Borgo et de Vincent, nommés ambassadeurs près le roi des Deux-Siciles, ont reçu, à Rome, l'ordre de retourner à Laybach, où de nouveaux pouvoirs

leur ont été donnés pour se rendre, en qualité, d'ambassa, deurs, à Paris.

Le gouvernement napolitain a rendu un décret qui đéfend de rentrer dans les Etats siciliens, aux individus employés comme agens diplomatiques par le gouvernement révolutionnaire, notamment aux princes Cariati et Cimitile, au duc de Canzano, au marquis de Salvo, aux chevaliers Brancia, Micheroux et Angelis Aucun de ces envoyés n'a été admis officiellement par les cours étrangeres. La plus grande partie de l'armée autrichienne va évacuer le royaume de Naples; il n'y restera que douze mille homines, qui se ront répartis dans les forteresses.

-On a publié dernièrement, à Lisbonne, une dépêche du nouveau ministère des affaires étrangères du Brésil au gouvernement de Portugal, dans laquelle est annoncé le prochain retour de la famille royale en Europe.

Le consul russe à Jassy, en Moldavie, a fait publier, le 9 avril, deux proclamations; l'une enjoint formellement au prince Ypsilanti et à ses partisans de se rendre sur-le-champ en Russie, et d'y attendre la décision de l'empereur sur leur conduite; sans quoi, ils seront considérés comme perturbateurs du repos public, et responsables devant la cour de Rus sie. L'autre ploclamation invite les Moldaves de Russie rentrer dans l'obéissance.

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Suite de l'affaire de la conspiration du 19 août 1820. Le 15, le témoin Martin est introduit de nouveau, et soutient qu'il a vu Viriot chez Nantil, dans les premiers jours d'eơm. M. le procureur-général demande que le procès-verbal fasse mention de cette déclaration, et qu'il lui sort donné sete des réserves qu'il fait de poursuivre Martin en faux témoignage. On entend successivement plusieurs autres témoins, dont les dépositions offrent peu d'înt rẻ. L'accusé Laverderie, mterrogé sur uže conversation qui cut lieu à Saint-Denis entre lui et Lavocat, accusé contudrace, répond que celui-ci lui apprit que les troupes étoient gagnées; qu'il y avoit trots projets; l'un consistoit à proclamer roi le prince d'Orange; l'autre, Napoléon II; le troisième étoit relatif à l'établissement d'une répablique.

Le témoin Petit, interpellé de nouveau, déclare que, le 18 août, l'accusé Laverderie lui dit : Si vous voulez, je vous donnerai de l'argent pour les sous-officiers. Le reste de la séance a été consacrée à l'au dition de plusieurs témoins, et à la vérification de plusieurs menues circonstances relatives à l'affaire.

Le 16, la cour arrête que la liste des témoins dont la présence sera présumée inutile aux débats ultérieurs sera communiquée aux accusés et aux défenseurs. On_introduit M. le colonel de Beaumont, lieutenant du Roi dans la place de Vincennes. Ce nouveau témoin déclare que l'explosion qui eut lieu à Vincennes, le 19 août, étoit un événement fortuit, et que, le soir, il reçut et exécuta l'ordre d'arrêter Trogoff. Répondant à quelques questions de M. de Vatimesnil, Trogoff avoue que Nantil lui avoit premis le grade de colonel, et lui avoit dit qu'une somme de 50,000 francs étoit promise à celui qui livreroit Vincennes. La cour entend ensuite le nommé Henri, horloger, qui a été l'un des prévenus. Ce témoin dit que, le 20 août, Nantil, son ancien ami de collége, vint lui demander un asile, et que, sur son refus, celui-ci lui déclara qu'il alloit se diriger vers la Pologne. Le témoin répond à diverses interpellations qui lui sont faites. Plusieurs pairs interrogent Laverderie et de Lacombe sur plusieurs circonstances, et sur leurs rapports avec Nantil et les autres accusés.

A la fin de la séance, on introduit un expert écrivain, pour vérifier la signature Sauset, apposée au bas de deux pétitions adressées au gouvernement des cent jours. L'expert déclare que cette signature est celle de Sauset. Celui-ci soutient que ces pièces ne sont pas de lui, et que ce sont des écrits évidemment fabriqués par la malveillance, Le 12 M. le vicomte de Montélégier prête serment, et communique à la cour les révélations que lui fit Bérard après la découverte de la conspiration. Il résulte de ces révélations, que l'on fit un jour circuler, dans une des réunions du Bazar, une lettre de Lorraine cu d'Alsace, que l'on disoit être de M. Voyer-d'Argenson, dans laquelle, en annonçant que la récolte étoit abondante, on donnoit à entendre que la conspiration avoit fait beaucoup de progrès. On assuroit aussi dans ces réunions que le mouvement se feroit au nom de Napoléon II; qu'on y avoit désigné M. le marquis de la Fayette comme président du gouvernement provisoire. Dans des réunions qui ont eu lieu après la découverte du complot, Bérard a vu, dit-il, Dumoulin, le général Merlin, le colonel Dufay, et un individu qu'on lui désigna pour M. de Corcelles. Bérard reconnoît la vérité de l'ensemble de la déclaration de M. de Montélégier.

La cour entend ensuite M. le maréchal duc de Tarente, qui rend compte de la manière dont il eut connoissance du complot, et des moyens dont il se servit pour en faire arrêter les auteurs. M. le maréchal répète les révélations de Bérard, qui lui sont parvenues par l'intermédiaire de M. de Montélégier. On introduit M. le comte de Coëtlosquet, dont la déposition est conforme à celle de M. de Montelégier.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 15, on reprend la discussion du projet de loi rclatif au clergé. M. de Beauséjour, après avoir long-temps parlé de la pragmatique sanction, des princes excommuniés par l'évêque de Rome, de la saint Barthélemy, du siége de la Rochelle, et de beaucoup d'autres choses semblables, arrive enfin au projet de loi, qu'il considère comme ten

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